Nommer les choses pour qu'elles existent.
Leur donner un nom pour leur donner vie.
Pour que d'une chimère naissent l'arbre et la pierre,
La racine et la branche,
La fleur et la feuille.
Leur donner un nom.
Pour que, dans leur cœur de poussière, batte le cœur immense de la forêt toute entière.
Leur donner un nom.
Et, par ce nom, les enchaîner à la terre.
Pour que le souvenir de ceux qui sont partis reste enchaîné à la vie.
Tous nous portons un nom, pour ne pas sombrer dans l'oubli, pour ne pas laisser la Mort tout emporter. Car l'oubli est la Mort triomphante.
C’est une île aux contours incertains.
Couronnée de forêts, peuplée de nymphes et de fées,
et de faunes aux manteaux ornés de gemmes de rosée.
C’est un rêve d’enfant qui revient nous hanter.
Un jour, nous reverrons ces rivages familiers.
Ces belles collines, et ces vertes vallées.
Et ces sentiers où nous nous sommes égarés. (p. 63).
Regarder la mer, Gabriel, c’est comme essayer de déchiffrer une énigme. Les vents et les marées vont et viennent. Prisonniers du temps, comme nous le sommes des saisons de la vie. Mais la mer, elle, a toujours été là et le sera toujours. Eternelle. Puissance aveugle, elle peut être sauvage, comme elle peut être généreuse. Comme tous les premiers-nés du monde
- Pourquoi les fées cachent-elles leur visage, Merlin ?
- C'est parce que la beauté des fées a le pouvoir de rendre fou, Gabriel. Leurs yeux, leurs voix ensorcellent ceux qui les voient et les entendent. Elles sont l'esprit du monde à son éveil, et aussi belles que l'est la vie elle-même. Elles vont et viennent avec les saisons. Chaque fois par trois, trois pour chaque saison.
Trois pour le retour du Printemps, et trois pour les soleils de l’Été.
Trois pour les larmes de l'Automne. Et trois pour le silence de l'Hiver.
Car l'enfance, comme le sable entre nos mains, s'écoule au fil des hivers et des printemps. Et cette île aux formes rêvées par l'innocence nous échappe un peu plus chaque jour. Comme un souvenir enfoui. Comme les fragments d'un rêve qu'il nous arrive parfois d'effleurer. Sans jamais vraiment pouvoir l'oublier.
C'est une île aux contours incertains. Couronnée de forêts, peuplée de nymphes et de fées, et de faunes aux manteaux ornés de gemmes de rosée. C'est un rêve d'enfant qui revient nous hanter. Un jour, nous reverrons ces rivages familiers. Ces belles collines, et ces vertes vallées. Et ces sentiers où nous nous sommes égarés.
Nous savons alors que c'est la vie qui n'est qu'un songe. Et que cette île aux contours inchangés, cette île couronnée de forêts, peuplée de nymphes et de fées, et de faunes aux cheveux emmêlés de sceptres boisés,
que c'est elle qui est notre vérité. Pour toujours et pour toujours.
Chaque larme versée est une petite perle dédiée à chaque moment vécu dans toute son éternité.