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Citations de Dino Campana (23)


Je me rappelle une vieille cité, rouge de murs et tours dressées, brûlée sur la plaine vaste dévastée dans l'Août torride, avec la lointaine fraîcheur de collines vertes et molles sur le fond. Arcs énormément vides de ponts sur le fleuve emmarécagé en maigres stagnations plombées : silhouettes noires de gitans mobiles et silencieuses sur la rive : parmi l'éblouissement lointain d'une cannaie lointaines formes nues d'adolescents et le profil et la barbe judaïque d'un vieillard : et tout à coup du milieu de l'eau morte les gitanes et un chant, du marécage aphone une nénie primordiale monotone et irritante : et du temps fut suspendu le cours.
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Bâtiment en voyage
(anciennement : Fragment)



Le mât oscille par touches dans le silence.
Une lumière ténue blanche et verte tombe du mât.
Le ciel limpide à l’horizon, chargé vert et doré après la bourrasque.
Le cadre blanc de la lanterne en haut
Illumine le secret nocturne ; depuis la fenêtre
Les cordages d’en haut à triangle d’or
Et un globe blanc de fumée
qui n’existe pas comme musique
Au-dessus du cercle avec les touches de l’eau en sourdine.


/Traduit de l’italien par Irène Gayraud et Christophe Mileschi
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Le chant de la ténèbre



La lumière du crépuscule s’atténue :
Esprits inquiets douce soit la ténèbre
Au cœur qui n’aime plus !
Des sources des sources avons à écouter,
Sources, sources qui savent
Sources qui savent que des esprits sont là
Que des esprits sont là à écouter...
Ecoute : la lumière du crépuscule atténue
Et aux esprits inquiets est douce la ténèbre :
Ecoute : tu es vaincu par le Sort :
Mais pour les cœurs légers une autre vie est à la porte :
Il n’est point de douceur qui puisse équivaloir la Mort
Plus Plus Plus
Entends qui encore te berce :
Entends la douce enfant
Qui dit à l’oreille : Plus Plus
Et voilà se lève et disparaît
Le vent : voilà il revient de la mer
Et voilà entendons panteler
Le cœur qui nous aima le plus !
Regardons : déjà le paysage
Des arbres et des eaux est nocturne
Le fleuve s’en va taciturne...
Poum ! maman le bonhomme là-haut !


/ Traduit de l’italien par Irène Gayraud et Christophe Mileschi
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L’espérance (sur le torrent nocturne)



Pour l’amour des poètes
Princesse des rêves secrets
Dans les ailes des vives pensées répète répète
Ô princesse tes chants :
Toi chevelue de chants muets
Pâle amour des errants
Etouffe les pleurs inéteints
Donne trêve aux amours secrètes :
Qui les taciturnes portes
Veille que la Nuit
A ouvertes sur l’infini ?
Penchent les heures : avec le rêve évanoui
Penche le pâle Sort.....................................
.................................................................................
Par l’amour des poètes, portes
Ouvertes de la mort
Sur l’infini !
Pour l’amour des poètes
Princesse mon rêve évanoui
Dans les gouffres du Sort !


/ Traduit de l’italien par Irène Gayraud et Christophe Mileschi
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Dans le fond, en avant, qui posait sur le faste d’une ottomane rouge, le coude soutenant la tête, qui appuyait le coude soutenant la tête, une matrone, les yeux brun vif, les mamelles énormes : à côté, une enfant agenouillée, ambrée et fine, les cheveux coupés sur le front avec une grâce juvénile, les jambes nues et lisses hors d’une robe éblouissante : et au-dessus d’elle, sur la matrone pensive dans ses yeux jeunes, un rideau, un rideau blanc de dentelle, un rideau qui paraissait remuer des images, des images au-dessus d’elle, des images candides au-dessus d’elle, pensive dans ses yeux jeunes.
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Gênes


Extrait 6

Vaste, dedans une odeur ténue évanouie
De goudron, veillé par les lunes
Électriques, dessus la mer à peine en vie
Le vaste port s’endort.
Se lève la nuée des cheminées
Cependant que le port en un doux craquement
Des cordages s’endort : et tandis que la force
Dort, dort qui berce la tristesse
Inconsciente des choses qui seront
Et le vaste port oscille dedans un rythme
Ereinté et s’entend
La nuée qui se forme du vomissement silent.


//Traduction de l’italien par Irène Gayraud et Christophe Mileschi
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Femme génoise
  
  
  
  
Tu m’apportas un peu d’algue marine
Dans tes cheveux, et une odeur de vent,
Accouru de très loin et qui arrive grave
D’ardeur, était dans ton corps bronzéen :
– Oh la divine
Simplicité de tes formes agiles –
Ni amour ni tourment, un fantôme,
Ombre de la nécessité qui vague
Sereine inéluctable à travers l’âme
Et la délie en joie, d’enchantement sereine
Pour que par l’infini le sirocco
Se la puisse emporter.
Comme est petit le monde et léger dans tes mains !


/ Traduit de l’italien par Irène Gayraud et Christophe Mileschi
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[…] en hauteur, dans les trophées de gypse d’une église, les anges potelés et blanc fondent leur pompe conventionnelle, tandis que sur la rue, les perfides jeunes filles brunes méditerranéennes, brunies d’ombre et de lumière, se murmurent à ‘oreille, à l’abri des ailes théâtrales, et ils semble qu’elles fuient, chassées vers quelque enfer dans cette explosion de joie baroque : tandis que tout, tout s noie dans le doux bruit du battement d’ailes des angelots qui emplit la rue.
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Gênes


Extrait 7

Ô Sicilienne altière opulente matrone
Aux fenêtres venteuses de la ruelle marinière
Dans le sein de la cité percutée de sons de navires et de
  chariots
Classique méditerranéenne femme des ports :
Par les gris rosés de la cité d’ardoise
Sonnaient les clameurs vespérales
Et puis plus calmes les rumeurs dedans la nuit sereine :
Je voyais aux fenêtres étincelantes comme les étoiles
Passer les ombres des familles marines : et des chants
J’entendais lents et ambigus dans les veines de la cité
  méditerranéenne :
Car c’était la nuit profonde.
Tandis que toi Sicilienne, depuis les creux
Des vitres en un jeu tortueux
L’ombre creuse et la lumière vacillante
Ô Sicilienne, aux mamelons
L’ombre renfermée tu étais
La Pieuvre des nuits méditerranéennes.
Grinçait grinçait grinçait de chaînes
La grue sur le port dans le creux de la nuit sereine :
Et dedans le creux de la nuit sereine
Et dans les bras de fer
Le faible cœur battait une plus haute palpitation : tu
La fenêtre avais éteinte :
Nue mystique en haut creuse
Infiniment d’yeux trouée dévastation était la nuit
  tyrrhénienne.


//Traduction de l’italien par Irène Gayraud et Christophe Mileschi
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“Et la prêtresse des plaisirs stériles, la servante ingénue et avide et le poète se regardaient, âmes infécondes, cherchant inconsciemment le problème de leur vie. Mais le soir descendait, message d’or des frissons frais de la nuit.”
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Florence
Dessous tes ponts multicolores
L’Arno prophète paisiblement s’ensable
Et dans les reflets tranquilles brise à peine
Les arches sévères parmi les fleurs qui se fanent
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La baie vitrée

Le soir fumeux d’été
De la haute baie vitrée verse des lueurs dans l’ombre
Et dans le cœur me laisse une brûlure scellée.
Mais qui a (sur la terrasse sur le fleuve s’allume une lampe) qui a
A la petite Madone du Pont qui c’est qui c’est qui a allumé la
Lampe ? – y’a
Dans la chambre une odeur de putridité : y’a
Dans la chambre une plaie rouge languissante.
Les étoiles sont des boutons de nacre et le soir se vêt de velours :
Et tremble le soir fat : il est fat le soir et il tremble mais y’a
Dans le cœur du soir y’a,
Toujours une plaie rouge languissante.


L’invetriata

La sera fumosa d’estate
Dall’alta invetriata mesce chiarori nell’ombra
E mi lascia nel cuore un sugello ardente.
Ma chi ha (sul terrazzo sul fiume si accende una lampada) chi ha
A la Madonnina del Ponte chi è chi è che ha acceso la lampada ?
-c’è
Nella stanza un odor di putredine : c’è
Nella stanza una piaga rossa languente.
Le stelle sono bottoni di madreperla e la sera e tremola ma c’è
Nel cuore della sera c’è,
Sempre una piaga rossa languente.
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La baie vitrée



Le soir fumeux d’été
Depuis la haute baie vitrée verse clartés dans l’ombre
Et me laisse dans le cœur une brûlure scellée.
Mais qui a (sur la terrasse sur le fleuve s’allume une lampe)
      qui a
À la Madonine du Pont qui c’est qui c’est qui a allumé la
      lampe ? y’a
Dans la chambre une plaie rouge languissante.
Les étoiles sont boutons de nacre et le soir se vêt de velours :
Et tremble le soir fat : il est fat le soir et il tremble mais y’a
Dans le cœur du soir y’a,
Toujours une plaie rouge languissante.
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La lune surgissait dans son vieux déshabillé derrière l'église byzantine.
(Le voyage et le retour)
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Gênes


Extrait 5

Au bord le bateau se pose
Dans le crépuscule qui brille
Dans les mâts calmes de fruits de lumière,
Dans le paysage mythique
De navires dans le sein de l’infini
Dans le soir
Chaud de félicité, étincelant
En un grand en un grand voilage
De diamants étendus sur le crépuscule,
En mille et mille diamants en un grand voilage vivant
Le bateau se décharge
Interminablement grinçant,
Infatigablement il gronde
Et le pavillon est baissé et la mer et le ciel est d’or et sur le môle
Courent les enfants et ils crient
Avec des cris de félicité.
Déjà par bandes s’aventurent
Les voyageurs à la cité tonnante
Qui étend ses places et ses rues :
La grande lumière méditerranéenne
S’est fondue en pierre de cendre :
Par les ruelles antiques et profondes
Fracas de vie, joie intense et fugace :
Voilage d’or de félicité
Est le ciel où le soleil très riche
Abandonna ses dépouilles précieuses
Et la Cité comprend
Et s’allume
Et la flamme titille et absorbe
Les restes magnificents du soleil,
Et tisse un suaire d’oubli
Divin pour les hommes fatigués.
Perdues dans le crépuscule tonnant
Ombres de voyageurs
S’en vont par la Superbe
Terribles et grotesque comme les aveugles.


//Traduction de l’italien par Irène Gayraud et Christophe Mileschi
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Gênes


Extrait 4

Par les ruelles marines dans l’ambigu
Soir chassait le vent depuis l’enchevêtrement
Des bateaux des préludes entre les fanaux :
Les immeubles marins de blanches arabesques
Avaient dans l’ombre alanguie
Et nous allions et moi et le soir ambigu :
Et moi les yeux en haut aux mille je levais
Et mille et mille yeux bienveillants
Des Chimères dans les cieux : ………..
Quand
Mélodieusement
De haut sel, le vent comme blanche feignit une vision de Grâce
Comme de l’aventure infatigable
Des nuages et des étoiles dedans du ciel du soir
Dedans la ruelle marine en haut s’élève, …………….
Dedans la ruelle car rouges en haut sel
Marin les ailes rouges des fanaux
Arabesquaient l’ombre alanguie, …………….
Qui dans la ruelle marine, en haut sel lève
Qui blanche et légère et plaintive s’éleva !
Comme en les ailes rouges des fanaux
Blanche et rouge dans l’ombre du fanal
Qui blanche et légère et tremblante s’éleva…….-
Or déjà dans le rouge du fanal
Etait déjà l’ombre laborieusement
Blanche………………………...
Blanche quand dans le rouge du fanal
Blanche lointaine laborieusement
L’écho abasourdi rit une irréelle
Rire : et que l’écho laborieusement
Blanc et léger et abasourdi s’éleva…..
Déjà tout alentour
Luisait le soir ambigu :
Et battaient les fanaux
Palpitation dans l’ombre ;
Des rumeurs au lointain s’éboulaient
Dedans des silences solennels
En demandant : si de la mer
Le rire ne s’élevait…..
En demandant si l’entendait
Infatigablement
Le soir : à l’aventure
De nuages là en haut
Dedans du ciel stellaire.


//Traduction de l’italien par Irène Gayraud et Christophe Mileschi
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Gênes


Extrait 3

Au cœur d’une grotte de porcelaine
Sirotant du café
Je regardais de la baie vitrée la foule monter rapide
Entre les vendeuses pareilles à des statues, tendant
Des fruits de mer avec de rauques cris tombant
Sur la balance immobile :
Ainsi de toi je me souviens encore et te revois impériale
Montant la pente en tumulte
Vers la porte déclose
Contre l’azur du soir,
Fantastiques de trophées
Mythiques entre les tours nues au ciel serein,
À toi agrippée d’alentour
La fièvre de la vie
Première : et par les ruelles lubriques de fanaux le chant
En ritournelles des prostituées
Et du fond le vent de la mer sans trêve,


//Traduction de l’italien par Irène Gayraud et Christophe Mileschi
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Gênes


Extrait 2

Sous la tour orientale, dans les terrasses vertes dans l’ardoise
  cendrée
Se déverse la place à la mer qui condense les navires inépuisable
Rit l’arqué palais rouge depuis le grand portique :
Comme les cataractes du Niagara
Chante, rit, varie la symphonie de fer féconde urgente à la mer :
Gênes chante ton chant !


//Traduction de l’italien par Irène Gayraud et Christophe Mileschi
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Gênes


Extrait 1

Dès lors que la nuée s’arrêta dans les cieux
Dans le lointain sur l’infinie silencieuse
Rade enfermée marine en ses voiles lointains,
Et revenait l’âme partie
Et tout alentour d’elle mystérieusement
  enluminé déjà du jardin le vert
Rêve dans l’apparence de ses coruscantes
statues superbes surhumaine : et j’entendis
et un chant j’entendis une voix de poètes
Dans les fontaines et les sphynges aux frontons
Un premier oubli bienveillantes aux courbés
Humains encore offrir parurent : des secrets
Dédales je sortis : surgissait un bâti
Blanc de tours dans l’air : innombrables de la mer
Parurent les blanches rêveries des matins
Au loin s’estompant enchaîner
Comme un inconnu tourbillonnement de son.
Entre les voiles d’écume entendait le son.
Plein était le soleil de Mai.


//Traduction de l’italien par Irène Gayraud et Christophe Mileschi
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La Chimère


Ne sait si entre les roches ton pâle
Visage m’apparut, ou sourire
De lointains ignorés
Tu fus, la pente éburnéenne
Du front flamboyant ou jeune
Sœur de la Joconde :
Ou des printemps
Eteints, par tes mythiques pâleurs
Ou Reine ô Reine adolescente :
Mais par ton poème ignoré
De volupté et de douleur
Musique enfin exsangue,
Marqué de lignes de sang
Au cercle des lèvres sinueuses,
Reine de la Mélodie :
Mais par le front virginal
Incliné, moi poète nocturne
Je veillai les étoiles vives dans les abysses du ciel,
Moi par ton doux mystère
Moi pour ton devenir taciturne.
Ne sais si la flamme pâle
Fut des cheveux le vivant
Signe de sa pâleur,
Je ne sais si ce fut une douce vapeur,
Douce sur ma douleur,
Sourire d’une figure nocturne :
Je regarde les blanches roches les muettes sources
  des vents
Et l’immobilité des firmaments
Et les ruisseaux gonflés qui vont pleurant
Et les ombres du labeur humain courbées là sur les
  glacés versants
Et encore par de tendres ciels lointains claires ombres
  courant
Et encore je t’appelle je t’appelle Chimère.


//Traduit de l’italien par Irène Gayraud et Christophe Mileschi
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