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Citations de Dennis Lehane (1471)


"3 mai 1993
Il y a des années que je n'ai pas revu l'île. La dernière fois, c'était du bateau d'un ami qui s'était aventuré dans l'avant-port ; je l'ai aperçue au loin, par-delà le port intérieur, enveloppée d'une brume estivale, pareille à une tache de peinture laissée par une main insouciante sur la toile du ciel.
Je n'y ai pas remis les pieds depuis plus de vingt ans, et pourtant, Emily affirme (parfois pour rire, parfois le plus sérieusement du monde) que c'est comme si je n'en était jamais parti (...)."
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J'ai toujours connu Angie, et je peux compter sur les doigts d'une main le nombre de fois où elle a pleuré en ma présence.
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J'ai levé ma chemise, regardé la méduse sur mon abdomen, la cicatrice qui ne s'estomperait jamais, qu'on ne prendrait jamais pour quelque chose d'inoffensif, pour autre chose que ce qu'elle était: une marque de violence et d'indifférence pervertie, un marquage de bétail.
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— Chacun a le droit de penser ce qu’il veut.
Le visage du directeur s’assombrit.
— Faux. Les hommes sont des imbéciles. Ils mangent, ils boivent, ils libèrent des gaz, ils forniquent et ils procréent – ce qui est d’ailleurs tout à fait regrettable, car le monde serait un endroit bien plus supportable si nous étions moins nombreux. Des retardés, des bâtards, des cinglés et des individus sans moralité – voilà ce que nous produisons. La souillure que nous répandons sur cette terre.
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Les deux marshals échangèrent un coup d’œil, puis Chuck, l’air vaguement penaud, adressa un petit sourire à son coéquipier.
— On ne m’a pas appris à fuir, toubib, répondit-il.
— Sans doute. A propos, qui vous a élevé ?
— Les ours, affirma Teddy.
Une lueur brilla dans les yeux de Cawley, qui le gratifia d’un léger hochement de tête approbateur.
Naehring, en revanche, ne semblait guère goûter la plaisanterie. Il lissa son pantalon au niveau des genoux, avant de demander :
— Vous croyez en Dieu ?
Teddy éclata de rire.
Son interlocuteur se pencha en avant comme pour mieux l’entendre.
— Oh, vous étiez sérieux ? s’étonna Teddy.
De toute évidence, Naehring attendait une réponse.
— Eh bien, vous avez déjà eu l’occasion de visiter un camp d’extermination, docteur ?
Naehring fit non de la tête.
— Non ? reprit Teddy en se voûtant à son tour. Votre anglais est excellent, docteur ; je dirais même presque parfait. Mais vous prononcez encore les consonnes avec un peu trop de dureté.
— L’immigration légale est-elle considérée comme un crime, marshal ?
Un sourire naquit sur les lèvres de Teddy, qui esquissa un geste de dénégation.
— Alors, revenons-en à Dieu, si vous voulez bien.
— Quand vous aurez vu un camp de ce genre, docteur, vous me reparlerez de vos sentiments sur la question.
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— Regardez au bas de la clairière, là-bas. Au bout de votre index, ce sont des marécages. Une vraie jungle de diverses variétés de sumacs, de chênes verts et d’un bon millier de plantes différentes, toutes couvertes d’épines de la taille de ma bite.
— Ça veut dire quoi ? Qu’elles sont grosses ou qu’elles sont petites ?
La question émanait de Chuck qui, un peu à l’écart, les observait par-dessus son épaule.
McPherson esquissa un sourire.
— Entre les deux, je suppose.
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Au fond, tout est dans l’œil de celui qui regarde.
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Pour certains d’entre eux, supposa Dave, ce serait le seul match de l’année auquel ils assisteraient. Ils étaient venus avec femme et enfants, ils avaient quitté leur domicile californien en début de soirée, l’arrière du break chargé de glacières pour le pique-nique sur le parking, en emportant les cinq places à trente dollars qui, si elles ne leur garantissaient pas de bien voir, leur permettraient néanmoins de coiffer des casquettes à vingt-cinq dollars la tête de leurs gosses, de s’offrir des mauvais hamburgers à six dollars et des hot-dogs à quatre dollars cinquante, du Pepsi coupé d’eau et des esquimaux poisseux qui couleraient dans les poils sur leurs poignets. Ils étaient venus faire l’expérience de l’euphorie, se sentir élevés, Dave le savait, transportés hors de leur existence par le rare spectacle de la victoire. Raison pour laquelle les arènes et les stades de base-ball évoquaient toujours des cathédrales vibrant de lumière, de prières chuchotées et des battements de quarante mille cœurs unis pour le même espoir collectif.
Gagnez pour moi, les gars. Gagnez pour mes gosses. Gagnez pour mon mariage, afin que je puisse rapporter votre triomphe dans la voiture avec moi, et m’en imprégner avec ma famille, pendant qu’on retourne à nos petites vies sans gloire.
Gagnez pour moi. Gagnez. Gagnez. Gagnez.
Mais lorsque l’équipe perdait, ce grand espoir collectif s’effondrait, et toute illusion de solidarité avec les autres paroissiens se dissipait en même temps. Votre équipe vous avait trahi, vous rappelant ainsi qu’en général, chaque fois que vous tentiez quelque chose, vous perdiez aussi. Que vos rêves finissaient toujours par se briser. Alors, vous demeuriez assis là, parmi les débris d’emballages en cellophane, les restes de pop-corn et les gobelets détrempés, à contempler de nouveau le naufrage de votre existence, confronté à la perspective d’une longue marche sinistre dans un long parking sinistre parmi des hordes d’étrangers aussi ivres que furieux, en comp
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Angie a appelé d'une cabine située dans le hall de l'hôtel Park Plaza, et pour lui donner plus de latitude, j'ai flâné sur les sols en marbre, admiré les vieux ascenseurs avec leur portes en cuivre et leurs cendriers à l'intérieur de la cabine, et regretté l'époque où un homme pouvait porter des feutres, boire du scotch pour le déjeuner, craquer des allumettes sur l'ongle du pouce et traiter les autres de "caves".
Où es-tu allé, Burt Lancaster, et pourquoi a-t-il fallu que tu emportes avec toi ce qu'il y avait de plus cool?

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Si le temps n'est réellement pour moi qu'une série de marque-pages, alors quelqu'un a dû secouer le livre pour en faire tomber tous les morceaux de papiers jaunis, rabats de pochettes d'allumettes, touillettes aplaties, avant de lisser avec soin les feuilles cornées.
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Mais depuis l'enfance, Dave souffrait de crises d'insomnie. Elles pouvaient se manifester après des mois et des mois de sommeil paisible, et il se retrouvait soudain dans cet état d'agitation et de nervosité typique de ceux qui ne parviennent jamais à s'endormir complètement. Au bout de quelques jours, il commençait à avoir des visions, surtout des souris, qui filaient sur le plancher ou les bureaux, parfois aussi de grosses mouches noires voltigeant dans les recoins des pièces. De minuscules boules de lumière explosaient à l'improviste devant ses yeux. Les gens devenaient flous. Alors le Petit Garçon débouchait à la lisière de la forêt, franchissait le seuil du rêve et pénétrait dans le monde réel. En général Dave parvenait à le contôler, mais il arrivait que le Petit Garçon lui fasse peur. Le Petit Garçon lui hurlait dans les oreilles. Le Petit Garçon avait une façon bien à lui d'éclater de rire aux moments les plus inopportuns. Le Petit Garçon menaçait de révéler son visage sournois à travers le masque qui recouvrait d'ordinaire celui de Dave et de se montrer aux gens de l'autre côté.
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C'était la peur, devina-t-il. C'était elle qui faisait la différence entre eux et lui.
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