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Citations de Djaïli Amadou Amal (502)


- Accorde-lui juste une dernière chance. C’est une gentille fille.
— Reste à ta place. Tu n’es rien d’autre qu’une épouse. Ce n’est pas à toi de défendre tes coépouses. Garde ta place si tu ne veux pas la perdre aussi.
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L’air de rien, je me révélais une adversaire redoutable et utilisais parfois mes enfants et les domestiques pour arriver à mes fins. Je n’arrêtais pas de monter des coups contre Ramla. Et tout y passait ! Je faisais verser des grains de sable sur ses grillades et dans sa farine destinée au couscous. Je rajoutais du sel dans sa sauce. Je glissais discrètement encore du sable mais sous les draps dans le lit conjugal au sortir de mon waalande. Je dissimulais savon et papier hygiénique, salissais les serviettes, et Alhadji se plaignait, tempêtait et s’énervait contre Ramla sans qu’elle puisse se justifier. Elle cuisinait ses repas tranquillement dans la cuisine et je ne m’y rendais jamais quand elle y était pour qu’elle ne puisse pas me soupçonner. Bien entendu, les soirs où sa nourriture était immangeable, Alhadji savait qu’il pouvait toujours venir dans mon appartement et pouvait s’y faire servir du poulet et des pâtisseries. C’était alors l’occasion pour mes enfants d’entrer en liesse, de lui raconter mille et une anecdotes pendant que ma coépouse se consumait dans l’attente. J’offrais argent et cadeaux de toutes sortes aux domestiques pour me les fidéliser. J’avais aussi fini par soudoyer quelques-uns des hommes de confiance d’Alhadji afin qu’ils se rangent de mon côté et se liguent sournoisement contre Ramla.
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On confirme que je suis folle. On commence à m’attacher. Il paraît que je cherche à fuir. Ce n’est pas vrai. Je cherche juste à respirer. Pourquoi m’empêche-t-on de respirer ? de voir la lumière du soleil ? Pourquoi me prive-t-on d’air ? Je ne suis pas folle. Si je ne mange pas, c’est à cause de la boule que j’ai au fond de la gorge, de mon estomac si noué qu’aucune goutte d’eau ne peut plus y accéder. Je ne suis pas folle. Si j’entends des voix, ce n’est pas celle du djinn. C’est juste la voix de mon père. La voix de mon époux et celle de mon oncle. La voix de tous les hommes de ma famille. Munyal, munyal ! Patience ! Ne les entendez-vous pas aussi ? Je ne suis pas folle ! Si je me déshabille, c’est pour mieux inspirer tout l’oxygène de la terre. C’est pour mieux humer le parfum des fleurs et mieux sentir le souffle d’air frais sur ma peau nue. Trop d’étoffes m’ont déjà étouffée de la tête aux pieds. Des pieds à la tête. Non, je ne suis pas folle. Pourquoi m’empêchez-vous de respirer ?
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Cela faisait maintenant un an que j’étais mariée. Et j’étais enceinte. La nuit du viol et de ma fugue à Gazawa marquait le commencement d’une vie qui s’accrochait à mes entrailles. Ni mes angoisses ni mon amertume ni la magistrale correction de mon père ne purent dissuader l’enfant de grandir dans mon ventre. Il semblait déterminé à vivre.
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Je ne parviens pas à fermer l’œil. À côté de moi, le bras négligemment posé sur mon corps, mon époux dort d’un sommeil apaisé. Mon dos et mon cou, endoloris par les coups, sont de plus en plus douloureux. Cette nuit, je prends conscience du danger que je cours. Si je reste à le regarder, à le subir sans rien faire, Moubarak va finir par me tuer. Sa tendresse après un déchaînement de violence s’apparente à un scénario que je connais bien et qui ne me trompe plus. Ce sera toujours pareil. Il me frappera, fera semblant de le regretter, promettra de ne plus le faire… jusqu’à la prochaine fois. Je le sais. Moubarak ne changera pas. Je pourrais me plaindre mais on me demandera toujours de patienter. Encore un peu. Qui a de la patience ne le regrette pas, me rappellera-t-on. Et si un mauvais coup m’achève, ce ne sera que la volonté d’Allah.
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Mon oncle était devenu mon beau-père. Et je devais soigneusement l’éviter, me déchausser avant de passer à côté de lui, baisser les yeux et fléchir le genou pour le saluer. Et je devais garder mon voile sur la tête en la présence de ma tante, devenue ma belle-mère. Je ne pouvais ni boire ni manger devant elle. Il me fallait éviter aussi de parler, de bavarder ou de rire. Mon cousin Moubarak était devenu mon époux. Je lui devais soumission et respect.
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Ce n’est pas un crime ! C’est un acte légitime ! Le devoir conjugal. Ce n’est pas un péché. Bien au contraire. Que ce soit pour moi ou pour Moubarak, c’est un bienfait accordé par Allah. Ce n’est pas un viol. C’est une preuve d’amour. On conseilla tout de même à Moubarak de refréner ses ardeurs vu les points de suture que ma blessure nécessita. On me consola. C’est ça, le mariage. La prochaine fois, ça ira mieux. Et puis, c’est ça la patience, le munyal dont on parlait justement.
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Les conseils d’usage, qu’un père donne à sa fille au moment du mariage et, par ricochet, à toutes les femmes présentes, on les connaissait déjà par cœur. Ils ne se résumaient qu’à une seule et unique recommandation : soyez soumises ! Accepter tout de nos époux. Il a toujours raison, il a tous les droits et nous, tous les devoirs. Si le mariage est une réussite, le mérite reviendra à notre obéissance, à notre bon caractère, à nos compromis ; si c’est un échec, ce sera de notre seule faute. Et la conséquence de notre mauvais comportement, de notre caractère exécrable, de notre manque de retenue. Pour conclure, patience, munyal face aux épreuves, à la douleur, aux peines.
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Ramla est une fille. Et elle est bien élevée. Elle se mariera avec qui on lui dira.
- Mais enfin, Baaba, coupa Amadou. Le monde a changé ! Les filles ont le droit…
— Fous-moi le camp, petit insolent ! Je te vois venir toi aussi. Fais attention à toi, Amadou ! Ça ne tourne pas rond dans ton esprit pour que tu me parles des droits des femme ! Où est passée ta pudeur ? Ta bonne éducation ? Que veux-tu m’apprendre ? De plus, tu oses me contredire ! Quelle impolitesse ! Quelle impudence ! Dégagez tous les deux à présent. Ça suffit ces bêtises.
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J’expliquais aux femmes de la famille mon ambition de devenir pharmacienne, ce qui les faisait rire aux éclats. Elles me traitaient de folle et vantaient les vertus du mariage et de la vie de femme au foyer. Quand je renchérissais sur l’épanouissement qu’une femme trouverait dans le plaisir d’avoir un emploi, de conduire sa voiture, de gérer son patrimoine, elles interrompaient brutalement la conversation en me conseillant vivement de redescendre sur terre et de vivre dans la vraie vie. Pour elles, le plus grand bonheur était de se marier à un homme riche qui les mettrait à l’abri du besoin, leur offrirait des pagnes et des bijoux, ainsi qu’une maison pleine de bibelots et de… domestiques. Une vie d’oisiveté qu’elles passeraient entre les quatre murs d’une belle concession. Car un mariage réussi se compte dans le nombre de parures en or qu’on affiche avec ostentation à la moindre opportunité festive. Et une femme heureuse se reconnaît à ses voyages à la Mecque et à Dubaï, à ses nombreux enfants et à sa belle décoration intérieure. Le meilleur époux n’est pas celui qui chérit mais celui qui protège et qui est généreux.
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La coutume impose la retenue dans les relations entre parents et enfants au point qu’il est impossible de manifester une émotion, des sentiments. C’est ce qui explique qu’il n’est pas particulièrement proche de nous. La seule preuve que j’aie de son amour paternel est celle d’exister. Je ne sais pas si mon père m’a déjà portée dans ses bras, tenue par la main. Il a toujours gardé une distance infranchissable avec ses filles. Et il ne m’est jamais venu à l’esprit de m’en plaindre. C’était ainsi, et ça ne peut être autrement. Seuls les garçons pouvaient voir mon père plus souvent, entrer dans son appartement, manger avec lui et même, parfois, l’accompagner au marché ou à la mosquée. En revanche, ils ne pouvaient pas s’attarder à l’intérieur de la concession, qui restait le domaine des femmes. La société musulmane définit la place accordée à chacun.
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J’aurais aimé m’en faire une alliée mais le regard qu’elle pose sur moi me l’interdit. Elle semble me détester avant même de me connaître. Elle aussi est entourée des femmes de sa famille arborant des sourires de bienséance. Deux camps se toisent, se scrutent en un duel feutré, où l’on devine une hypocrisie mielleuse. Ma coépouse est parée telle une mariée. Un pagne étincelant, de belles tresses, les mains et les pieds ornés de tatouages au henné. Mais je sens qu’elle fait un énorme effort pour rester calme. Ses lèvres affichent un léger sourire qui ne cache pas la tristesse de ses yeux.
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A cet instant, malgré la distance qui a toujours existé entre nous, j’aurais voulu qu’il me parle, qu’il me dise que j’allais lui manquer. J’espérais qu’il m’assurerait de son amour, qu’il me murmurerait que je serais toujours sa petite fille, que cette maison serait toujours la mienne et que j’y serais encore la bienvenue. Mais je sais que cela n’est pas possible dans la vraie vie. Nous ne sommes pas dans un des feuilletons télévisés importés qui meublaient nos rêves d’adolescentes ni dans un des romans à l’eau de rose dont nous avons fait nos délices. Nous ne sommes ni les premières ni les dernières filles que mon père et mes oncles marieront. Au contraire, ils sont plutôt contents d’avoir accompli sans faille leur devoir. Depuis notre enfance, ils n’attendent que ce moment où ils pourront enfin se décharger de leurs responsabilités en nous confiant, vierges, à un autre homme.
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Jusqu’au dernier moment, naïvement, j’ai espéré un miracle qui m’épargne cette épreuve. Une rage impuissante et muette m’étrangle. Envie de tout casser, de crier, de hurler. Ma sœur ne retient plus ses larmes et sanglote. Elle suffoque. Je cherche sa main et la serre pour la réconforter. Devant sa détresse, je me sens forte malgré ma peine. Maintenant que je me sépare d’elle, Hindou me devient plus chère.
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Kondem s'est habituée à sa nouvelle vie de casseuse de cailloux à Maroua. Ses journées sont rythmées par la même routine immuable: gravir la montagne par le versant rocheux et, avec ses outils, un marteau et une simple barre à mine, frapper et casser la roche.
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Elle a accepté. Il en a eu des frissons. Joli brin de fille, cette Bintou ! Il lui tarde de la revoir. De taille moyenne, elle est menue comme il les aime, un joli visage mais surtout une poitrine généreuse et ferme qui bombe insolemment son corsage. Elle ne semble pas farouche et il compte bien conclure dès ce soir. Enfin, si elle vient !
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Il te fera travailler gratuitement. Et il te maltraitera – pire que n’importe quel autre. Il n’hésitera pas à te traiter de tous les noms, parlera mal de toi chez les parents, passera son temps à citer le moindre sou qu’il aura dépensé pour toi. Non, non, non ! C’est exactement le genre de maison qu’il faut éviter ! Mieux vaut mourir au village. À éviter absolument ! termine Danna.
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En plus de crouler sous les travaux les plus ingrats, elle n’avait ni la possibilité de manger à sa faim ni celle de faire sa lessive ou de profiter du marché, la maîtresse de maison ayant la liberté de faire elle-même ses courses et gérant ses dépenses au franc près.

« Mais tout de même, ils sont moins hautains et moins prétentieux.
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En ville, on fait tellement de choses qui peuvent sembler absurdes quand on ne les connaît pas. Faydé est à la fois éblouie par le confort et le luxe qu’elle découvre et effrayée à l’idée de ne pas faire les choses correctement.
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Toutes les personnes de ce village ont subi les mêmes dommages. Chrétiens, animistes ou musulmans. Les bandits ne font aucune différence ! Envoie-moi ta fille, que je la bénisse et que je lui donne mes derniers conseils. Et toi, prie ! Prie pour que le Seigneur entende tes plaintes, pour le bonheur de tes enfants et pour la tranquillité de ton esprit. Celui qui fait confiance à Dieu ne sera jamais égaré ! 
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