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Citations de Eiríkur Örn Norddahl (58)


Les membres du gouvernement étaient plus ou moins affalés, inconscients, ivres et bedonnants. Le concert de rots et de flatulences qu’interprétaient leurs gosiers et leurs anus rappelait les teufs-teufs d’un moteur épuisé, leur peau rougissait, leur corps en surchauffe était incapable de digérer les délices dont ils s’étaient empiffrés et les liquides qu’ils avaient éclusé, et une sueur grasse mêlée de vin et de café jaillissait à flots des serveurs adipeux de la République.
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Les femmes meurent. Elles tombent des immeubles puis s’écrasent sur les rues et les trottoirs – quelle que soit la manière dont on envisage le phénomène.
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Mais tout le monde sait très bien qu'un acquittement ne compte pas aux yeux de la société et de l'opinion publique.L'accusation de viol suffit à faire de vous un violeur.
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Comment réagit celui qui a non seulement l’habitude d’être vu à tout instant, mais également la conviction qu’il en sera ainsi du berceau jusqu’à la tombe, pour lui comme pour tous les gens qu’il connaît, ceux qu’il aime et également ceux qu’il déteste, quand il se réveille un beau jour et qu’il se rend compte que les choses ont changé ?
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Quand Adorno déclare qu'il est barbare d'écrire un poème après Auschwitz, ce n'est pas parce que la beauté est vanité au sein d'un monde de laideur, pas non plus parce que les hommes ne méritent pas de se divertir ou de se reposer dans l'art de l'agitation quotidienne – mais au contraire parce qu'Adorno (et avec lui le monde) a un instant mesuré à quel point la vérité de l'art est à la fois manipulable et manipulatrice. La beauté est assassine. L'art tue. L'artiste autrichien féru de performances s'est emparé de l'esthétique en repoussant ses limites jusqu'à l'extrême, ce qui s'est soldé par le plus grand bain de sang qu'a connu l'humanité. Écrire un poème était barbare depuis toujours – mais jusqu'à l'Holocauste, nous pouvions nous permettre de nier cette vérité. Nous pouvions fermer les yeux en feignant de croire que la fascination pour la beauté n'avait rien de commun avec le désir de mort. Mais depuis Auschwitz il en va autrement. Et il en sera ainsi jusqu'au moment où nous aurons à nouveau oublié.
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Le poids de l'histoire de l'humanité. Je le percevais dans chacune des fibres de mon corps.
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Tout l’automne durant, Áki et Lenita s’employèrent à remporter de grandes victoires littéraires et sexuelles en s’arrangeant toujours soigneusement pour que l’autre soit au courant. Ils s’affrontaient par procuration à travers les articles qui cherchaient à déterminer qui avait écrit le livre le plus génial, qui était le plus fort dans l’exploration de l’intimité, des structures sociales, des rouages du langage et du sang des mots. Les lignes n’étaient pas tout à fait claires mais, pour résumer, les chroniqueuses prenaient en général le parti de Lenita et leurs collègues masculins celui d’Áki. Les colonnes du Morgunbladid affirmaient que la jeune femme avait « réalisé une incomparable prouesse » tandis que celles du Fréttabladid claironnaient qu’Áki « constituait à lui seul une catégorie spécifique parmi les écrivains islandais ». Quant à la blogosphère littéraire, elle n’y allait pas non plus avec le dos de la cuiller. Plus les livres se voyaient dénigrés par certains, plus d’autres s’employaient à les défendre avec ardeur, plus l’un était porté aux nues aux dépens de l’autre, plus le premier voyait ses défauts et ses manques soulignés. Les affrontements atteignirent leur point culminant dans l’émission littéraire Kiljan où les critiques – un homme et une femme – s’abreuvèrent mutuellement d’insultes jusqu’à ce que l’homme quitte le plateau tandis que la femme lui envoyait quelques crachats dans le dos.
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En l’absence d’électricité, le réel était plus morne, comme anesthésié. Les couleurs de la montagne, le sourire des Nigérians, les œillades des Français, le clapotis des flots. Même le jambon avait un goût d’eau et les melons semblaient moins sucrés. Un étrange silence régnait sur la falaise à oiseaux et les migrateurs faisaient preuve d’une étonnante éducation à l’heure du petit-déjeuner. Assis tout seul près de la fenêtre, souffrant d’un mal de tête dû au manque de café plutôt qu’à la gueule de bois, Áki tentait de faire taire son impatience. Bien que ne captant aucun réseau, il avait descendu son téléphone par habitude et ne voulait pas finir le peu de charge qui restait sur sa batterie en jouant à Angry Birds.
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Omar aurait voulu pouvoir se disputer avec Agnes. Ça lui déplaisait qu'elle doive aller jusqu'à Jubarkas pour trouver la chaleur dont elle avait besoin - il voulait être celui qui incarnerait le mal du pays dont elle avait parlé. Il voulait que quand elle aurait envie de retrouver son chez-soi, ce désir ne la conduise pas vers une terre étrangère - mais vers lui, il souhaitait qu'elle désire être à ses côtés. Et même s'il devait se faire violence en inventant des sujets de discorde pour consolider leur couple, il savait qu'il fallait en passer là. S'il voulait qu'Agnes envisage leur foyer comme son véritable chez-soi, s'il voulait qu'elle puisse le percevoir comme un refuge à l'abri du tumulte de ce monde, il allait devoir mettre leur couple à l'épreuve. Il fallait qu'elle comprenne qu'ils pouvaient se disputer, hurler, casser des assiettes et monter dans les tours - sans que leur foyer disparaisse dès le lendemain. Qu'elle sache que les bras d'Omar seraient toujours là, accueillants, que le dîner serait encore servi à l'heure habituelle et que son petit ami ne passerait pas son temps à lui rappeler toutes les idioties qu'elle avait dites sous le coup de la colère, pas plus qu'il ne croirait qu'elle les avait pensées et que, par conséquent, elle devait les retirer et s'excuser.
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C'était peut être ça le plus terrifiant, l'idée d'être seul sans que personne vous voie, l'idée que tous pouvaient vous observer, mais que personne ne s'y intéressait.
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Les amoureux se cachent plus ou moins tout ce qui risquerait de chagriner l'autre.
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Qu’importe ce qu’iel faisait, son imprévisibilité s’était retournée contre ellui, désormais toutes ses actions étaient abominablement prévisibles. Comme les gens s’attendaient à tout de sa part, iel ne surprenait plus personne. Iel ne ressentait plus que du dégoût pour ellui-même, comme si sa créativité l’avait trahi·e. Cette sensation autrefois à portée de main – son cœur bondissant, ses terminaisons nerveuses électrisées jaillissant en tous sens, sa tête jonglant avec mille pensées à la fois, traversant avec elles au galop une réalité récalcitrante – s’était comme volatilisée. Plus personne ne se mettait en colère, et comme tout le monde, iel n’éprouvait plus la moindre surprise face à ses propres frasques.
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...vous n'imaginez pas à quel point la morale a changé -tout est si sévère,si sérieux,tout le monde est si blessé ,tout le monde a tellement de problèmes,le moindre mot déclenche les pires souvenirs dans la vie des gens, on ne peut pas tousser sans que quelqu'un souffre de stress post-traumatique-
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Je n'ai jamais vu de raison de me jeter à plat ventre sur le divan d'un de ces pipeaulogues pour pouvoir mieux entretenir les plantes grimpantes de ma souffrance jusqu'à ce qu'elles aient entortillé leurs couronnes autour de ce que je peux être ou devenir.
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L'artiste nous permet de pleurer ,il nous réchauffe le coeur et nous fait rire;le troll ,lui, nous déstabilise , nous fait perdre l'équilibre et nous oblige à défendre ces opinions que nous croyions au-dessus de toute critique.Il est l'éléphant qui nous fait comprendre que nous avions changé notre vie en magasin de porcelaine.
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Le moindre commentaire obscur ,lancé à la va-vite sur le profil d'un obscur cousin du Burkina-Faso ,prenait des proportions astronomiques et faisait la une des journaux dans un pays où les commérages étaient considérés comme un service public s'il obtenait suffisamment de clics.
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On m'a tout bonnement assigné un rôle à la naissance. Phallus = génocide. Utérus = bienveillance.
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Avant de l’épouser, Áki avait prévenu Lenita que, si elle le trompait, il ne se gênerait pas pour lui rendre la monnaie de sa pièce. Je sortirai et je coucherai avec quelqu’un d’autre, avait-il menacé. N’importe qui, avait-il répété en voyant qu’elle ne répondait pas. Peut-être fallait-il voir dans cet échange l’annonce de la série d’événements des trois années qui venaient de s’écouler – depuis la première fois qu’ils avaient couché ensemble une véritable guerre par baises interposées avait régné entre eux et, apparemment, les hostilités étaient loin d’être finies.
Lenita tenait à ce qu’il la voie et s’arrangeait pour le prévenir. Ça n’avait rien de secret. Six webcams étaient installées dans leur chambre à coucher, une autre dans le salon, trois dans la cuisine et même une dans les toilettes, leur jardin était équipé d’une caméra de surveillance, comme d’ailleurs tous ceux que comptait la rue, sans parler des quatre drones qui patrouillaient constamment au-dessus de la langue de terre où était bâtie la ville et des images-satellite visibles sur le Net. Les gens avaient cessé de baiser portes closes ou de déféquer en privé. D’ailleurs, quelles raisons auraient-ils eues de faire autrement ? Ce n’était pas une honte de baiser ou de chier. Tout le monde faisait ça. C’était en revanche très laid de tromper son conjoint – tout bonnement inacceptable.
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