Debbie Macomber

C’est être ouvert et sincère, c’est faire preuve de générosité et de gentillesse envers les moins fortunés que soi, c’est couvrir d’amour ceux qu’on chérit.

Elle jouait à un jeu dangereux, elle en avait conscience. Et pourtant, elle était excitée comme une puce.

À vrai dire, passer du temps avec elle, même à travers un écran, avait un effet aussi relaxant et revigorant qu’une promenade estivale. Après leurs discussions, il se sentait de nouveau frais et dispos pour reprendre le travail avec plus d’efficacité. Il n’aurait pas su dire ce qui l’inspirait tant chez cette femme. En tout cas, elle avait une influence majeure sur son humeur, c’était indéniable.
Il n’était pourtant pas du genre à se laisser dominer par ses états d’âme. Depuis tout petit, il avait appris à réprimer et à cacher ses émotions, et les sentiments le mettaient toujours mal à l’aise.

Tout comme son cousin, il n’avait jamais eu de mal à séduire ; le style grand brun aux larges épaules plaisait à beaucoup de femmes. Le problème, c’était que, dans l’ensemble, elles étaient surtout attirées par son nom et sa fortune. On le considérait comme un gros lot à gagner. Ce n’était pas de l’orgueil, c’était la pure vérité. De ce fait, il doutait sans cesse de la sincérité des femmes qui lui témoignaient de l’intérêt.

À l’adolescence, ils s’étaient promis de n’épouser personne avant leurs quarante ans – si tant est qu’ils en aient seulement l’envie. Issus tous les deux de parents avec plusieurs divorces au compteur, ils avaient décidé de se montrer plus malins que leurs géniteurs. Si jamais ils tombaient un jour amoureux, ce serait quand ils seraient suffisamment matures pour être sûrs de ne pas commettre une erreur.

Beaucoup d’hommes t’auraient jugée uniquement sur ton physique, et ça ne me plaisait pas. Je préfère qu’ils apprennent à te connaître en tant que personne, qu’ils découvrent que tu es avant tout une femme au cœur d’or.

Sans vouloir jouer les martyres, elle ne pouvait nier que, parfois, les obligations familiales lui pesaient un peu. Elle savait bien qu’elle passait à côté de plein de choses pendant que ses amis profitaient de la vie, mais elle essayait de ne pas trop y penser. À quoi bon se morfondre ? La vie était ce qu’elle était. Et sa famille avait besoin d’elle.

Tout le monde sait combien ç'a été dur pour toi après l'accident.
Le cœur guérit à son propre rythme.

Après toutes ces années, elle avait enfin établi un lien avec ses sœurs. Elle avait besoin de Karen et de Nichole. Elles étaient sa famille, son ultime lien avec ses racines. Des premiers pas hésitants avaient été faits vers une réconciliation.

Elle aurait tout donné pour remonter le temps et avoir l’intelligence de se fier à la sagesse de ses parents. Sachant ce qu’elle savait désormais, elle aurait accepté leur aide avec reconnaissance. Cependant, revivre le passé n’était pas une solution.

Cassie avait envie de lever les bras et de virevolter dans la pièce, comme pour dire que sa vie et son cœur étaient ouverts, prêts à accueillir toutes les bonnes choses qui l’attendaient. Elle avait payé ses erreurs par le chagrin.

Cassie avait beau faire bonne figure, l’abandon des siens l’avait profondément blessée. Au cours des années passées avec Duke, elle s’était cramponnée à l’espoir que, si elle trouvait le courage de partir, elle pourrait compter sur eux. Ce n’avait été qu’une illusion. Elle avait été idiote et, aux yeux de sa famille, son geste était apparemment impardonnable.

De leur point de vue, Cassie s’était mise dans ce pétrin toute seule et c’était à elle de s’en sortir.

J'ai fait beaucoup de chemin, c'est vrai, mais il m'en reste encore plus à faire. Je n'en suis pas au stade où je peux donner mon coeur. Et d'ailleurs, que sais-je de l'amour et des relations? Ce serait la chose la plus facile au monde que de tomber amoureuse de toi. Je n'en suis pas loin et ça me fiche une peur bleue. 

La communication terminée, elle tendit la main vers sa tablette. Laurie, étendue à côté d'elle, lisait tranquillement. C'était la marque d'une amitié solide, songea Nichole. Elles pouvaient être bien ensemble sans avoir à bavarder constamment.

Tu sais ce que tu m'as dis à propos des méchancetés. Que c'est comme de vider un tube de dentifrice et puis d'essayer de tout remettre à l'intérieur. Que les mots laissent des traces, et qu'il faut tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler.

Une partie d’elle aurait voulu rester, retourner à l’époque où elle était adolescente. Elle aurait tout donné pour remonter le temps et avoir l’intelligence de se fier à la sagesse de ses parents. Sachant ce qu’elle savait désormais, elle aurait accepté leur aide avec reconnaissance. Cependant, revivre le passé n’était pas une solution.

« On ne peut pas tirer de sang d’un navet. ».

Elle n’avait pas envie d’expliquer qu’elle était enceinte et aveuglée par l’amour. La bourse n’avait été qu’un petit sacrifice en comparaison de ce qu’elle avait perdu par naïveté, par sottise : son estime d’elle-même, sa fierté, sa famille. Son amour pour Duke lui avait coûté cher, elle l’avait payé des années durant. Tel avait été le prix de sa stupidité, comme elle disait.

Elle ne voulait pas se montrer méchante ni impitoyable, mais comment quelqu’un pouvait-il apprendre à assumer ses responsabilités si sa famille était toujours prête à voler à son secours ? C’était comme avec les enfants – il fallait les laisser tirer les leçons de leurs erreurs, sinon ils ne faisaient que les répéter.