Dominique Delahaye

Je chope le train de banlieue. A peine arrivé à Paris, je n'ai qu'une envie, foutre le camp le plus vite possible. Il y a trop de monde partout. j'ai plus l'habitude. Dans le métro c'est pire. On se marche dessus à sentir la peau des autres et on fait tout pour s'éviter du regard.

A chaque fois, c'est le même étonnement. A quel point les cimetières ressemblent aux villes, en sont presque une sorte de maquette morbide. Même promiscuité, mêmes plans, mêmes artères, même ségrégation sociale, même érosion implacable du temps, même étrange beauté aussi.

Lyon,5 décembre, 1heure

Le froid est venu de la rivière, comme d'habitude.Il est descendu des montagnes,des bourrasques glacées entre les berges maçonnėes. Le flot a grossi,jusqu'à se répandre sur les quais où quelques semaines plus tôt ,on se prėlassait encore sur les pierres tièdes. La nuit surprend dėsormais la ville en plein après-midi. Humide comme une haleine de cave,elle invite à se recroqueviller,à filer aux ras des murs,à se claquemurer.

La salamandre a suscité de nombreuses croyances ou légendes à travers les âges : tour à tour vénéneuse, pure, incorruptible, glaciale ou ardente, elle symbolise dans notre histoire tous les esprits libres, indépendants, non conformistes ou marginaux qui, acteurs privilégiés ou témoins précieux des soubresauts historiques, ont contribué à leur manière à édifier l'Histoire du Havre et de son estuaire.

"Nutrisco et extinguo", qui signifie, "Je me nourris (du bon feu) et éteins (le mauvais)". Après l'avénement du souverain, la salamandre dans le feu devient l'emblème personnel de François 1er qui offrira ses armoiries et sa devise à la "ville Françoise" lors de sa première visite en 1520.

Quand tout sera retombé, il va falloir trouver un ailleurs,plus loin,plus secret.Ce n'est que partie remise,d'une manière où d'une autre,c'est la vie qu'il avait choisie lui aussi.A découvert.On joue à un jeu où il n'y a que des perdants ou des gagnants en sursis. Finalement, c'etait pile et face.Aussi loin que je regarde devant moi,je ne vois pas de calme.(Page 124).

Bien que les manuels de civilité recommandent de prendre "des bains avec précaution et jamais plus d'une fois par mois", Le Havre devient une station balnéaire fréquentée par les Parisiens qui découvrent les bienfaits thérapeutiques de l'eau de mer. Celle-ci est en effet préconisée dans le traitement de certaines maladies : la rage, l'anémie, la dépression, l'asthme...

Chapitre 1

C'est le raclement métallique qui me réveille.Je me réveille.Je me dresse sur les coudes avant de réaliser où je suis.La flemme et une vague gueule de bois m'ecrasent sur le matelas un peu moite.( Page17).

La salamandre se nourrit du feu. C'est le pouvoir des êtres purs.

-Qu'une si petite hélice puisse faire bouger une masse pareille, j'avoue que ça dépasse mon entendement...
-C'est pour cette raison que je vous apprécie tant ma chère Geneviève. Je partage tout à fait le point de vue de ce M.Taine dont je viens de terminer le livre. "Donner à une femme du raisonnement, des idées, de l'esprit, c'est comme mettre un couteau dans la main d'un enfant"

Avec l'inévitable exagération, née de la colère contre ce sort injuste réservé, depuis la nuit des temps, à leur peuple nomade.
- Ne dis pas ça ! Au collège, tu as plein d'amies.
Shana grimace un sourire.
- Plein, oui. Qui ne viennent jamais me voir ici parce que leurs parents le leur interdisent. Et quand elles m’invitent chez elles, c'est tout juste si on ne me fait pas les poches quand je repars.

- Nous avons beaucoup à perdre et pas grand-chose à gagner. Qu'arrivera-t-il si nous nous faisons prendre ? Étrangers et voleurs ! Et qu'arrivera-t-il si nous ne nous faisons pas prendre ? Une nouvelle télé, quelques bonnes bouteilles, de l'argent, jusqu'à quand ? Jusqu'à ce que tu recommences ? Jusqu'à ce que ça finisse mal ? Tu le sais bien, personne ne peut vivre longtemps comme ça !

Elle gardera en mémoire le terrible sentiment d'impuissance qui l'a saisie au milieu de ce grouillement urbain et matinal.Une activité fébrile ,aveugle et routinière. Cette urgence individuelle, factice et dérisoire qui lave les mémoires, et ruine l'intelligence collective.Le ciel vire au rose par-dessus le moutonnement sombre des mélèzes.Un clocher dresse sa tranquille arrogance ,imposant sa présence dans la nuit qui tombe .Elle espère que Julien et Habib ne lui ont pas fait de promesse en l'air au sujet de la chambre pour elle .Là maintenant , elle veut juste dormir.

Les traces sont présentes dans la langue et dans les noms de lieux : turbot, homard, lieu viennent de l’ancien scandinave, ainsi que de nombreux termes nautiques tels que quille, hune, etc. De même, les toponymes révèlent cette colonisation scandinave comme par exemple les noms qui se terminent en « bec » ou « becq » (de bekkr, ruisseau), comme Caudebec le « ruisseau froid », ou ceux qui se terminent en « tot » comme Routot ou Yvetot, et qui dérivent de topt (terrain avec ou sans habitation).

-- Et tu trouves plus intelligent de l'insulter! Il n'y a pas plus gentil que Flipe.
--Que qui?
--Flipe.C'est Philippe,mais ici ils disent Flipe.
--Merde,je comprends mieux!Si j'avais su qu'il s'appelait comme ça, le pauvre,j'aurais évité !
Marion éclate de rire.
--T'es vraiment trop con!
Elle me regarde en souriant pendant que je tire sur mon mégot, en faisant le malin.Elle s'approche de moi,mets sa main sur ma nuque,me tire vers elle et glisse une langue agile entre mes lèvres. Agile et parfumée à la cerise. ( Page 62).

C'est en mordant dans la crème que l'envie de pleurer lui est venue.C'est dommage parce que salée ,la brioche est moins bonne.Au bout de trois bouchées ,elle était rassasiée. Elle en donne un morceau à Joop qui ne se fait pas prier et enveloppe le reste de gâteau dans le sac en papier.Elle range dans sa poche.
Le soleil a percé les nuages.Un soleil d'hiver. Il lui semble pourtant que la lumière lui fait du bien ,la réchauffe.Elle s'assoit sur le quai un peu plus loin.Près de la rivière qui brille.Un type charge du bois dans une brouette qu'il fait rouler péniblement sur la passerelle d'une péniche. Il verse son chargement qui se rėpand en vrac sur le pont.Il se redresse .A l'évidence s'il ne commence pas à ranger les bûches ,il ne pourra bientôt plus en amener d'autres.Il regarde le tas sur le quai, puis celui qui grandit à ses pieds.Puis il s'assoit,abattu.Ėmilie se lève, remet son sac sur son dos et fait signe à Joop.
--Je vous file un coup de main contre le gîte et le couvert pour ce soir.Il'est grand votre bateau et je prends pas beaucoup de place.Je peux même faire la cuisine .En gros, vous faites une affaire.Ca vous dit?

Annabelle s'est levée. Une déesse grecque. Sa nudité parfaite comme une cuirasse et dans l'oeil, le glaive luisant de la vengeance. Dans ces moments-là, Jean-Do est partagé, entre admiration, élan d'amour et peur panique devant un avenir qu'il imagine plein de concessions.

Salif hoche la tête. Ils fument en silence parce qu'il n'y rien à dire. Ils sont tellement loin, tellement impuissants. Comprendre n'éclaire même pas l'avenir. Ils ont pourtant une longueur d'avance. Ils savent qu'ici le calme est illusoire, que le chaos est là juste derrière la porte qu'on ne tiendra pas fermée longtemps, même en augmentant la taille des verrous.

Greg observe du coin de l'oeil. Comme à chaque fois, le rouge explose dans la nuit. Un rouge brillant, sombre et plein. Il aime les couleurs franches, qui claquent. Choukri avance vite. Vite et bien.