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Citations de David Toscana (35)


Pas de pitié pour un voleur de patrie, le métal a pénétré sa chair et le petit Gringo a crié, pleuré, en se contorsionnant. Donc, quand nous prendrons El Álamo, nous devrons bien vérifier sous les lits, parce que c’est là que se cachent les lâches. Comodoro n’est pas très attentif, il ne comprend pas bien les comparaisons de Matus, ses yeux étonnés ne quittent pas l’entrejambe d’Azu-cena, qui exhale un parfum mystique.
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Seuls les hommes mûrs, dont la femme attend le retour, sont capables d’en finir avec l’adversaire, car, en fin de compte, nous ne gagnons pas les guerres pour la patrie, mais pour la femme que nous laissons à la maison, et apparemment la seule femme dont aient rêvé ces garçons est précisément celle qui se trouve à leurs côtés, couchée sur le ventre, exhibant un derrière mollasson et débordant, serré dans un caleçon synthétique dont les coutures sont sur le point de céder, le seul fantasme qu elle devrait inspirer, c’est un tour de manège, rien de plus.
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Ce qui importe c’est le courage, la détermination, la capacité militaire, la précision dans le tir, et vous, qui êtes notre général, vous ne devez pas l’oublier, il n’y a aucune raison de rejeter l’un de vos soldats au seul prétexte qu’un jour celui-ci a rêvé d’être une princesse. Regardez-la bien, elle porte un pantalon comme tous les autres, et si elle n’a pas de moustache, qu’est-ce que ça fait ? Le reste de la troupe non plus. En outre, nous, les membres de votre armée, jurons de la traiter en égale, de ne pas égarer nos mains sur ses formes, ni laisser notre virilité se dresser, avec elle on ne parlera pas d’autre amour que de celui de la patrie, ou peut-être de l’amour fraternel, entre camarades.
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On n’oubliera pas le 2 octobre 1968, dans quelques années il entrera dans les manuels scolaires, on n’aura plus à renvoyer les professeurs qui parlent de guerre contre les Gringos, car, cette fois, il s’agit d’une guerre mémorable, les professeurs de demain exigeront de leurs élèves des devoirs sur ces braves, leur évaluation tiendra compte tant de la précision historique des faits que de la tonalité épique de leur expression, les enfants iront à la papeterie acheter des images pour illustrer leurs travaux et diront : donnez-m’en une du général Matus, une autre du gros Comodoro, encore une de Cerillo, qu’ils colleront sur leur cahier, en notant au-dessous leurs dates de naissance et de mort, ainsi que leurs actions glorieuses, car parmi différentes images la vendeuse aura au préalable demandé à l’enfant s’il veut le gros Comodoro de profil, dans la tranchée, en train de tirer contre l’ennemi ou d’arborer le drapeau mexicain, évidemment l’image la plus populaire est celle de Comodoro avec sa carabine fumante, au verso de laquelle figure le nombre d’ennemis abattus par son adresse ainsi que le surnom de haricot invincible que lui ont donné les Gringos. Dans les papeteries, en revanche, on ne demandera pas autant l’image du gros Comodoro avec le drapeau, qu’on trouvera déjà sur la couverture du livre d’histoire. Oui, monsieur, on se rappellera la journée de demain comme la date à laquelle un groupe d’hommes déterminés sont partis offrir leur vie afin de pouvoir rendre le nom de Mexique à la terre qui autrefois le portait. Comodoro, revenu de la cuisine avec trois bières glacées, les pose sur la table et remporte les bouteilles vides. En le regardant repartir vers la cuisine, Matus sent s’émousser son ardeur : il ne correspond pas à l’idée qu’il se fait de l’homme sur l’image, il ne le voit pas une carabine ni un drapeau entre les mains, et encore moins invincible. Santiago sent bien que l’exaltation est retombée. Il monte sur sa chaise, lève sa bouteille et crie longue vie à l’Armée illuminée. Vivat ! dit Román. Matus retrouve le sourire, mais pas l’enthousiasme. De la cuisine lui parvient le son cristallin des trois bouteilles jetées aux ordures. Santiago descend de sa chaise et dit : il est encore temps de tout annuler, Matus, de te chercher un autre poste dans une autre école. C’est ce que tu voudrais, ce que vous voudriez tous les deux, me voir défait, un dégonflé, comme vous, comme Are-chavaleta. Santiago regarde sa montre : il est l’heure de partir. Promets-moi seulement que cette aventure, tu vas l’entreprendre pour la patrie, que tu ne cherches pas à te venger des Gringos pour la médaille qu’ils t’ont volée.
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Ces minutes passées, mon corps fatigué redevient petit, vieux et faible, j’ai bien plus mal à chaque articulation qu’avant d’être parti courir, et pourtant ça en valait la peine : il me reste le souvenir de cette jeunesse et la promesse qu’un de ces jours, demain peut-être, je recommencerai.
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Parfois, quand je cours, je suis invincible, Comodoro, du moins pendant quelques minutes je savoure la certitude de l’être, d’avoir vingt ans, d’être aimé. Quand je cours, je supporte les moqueries des piétons et des automobilistes parce que je sais que mes poings peuvent leur casser la figure à tous.
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Ils chantent faux, mais avec plus d’ardeur que ne le faisaient autrefois les élèves rassemblés dans les cours d’école. Ils chantent car cet homme sur les rails de chemin de fer le mérite, lui qui a tout donné pour sa nation. Ils chantent et s’imaginent au beau milieu d’un stade comble, accompagnés par des dizaines de milliers de voix. Ils chantent, et, à la deuxième strophe, ils doivent élever la voix parce qu’une patrouille de lumières rouges et le hurlement affolé d’une sirène approchent à toute vitesse.
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Cet homme-là n'écrit plus pour moi.
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Tu n'y vas pas, parce qu'on ne vaut pas grand chose sur l'échiquier militaire, quand on n'est pas capable de jouer aux dominos.
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