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Comment dire quoi que ce soit d'original sur ce bouquin, après les rafales de critiques élogieuses ? C'est désespérant… Que dire, sinon qu'à mon tour je suis victime du sortilège Lehane, que j'ai succombé à ses attributs littéraires sitôt franchies les limites de Dorchester, conquise dès les premières pages comme pourrait l'être mon coeur d'artichaut par un seul regard appuyé d'un quelconque beau ténébreux. Mais foin de quelconque ici, il n'aura pas fallu deux chapitres pour que je devienne une inconditionnelle, sans pourtant savoir dans quoi je plongeais vraiment. Une première fois inoubliable, comme hélas elles ne le sont pas toutes. Mais ça c'est une autre histoire. Séduite d'autant plus aisément que je sortais traumatisée d'un Patricia Cornwell. Et passer de Scarpetta au tandem Kenzie-Gennaro, c'est presque (tré-)passer du pays des Teletubbies à celui du Mordor. du noir, à haute teneur en adrénaline, café bien serré, chocolat estampillé 95% cacao, qui laisse un goût amer en bouche et le marchand de sable accroché par les pieds au portemanteau. Boston, ses bas-fonds vraiment bas, ses politiciens louches vraiment pas clairs, ses gangs ultraviolents vraiment impitoyables. Chargés par un sénateur (Blanc) de retrouver sa femme de ménage (Noire), Kenzie et Gennaro mettent les doigts (jusqu'à l'épaule) dans un engrenage infernal où il est question de racisme, de pédophilie et de maltraitance. Mais laissez-moi vous les présenter, ces deux-là, puisque si tout va bien, on devrait les revoir dans d'autres épisodes : Patrick Kenzie, anti-héros par principe, qui n'a jamais réussi à « tuer le père » boulonné depuis un bail sur son piédestal de Héros des pompiers de la ville. Signe particulier : amoureux transi de sa partenaire Angela Gennaro. Angie (aah, si j'étais un homme…), superwoman, ou presque, puisqu'affublée d'un mari surnommé « le Connard » en raison de son affection prononcée pour les châtaignes qu'il balance généreusement à sa femme. Personne n'est lisse dans cette histoire, même si on repère quand même les Gentils et les Méchants. Mais comme les Méchants le sont vraiment, parfois les Gentils sont obligés de l'être un peu aussi (càd méchants, vous suivez ?). Au milieu de 17 fusillades et 23 castagnes (OK, j'exagère peut-être un peu), on assiste à un feu d'artifice de violence et de connerie humaine. Heureusement il y a l'humour, noir (évidemment), cynique, pour survivre à tout ça. Et le style, que dis-je : la classe, d'un grand auteur. L'humour, le talent, et l'alcool. Moi qui ne buvais que du lait de fraise, je vais me mettre à la vodka. Allez hop, cul sec. Et cinq étoiles. + Lire la suite |