AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Dimitri Fogolin (80)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Constance d'Antioche, la Princesse rebelle,..

La collection "Les Reines de Sang" s'étend avec une nouvelle série consacrée à Constance d'Antioche. On revit l'histoire des croisades par les yeux d'une femme à la fois « poulaine » c'est-à-dire occidentale née en orient et métisse puisqu'elle revendique fièrement ses héritages arméniens (ou contraire de sa mère qui plus royaliste que le roi les renie, à l'image de ces latinos qui militent pour le Parti Républicain aux États-Unis ou à l'image de ces immigrés de 2e ou 3e génération qui militent au sein du FHaine).

Descendante des Capétiens français, des Hauteville normand et des Malatyatides arméniens, Constance princesse d'Antioche se retrouve en 1130 à la fois orpheline et prisonnière : sa mère Alix de Jérusalem veut le pouvoir à tout prix, car en bonne pourriture de l'aristocratie elle considère sa propre progéniture comme un instrument de pouvoir comme un autre, et à la mort de son père Bohémond II lors d'une bataille contre l'émir Gazi Gümüchtegin elle réalise un coup d'État en enfermant sa fille pour gouverner toute seule en son nom pour une durée qu'elle organise indéterminée… Il y a donc une phase enfance très proche du conte de fées où la princesse rebelle se fait martyriser par la marâtre et ses créatures (sauf que la belle-mère est une pétasse narcissique assoiffée de pouvoir à la Cersei Lannister doublée d'une mère indigne de la pire espèce), puis une phase adolescence où la princesse rebelle est sortie de prison pour être mariée immédiatement et sans son consentement et elle échange la tyrannie de sa mère pour la dictature de son époux, Raymond de Poitiers de 25 ans son aîné… Elle ne peut pas haïr de dernier qui fait ce qu'il peut pour se montrer doux et attentionné, mais elle veut être souveraine alors qu'on la cantonne dans les rôles de d'épouse de mère (5 enfants en 5 ans !), la cour occidentale de son mari ignore sciemment ses opinions d'orientale et sa mère qui n'a pas renoncer au trône de fer multiplie les complots et les intrigues (on dirait la vendetta entre Louis XIII et Marie de Médicis ^^). le couple tient bon parce que malgré les cultures différentes de l'homme et de la femme, il a le même objectif : sauver la Principauté d'Antioche du marteau musulman et l'enclume byzantine, ou du marteau byzantin et de l'enclume musulmane. le destin se joue à la Bataille d'Inab où l'ost de Raymond de Poitiers allié à l'armée des nizârites d'Ali Ibn Wafd affronte l'armada du Glaive de l'Islam Nur ad-din : c'est la victoire ou la mort !



Jean-Pierre Pécau qui a été rôliste avant d'être scénariste de bande dessinée retrouve avec l'Orient des croisades médiévales un de ses sujets préférés que pourtant il n'a que trop peu exploré, et c'est même amusant de retrouve les aïeux de tous les personnages du "Château des Djiins" le tome 2 de la saga ésotérique "L'Histoire Secrète" ! Toujours bon dialoguiste je le trouve ici moins efficace dans le pur récit historique que dans les Séries B transgenres pleines d'humour et de 2e degré, mais cela reste pas mal du tout avec cette idée intéressante que les Arméniens sont liés au destin des Chrétiens et que les Kurdes sont liés au destin des Musulmans : comme le disait la fable De La Fontaine on a toujours besoin d'un plus petit que soi, et on s'aperçoit que dans le Moyen-Orient d'aujourd'hui la morale est toujours d'actualités (les grandes puissances qui roulent des mécaniques sur le terrain de la réalité doivent passer par les minorités). Pour ne rien gâcher on revisite la Deuxième Croisade et la guéguerre entre Louis VII et Aliénor d'Aquitaine par leurs yeux des locaux, mais ce tome pâtit comme le reste de la série d'un côté romanesque plus ou moins stéréotypé (même si bien sûr on a choisi des personnages à fort potentiel romanesque) : on oppose de manière manichéenne Alix ambitieuse, égoïste, injuste et mauvaise mère à Constance ambitieuse, altruiste, juste et bonne mère (et puis vachement instruite, vachement cultivée, vachement douée et vachement zen la jeune fille enfermée durant toute sa jeunesse par sa pétasse narcissique de mère), et l'Arménien Thoros et le Nizârite Ali Ibn Wafd sont trop proches des héros de cape et d'épée pour ne pas être un peu artificiel malgré leur coolitude ^^

Sans être extraordinaires les dessins Gabrielle Parma sont agréables, sans doute car bien mis en valeurs par les couleurs chaudes de Dimitri Fogolin qui collent bien au sujet du Proche Orient des croisades médiévales...
Lien : http://www.portesdumultivers..
Commenter  J’apprécie          640
Chez Adolf, tome 1 : 1933

L'année 1933 est marqué par l'entrée officielle des nazis au gouvernement allemand puisque le président Hindenburg a nommé Hitler à la tête de la chancellerie le 30 janvier. Il ne faut jamais oublier que c'est la démocratie qui a permis à un populiste de détruire totalement son pays à l'issue d'une guerre ayant fait 50 millions de morts sur la planète. Il n'y a encore jamais eu pire.



Je me suis souvent demandé comment l'Allemagne avait pu faire une telle erreur de jugement. Mais bon, après bien des années, le populisme est revenu dans nos démocraties et je peux même désormais balayer devant ma porte à l'occasion de ces élections présidentielles. Tôt ou tard, l'inéluctable pourra arriver.



On assiste par les yeux d'un allemand à la montée du nazisme et ses exactions au travers la vie d'un immeuble et d'une brasserie où l'on peut boire une bonne bière en saluant comme il se doit Adolf. Bienvenue dans la taverne allemande façon Gestapo et chasse aux juifs ! Moi, perso, j'aurais envie de fuir à toute jambe.



C'est vraiment par petites touches rapides que la vie du Reich va changer. Même les plus modérés sont obligés d'adhérer de gré ou de force au parti. Il en va de leur vie. Petit à petit, la lâcheté s'installe au milieu d'un climat de défiance. On assistera à la destruction des biens juifs (avant de s'en prendre à leur vie) et des livres hostiles soi-disant à la grandeur de l'Allemagne. Exit Franz Kafka, Ernest Hemingway, André Gide, Sigmund Freud, Stefan Zweig ou Jack London !



Cette nouvelle série n’innove pas vraiment par rapport à ce que j'ai déjà lu sur le sujet de la montée du nazisme. Pour autant, c'est très bien dessiné et plutôt bien construit. J'ai aimé ce nouveau témoignage qui peut toujours être utile pour comprendre les différents rouages d'un système totalitaire. Quand on fustige une catégorie de population, voilà ce que la haine peut donner. Comme dit, plus jamais ça ! Mais comme dit, l'histoire se répète tant qu'il y aura des dictateurs sanguinaires rêvant de conquêtes...
Commenter  J’apprécie          585
Chez Adolf, tome 1 : 1933

Le scénario de cette bande dessinée n’offre pas vraiment d’originalité, on y raconte la seconde guerre mondiale vue du côté des Allemands, toutefois il attirera le lecteur qui s’intéresse à cette période troublée de l’histoire.



Il est intéressant d’observer les comportements des individus dans un régime politique extrémiste : ceux qui embrassent la cause sans hésitation, ceux qui oscillent entre amour de la patrie tout en prenant conscience qu’il y a un problème, ceux que la guerre arrangent parce qu’il pourront déployer leur violence ou par intérêts financier, ceux qui ne réfléchissent pas, tel, cet Adolf, propriétaire du café du coin, qui agit d’abord et réfléchit ensuite, belle analyse de l’auteur quant aux réactions de chacun.



On y sentira aussi la terreur des personnes qui voient monter le nazisme, de cette mère dont le fils, comme des milliers de jeunes à l’époque, est enrôlé dans les jeunesses hitlériennes, de Karl Stieg, le héros, professeur de son état, qui se place en témoins et observateur des événements qui se produisent, et qui entretient des relations avec les habitant de son lieu de vie, cet immeuble, microcosme de l’Allemagne du Führer.



Une série que je suis heureuse d’avoir découverte (Merci Erik !), le deuxième tome m’attend en bibliothèque et le troisième si je ne me trompe vient de sortir.



N’hésitez pas à vous plonger dans cette BD passionnante.
Lien : https://1001ptitgateau.blogs..
Commenter  J’apprécie          571
Chez Adolf, tome 1 : 1933

Quand un bar d'une ville allemande, qui portait jusqu'au 30 janvier 1933 le joli nom "Les joyeux amis" est rebaptisé "Chez Adolf", le décor du basculement des mentalités, des personnes, de l'endoctrinement et de la haine raciale est planté.



Alors, le patron, brave allemand certainement, s'appelle Adolf... Donc, pour quoi ne pas donner son propre prénom à son bar en même temps que celui du nouveau chancelier, espoir d'un peuple aveuglé progressivement avant de devenir l'un des martyres d'une idéologie qu'il ne pouvait maîtriser?



D'ailleurs, ce brave Adolf, le patron du bar, n'hésite pas à accueillir un juif, oubliant le panneau "Interdit aux juifs" sur sa porte, il est prêt à faire une exception "entre voisins", quitte à laisser filer un autre client déjà bien formaté par le nouveau régime.



Cette bande dessinée conte surtout l'histoire d'un professeur qui voudrait bien rester à l'écart de ce qu'il appelle "la politique", et, même s'il rechigne à faire le salut nazi, il devra s'y résoudre, ainsi qu'à adhérer au NSDAP, mais peut-être afin d'être à l'affût à l'intérieur plutôt qu'opposant condamné à l'extérieur.



Il ne manque pas de courage ce professeur, allant jusqu'à s'opposer à un nazi homosexuel qui avait trouvé une proie facile en la personne d'un jeune enrôlé dans les jeunesses hitlériennes.



On a donc une plutôt bonne BD historique par sa toile de fond qui met en évidence les comportements conscients ou inconscients de ceux qui se sont trouvés face au rouleau compresseur nazi.



Commenter  J’apprécie          530
Chez Adolf, tome 1 : 1933

Le 30/01/1933, un jour funeste, où Adolf Hitler est nommé chancelier...

Vous devez penser, oh encore une bd sur la Seconde Guerre mondiale, oui mais non.



D'une part cela se passe avant la guerre ce qui nous permet de suivre l'espérance de la population qui sort exsangue de la crise et du traité de Versailles, d'autre part on suit la vie quotidienne du «peuple» au travers des locataires d'une auberge renommé «Chez Adolf».



Un scénario intéressant et original agrémenté des dessins de Ramon Marcos, une belle découverte.



Commenter  J’apprécie          532
Jeanne, la Mâle Reine, tome 1

Vous vous souvenez des Rois maudits, de Maurice Druon?

Regardez bien, derrière Philippe le Bel, Mahaut l'empoisonneuse et Robert d'Artois, on voyait les 3 brus du roi...





Les deux premières accusées d'adultère, et la dernière Jeanne de Bourgogne, accusée de complicité.

Jeanne la boiteuse...





Jeanne, déchirée entre la lumière (elle descend de Saint Louis) et l'ombre...

Un pied bot, la marque du Diable!

Jeanne demande de l'aide à un sorcier, revêtu d'une peau de loup... Le "Bau Dru"!

- Est-ce un honneur d'être marquée par Satan?

- Si tu refuses ton devoir, et que Belzébuth échoue à cause de toi, y s'ra furieux!

Le monde est trop doux, les gens s'éloignent de Dieu. Il a chargé le Maître des Ténèbres de rétablir un temps plus propice à la Foi, et toi tu t'mets de travers!





Que d'efforts et de larmes refoulées...

- Jeanne la boiteuse, la boiteuse, la boiteuse !

Scandaient les enfants!

Un mariage qui se fait attendre, Jeanne va finir vieille fille.





Le sorcier lui annonce qu'elle sera reine? Mais alors, que va-t-il advenir de sa soeur Marguerite ?

Voici la petite histoire dans la grande Histoire.

L'auteure a convoqué le Roi, les templiers et Jacques de Molay, sur son bûcher...





Jeanne a-t-elle signé un pacte avec...le Diable ou avec son Destin, car elle croit en sa destinée?

Est-ce un rêve ou une malédiction ? Car Jeanne la boiteuse deviendra reine, c'est écrit...





Après la mort de Philippe le Bel, c'est l'hiver glacial. La pluie tombe sans cesse et pourrit les récoltes, amenant la Famine et son cortège de morts et de maladies...

Commenter  J’apprécie          480
Jeanne, la Mâle Reine, tome 2

"Pape Clément, Chevalier Guillaume, Roi Philippe! Avant un an, je vous cite à comparaître au tribunal de Dieu! Maudits, Maudits, Maudits! "

Hurlait Jacques Molay, le Grand Maitre du Temple, sur son bûcher...( dans Les Rois Maudits de Maurice Druon)





Est-ce lui qui fit mourir le Roi Philippe le Bel, ou Jeanne la boiteuse ?





Dans le chapitre précédent, Jeanne voulait venger sa soeur Marguerite ( morte à Château Gaillard). Le Roi aurait laisser étrangler Marguerite, sa bru, accusée d'adultère !





Le Roi est mort, à cause d'un cerf blanc, avec une croix d'argent entre ses bois, selon la légende ...

Jeanne désirait sa mort, comme elle désire devenir Reine de France, avec acharnement et passion!





Tous ceux qui se dresseront entre elle et le trône, vont subir son courroux. Si vous aviez de la compassion pour Jeanne enfant, en proie aux insultes:

La boiteuse, la boiteuse !

Vous allez trembler devant Jeanne, qui écarte durement, tous ceux qui veulent accéder au trône de France...

Dont Isabelle, "la Louve des France" et reine d'Angleterre!





Jeanne la boiteuse ne revit jamais le "Bau Dru", le sorcier qui lui avait proposé un pacte avec Satan, car c'était la volonté de... Dieu!

Mais, au bout du chemin, Jeanne provoquera le guerre de Cent ans, entre l'Angleterre et le royaume de France.

"Jeanne, la Reine de sang!"



Une autre Jeanne se lèvera, un jour à Domrémy, pour bouter les anglais, hors de France!

Commenter  J’apprécie          474
Chez Adolf, tome 1 : 1933

1933, Hitler arrive au pouvoir en Allemagne. Un aubergiste en profite pour changer son enseigne qui était « Aux joyeux amis » et qui devient « Chez Adolf ». Dans cet immeuble habite Karl Stieg, un professeur de lycée qui tient le journal que nous lisons, et qui retrace, plus que la montée du nazisme, les réactions de ce personnage face à cette escalade. ● L’originalité de cet album est de nous faire voir l’Histoire par les yeux d’un personnage moyen, indécis, perdu par un contexte qui le dépasse. Il ne sait pas comment réagir : doit-il se ranger derrière les nouveaux maîtres de l’Allemagne ? Doit-il au contraire s’opposer à eux ? Mais il y faudrait un courage qu’il n’a peut-être pas tout à fait. ● Les dessins, de facture classique, m’ont bien plu. Le scénario, qui s’appuie sur les relations du professeur à la fois au sein de son immeuble et de son lycée, est bien construit. Merci à Erik_ de m’avoir fait découvrir cet album qu’à mon tour je recommande !
Commenter  J’apprécie          442
Jeanne, la Mâle Reine, tome 2

Avec ce tome 2 on est plus que jamais à une nouvelle version des "Rois Maudits" de Maurice Druon, cette fois-ci vu et réalisé par les femmes ! On met en scène une manipulatrice en chef qui dit agir pour venger sa soeur aînée Marguerite et faire avancer la cause féminine / féministes, mais qui ne ménage pas ses femmes pour faire accepter la loi salique qui exclut les femmes du pouvoir… Car elle compte bien éliminer ses rivales, pour que son époux Philippe de Valois qu'elle mène par le beau du nez et le beau de la queue ! C'est ainsi qu'entre mariages arrangés et mariages forcé et qu'une « accidents » et « empoisonnements », nous assistons aux heurs et malheurs de Louis X, Philippe V le Long, Charles IV le Bel et Isabelle de France la Reine d'Angleterre, et que les ennemis jurés Mahaut et Robert d'Artois se font volontairement ou involontairement ses agents dans la conquête du trône… le pouvoir certes, mais pour faire quoi ? Tous ces efforts, tous ces complots, toutes ces intrigues et toutes ces morts pour satisfaire son ego, placer ses pions pour grimper dans la hiérarchie et faire baisser ses ennemis à savoir tous les autres dans cette même hiérarchie ??? Marre de ces games of thrones aristocratiques de mes couilles qu'on retouve partout où un homme peut avoir une parcelle de pouvoir donc de l'autorité sur ses semblables… Si dans le tome 1 on laissait le suspens quant à savoir si Jeanne la Boîteuse était marquée par Dieu ou par Diable, ici il n'y plus aucun place au doute : nous retrouvons la garce archétypal des anti-héroïnes de telenovelas, donc aucune sympathique pour une connasse qui n'hésite pas à assassiner des enfants pour faire avancer ses plans. Sinon, hasard ou volonté clairement assumée c'est quand même étrange que les Pastoureaux aient de faux airs de Gilets Jaunes...



Après les dessins sont agréables mais je n'en suis pas fan, et il y a des passages un peu trop théâtraux et des passages un peu trop « chroniques de France »… Ce n'est pas la série la plus réussie de la collection, mais l'ensemble reste de bonne facture ! (sinon c'est moi où les circonstances de la mort de Louis X le Hutin ressemblent vachement à celles de la mort du fils aîné de François Ier ?)
Lien : https://www.portesdumultiver..
Commenter  J’apprécie          445
Constance d'Antioche, la Princesse rebelle,..

Dans ce deuxième et dernier tome, personne ne revient de la Bataille d’Inab à part l’armada du Glaive de l’Islam Nur ad-din… Constance compte défendre Antioche jusqu’à la mort, et c’est la mort qui l’attend elle et son peuple quand un groupe de chevaliers force le siège de la ville pour leur annoncer que Jérusalem est en marche !

Le conquérant musulman ne peut que retourner, à Alep et Antioche connaît quatre années de paix. Le Roi Baudoin finit par sommer la Reine Constance de se remarier, mais celle-ci a depuis longtemps porté son choix sur un dénommé Renaud de Châtillon fraîchement arrivé d’Europe et qui lui a tapé dans l’œil le jour où il a traversé les lignes musulmanes au mépris de sa propre vie…

Constance est reine, c’est la tête qui donne les ordres ; Renaud de Châtillon est consort, c’est les jambes qui exécute les ordres. Héros ou salauds le couple aux faux airs de Bonnie and Clyde médiévaux pratique une realpolitik : on s’allie aux Templier contre l’Église, aux Grecs contre les Arméniens, aux Arméniens contre les Grecs, et quand le Basileus en personne vient réclamer justice on s’aplatit avant de s’allier avec lui… Mais la brutale efficacité ou l’efficace brutalité du nouveau souverain d’Antioche dérange, et quand il finit par tomber dans un guet-apens, le Glaive de l’Islam est trop heureux de le laisser croupir en prison et échange d’une rançon que même l’Empereur de Byzance ne pourrait pas payer… Constance attend Renaud et Renaud attend Constance, mais leur destin n'est plus entre leurs mains !





Les dessins Gabrielle Parma sont toujours agréables, car sans doute toujours bien mis en valeurs par les couleurs chaudes de Dimitri Fogolin qui collent bien au sujet du Proche Orient des croisades médiévales… Après le défaut de ce diptyque est celui de la collection toute entière : on hésite entre la légende dorée et la légende noire et on alterne entre deux versions de l’Histoire.
Lien : http://www.portesdumultivers..
Commenter  J’apprécie          410
Jeanne, la Mâle Reine, tome 1

Ce nouvel opus des "Reines de Sang" est consacré au Game of Thrones originel : que n'a-t-on pas déjà dit et déjà écrit sur la geste des Rois Maudits ? ^^

France Richemond qui a travaillé avec Nicolas Jarry sur la série "Le Trône d'argile" oeuvre ici en solo pour la série "Les Reines de Sang", et elle a décidé de nous raconter la fin des Capétiens et le début de la Guerre de Cent à travers les yeux de Jeanne de Bourgogne. Cui bono ? À qui profite l'enchaînement des tragédies ? La jeune fille boiteuse dont personne ne voulait et dont tout le monde se moquait finit par devenir au fil des événements reine et régente de France, une mâle reine puissante et périlleuse... A-t-elle été marquée par Dieu ou par le Diable ?



Tout commence sous le règne du roi de fer Philippe IV le Bel : le Duc de Bourgogne Robert a deux fils et le Comte de Bourgogne Othon a deux filles, mais il est hors de question pour le Royaume de France que les deux Bourgognes s'unissent... Jeanny et Blanche épousent ses fils, et pour ne pas se fâcher avec le Duc Robert Marguerite épouse le Dauphin et est donc programmée pour devenir reine, et pour pas se fâcher avec la Comtesse Mahaut celle-ci récupère l'Artois, et pour ne pas se fâcher avec le Comte d'Artois Robert son petit-fils illégalement dépossédé est richement rétribué... Tout ce qu'il avait craint finira bel et bien par se réaliser : on ne triche pas avec le Destin !

Entre les interludes troubadouresques le ton est celui de la chronique et on passe des cours de Bourgogne et celle de France, on s'attardant sur les relations avec la papauté et sur l'affaire des Templiers. Avec Marguerite princesse puis reine, on nous refait le coup de la jeune fille enjouée étouffée par une cour royale pleine d'austérité (remember Aliénor d'Aquitaine, Marie-Antoinette et tutti quanti ^^) : c'est pénible les gens qui veulent le beurre et l'argent du beurre, la gloire et le pouvoir mais pas les responsabilités qui vont avec...

Jeanne la soeur de Marguerite est née boiteuse, et pour beaucoup c'est le signe qu'elle est maudite, pire qu'elle a été choisie par le Diable... Les prétendants ne se bousculent donc pas au portillon, mais Jeanne croit en son étoile et continue de rêver au prince charmant qui pourrait être Philippe de Valois qui sait si bien la faire danser... Elle consulte un sorcier luciférien qui lui accorde de réaliser son souhait le plus cher à condition qu'elle accepte d'enfin accomplir la destinée pour laquelle elle est née : le lendemain, le beau Philippe arrive en trombe pour lui demander sa main... Puis éclate le scandale de la Tour de Nesle : les frères d'Aulnay sont torturés et tués, les princesses emprisonnées, et le roi de fer finit par décéder ! le nouveau roi Louis X, dit le Hutin, laisse crever son épouse Marguerite à Château-Gaillard et Jeanne jure de la venger... Deviendra-t-elle Dieu ou Diable : To Be Continued !!!



Même si la narration reste très classique et si la caractérisation est un peu girly voire un peu naïve, cela reste passionnant à suivre : l'Histoire de France est remplie de Dallas aristocratiques tous plus intéressants les uns que les autres ! Et pour ne rien gâcher les graphismes du dessinateur Michel Suro et du coloriste Dimitri Fogolin sont assez agréables à regarder... Si vous aimez L Histoire et la BD vous pouvez y aller ! ^^
Lien : https://www.portesdumultiver..
Commenter  J’apprécie          402
Chez Adolf, tome 1 : 1933

Scénario : Rodolphe

Dessin : Ramon Marcos

Couleur : Dimitri Fogolin



Le 30 janvier 1933 Adolf Hitler devient chancelier.

Le même jour, par opportunisme, le tavernier Adolf change son enseigne qui devient "Chez Adolf", en l'honneur d'Hitler.

La montée du nazisme, l'embrigadement de la jeunesse sont vus, vécus, par Monsieur Toutlemonde, professeur apolitique, qui tient son journal.

L'atmosphère est très bien rendue par les dessins très expressifs, surtout la dernière scène, celle de l'autodafé qui fait froid dans le dos malgré les flammes.

A lire si cette période intéresse.



Commenter  J’apprécie          220
Constance d'Antioche, la Princesse rebelle,..

La série BD « les reines de sang » propose une nouvelle figure du moyen-âge : Constance d’Antioche, unique fille de Bohémond II, prince de Tarente et d'Antioche. En ce début du douzième siècle, les Croisés ont conquis Jérusalem. Antioche est une principauté, dépendante du royaume franc de Jérusalem.



Bohémond meurt dans un affrontement avec les Arméniens (chrétiens), alors que Constance n’a que deux ans. La jeune fille est aussitôt enfermée par sa mère, Alix de Jérusalem, qui veut conserver l’entièreté du pouvoir. La veuve de Bohémond, en tant que régente d’Antioche, cherche à détacher la principauté de l'autorité de Jérusalem pour s’allier à Zengi, atabeg d'Alep et de Mossoul. Beaudouin, roi de Jérusalem, père d’Alix, ne peut pas laisser passer cette mésalliance. Il vient avec ses troupes prendre Antioche et rendre à sa petite-fille cloîtrée dans ses appartements son titre de princesse d’Antioche. Le début d’un long combat pour Constance qui va chercher à exister face à sa mère (qui la hait), l’époux qui lui a été imposé, Raymond de Poitiers (de vingt cinq ans son aîné), et les adversaires locaux, musulmans, byzantins, et autres seigneurs croisés.



Pour une fois, sur cet épisode, le titre Reine de sang n’est pas trop justifié. Constance fait certes preuve de caractère, mais elle sait épargner ses ennemis, se forger des alliés et faire sa place, sans excès de violence. Elle s’accommode du mari qui lui a été imposé, Raymond de Poitiers, à qui elle va donner cinq enfants. Raymond qui saura fort bien accueillir sa nièce Aliénor lors son voyage en Orient, lors de la croisade avec son mari Louis VII.



L’album est plaisant. Le décor et la période y contribuent. Cette période où l’Occident rencontre (de vive force) l’Orient est particulière. On sent bien que les alliances se font et se défont, sans que le critère de la religion soit le plus fort. Prince arménien contre francs, tentative d’alliance entre prince chrétien et chef musulman, byzantins contre Edesse puis Antioche… Les croisés se marient à des princesse locales, leurs enfants naissent dans le pays.



Le dessin et la mise en couleurs sont réussis. Le scénario laisse suffisamment de latitude pour que tout reste ouvert pour le (ou les) tomes suivant(s).
Commenter  J’apprécie          210
Dwarf, tome 2 : Razoark

J'avais découvert le premier tome de cette série l'année dernière dans la médiathèque de ma ville et j'ai donc été agréablement surprise en découvrant qu'ils avaient depuis lors fait l'acquisition du tome deux...mais malheureusement pas encore du troisième (j'espère que je ne devrai pas encore attendre un an...).

Bref passons...



L'on retrouve ici une compagnie assez extraordinaire composée d'un nain (Öth), d'une sylve (Guéniel) et d'un crapaud (Albin). Avouez que cela n'est pas très courant ! Mais il faut vous dire que n'est pas un nain comme les autres puisque, comme le lecteur l'a découvert dans le premier tome, il est "frappé", ce qui était un très mauvais présage et il aurait donc dû mourir dès sa naissance mais son pauvre père n'a pas eu le courage de lui donner le coup fatal.

Qui, si ce n'est le roi des nains en personne, les dieux ainsi que toute sa race, peut le lui reprocher ?



Aussi Öth, s'est-il allié avec les sylves pour retrouver la couronne qui, comme le lui a prédit Albin, ferait de lui l'héritier du trône de la Landée, couronne dont les sylves recherchent également. Mais Öth ayant une dette envers Guéniel, il décide de s'engager avec elle à le recherche de cette dernière...



Un deuxième tome toujours aussi rempli de suspense que le premier, plein d'humour, très bien travaillé graphiquement (surtout pour les nains et les décors) si ce n'est pour les sylves dont le personnage de Guéniel qui m'a un peu déçue de ce côté là. A découvrir !
Commenter  J’apprécie          210
Jeanne, la Mâle Reine, tome 1

La série des Reines de sang va s'intéresser à une nouvelle personnalité, un peu moins connue il est vraie. Il s'agit de Jeanne. Elle est née boiteuse, on lui dit que c'est la marque du diable, personne ne veut d'elle et pourtant... Elle finira reine de France et régente du royaume.



Ce premier tome va nous narrer son enfance. Nous sommes sous le règne de Philippe le Bel, Jeanne est une petite-fille de Saint Louis, de la branche du duché de Bourgogne. Mais la pauvre enfant est née avec un handicap, un pied bot qui lui vaut de nombreux refus de mariage. Alors que sa sœur ainée se marie avec le dauphin Louis X, elle se morfond d'ennui à la cour de Bourgogne. Et elle doute : est-elle vraiment suppôt de Satan pour que tous la repoussent? Mais, enfin, elle trouve le réconfort dans les bras du beau Philippe de Valois alors qu'à la cour de France tout part à vaux l'eau...



Une très sympathique leçon d'histoire sur cette très riche période, assez connue pour le moment car l'on reste pendant le règne de Philippe le bel. Les auteurs essayent de relater tous les événements que ce soit le conflit avec le pape où l'affaire des templiers. J'avoue que des fois j'ai eu du mal à me repérer dans les filiations et différents mariages envisagés, défaits, refaits... Surtout que pour ne rien arranger le choix des prénoms à cette époque était tout sauf original!!

Jeanne, à coté de tous ces événements, parait finalement plus en retrait. Elle est encore une petite fille sage, qui doute, qui souffre de sa boiterie.

Mais c'est un bon tome introductif de son histoire.

Le dessin est bien, avec un style simple et épuré.
Commenter  J’apprécie          202
Jeanne, la Mâle Reine, tome 1

Une femme est un jardin qui doit être arrosé pour donner ses fruits.

-

Ce tome est le premier d’une trilogie, dans la série des Reines de sang. Il peut se lire indépendamment des autres tomes de cette collection dont les équipes créatrices changent pour chaque reine de sang. Il a été réalisé par France Richemond, médiéviste, pour le scénario, Michel Suro pour les dessins, et Dimitri Fogolin pour les couleurs. La première édition date de 2018. Cette bande dessinée compte cinquante-quatre pages. Elle comprend un arbre généalogique avec les membres de la Couronne de France, du Comté de Valois, du Duché de Bourgogne et du Comté d’Artois, permettant de situer Jeanne par rapport à Saint Louis, Charles de Valois, Robert & Agnès de Bourgogne, Othon de Bourgogne & Mahaut d’Artois, Robert d’Artois.



An 1293, château de Montbard, résidence des ducs de Bourgogne. La très noble princesse Agnès, fille de Saint Louis, met au monde son cinquième enfant. Robert II revient d’une partie de chasse et pénètre dans l’enceinte de son château. Un noble lui annonce la naissance. Il se dit que cela fait quatorze ans que dame Agnès est son épouse, et le seul fils que Dieu lui ait donné, il l’a repris. Une dame de compagnie l’informe que la duchesse va bien, mais que la petite fille, ou plutôt sa jambe… Elle ne peut pas finir sa phrase et le père exige qu’on lui amène. Sa jambe gauche présente une malformation. Robert se demande de quoi ils sont punis. La jeune mère fait son entrée et elle exige également de voir sa fille. Elle estime qu’elle est marquée comme son neveu Louis, le fils de son frère Robert. Elle ordonne qu’on emmaillote fortement sa jambe pour essayer de la redresser. Les nourrices font de leur mieux, mais elles estiment que serrer les linges ne fera pas pousser sa jambe et il en manque un bout. L’une d’elle finit par prononcer ce que les autres pensent : c’est la marque de l’enfer.



Année 1299, devant le château, les enfants jouent à une variante de chat, où il faut attraper un autre enfant qui est désigné comme le boiteux et dont l’une de ses jambes est entravée par un foulard. Dans une salle du château, Jeanne regarde sa mère à la dérobée. Cette dernière lui suggère de la rejoindre sur son banc où elle est en train de lire un manuscrit. Elle lui pointe du doigt la finesse de cette calligraphie, la beauté de l’enluminure. Elle a été comme sa fille, une enfant solitaire car ce n’est pas rien d’être la fille du plus grand roy de la Terre. Elle était sa plus jeune enfant, et il était déjà âgé. Il avait peu de temps pour elle, mais parfois il la prenait près de lui et ils priaient sur un bréviaire ou un livre d’heures. Puis Agnès enjoint à sa fille d’aller jouer dehors. Dans la cour, elle se trouve tout de suite embêtée par les autres qui la jettent à terre en la traitant de boiteuse. Sa grande sœur Marguerite la suit alors qu’elle s’enfuit, et lui promet qu’elle sera toujours là pour elle. Paris est la capitale du royaume le plus puissant. Le peuple le plus riche de tous les royaumes chrétiens. Vingt-deux millions d’habitants, des frontières bien gardées, des routes sûres, un commerce vivant, des féodaux muselés. Royaume envié, respecté à l’alliance recherchée. Et plus que tout : royaume en paix. À sa tête, Philippe IV le Bel, un roi sans états d’âme. Avec une idée grandiose de la France, et prêt à tout pour la réaliser !



Cet album s’inscrit dans une collection appelée les Reines de sang. Il a pour ambition de reconstituer une page de l’Histoire de France, au travers de la vie d’un personnage historique, Jeanne de Bourgogne (1293 1349), surnommée Jeanne la Boiteuse, mariée avec Philippe VI de Valois, mère du roi Jean II le Bon, et reine de France de 1328 à 1349. Ce type de récit répond à des conventions propres à ce genre, la reconstitution historique, assez contraignante, voire pesante pour une narration en bande dessinée. Les auteurs doivent bien évidemment réaliser une reconstitution historique rigoureuse et dense, mais aussi évoquer ou expliciter les événements de portée nationale ou internationale ayant une incidence directe, voire indirecte sur la destinée du personnage principale. Ils doivent aussi faire bonne figure en comparaison du cycle romanesque de référence en la matière : Les Rois maudits, de Maurice Druon (1918-2009). En ce qui concerne le premier point, la scénariste est une historienne, ayant obtenue une maîtrise d’histoire médiévale, un diplôme d'études approfondies d’histoire moderne et réalisé deux cycles d'histoire de l'art à l’École du Louvre. Elle a également été la coscénariste de la série Le Trône d’argile, avec Nicolas Jarry, en six tomes parus entre 2006 et 2015. De fait, la narration s’avère dense évoquant les autres meneurs politiques comme Philippe IV le Bel, son chambellan et ministre Enguerrand de Marigny, son juriste et conseiller Guillaume de Nogaret, Othon et Mahaut d’Artois, les papes Boniface VIII, Benoît XI et Clément V, Jacques de Molay le maître des Templiers, etc.



Les auteurs évoquent également en toile de fonds de nombreux événements tels que la crise entre le roi Philippe IV le Bel et le pape Boniface VIII, le désir de reconquête de Jérusalem du pape Clément V, le mariage de Marguerite de Bourgogne avec le roi Louis X le Hutin, les aveux des Templiers, sous la torture, de crimes comme hérésie, idolâtrie, reniement du Christ, sodomie, simonie, la dissolution de l’ordre du Temple par le concile de Vienne en 1311/1312, etc. En fonction de sa familiarité avec ces faits historiques, le lecteur peut soit replacer ces repères qu’il connaît déjà, soit les découvrir comme des faits marquants, sans pour autant être obligé d’avoir une encyclopédie à portée de main pour s’y retrouver. L’obligation de reconstitution historique pèse également lourdement sur le dessinateur. À l’évidence, il doit se conformer aux tenues vestimentaires de l’époque, les ustensiles et accessoires diverses et variés, ce qui exige un solide travail de recherche. Il doit également représenter avec exactitude des lieux connus comme le château de Montbard, la résidence des ducs de Bourgogne, les rues de Paris et ses berges, la salle du trône du roi de France, la salle d’audience du pape dans la cité d’Anagni, l’intronisation de Clément V à Lyon, un bûcher atroce sur la grand place de Sens, la cour du roi de France, la salle du concile à Vienne, le château du Gué-de-Maulny près du Mans, etc. Il doit se plier à la contrainte de dessiner les scènes attendues, que ce soit les discussions entre les puissants du royaume, ou les armées en marche, les fastes des cérémonies, ou encore un tournoi de chevaliers.



Très vite, le lecteur fait deux constats. Le premier relève de la lecture en elle-même : elle n’est pas pesante, plutôt fluide, sans se transformer en cours magistral clinique. Le second concerne la reconstitution historique : elle n’est pas en carton-pâte. Les auteurs ne peuvent pas échapper à une forme de didactisme, puisque c’est la nature même du genre historique. Pour autant, le lecteur n’éprouve pas la sensation de passer d’une scène de déplacement ou d’affrontement bourrée de cartouches explicatifs, à une scène de discussion avec des personnages ne faisant qu’exposer la situation et les événements. Dans le même temps, il se fait une idée d’une partie des forces à l’œuvre sur le plan politique, à la fois intérieur et extérieur du pays. Le dessinateur reste dans un registre très académique, mais sans abuser des arrière-plans vides, sans systématiser les gros plans ou les très gros plans pendant les discussions. Il est visible qu’il a investi beaucoup de temps pour nourrir ses cases, pour les rendre visuellement intéressantes, à la fois par ce qui est représenté, à la fois par l’angle de vue choisi. De son côté, au cours de ce premier tome qui va de 1293 à 1315, la scénariste préserve des moments d’intimité avec la jeune Jeanne, enfant, puis adolescente, puis adulte, insufflant ainsi plus que le minimum syndical en termes de personnalité et de caractère. Elle parvient également à parler religion, en citant Thomas d’Aquin et Saint Augustin, sans se montrer moqueuse, ni rester dans des généralités prêtes à l’emploi. Elle n’hésite pas non plus à introduire une touche légère de croyance avec le Bau Dru, un personnage disposant peut-être d’un don surnaturel, là aussi tout à fait à propos, sans moquerie ou niaiserie. En revanche, elle utilise un certain nombre de formules cliché marquant la destinée de tel ou tel personnage historique, par exemple : La princesse de Bourgogne part vers son destin. Tenir mon rang, mon rôle de reine sans faiblesse, éternellement… tel est mon destin. - Le rêve de Clément V tombe en déliquescence. - Une princesse a-t-elle le droit de rêver ? - Suis-je vraiment la servante de Satan ?



Lorsqu’il choisit une bande dessinée dans cette collection, le lecteur vient avec un horizon d’attente très concret, comprenant une solide reconstitution historique, et très conscient des contraintes que ce genre fait peser sur les auteurs, à la fois en termes d’informations à exposer, et de reconstitution visuelle rigoureuse. Scénariste et dessinateur se plient à ces contraintes, en toute connaissance de cause, et avec une conscience professionnelle remarquable. Ils réussissent à faire passer toutes les informations attendues, au-delà du minimum syndical, tout en conservant le plaisir de la lecture qui ne s’apparente pas à celle d’un manuel scolaire, ou d’une thèse universitaire. La consistance de l’arrière-plan historique et des représentations permet au lecteur de se projeter à cette époque, aux côtés de cette demoiselle appelée à régner. Le lecteur peut découvrir une autre facette de cette époque, également scénarisé par France Richemond dans Clément V : Le sacrifice des Templiers (2022), dessiné par Germano Giorgiani.
Commenter  J’apprécie          190
Jeanne, la Mâle Reine, tome 2

Nulle femelle ne régnera au pays des lys.

-

Ce tome est le deuxième du triptyque commencé avec Jeanne, la Mâle Reine, tome 1 (2018) qu’il faut avoir lu avant. . Il a été réalisé par France Richemond, médiéviste, pour le scénario, Michel Suro pour les dessins, et Dimitri Fogolin pour les couleurs. La première édition date de 2019. Cette bande dessinée compte cinquante-quatre pages. Elle comprend un arbre généalogique avec les membres de la Couronne de France, du Comté de Valois, du Duché de Bourgogne et du Comté d’Artois, permettant de situer Jeanne par rapport à Saint Louis, Louis VIII le lion, Robert I d’Artois, Philippe IV le Bel, Charles comte de Valois, Louis comte d’Évreux, Mahaut et Philippe d’Artois, les personnages historiques de sa génération représentant l’Angleterre, la Couronne de France, le comté de Valois, le comté d’Évreux, le duché de Bourgogne, le comté de Bourgogne, le comté d’Artois, et la génération suivante avec Édouard III roi d’Angleterre, la petite Jeanne fille de Louis X le Hutin, Jeannie fille de Philippe le Long, Philippe de Bourgogne.



Ambassade de Jeanne de Bourgogne, comtesse du Maine, au château d’Hesdin, résidence de Mahaut d’Artois. Cette dernière observe l’entrée des cavaliers et de la roulotte dans la cour de son château, en indiquant à un conseiller qu’elle se demande ce que veut sa sœur de Marguerite. Elle reçoit l’ambassade dans la grande salle, assise sur son trône. Évrard d’Orléans s’agenouille devant elle à distance respectueuse et lui délivre le message : sa maîtresse souhaite gloire et longue vie à la princesse de la maison capétienne d'Artois, comtesse d'Artois et pair de France, comtesse de Bourgogne. Jeanne de Bourgogne l’estime et elle a chargé son émissaire de lui faire présent son œuvre : les heures de Notre-Dame dont il a peint chaque tableau. La comtesse s’approche et s’étonne qu’il n’y ait pas de frontispice, et elle remercie Évrard. Plus tard un conseiller vient le voir dans ses appartements pour lui indiquer de représenter madame d’Artois en prière pour le frontispice. Après quelques jours, un garçon de l’ambassade vient le prévenir que Mahaut reçoit Maubusier, un chef de guerre.



Évrard se rend dans la pièce où se tient le rendez-vous pour espionner. Il se découvre et prend la parole. Il estime que le projet de Mahaut et du chef de guerre est voué à l’échec : attaquer et Château-Gaillard où est détenue sa fille Blanche, et la forteresse de Dourdan où est détenue sa fille Jeanne II. Il est vite maîtrisé par les deux hommes armés. Il commence à exposer une stratégie alternative. La comtesse congédie Maubusier et son homme, et elle l’écoute. Évrard continue : Jeanny, la fille de Mahaut, possède les droits sur la Bourgogne. Or son seul crime est de ne pas avoir dénoncé Blanche et Marguerite, coupables d’infidélité. Il faut la faire réhabiliter. C’est le gendre de Mahaut qu’il faut séduire : le roi ne refusera pas la libération de Jeanny à son frère. Il poursuit son raisonnement : le comte de Poitiers est un homme intelligent. Il a deux bonnes raisons de pardonner : il n’a pas encore de fils et il veut garder le comté. Il est aussi captif de cette lamentable affaire que Jeanny. Il se propose ensuite d’aller parlementer. Puis la discussion évoque l’inflexibilité de Louis X et sa mortalité. Mahaut rappelle qu’elle est une des douze pairs du royaume et que ceux-ci élisent les rois, mais ont aussi le pouvoir de les déposer s’ils faillent. Or Louis ne respecte plus la tradition, ni leurs conseils et Dieu lui-même montre sa colère par des signes terribles.



L’ascension de Jeanne de Bourgogne vers le trône de France continue. Du fait de la nature historique du récit, le lecteur sait déjà ce qu’il va se passer, plus ou moins dans le détail. En effet, cette période qui va de 1316 à 1328 s’avère particulièrement riche, avec le décès de deux rois : Philippe V le Long en 1322, Charles IV le Bel (Charles de la Marche) en 1328. D’autres morts suspectes, avec des soupçons d’empoisonnement. Comme toujours, le destin semble favorable aux projets de Jeanne. Le roi d’Angleterre, Édouard II, refuse de rendre hommage pour le duché de Guyenne. Le premier août 1323, Roger Mortimer, chef de la dissidence, se réfugie en France où le roi l’accueille avec amitié et refuse de le livrer. Charles IV fait saisir la Guyenne, comme le droit seigneurial le permet. Isabelle, l’épouse d’Édouard va négocier avec son frère. En trois planches, le lecteur voit passer la révolte des Pastoureaux de 1320, une insurrection populaire contre les puissants. En découle un nombre de personnages historiques imposants. Jeanne la mâle reine bien, sûr, répertoriée sous le nom de Jeanne I dans les encyclopédies, car il y a Jeanne II de Bourgogne (1291-1330), comtesse de Bourgogne et d'Artois, Jeanne III (1308-1347), princesse française, fille aînée du roi de France Philippe V le Long, et Jeanne II de Navarre, fille de Louis X de France et de Marguerite de Bourgogne. Comme dans le premier tome, la scénariste présente donc énormément d’informations qu’elle réussit à faire passer majoritairement dans les phylactères, rendant la lecture plus vivante. Il n’y a que lorsque Édouard II est acculé à négocier par le pape, que la narration passe en mode de cartouches de texte, illustrés par un dessin entièrement dicté par les informations.



Comme dans le premier tome, l’artiste a fort à faire pour donner à voir chaque personnage, chaque lieu, chaque séquence. Dans un premier temps, le lecteur ne prête pas forcément une grande attention aux différents individus qui sont évidemment habillés avec des tenues d’époque. Arrivé en page quatorze, il prend conscience de la qualité du travail de reconstitution historique réalisé par Michel Suro. Ce dernier se montre très investi pour les coupes de cheveux, les pilosités, les accessoires, les différences entre les armoiries. La scénariste présente les trois clans en lice pour s’arroger la maîtrise de la succession au trône. Charles de Valois, frère de Philippe le Bel, et son fils époux de Jeanne. Le comte de Poitiers qui vient de s’imposer régent, et la tante de Philippe VI la grande Mahaut, sa belle-mère. Le duc de Bourgogne et Agnès, mère de Jeanne, fille de Saint Louis. Il est possible que le lecteur commence à perdre pied devant tant de personnages historiques, surtout s’il n’est pas familier de cette époque. Quelques pages plus loin, il se souvient que chacun de ces six individus portait une coiffe ornée différemment, ainsi qu’une coupe de cheveux différente. S’il est perdu, il revient à cette page, et il se rend compte qu’il dispose de repères visuels permettant de savoir qui est qui, sans risque de se tromper.



À aucun moment, le lecteur n’éprouve la sensation de revenir à une scène identique avec à nouveau des personnages en train de papoter pour comploter. D’un côté, la scénariste prend bien soin d’identifier les individus en présence, de préciser l’endroit où se déroulent les conciliabules ou les négociations. Elle sait aussi inclure des moments de nature différente, y compris quelques scènes d’action. De son côté, l’artiste ne chôme pas non plus. Il s’investit dans chaque scène pour représenter les lieux dans l’écrasante majorité des cases. Le lecteur peut donc prendre le temps de regarder la cour intérieure du château d’Hesdin, sa grande salle de réception, le chemin de ronde sur les fortifications du château de Poitiers, les jeux sur les grande prairie autour du château de Vincennes, puis la forêt alentour, plusieurs pièces de l’hôtel des Valois à Paris, une vue aérienne du palais de la Cité, un grand banquet avec un montreur d’ours, les artères de la ville de Reims, le sacre dans la cathédrale de Reims, l’attaque des pastoureaux dans une zone naturelle à quelques distance de Carcassonne, un tournoi, le navire emmenant Isabelle d’Angleterre en France. Afin d’être en phase avec la densité du récit historique, il réalise des planches comprenant en huit et dix cases, pouvant monter jusqu’à treize cases. Il utilise des cases bien rectangulaires, bien alignées, avec quelques inserts et régulièrement une case de la hauteur de deux bandes. Les dessins peuvent paraître parfois un peu appliqués, pour autant la narration visuelle s’avère riche et rigoureuse.



La scénariste parvient à faire exister ces personnages historiques, en privilégiant les discussions aux cellules de texte, ce qui les met en scène, les fait s’exprimer, leur donne de la place. Elle sait entremêler les intrigues de la cour, les complots dans les différentes familles, sans oublier l’usage des poisons, dont certains exotiques (une recette : pieds de crapaud, têtes de couleuvre, sang d’enfant, urine de vierge, hostie consacrée), l’espionnage, les questions d’hérédité et de légitimité, les cérémonies officielles comme les couronnements, et les relations entre les individus. Elle parvient à intégrer une quantité impressionnante d’informations de manière organique, sans que la lecture ne devienne indigeste. Elle doit toutefois faire des choix pour se conformer à la pagination dont elle dispose, ce qui peut parfois laisser dubitatif le lecteur qui n’est pas familier des grands événements de cette époque, ou qui découvre les différentes branches de la famille des Valois. Elle montre comment le destin de Jeanne de Bourgogne se constitue avec les événements historiques sur lesquels elle n’a aucune prise, et avec des opportunités saisies, des manigances impliquant parfois le meurtre, et souvent la manipulation politique de quelques-uns de ses proches, et de certains des grands de ce monde. Il n’est plus question du sorcier, le Bau Dru, mais la présence de la religion est montrée dans le quotidien, comme dans les cérémonies.



Ce deuxième continue avec les caractéristiques du premier. Le lecteur assiste à la vie de Jeanne de Bourgogne de 1316 à 1328, alors qu’elle met en œuvre des stratégies à long terme, en influençant ses proches et les décideurs pour arriver à ses fins. Scénariste et artiste réalisent une reconstitution historique consistante et dense, sans oublier de laisser de la place aux personnages, faisant tout pour trouver le juste équilibre entre la masse d’informations à exposer et la fluidité de la lecture.
Commenter  J’apprécie          180
Jeanne, la Mâle Reine, tome 2

Jeanne la boiteuse, désormais mariée à Philippe de Valois, rêve d'être reine de France. les intrigues vont donc commencer pour évincer les prétendants du trône un à un.



Si, dans le tome un, on avait pu trouver de la sympathie pour Jeanne petite fille boiteuse rejetée et studieuse, il n'en est pas de même ici. C'est devenue une femme assurée, intrigante et rusée qui n'hésite pas devant tous les coups bas pour réussir son ascension sociale. On peut ainsi la voir empoissonner un nouveau-né et y prendre plaisir... La malédiction des capétiens serait donc une femme.

A côté d'elle son mari, qui sera couronné roi de France à la fin du tome, fait pale figure. Effacé et trop chevaleresque devant sa femme ambitieuse.

L'histoire a parfois un côté un peu trop studieux quand elle raconte les différents événements qui gravitent autour du trône de France. Moyen pour gagner du temps tout en resituant parfaitement le contexte historique, il permet également de nous donner un repère temporel car on a bien du mal à donner un age aux personnages qui ne semblent pas vieillir.

Accrochez-vous également dans l'arbre généalogique des pairs de France. Ils s'appellent tous cousins ou tantes, et pour cause ils ont tous plus ou moins un degré de parenté. Pas forcement facile de s'y retrouver surtout que le dessin n'aide pas à différencier graphiquement les personnages.
Commenter  J’apprécie          170
Chez Adolf, tome 1 : 1933

Allemagne, 1933. Les habitants d’un immeuble et les professeurs d’un lycée vivent les transformations de leur pays alors qu’Hitler arrive au pouvoir.



Le grand point fort de cette BD est de se placer du point de vue de gens ordinaires et de raconter leur quotidien dans des circonstances dramatiques pour l’Histoire du 20e siècle, ce qu’ils ne savent pas, mais que les lecteur-ices savent. On se focalise essentiellement sur Karl Stieg, qui ne comprend pas bien ce qui se passe. Il ne cesse de clamer qu’il ne fait pas de politique, dans un contexte où n’importe quel détail du quotidien le devient.



Le propos n’est pas édulcoré, on sent la tension monter, l’incompréhension devant certains évènements. On comprend comment les Allemands ordinaires sans préjugés particuliers (pour l’époque, en tout cas), qui avaient de bonnes relations avec leurs voisins sans distinction de religion, se sont laissés peu à peu dépasser par les mesures mises en place par les Nazis, y ont finalement adhéré par peur ou pour obligation et ont été entraînés dans une réaction en chaîne qu’ils ne prévoyaient pas.



C’est très bien fait, assez oppressant du fait qu’on sait où ça va mener.



Les dessins sont assez typiques de la BD franco-belge. Il y a du soin dans les détails, notamment des visages et les vêtements, notamment les uniformes.



Très bonne lecture, je lirai le tome suivant, qui se déroule en 1939, si l’occasion se présente.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
Commenter  J’apprécie          150
Chez Adolf, tome 1 : 1933

Agréable surprise cette BD sur fond historique : l'arrivée d'Hitler au pouvoir, la montée du nazisme en Allemagne, le début des persécutions des juifs, le tout vu par les habitants d'un immeuble, au rez-de-chaussée duquel se trouve le bar "Chez Adolf". La narration de ce tome, qui se déroule en 1933, est centrée sur l'un des occupants de l'immeuble, un professeur qui va être obligé de "choisir un camp"...

J'ai hâte de connaître la suite, la tension psychologique et morale est bien rendue, j'ai aimé les graphismes. Le scénario est assez lent mais a le mérite de se tenir et d'être prenant.
Commenter  J’apprécie          150




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Dimitri Fogolin (204)Voir plus

Quiz Voir plus

Thérèse Raquin

Quel est le premier mari de Thérèse ?

Laurent
Camille
Grivet
Michaud

10 questions
178 lecteurs ont répondu
Thème : Thérèse Raquin de Émile ZolaCréer un quiz sur cet auteur

{* *}