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Critiques de Denis Rossano (25)
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Un père sans enfant



3 mauvaises raisons pour ne pas lire l'excellent ouvrage de Denis Rossano, petit bijou de délicatesse, de romanesque et d'émotion.



Ce n'est ni un roman, ni une biographie, ni un livre de souvenirs.



Exact, ce sont les trois à la fois. De sa passion étudiante pour le cinéma allemand, de sa rencontre avec Douglas Sirk, metteur en scène devenu mythique depuis que Jean Luc Godard a déclaré à l'aube des années 60 aimer son cinéma et de son questionnement quant à la vie du fils du réalisateur, Klaus, l'enfant qu'il lui fut interdit de revoir après son divorce d'avec sa première femme, Denis Rossano construit un récit d'une incroyable richesse aussi bien documentaire que romanesque. Sa connaissance du cinéma allemand, surtout celui des années 30/40 ( comprenant donc la période nazie, rarement évoquée) se mêle sans problème aux récits de ses rencontres réelles dans les années 80 avec un Douglas Sirk, vieillissant, à demi-aveugle et finissant sa vie en Suisse avec comme fil conducteur le destin de ce fils élevé sans son père qui deviendra, l'enfant star du cinéma sous le Troisième Reich. Tout devient passionnant sous la plume de cet auteur qui cultive avec bonheur une certaine nostalgie comme une connaissance parfaite d'une époque que beaucoup ont voulu oublier.



Douglas Sirk ? C'est qui ?



Certes "Mirage de la vie " ou "Le temps d'aimer et le temps de mourir " mélodrames somptueux n'évoquent plus grand chose à grand monde aujourd'hui, hormis quelques cinéphiles pointus. Pourtant, les oeuvres de Douglas Sirk continuent à inspirer quelques cinéastes actuels ( Ozon en France et encore plus Todd Haynes aux USA). Ce roman permet donc de faire la connaissance avec ce créateur et de comprendre ( sans avoir vu ses films) combien un drame personnel peut irriguer toute une carrière et donne évidemment envie de découvrir sa production, qui a su porter le grand mélodrame dans des zones jamais atteintes. Sans jamais être ennuyeux ( bien au contraire), avec un sens du partage bluffant, Denis Rossano nous fait sillonner au travers d'un destin singulier comme dans l'enfer d'une terrible époque allemande, celle qui avait comme ministre de la propagande un certain Joseph Goebbels...( et qui donc dirigeait les énormes studios de cinéma allemand ). Douglas Sirk, dont la vie possède quelques zones un peu grises, en fut une de ses vedettes, et doublement victime. Parti un peu tard au Etats-Unis, il traîna longtemps sur son compte un certain doute quant à ses accointances avec le régime nazi.



Encore un roman qui ne s'adresse qu'aux passionnés de cinéma !



Pas du tout, parce que le thème principal, reste quand même cette histoire de ce fils qu'il ne put jamais revoir, thème franchement romanesque qui tient le lecteur en haleine jusqu'au bout. Au premier degré, cela se lit avec délice et curiosité. Mais le mélange des trois genres permet d'autres lectures, comme d'autres miroirs posés çà et là ( à l'instar de ceux qui ornent tous les films de Douglas Sirk), d'autres fenêtres ( très importantes aussi dans l'univers cinématographique du maître du mélo) qui ouvrent sur d'autres émotions ou réflexions, historiques ou psychologiques. Le livre va crescendo dans l'émotion, même lorsque l'auteur évoque ses promenades avec le réalisateur qui gardait une lucidité exceptionnelle et qui lui dit lors de sa dernière rencontre : " ... je le sais : c'est un livre que vous allez écrire. Je ne suis pas certain que cela m'enchante, mais peu importe, c'est à un livre que toutes nos conversations vont vous mener . A un roman.[ ... ] Et je vous le dis aussi, votre livre sera un songe. Un songe de ce qu'a pu être ma vie, et de ce qu'a pu être la vie de mon fils, mais pas une fidèle représentation de nos destinées." C'était au début des années 80 et presque 40 ans plus tard, le livre est là, roman de deux vies, deux drôles de vies, qui a le mérite de faire revivre le temps d'un récit, deux hommes autant broyés par le régime nazi que magnifiés par des songes de pellicule et par les mots justes et émouvants d'un auteur vraiment inspiré.
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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Un père sans enfant

Avec infiniment de délicatesse, Denis Rossano rembobine le fil de cette vie fantomatique, et comble les trous avec quelques touches de fiction. On tourne les pages avec fièvre, tant cette histoire est incroyable, vrai mélo, ce genre magnifié par Sirk – et par le destin.
Lien : https://www.nouvelobs.com/ro..
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Un père sans enfant

Que je suis contente d'avoir lu « un père sans enfant » de Denis Bossano. C'est un ouvrage riche d'informations sur la vie de Douglas Sirk, metteur en scène de théâtre et réalisateur allemand. Bien sûr, je le connaissais de nom et peut-être aussi ai-je vu un ou deux de ses films, mais je ne m'étais jamais interrogée jusqu'à ce jour sur sa vie d'une part et d'autre part, de façon plus générale sur les réalisateurs allemands durant la période 1920 -1945.

C'est pourquoi, ce livre m'a apporté beaucoup, m'a ouvert les yeux sur la difficulté d'exercer un métier d'art dans cette période où tout était contrôlé et censuré. Ambiguïtés, culpabilité, honte, colère, font partie de la palette de sentiments par lesquels Douglas Sirk mais sans doute bien d'autres, sont passés.

Toutefois, Douglas Sirk se distingue des autres de par son histoire particulièrement cruelle puisqu'il a un enfant avec Lydia et très rapidement, lorsque l'enfant, Klaus a 4 ans, le couple se déchire et Lydia l'empêchera de voir leur fils. Non seulement il sera donc privé de voir grandir son fils mais aussi il le saura sous l'emprise de sa mère qui va lui inculquer les valeurs du nazisme en vigueur.

Cette douleur, ce manque marqueront toute la vie de Douglas Sirk ainsi que son oeuvre cinématographique.

C'est un livre poignant et comme je l'ai déjà dit riche d'enseignements. Les multiples références à d'autres réalisateurs et acteurs connus ne sont pas fastidieuses, bien au contraire.

Un grand merci à Babelio et aux éditions allary de m'avoir permis de lire ce livre d'une grande qualité.



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Un père sans enfant

Un livre que j'ai lu d'une traite, et dans lequel je me suis laissée entraîner de suite. On y ressent l'atmosphère toute particulière de peur et d'effroi qui monte pour les juifs dont la traque reste incessante.

J'ai vécu au rythme de ces tension l'histoire de ce cinéaste qui perd le contact avec son fils, qui sera élevé par sa mère comme un jeune hitlérien.

Une histoire magnifique d'un amour paternel pour son fils, qui aura toujours imprégné ses décisions.... Une écriture précise, fluide et bien documentée. Je le conseille grandement.
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Un père sans enfant

« Ma naissance et ma mort, voilà toute mon histoire. Entre mon berceau et ma tombe, il y a un grand zéro ».



Cette phrase de Napoléon II, duc de Reichstadt aurait pu être prononcée par Klaus Detlef Sierck, tant il y a de similitude entre le fils de Napoléon Ier et celui du réalisateur Douglas Sirk, né Hans Detlef Sierck. Une enfance baignée dès le plus jeune âge dans la politique, une mort prématurée ; l’un, Metternich qui envoie vers la mort le jeune roi de Rome en refusant qu’il rejoigne sa mère pour des soins, l’autre, Goebbels, qui le condamne au trépas en le séparant de sa mère et en le précipitant vers le front russe. L’un comme l’autre auront à peine connu leur père ; à l’âge de trois ans c’est la séparation définitive avec le géniteur. Des pères sans enfant, des enfants sans père…



Denis Rossano a choisi la voix du roman pour raconter l’histoire familiale tragique du réalisateur du « Secret magnifique » ou de « Mirage de la vie », entre autres, et qui fera de Rock Hudson une star. Car le réalisateur américain est en réalité né suédois et a débuté sa carrière en Allemagne. Il fut même l’une des vedettes de l’UFA, la société de production cinématographique nationalisée sous le régime nazi et dirigé par le plus que sinistre Joseph Goebbels. Mais à la fin des années 30, Sierck est contraint de quitter le pays et s’exiler, sa deuxième épouse, Hilde, est juive et il veut la protéger à tout prix. Il part de Berlin la mort dans l’âme car il sait déjà qu’il ne pourra jamais revoir son fils né d’une première union. Lydia, la mère, devient l’une des égéries du régime hitlérien et exigera de son ex-mari qu’il ne voit plus jamais son fils. Elle élèvera le jeune Klaus Detlef Sierck dans la culture nazie et en fera une vedette de cinéma : lui, l’enfant blond aux yeux clairs ne peut être qu’un exemple pour vanter la race aryenne. Un drame en pratiquement un seul acte mais avec un rideau qui ne tombera jamais dans l’âme de son père et qui ne cessera d’apporter toutes les ombres de ce fils quasi inconnu dans ses diverses réalisations.



Cette biographie romancée est simplement incroyable, tant pour la délicatesse de l’écriture que pour la richesse informative autour du réalisateur et du cinéma allemand des années 30. Mais c’est aussi un long-métrage littéraire offrant les images d’un père en souffrance et d’un fils qui, durant sa trop brève existence, a dû pâtir de l’absence de son paternel malgré tout l’amour maternel reçu. Le père n’a pu revoir son fils que dans des films, est-ce que le fils suivait l’actualité de son géniteur à l’insu de sa mère comme tente le dire l’écrivain, rien n’est peut-être certain. Les faits relatés sont réels mais reste une part de fiction comme dans tout bon roman.



Entre conversations avec le cinéaste dans sa dernière demeure à Lugano et flashbacks sur la vie professionnelle de Douglas Sirk, le lecteur découvrira, grâce à un minutieux travail d’enquête, un personnage complexe, tourmenté et attachant. Et que toute son œuvre a tourné dans une quête sans issue d’un fils disparu à jamais, d’un fils tant aimé malgré la séparation, d’un fils caché pour le grand public mais jamais oublié au plus profond de son âme. Klaus était son fils unique… D’où la douleur encore plus intense.



Il reste encore probablement des zones d’ombres autour de ce drame et personne ne saura jamais l’intensité des sentiments de culpabilité qui ont pu envahir ce père sans son fils, mais c’est un très bel hommage rendu à ces êtres qui se sont perdus mais qui se retrouvent désormais dans la mémoire collective. Et qui permet de ne pas oublier toutes les victimes du régime nazi mais également, par extension, toutes ces familles déchirées au cours des siècles par les guerres, l’idéologie, le fanatisme, l’exil.


Lien : https://squirelito.blogspot...
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