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Critiques de Elie Darco (55)
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Le Crépuscule d'‎Æsir

Nous voilà prévenus dès la première page de présentation, juste en dessous du titre :



« La dark fantasy désigne les œuvres dans lesquelles l’ambiance est très sombre et proche de l’apocalypse. Le bien laisse place au mal et les héros sont souvent fatigués et abattus par les épreuves qu’ils ont subies. »



Autrement dit, ne vous attendez pas à lire de la fantasy légère et distrayante !

Dans ce roman là, certes, il y a de la magie, de beaux héros amoureux, un univers riche et foisonnant...mais il y a surtout une chape de plomb qui vous enveloppe dès le début, qui vous enserre l’âme et ne vous lâche plus jusqu’à la fin.

Quant à la magie, il s’agira surtout de nécromancie...

Nos deux beaux héros, Aldéric et Viviana, seront séparés lors de l’anéantissement de leur citadelle dès les premières pages du roman et dès lors portés par une vengeance inextinguible...

Et en ce qui concerne l’univers où tout ce petit monde évolue, il va devenir rapidement sombre, terrifiant et délétère.



Je n’ai vraiment pas l’habitude de lire ce genre de fantasy. C’est sinistre, glauque et nauséeux et pourtant, je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé.

Car la plume d’Elie Darco est tout simplement incroyable. Son écriture est soignée, le vocabulaire recherché et l’ensemble très poétique. Elle n’a pas son pareil pour décrire les paysages ténébreux, les décors monstrueux, les situations scabreuses. Elie Darco est une envoûteuse, une magicienne des mots...Prise dans ses rets, je n’ai pu m’en soustraire.

Ça en devenait presque déroutant et plus d’une fois, je ne me suis pas sentie à l’aise.



Le personnage de la nécromancienne, , y est pour beaucoup. Il faut dire que c’est un personnage très complexe, qui attire, dégoûte, envoûte, répugne, révolte et dérange...L’ambivalence de ce personnage est très bien maîtrisée. J’ai eu plus de mal avec Viviana. J’aurais aimé qu’elle soit plus combative.

Heureusement qu’Aldéric était là pour me rendre un peu d’air frais et d’espoir, même si de ce côté là, ce n’était pas très gai non plus.





Le crépuscule d’Æsir s’appuie sur les légendes de continents disparus ou cités englouties. N’étant pas très calée sur le sujet, je ne sais pas à quel point Elie Darco s’en est inspirée. Mais, la problématique reste la même.

La colère des dieux semble toujours s’abattre sur les cités prospères lorsque l’orgueil, la décadence et le désir de puissance prennent le pas sur l’humilité et le partage. Ce n’est pas vraiment le cas ici dans ce roman mais l’influence des divinités y est importante.





Pour finir, je tenais à remercier Babelio et bien sûr les éditions Plume Blanche pour l’envoi de ce livre. J’ai apprécié les marque pages et suis bien d’accord avec leur message : «  Lire est le plus beau des voyages » !
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Les Dames Baroques

« Les dames baroques », anthologie dirigée par Estelle Valls de Gomis, regroupe les textes de pas moins de vingt auteurs, certains jouissant déjà d'une certaine réputation dans le monde des littératures de l'imaginaire tels que Charlotte Bousquet ou Justine Niogret, d'autres encore peu connus, et certains plus anciens puisque datant du XIXe, voir du XVIIIe siècle. Vingt nouvelles, trois cent pages, le tout consacré au personnage de la femme fatale, figure ô combien complexe et énigmatique qui hante depuis toujours un bon nombre de récits. Les angles d'approche adoptés sont, évidemment, extrêmement variés. Certains textes prennent ainsi l'allure d'un conte où une princesse de diamants désespère de se trouver un époux (« Lapidaire »), tandis que d'autres se plaisent à mettre à l'épreuve leurs prétendants (« La Belle aux Cheveux d'Or ») ou se livrent à un morbide loisir (« La princesse aux lys rouges »). D'autres prennent place à notre époque et narrent les déboires de femmes en proie à une mystérieuse magie : bague ayant gardé l'âme de sa dernière propriétaire (« La Dame de Gwenninis »), rêve s’immisçant dans le réel (« Le Bol d'Argent »)... D'autres encore relatent les malheurs d'hommes victimes de la beauté d'une femme (« Jusqu'au bout de la vérité ») ou bien d'un amour trop dévorant (« Rosea Furiarum »).



Tour à tour innocente ou manipulatrice, maléfique ou bienfaisante, bien réelle ou au contraire fruit des fantasmes les plus fous, les femmes présentent dans cette anthologie possèdent toutes des facettes différentes que l'on se plaît à découvrir au fil des pages. Certaines nouvelles sont évidemment plus marquantes que d'autres et parmi elles quatre ont particulièrement retenu mon attention. Étrangement il s'agit de quatre textes dans lesquels sont narrés, de manière très différente, le calvaire d'une femme : sorcière injustement accusée et condamnée par l'église à brûler chez Armand Cabasson (« Le baiser de la sorcière »), favorite d'une noire déesse dont on s'approprie une fois par an le corps chez Justine Niogret (« Le jour de la Belladone »), jeune pied de bot martyrisée et apprentie d'un alchimiste en quête de la vie éternelle chez Elie Darco (« Les crocs de la Basilicate »), et enfin fille moderne perdue dont on ignore si elle est victime de folie ou de l'influence néfaste d'une défunte sorcière. D'autres nouvelles valent également le coup d’œil, même si on pourrait souvent regretter la trop grande brièveté de certaines qui s'achèvent à peine commencées et entraînent ainsi une certaine frustration.



Au final, une anthologie au thème atypique proposant un large panel de textes dans lequel chacun devrait trouver son compte. C'est là une bien belle initiative qu'a eu Estelle Valls de Gomis qui nous offre avec « Les dames baroques » un ouvrage dense et original que j'ai pris plaisir à découvrir.
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FreakShow

Sous une couverture moche, se cachent quelques pépites, et quelques horreurs aussi, il faut bien être raccord...



J'ai acheté ce livre sur la base d'un seul auteur au sommaire, Jean Christophe Gapdy, et je ne pense pas que j'aurai sauté le pas au vu de la thématique : les arts forains, même si l'imaginaire a donné quelques très beaux textes jusque la moitié du siècle dernier, puis vient le lent déclin.

Cette anthologie s'ouvre sur la préface de Frédéric Czilinder qui a choisi les nouvelles qui explorent chacun à sa manière l'univers du nomadisme et/ou du cirque. Loin d'être un simple hommage, les auteurs et autrices se sont emparés du sujet en explorant les différentes facettes et en lui amenant sa dose de modernité.





Le Sabbat - Sofee L. Grey

Où l'on suit des forains vers leur future destination.

Les textes poétiques ne sont pas ma tasse de thé, ce qui laisse augurer un départ un peu foireux. Et pourtant.

Ici, pas de roulottes sur les routes, mais une vieille péniche sur un canal, parfois achalandée par des gadjos. Dans un univers fantastique, l'autrice parvient à poser l'ambiance étouffante et oppressante, et nous dévoile un léger pan de la manière de vivre de jadis de ce peuple nomade. Quelques semaines après lecture, j'ai encore sa petite musique qui me trotte dans la tête.

Le Sabbat pose l'ambiance de cette anthologie de manière forte. Une réussite.





Aubeline dans la fosse aux monstres - Pierre Stolze

Un groupe d'enfants va sortir de son quotidien suite à l'annonce de l'arrivée d'une fête foraine.

Nous avons le droit aux freaks, qui vont se révéler différent de ce quoi on pourrait s'attendre, tout comme l'histoire qui prend les chemins de traverse avec la fraîcheur et la bizarrerie de cette bande de gosses. Nous sommes dans de la SF qui rappelle les textes anciens, avec des clins d'oeil à van Vogt, Théodore Sturgeon et Charles Grandison Finney, tout en restant moderne avec la thématique actuelle autour des animaux de cirque.

Une ode à la liberté pour tous les marginaux, réels ou imaginaires.





Des insultes, des coups… - Patrick Eris

Un père, un fils, une différence et un cirque de monstres.

Une histoire un peu trop classique peut-être, mais emplie d'humanité et d'amour paternel. Malgré sa brièveté, l'auteur arrive à nous immerger dans la relation père-fils sans être démonstratif. Et à nous montrer les sentiments derrière.



Le Cirque des maudits - Frédéric Livyns

Alors qu'un cirque arrive dans un village, une étrange roulotte un peu à part va intriguer un jeune garçon.

Un texte sur l'absence et sur la représentation que l'on a des forains, jetant les malédictions. Même si je n'ai pas vu venir la chute, cela reste un peu trop sage et classique à mon goût.



Les Loges du savoir - Élie Darco

Une planète éloignée, de drôles de bestioles et un vaisseau spatial.

Dès les premières phrases, j'ai su que ce n'était pas pour moi. J'ai eu beaucoup de mal avec le style d'écriture qui manque cruellement de musicalité, rendant la lecture difficile. J'en ai lu la moitié sans y déceler d'originalité, mais y percevant un côté vieillot.



Une nouvelle poupée - Linné Lharsson

Un jeune pick pocket, élevé seul par sa mère depuis que le père n'est pas revenu de sa dernière ballade se voir offrir une place pour assister à un cirque.

Voilà une fable cruelle autour des représentations que l'on a des forains et de leurs mauvais tours. L'auteur retranscrit bien l'ambiance. Sans trop connaître Stephen King, je pense que ce texte aurait pu plaire au maître.



Le Dernier tour de piste - Alexandre Ratel

Des extra-terrestres, un dompteur de morts vivants et un cadavre embarrassant .

Soit un pitch improbable qui laisse augurer du pire...

Qui n'est pas atteint, mais d'une courte longueur. J'ai trouvé le tout un peu brouillon et les zombies et l'humour sont à manier avec prudence. Seule la chute misanthrope sauve le texte, et cette citation : "Notre ami zombie se sentait léger et prêt à dévorer le monde."



Samudaripen - Sandrine Scardigli

Une tranche de vie de la petite Perla dans les années 40.

La poésie du texte est contrebalancée par l'horreur qui sourd entre les lignes. Souvent camp d'extermination riment avec juifs, en oubliant que d'autres populations ont subi les foudres des nazis, dont les gens du voyage. Une belle et triste histoire.



Le dernier train-fantôme - Jean Rébillat

Une jeune fille et un jeune garçon passent la soirée dans une fête foraine. Le garçon espère conclure durant la soirée. Mais un tour dans le train fantôme va tout chambouler.

Pas trop compris l'un des tenants de l'histoire avec une histoire de Guetteur extra terrestre. L'autre tenant est plus convenu. Cela se lit tout seul, mais une relecture du texte n'aurait pas été du luxe.



Les forains de Walpurgis - Jean Christophe Gapdy

Nous voici contés une mésaventure arrivée à un jeune ado lors de la nuit de Walpurgis.

On se croirait presque dans un conte, avec ce jeune lycanthrope métis dont l'extraordinaire et horrible nuit vont le hanter.

C'est dans ce texte que l'attraction-répulsion de la fête foraine et de ses us et coutume se fait le plus ressentir avec ce côté intemporel des attractions, les rites et croyances sur les gens du voyage.

Jamais je n'aurai cru qu'une nouvelle avec un "loup-garou" et une fête foraine puisse fonctionner, l'auteur me prouve le contraire avec brio.
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Tombé les voiles

Le prix mille saisons prend encore plus d'ampleur avec cette 3ème année d'existence. À partir d'un thème "Tombé les voiles", vingt nouvellistes explorent les contrées de l'imaginaire : science fiction, fantasy urbaine et fantastique, drame et humour, uchronie et post-apocalypse. Face à la qualité des textes présentés, difficile de deviner quel sera l'auteur lauréat du prix 2018. J'apprécie ce format car il permet de découvrir des genres qu'à priori on ne lirait pas spontanément. Voici un retour sur les textes.



-Philippe Auréle Leroux (texte Bison blanc) nous invite dans le nord de Detroit pour nous plonger dans un thriller policier baigné de chamanisme indien. Très visuel, fouillé, avec une forte symbolique, j'aimerais qu'un dessinateur de BD s'en empare.



-Yvan Barbedette (texte : Pandore déconnectée) peint un futur dans lequel l'âge stagne pour tous à 22 ans et où chacun a la capacité de se connecter par l'esprit au monde entier. Cette idée lui permet d'explorer une nouvelle forme de société dans laquelle la famille est destructurée. Ce texte fourmille d'idées, et j'espère que cet écrivain nous proposera prochainement un roman issu de cette mise-en appétit !



-Xavier-Marc Fleury (texte : noir) joue avec les sens et les certitudes du lecteur en faisant basculer le monde contemporain dans le chaos (difficile d'en dire plus sans trop en révéler...). Une idée originale et un récit entraînant qui incite le lecteur à s'identifier au personnage principal ou à le rejeter.



- Edward Noyce (texte Edmotype) m'a rappelé mes vieilles lectures d'Edgar Poe, Maupassant et Robert Houdin avec ce récit qui se déroule au XIXème siècle à l'heure de l'apparition de la photographie. Peut-on parler de classicisme fantastique ? Je ne pense pas car l'auteur glisse au final une critique du pouvoir assez contemporaine.



- Johann Vigneron (Texte : La machine à café) Chapeau à l'anthologiste qui a su à merveille disposer les 21 textes en variant les rythmes, les styles et les univers. Chaque nouveau texte nous surprend, et celui de Johann Vigneron, Stephen King de l'érotisme, est largement dosé en caféine !



- Danü Danquiny (texte : Indice de récupération). Au début, j'ai trouvé que le sujet de cette nouvelle, une uchronie axée sur la manipulation scientifique des populations en 2062, avait été déjà beaucoup traité en SF. Pourtant le style de Danü Danquiny lui confère une force et un cynisme redoutables.



-Fabien Rey (texte : enchanteur des vents). À nouveau un univers que l'on aimerait voir développer dans un roman. C'est que le lauréat du prix mille saisons 2018 se verra proposé l'édition d'un roman inspiré de sa nouvelle. On est ici dans de la SF fantasy. Je ne suis pas féru de fantasy mais ici l'auteur nous prend par les mots et nous fait partager les angoisses d'un pilote de navire un peu particulier. Poétique, dépaysant, avec une chute vraiment sympa.



-Francis Jr Brenet (texte : Macchabée Blues). Ce récit plus rock que blues se déroule dans un futur proche et a pour cadre un monde urbain bien sombre. On retrouve ici le thème du "nettoyeur" à son tour arrosé, mi Blade Runner, mi Jason Bourne, vous l'aurez compris ; de l'adrénaline et du complot.



-Aaron Judas (texte : choc). 100% fantastique. Aaron met en place un huis-clos saisissant à l'intérieur d'un asile. Ajoutez-y des tatouages maléfiques et des traitements choc administrés par un docteur ambigu, et vous aurez une idée de l'ambiance sombre dégagée par cette nouvelle. On est happé jusqu'à la fin par cette question : le mal-être du personnage principal est-il fondé ou perd-il simplement la tête ?



- Audrey Salles (texte : Dame M.). Nous voici à Amsterdam, rue des plaisirs, où une geisha énigmatique joue avec ses clients. le thème des Lémia associé au mystère féminin est ici revisité avec talent. le style maîtrisé et la langoureuse progression du récit concourent à créer une atmosphère vraiment prenante. Il suffit de piocher n'importe quelle phrase au hasard : toutes dégagent raffinement et mystère. "Non, en fait, je n'ai pas vu ses yeux. Elle était trop loin. Je n'ai vu leur couleur qu'après, lorsque j'ai pu l'approcher." Un régal.



-Gwenaël Bulteau (texte : La déchirure Rostrowitsky, 16 pages). Avant que la première guerre mondiale n’éclate, le savant Kostrowitzky conçoit un automate/androïde à vapeur à l’image de son amour défunte. Celui-ci l’accompagne dans tous ses déplacements. La guerre éclate. Un commissaire charge un agent de surveiller le savant qui a développé aussi des systèmes de prothèses bien utiles aux soldats mutilés. L’espion réalise que le fidèle automate n’est pas indifférent à son environnement… Comme vous l’avez deviné, il s’agit de steampunk fantastique. Le rôle de la femme m’a mis mal à l’aise, mais c’est vrai qu’on est au début du XXème siècle.



-Philippe Deniel (texte : évolution, 16 pages). Fantasy SF. Depuis qu’il a perdu la guerre des larmes face aux nains et leurs alliés, le peuple des Elfes, déraciné, erre dans le cosmos sur l’arbre-monde. Mais ce répit durera-t-il longtemps ? Seize pages ne sont malheureusement pas suffisantes pour explorer le monde de Tanis, que l’auteur a ciselé en orfèvre. À la fois méticuleux et imagé, ce récit est à lire plusieurs fois pour bien s’imprégner de toutes ses nuances. Cet univers qu’on devine totalement maîtrisé par l’auteur mériterait d’être dévoilé sur un roman entier.



-Rozenn Duchesne (texte : l’œil du dragon, 10 pages). Nous voici plongé dans les décombres d’une ville contemporaine ravagée par la guerre. Des civils tentent d’y survivre tant bien que mal, méfiants vis-à-vis d’autres peuples chassés jusqu’ ici par les conflits. Contrairement aux apparences, nous sommes bien dans un récit de fantasy urbaine. Je devrais plutôt écrire fantasy urbaine humaniste. Ici la dimension fantastique est subtilement dosée. L’écriture est rythmée, travaillée avec des mots toujours justes, un style impeccable. Un contexte fort, un récit avec peu de personnages, un temps court, une chute pleine d’espoir, tous les ingrédients d’un texte fort, quoi. Mais vous avez déjà compris que j’ai adoré cette nouvelle. Dommage que le titre en dévoile un peu trop.



-Aaron Gooris (texte : Le magasin, 19 pages). Inclassable ! Et si, pour votre sécurité, vous vous retrouviez enfermé dans un magasin pendant des dizaines d’années, combien de temps vous faudrait-il pour tenter de vous enfuir ou devenir cinglé ? Voici un mix de récit post-apocalyptique, de paradoxe temporel et de huis-clos oppressant entre des personnages écorchés. L’auteur n’a pas bridé son imagination ni les comportements des protagonistes et cela forme un sacré cocktail. J’ai été brassé par ce texte, très différent de ce que j’ai l’habitude de lire (et c’est l’avantage d’une anthologie : sortir de ses habitudes de lecture). Peut-être aurait-il gagné en rythme en étant concentré sur une quinzaine de pages ? Toujours est-il que j’aurais aimé découvrir d’autres écrits de cet auteur mais je n’ai rien trouvé sur le net. J’espère pouvoir le lire bientôt dans d’autres anthologies.



-Barnett Chevin (texte : l’esprit du péché, 16 pages) ? Au XIXème siècle, l’Irlande s’avère plus proche du moyen-âge que de la révolution industrielle. Un aristocrate y est chargé d’enquêter au sujet de fréquentes disparitions d’enfants. Ses recherches le mènent dans un couvent interdit aux hommes. Le style d’écriture classique employé par l’auteur se prête très bien au cadre « monastique » et pose une sacrée ambiance. C’est d’ailleurs l’atmosphère et le rythme particulier qui font la force de ce texte. Le tout est très bien mené, la chute reste cependant un peu trop traditionnelle à mon goût.



-Jana Rémond (texte : Où se perdent les vents, 7 pages). Ce magnifique texte est court, pourtant le temps y est étrangement arrêté. Ce pourrait être un conte philosophique, une musique ou un court-métrage animé. Je ne peux rien en dire d’autre si ce n’est qu’il faut le lire et le faire lire, impérativement.



-Thierry Soulard (texte : vague mélodie, 19 pages). Au vu du titre de l’anthologie, je m’attendais à plusieurs histoires de pirates. Chouette, en voici une ! Et quelle histoire ! Qui n’a jamais rêvé, enfant, de tomber sur une bouteille rejetée par la mer sur le rivage, et trouver à l’intérieur le récit de naufragés ? Là, les pauvres marins se sont battus entre eux pour chiper le seul crayon à disposition sur leur île déserte. Ils racontent tour à tour leur version d’une chasse à la sirène peu commune. Les personnages sont délicieusement caricaturaux et bornés et la chute est formidable.



-Elie Darco (texte : Sous un voile d’ombre, 18 pages). Bienvenue dans l’inframonde. Voici un récit jeunesse plein d’adrénaline, dans lequel l’humanité survit entassée sous terre dans une cité qui ne dort jamais. Guerres de clan, police inexistante, assassins sans scrupules, la chasse aux ombres est lancée !



-Nina Valin (texte : Tartu et la tombée de l’hiver, 17 pages). Imaginez une tour scientifique de 18 étages, avec 6 chambres et un laboratoire par étage, 108 chercheurs y sont chargés de réparer le climat, sans aucun moyen de savoir comment évoluent les recherches dans les autres étages. Très beau texte sur l’enfermement, l’absurde et la liberté.



-Valentin Desloges (texte : nul sauvetage/futur fermée, 14 pages). Il ne faut surtout pas s’arrêter au titre incompréhensible, ni aux premières lignes de ce récit un peu trop colorées « monde des Hobbits » à mon goût, et vite se laisser porter par le délire jouissif de cet auteur ! Ce texte monte en puissance au fur et à mesure de l’avancée de la quête de pauvres « foltroysiens » à la diction perturbée par une brume maléfique. Un humour franchouillard, à l’orée des personnages de Naheulbeuck, Kamlot ou Trolls de Troy, porté par un texte croustillant. Car l’auteur, lui, n’a pas perdu le nord et s’il vous fait croire que l’histoire part dans tous les sens c’est pour mieux vous faire mordre à l’hameçon.



-Frédéric Gobillot (texte : un dernier point de vue, 17 pages). Oooh ! C’est la première exclamation qui me vient à l’esprit pour résumer cette nouvelle philosophique et poétique. Du rêve à l’état pur, placé à point nommé en fin d’anthologie. On retrouve ici deux personnages qu’on semble déjà connaître, un savant dénommé Georges Ardan, chercheur idéaliste qui réalise son rêve à l’encontre des croyances communes, et le jeune journaliste Philéas (mais rien ne précise s’il s’agit de Fogg), totalement fasciné par la forte personnalité de l’inventeur destiné à repousser les limites de l’univers connu. Loin d’être une simple inspiration des voyages extraordinaires, cette nouvelle est au final plus proche de Matisse que de Jules Verne, car elle nous ouvre à une délicieuse dimension de l’esprit, l’imaginaire.



Vous l'aurez compris, cette anthologie vaut le détour, même pour un lecteur non habitué aux écrits de l'imaginaire : pour la qualité générale des écrits, pour la variété des univers et pour la visibilité donnée aux jeunes auteurs.

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L'îlot mécanique

Petit craquage en biblio, je feuillette rapidement ce petit roman jeunesse avec un joli graphisme. J'y retrouve la dessinatrice Nancy Peña avec plaisir vu que je la connaissais déjà pour ses BD. Je voulais une lecture rapide en jeunesse d'une aventure et le titre steampunk m'a plu. De prime abord, je suis surprise par la longueur des phrases : c'est clairement dédié aux plus jeunes, sujet verbe complément. C'est tellement court que ça m'a sauté aux yeux et puis finalement, on avance dans l'histoire de Dino et ses copains aventuriers, le rythme s'intensifie, les phrases s'allongent. L'intrigue est identifiable et assez attendue mais j'ai tout de même passé un chouette moment de lecture.
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Bal masqué

J’ai pris énormément de plaisir à lire ce recueil ! Alors que je pensais que le thème du bal serait exploité de façon assez similaire, les auteurs ont su m’étonner, inventant des univers incroyables et m’emmenant dans des fêtes magiques, totalement improbables. J’ai aussi beaucoup aimé découvrir la plume de nouveaux auteurs, à qui les éditions du Chat Noir ont laissé leur chance, mais aussi retrouver des anciens qui ne m’ont pas déçu ! Un très bon recueil que je recommande grandement !



J'ai chroniqué chaque nouvelle séparément sur mon blog, n'hésitez pas à passer voir ;)
Lien : https://livraisonslitteraire..
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Les Dames Baroques

J'ai profité de l'évènement Un mois, une maison, un achat organisé par Vision Livre pour lire Les Dames baroques, l'une des anthologies des éditions du Riez, maison mise à l'honneur en septembre.

Il y a à peine quelques années, je n'étais vraiment pas attirée par les recueils de nouvelles, n'appréciant pas ce format trop court et dans lequel je n'arrivais pas à me plonger. Aujourd'hui, je me suis rendue compte qu'écrire un texte bref mais complet est un exercice difficile et qu'il permet de découvrir rapidement de nouvelles plumes et donc de nouveaux talents.



Autour du thème de la femme, Les Dames baroques propose 20 nouvelles de 20 auteurs différents. Et il y en a pour tous les goûts. Je mentirais en disant que je les ai toutes adorées mais aucune ne m'a véritablement déçue. J'ai noté quelques faiblesses (notamment de style) sur une ou deux d'entre elles, mais dans l'ensemble, j'ai été conquise et suis ravie d'avoir découvert quelques nouveaux auteurs que je ne manquerai pas de suivre, dès que l'occasion se présentera.



Femmes fortes ou persécutées, humaines, déesses, sorcières ou créatures mythologiques, princesses ou esclaves, femmes d'hier ou d'aujourd'hui... autant de personnalités qui prennent vie sous la plume de nos 20 auteurs. Je ne reviendrai pas sur chacun des textes car ce serait trop long - et j'avoue que je serais bien incapable de vous résumer certaines histoires - mais sur les 8 qui ont retenu mon attention, 4 sortant encore plus du lot.



Avec Lapidaire, Karim Berrouka nous offre un joli conte oriental où l'héroïne, une princesse faite de pierres précieuses, cherche l'Amour avec un grand A, celui qui se moque des apparences et de l'or. Un schéma classique mais une belle sensibilité qui fait la différence.

Classique, c'est aussi le cas du Baiser de la sorcière de Armand Cabasson qui met en scène une sorcière condamnée au bûcher. La chute n'est pas très surprenante mais l'ensemble reste efficace. J'ai aimé la narration et l'alternance des paragraphes, tantôt rédigés à la première personne, tantôt offrant un flash-back.

Plus modernes, avec une touche de suspense et de thriller à la Thilliez (notamment pour la deuxième nouvelle), Jusqu'au bout de la vérité de Cyril Carau et Isabella de Sophie Goasguen offrent des chutes particulièrement surprenantes. Du rythme et de la tension au creux de ces pages, j'ai été happée par ces histoires !

On retourne au Moyen Age et au fin' amor avec Serments, Eternels serments d'amour de Léonor Lara où les codes du genre sont respectés. Un chevalier épris d'une Belle Dame sans merci qui lui fait tourner la tête. Absence de l'être aimé, attente de son retour, soupirs et combats chevaleresques. J'ai adoré retrouver l'amour courtois et la rencontre avec une femme éthérée grâce à cette nouvelle.

On reste dans le passé avec le conte proposé par Madame d'Aulnoy. Animaux qui parlent et héros qui doit surmonter quelques épreuves sont au programme de ce conte qui m'a très agréablement rappelé les histoires de mon enfance. Un charme désuet imprègne La Belle aux cheveux d'or et je suis heureuse de l'avoir enfin découvert !

Beaucoup plus sombre, Les Crocs de la Basilicate de Elie Darco est, me semble-t-il, la plus longue nouvelle de l'anthologie et une de mes préférées. L'héroïne est ici une servante maltraitée (du fait d'un handicap physique) qui est au service d'un alchimiste un peu fou. Entre deux expériences sur des vampires et des goules, la pauvre jeune femme doit nourrir les monstres et nettoyer les tâches de sang quand le pire est arrivé. Une ambiance de cachot et d'ésotérisme se cache entre ces pages...

Enfin, j'ai envie de mettre en avant la nouvelle de Sophie Dabat, baptisée L'Essor. On y fait la rencontre de deux peuples ennemis qui s'affrontent sans cesse... jusqu'à la chute qui apporte une grosse révélation. J'ai vraiment beaucoup aimé l'émotion qui se dégage de ce conflit où la haine de l'autre fait des dégâts irréparables. J'y ai également trouvé une certaine animalité, comme un retour aux sources des plus anciennes légendes et de la mythologie. Mais par dessus tout, ce qui m'a fait m'arrêter sur ce texte en particulier, c'est l'univers créé par l'auteure. En quelques pages seulement, Sophie Dabat nous happe complètement et nous plonge dans son histoire... et ça fonctionne super bien. C'est maîtrisé et très riche malgré la brièveté de la nouvelle. Et c'est la seule nouvelle qui m'a donné l'impression qu'on pouvait aller plus loin et écrire d'autres choses (un roman !) dans cet univers. Bravo.



J'aurais pu vous parler brièvement d'autres textes mais je préfère m'arrêter là car même s'ils m'ont plu et fait passer d'assez bons moments dans l'ensemble, ils ne m'ont pas assez marquée. Quant à la nouvelle de Sire Cédric - très certainement le nom le plus connu de la liste aujourd'hui, en tout cas du côté des auteurs contemporains - baptisée Succube, si je l'ai trouvé pertinente quant à son thème (le succube, d'où son titre), je n'ai pas été particulièrement fan du sujet. Comme vous pouvez vous en douter, on suit les aventures sexuelles d'un succube (une femme) et de sa proie... sur plusieurs pages. Pas mal écrit, mais ce n'est pas le genre "d'intrigue" qui me passionne.



Vous pouvez le constater, les nouvelles de cette anthologie sont très variées, aussi bien dans le fond que dans la forme ; nul doute que vous y trouviez votre bonheur. Je félicite Estelle Valls de Gomis - l'anthologiste - qui a réussi à rassembler 20 textes de bonne qualité. Difficile de tout aimer dans un recueil, mais pour le coup, il y a peu d'histoires (peut-être deux) qui n'ont pas fait mouche... on peut donc parler de réussite !
Lien : http://bazardelalitterature...
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La Cour des miracles

J'ai acheté ce recueil de nouvelles à l'occasion du Salon du Livre cette année, car j'ai trouvé le concept original et sympathique. Cet ouvrage regroupe une 20e de nouvelles placées sous le signe des littératures de l'imaginaire, toutes ayant un rapport avec le thème très général de la Cour des miracles. À la fin de sa lecture, le lecteur est invité à voter pour sa nouvelle préférée. L'auteur gagnant aura la possibilité de publier un roman issu de la nouvelle. J'ai eu la chance au Salon de pouvoir rencontrer quelques uns de ces auteurs, et deux illustratrices, qui ont tous rendu mon exemplaire unique en son genre. Très sympathiques, enjoués, motivés et passionnés, je leur souhaite à tous bonne chance dans ce concours !



J'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ces nouvelles. Si certaines m'ont semblé trop faciles, plusieurs m'ont intéressée et intriguée. J'ai un peu hésité pour mon vote, car deux nouvelles très différentes m'ont beaucoup plu, Les enfants du rêve, de Jonathan Millet et Le tyran malgré lui, de Jean-Michel Mengoli.



Dans Les enfants du rêve, un capitaine arrête une jeune femme aveugle et pleine d'étranges tatouages, et nous suivons son procès. Nous découvrons donc à travers ses aveux son crime, ses motivations, mais également, et surtout, le monde dans lequel elle vit. C'est principalement cet univers créé par l'auteur qui m'a séduite, certes classique, mais avec une pointe de magie et beaucoup d'originalité. La plume également m'a beaucoup touchée, et m'a donné envie de découvrir plus en profondeur cet auteur. Une nouvelle toute en émotion, donc...



L'intrigue que l'on découvre dans Le tyran malgré lui est d'un genre littéraire très différent. Dans un monde où on a la possibilité de voir des bribes de son futur, le jeune Lysandre se voit devenir un véritable tyran qui asservit toutes les nations. Afin d'éviter de devenir ce monstre qu'il a entraperçu, Lysandre se fait enfermer dans une prison de haute sécurité. Plusieurs années plus tard, Christopher Solary le fait libérer, car il pense avoir trouvé le moyen de détourner les visions, en les déguisant pour qu'elles se réalisent sous forme de mascarade... J'ai trouvé ce sujet très original, et l'intrigue très bien menée, même si j'ai eu des soupçons dans les nombreuses hypothèses que mon esprit (rarement au repos dans ce genre de lecture) a envisagé.



Si beaucoup de nouvelles m'ont plu, Les enfant du rêve et Le tyran malgré lui sont les seules à m'avoir réellement donné envie de lire le roman de l'auteur (qui, selon les règles du concours, doit se passer dans le même univers). Mais ces deux nouvelles sont tellement différentes qu'il a été très difficile de les départager. Après de longues tergiversations, j'ai décidé de voter pour Les enfants du rêve, qui a été mon premier coup de cœur.



Concernant les illustrations, je laisse le choix de la meilleure à mon amoureux, c'est plus son domaine que le mien. Et puis les dédicaces nous sont dédiées à tous les deux, faut bien qu'il participe aussi au vote ! ^_^



Merci aux Mille Saisons pour ce concours qui m'a bien amusée ! Et si vous êtes intéressés, sachez que les votes sont ouverts jusqu'à la fin de l'année (chaque livre possède en 3e de couverture un code unique permettant un vote unique).
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Le Crépuscule d'‎Æsir

Lu dans le cadre du #Moisdelafantasy, Le Crépuscule d’Aesir n’a pas fait long feu. Bienvenue au royaume d’Aesir. Dans les montagnes enneigées, reculées, les descendants des Atlantes ont bâti une civilisation brillante et ingénieuse, qui s’autosuffit. Mais la menace gronde. Une armée composée de noirs soldats se présente bientôt aux portes de la cité. Menée par une sorcière mi-femme mi-serpent, l’armée des morts-vivants massacre tous les habitants. Seuls Viviana et Aldéric en réchappent, tous deux gouvernés par une soif de vengeance grandissante.



Avec ce one-shot, Elie Darco nous propose un récit très sombre. Attention, ce roman est de la pure Dark fantasy: un genre qui met en scène des forces du mal dans un monde ravagé. C’est sombre, c’est noir et c’est glauque. Point de Happy end ici ou de joyeux nains pour faire des blagues. Elie Darco propulse son lecteur dans un monde teinté de noirceur, bercé par la violence.



Les premières pages sont d’abord consacrées au massacre de la cité d’Aesir avec les deux survivants qui mèneront de façon alternée le récit. Viviana est retenue prisonnière de la mage, dans une forteresse où les morts-vivants côtoient la violence et la luxure la plus pure. Âme sensible s’abstenir. Certains passages mettent vraiment mal à l’aise. En lisant ces pages, j’avais l’impression d’être immergée dans un univers poisseux, collant, d’une noirceur invincible.



De l’autre côté, il y a Aldéric qui a survécu aussi et qui s’est éloigné d’Aesir, réduite en cendres. Il va nourrir sa vengeance et sa rancœur tout au long du récit. Avec ce personnage, le lecteur est davantage dans l’attendu d’un univers de fantasy. Aldéric va forger son caractère et son physique et survivre à des épreuves pour venger son peuple. Le récit s’articule également autour de nombreux complots politiques qui faut suivre avec attention!



Si l’auteur suit finalement une trame assez classique, elle instille tout au long du roman une atmosphère oppressante et morbide qui met mal à l’aise. On pourrait lui reprocher la rapidité des actions et de l’intrigue mais il s’agit là d’un one shot. Tout doit donc tenir dans un seul volume! Je ne conseillerai pas non plus ce livre à des novices en fantasy. Si vous souhaitez vous lancer dans cette lecture, il faut être un peu aguerri. La langue d’Elie Darco est d’abord extrêmement travaillée. C’est une lecture qui requiert toute l’attention du lecteur. Il n’y a ensuite aucune pause dans le récit. L’intrigue est noire, oppressante jusqu’au bout et soumet le lecteur à rude épreuve.



« Le Crépuscule d’Aesir » est une lecture sombre, pleine de noirceur qui ne conviendra pas à tous les lecteurs. Âme sensible, s’abstenir! Les amateurs de Dark fantasy seront, eux, comblés!
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FreakShow

Aujourd’hui, je vous parle de « Freak show », une anthologie sur la thématique des arts forains et sous la direction de Frederic Czilinder. Le tout avec une magnifique couverture signée Jean-Mathias Xavier et c'est aux editions Armada.



Ça fait longtemps que je ne vous ai pas présenté un recueil de nouvelles. Cette anthologie a « pour but de vous divertir et non de vous dévoiler les mystères du monde des gitans » comme le précise Frédéric Czilinder dans sa préface.

Le cirque dont il est question ici n’a rien à voir avec celui d’aujourd’hui où vous pouvez admirer des numéros légers mais tout autant spectaculaire. Il fut un temps où aller au cirque était gage d'apercevoir ces bêtes de foire, ces êtres humains difformes qui semblaient anormaux aux yeux de la société. Ils étaient alors parqués et il était possible de les scruter comme des bêtes en échange d’une pièce, leur ôtant ainsi toute dignité.

Pour certains d'entre eux, les cirques étaient également leur unique moyen de survivre dans une société qui les rejetait, qui les menaçait.

Mais vous verrez également que les monstres ne sont pas toujours ceux que l’on croit, certains ont figure humaine.

Parmi mes histoires préférées « Le cirque des maudits » de Frédéric Lyvins nous conte l'histoire bien malheureuse d'une famille victime de la pauvreté, d'un enfant victime de l’appât du gain.

Fidèle à son amour pour les zombies Alexandre Ratel vous propose une nouvelle excellente avec « Le dernier tour de piste ». Et toujours ce sentiment que l’humanité est à jamais perdue tant l’envie de gloire domine.

« Samudaripen », une nouvelle dans laquelle Sandrine SCARDILGI nous parle de monstre que nous connaissons tous à travers l'histoire avec un grand H. Histoire de nous prouver que les monstres sont déjà parmi nous, qu’il n'y a pas que dans les cirques que l'on peut les trouver.

« Les forains de Walpurgis » de J.C. Gapdy nous conte une bien belle mais bien triste histoire de loup-garou et d’amour qui vous montre à quel point il peut-être difficile d ‘être différent et d’exister.



Des histoires effrayantes, émouvantes et éclectiques qui nous plongent dans l’univers de chaque auteur. Je vous donne les noms des autres auteurs qui ont également participé à cette anthologie : Sofee L Grey, Pierre Stolze, Patrick Eris, Elie Darco, Linné Lharsson et Jean Rébillat.
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L'îlot mécanique

: Dans quel monde évoluerons-nous?

Nous ne saurons pas tout de suite dans quelle partie du monde nous serons ni à quelle époque?

Les vêtements des enfants sur les illustrations du roman nous permettront d'affirmer qu'il ne s'agit pas du passé de notre grande Histoire.



Bienvenue sur l'îlot mécanique.

Cet îlot est-il vraiment artificiel?

Qu'y a t-il et à quoi ressemble le continent?

L'auteure Elie Darco imaginera une vie insulaire très loin d'être sauvage, renforcée d'une technologie moderne et mécanique pour toutes les tâches essentielles de production et de cueillette.

Malgré ce détail d'une SF à la technologie très avancée, l'aventure développera plutôt les charmes naturels d'une nature qui imitera celle bien connue.

Nous découvrirons cette idée et ses ramifications au travers des yeux du jeune héros Dino, 10 ans.



Le grand-père de Dino est le bienfaiteur des habitants et c'est lui qui se chargera de voyager vers le continent et de les ravitailler des choses qu'ils ne pourront pas produire.

Il sera difficile de dire que Dino aura le goût du voyage puisqu'à priori il n'aura jamais bougé de son île.

Le roman s'animera rapidement sur cette frustration du garçon.

Son grand-père surnommé "l'Amiral" lui rapportera de sa dernière expédition une longue-vue, de quoi prolonger son regard d'un peu plus loin et calmer son impatience.

Les choses commenceront à un peu bouger sur l'île lorsque Dino et sa bande découvriront un petit animal tapi sous les rochers.

Nous apprendrons alors que les espèces hormis humaines n'existent plus.

Nous n'attendions aucune perspective distopique ou écologique pour le jeune public sur ce roman jusqu'alors et nous serons donc curieux du ton choisi par l'auteure pour la suite.

Promettons-nous une catastrophe passée ou à venir?

La survie du petit animal n'est-il finalement pas un meilleur présage?

Mais est-ce donc vraiment un être vivant à y regarder de plus près?



L'Amiral est un grand inventeur, celui à qui l'île doit sa préservation grâce à toutes ses idées mécaniques?

Avec une foule d'événements qui mettront en péril la tranquillité de l'île, Dino ne pourra pas s'empêcher de penser qu'une nouvelle invention aura mal tourné.

Le suspens ne sera pas insoutenable mais l'aventure qui se déploiera astucieusement petit à petit sur un monde pourtant très réduit devrait amuser les jeunes lecteurs.

L'auteure nous fera vivre les choses au travers de son personnage de 10 ans dont on se demandera vraiment si il aura beaucoup trop d'imagination dans un monde animal mécanique.

La robinsonade mécanique a la survie confortable en péril devrait être appréciable pour une cible qui n'aime pas le SF opera trop éloigné de son quotidien.
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Le Crépuscule d'‎Æsir

Je commencerai par la plume d’Elie Darco qui est absolument fabuleuse : nous avons là une langue riche, travaillée et sonore. Elle donne à voir et à entendre et crée une vraie musique. La lecture est donc bien évidemment exigeante car elle demande de s’arrêter sur les mots, sur leur caractère précieux, sur leurs sonorités. C’est une plume qui est également très visuelle : il est très facile de se représenter les choses et de voir, littéralement les combats se dérouler, de s’émerveiller devant les lieux décrits. Cette écriture est bien entendu au service du sens et de l’univers. Le Crépuscule d’Aesir met en scène un monde très différent, une mythologie complète, des peuples nouveaux. Les fils de cet univers sont finement entrelacés, patiemment tissés de manière à ne pas noyer le lecteur, mais aussi de manière à ménager quelques surprises. Comme plusieurs peuples se côtoient, certains dieux ont plusieurs noms et parfois cette mythologie freine un peu la lecture en créant un à côté culturel, mais dans l’ensemble, cela permet au livre de faire monde et d’offrir une vraie plénitude à l’univers.



Nous avons par contre le versant de cette belle plume si visuelle : certaines scènes sont difficilement soutenables. Ah! le lecteur ne manque rien des massacres, des violences, des scènes de nécromancies, des divinations et autres affrontements. L’écriture rend très concrets tous ces passages, et je dois avouer que quelques hauts le cœur m’ont saisie par moments… et je ne suis pas non plus une lectrice fragile, loin de là, j’ai normalement le cœur et l’estomac bien accrochés! Mais il est aussi vrai que ce roman est affiché en dark fantasy, donc en l’ouvrant, le lecteur sait d’emblée que la lecture risque d’être difficile ou tout du moins, qu’elle ne sera pas un long fleuve tranquille.



Les personnages dans ce roman font preuve d’humanité, enfin pour une bonne moitié d’entre eux… Ils commettent des erreurs, les regrettent, hésitent, doutent, se renferment sur eux-mêmes, essaient d’expier leurs fautes. Ils sont aussi soumis à un maelstrom d’émotions, à l’amour et la haine mêlés, au désespoir mâtiné d’espoir fou, à cet espoir pernicieux qui les berce aussi d’illusions parfois, et les défait plus souvent qu’à leur tour. La dame en noir, je ne le nommerai pas différemment pour garder son mystère, est un levier capital pour ce roman. Sa cruauté, sa sauvagerie, son art de la manipulation, la haine qui la soutient sont des éléments clefs dans le récit. Plus d’une fois, elle se repaît du bain de sang qu’elle génère, et, en toute franchise, elle fait froid dans le dos. Son histoire – que nous apprenons au fil des pages – n’est guère plus réjouissante. Au milieu de ses ténèbres intérieures pourtant, un relent d’humanité transparaît, mais une humanité viciée malgré tout. De bout en bout, j’ai ressenti une sorte de répulsion pour ce personnage, et je pense que c’est voulu. La relation qui se tisse entre elle et ses otages, entre elle et Viviana est dérangeante à bien des égards et m’a souvent mise mal à l’aise.



La rythmique du récit est intéressante. Une fois le destin d’Aesir mis en branle, nous alternons les passages dédiés à Aldéric et ceux dédiés à Viviana. Certains passages s’avèrent plus fastidieux à lire du fait de tous les éléments mentionnés un peu plus haut, mais nous sommes malgré tout emmenés toujours plus avant. Loin d’Aesir, nous découvrons le reste du monde, les complots, les conflits, les guerres, les machinations pour prendre le pouvoir. Cela permet de compléter l’univers proposé et de faire monde puisque nous ne sommes pas seulement centrées sur Aesir. La partie consacrée à Commoria est captivante. J’ai aimé les jeux de pouvoirs et les complots de Cour, j’ai aimé le mystère entourant le personnage d’Orbelon, mage débonnaire en apparence, mais qui recèle lui aussi bien des secrets et dont l’intervention reste décisive.



Ainsi, je suis un peu partagée par cette lecture : l’univers et la plume d’Elie Darco sont absolument fabuleux et méritent le détour, par contre, la violence intrinsèque à ce récit, l’atmosphère malsaine provoquée par certains personnages m’ont aussi pesé parfois, déchirant mon cœur de lectrice entre franche admiration et gêne réelle. Une chose est certaine, je ne regrette pas du tout la découverte, ne serait-ce que pour cette magnifique écriture, mais je ne placerais pas ce livre entre toutes les mains. Âmes sensibles s’abstenir!
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Enquêtes à Morneville : Trafic au cimetière

Bon petit roman policier pour les plus jeunes.

Noa et Louis aident Jean-Baptiste à porter les pots de fleur dans un cimetière pour se faire un peu d'argent de poche et pour s'y amuser aussi un peu. Mais un jour, un homme y est retrouvé mort. Les garçons vont décider de mener l'enquête.

les héros sont sympas et dont pense au clan des sept de notre enfance. Un bon moment
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Le Crépuscule d'‎Æsir

--- Quand les débuts coincent un peu… ---



Acheté en avant-première à Mon’s Livre 2018, Le crépuscule d’Æsir me fait de l’oeil depuis plusieurs mois, et pour cause ! L’éditrice, Marion Obry, me l’a décrit comme un one-shot de dark fantasy sanglant et prenant. Comprenez-moi, je ne pouvais pas résister plus longtemps !



Pourtant, quand j’ai enfin ouvert ce livre, j’ai eu du mal à me plonger dedans. Le massacre annoncé dans la quatrième de couverture m’a en effet laissée indifférente. Or, j’estime qu’un prologue ou un premier chapitre doit avant tout susciter l’intérêt du lecteur. Heureusement, la suite s’est révélée captivante !



--- Et si ces débuts difficiles étaient liés à la plume de l’auteure ? ---



Élie Darco utilise volontairement un style ampoulé, que je trouve inutilement lourd. Selon moi, elle en rajoute ; tout au long du roman, le sang coule à flot, les tripes se retrouvent à l’air et le désespoir est au rendez-vous. Était-ce vraiment nécessaire ?



En outre, le texte comprend quantité de mots inconnus de mon répertoire et ça ne m’arrive pas si souvent. D’habitude, ça ne me dérange pas, mais ici, c’était assez récurrent, comme si l’auteure faisait volontairement étalage de ses connaissances de la langue française.



Ceci étant dit, mon avis est totalement subjectif. Ce style peut bien évidemment plaire à d’autres lecteurs. Et, par chance, j’ai fini par m’y faire !



--- Au coeur des ombres ---



De type médiéval, l’univers n’a rien de très original au premier abord. Mais comme tout dans ce roman, il est dur, sombre et violent. Chacun doit se battre pour survivre, endurer des épreuves parfois innommables.



Néanmoins, ce qui a surtout retenu mon attention, c’est l’organisation du territoire. Certes, Æsir est tombée, mais d’autres peuplent vivent au pied des montagnes. Certains ont noué des alliances, d’autres se font la guerre. Et c’est justement cet aspect de l’histoire qu’Élie Darco a choisi d’approfondir à travers l’errance de ses deux héros. Bon, j’avoue m’être un peu perdue dans les noms et appellations, mais cela n’a pas terni mon plaisir de découvrir les rouages de ces civilisations.



--- Deux survivants, deux héros brisés ---



D’un côté, l’on suit Aldéric, un guerrier frustré de ne pouvoir démontrer toutes ses capacités à l’épée et, de l’autre, Viviana, sa compagne avant la destruction de la cité. Et si j’ai apprécié ce one-shot, c’est en grande partie grâce à eux. Chacun à leur manière, ils font preuve d’une force de caractère exceptionnelle, sans pour autant tomber dans le cliché du héros infaillible.



L’auteure a pleinement développé leur psychologie, les rendant profondément humains. Bien qu’ils se sentent coupables d’avoir survécu, ils luttent sans relâche pour sauver leur peau. L’instinct de survie est d’ailleurs au coeur de cet ouvrage où le danger rôde à chaque fin de chapitre…



Étonnamment, je n’ai pas de préférence pour l’un ou pour l’autre. Parfois, je désirais ardemment suivre les mésaventures de Vivianna et, la page suivante, alors que je retrouvais Aldéric, je n’avais qu’une envie : savoir ce qui l’attendait. Et c’est justement ce qui me conforte dans l’idée que ce roman est extrêmement bien mené !



--- Une lueur d’espoir dans l’obscurité ? ---



Ah, les complots politiques, les tromperies, les tentatives d’assassinat ! Mélangez tout ça et vous obtenez un bel imbroglio d’événements. Heureusement, l’ensemble est savamment orchestré par Élie Darco. Voilà donc la deuxième raison pour laquelle j’ai aimé Le crépuscule d’Æsir ; les rebondissements sont inattendus, l’action contrebalancée par des stratégies finement élaborées.



Cependant, je m’interroge sur le genre auquel appartient ce livre. Peut-on vraiment le qualifier de dark fantasy simplement parce que la violence y atteint des sommets ? Puisqu’il repose majoritairement sur une guerre séculaire, j’y vois davantage de la fantasy épique, certes très sombre, mais épique quand même.



Quoi qu’il en soit, si j’ai supporté son côté très – trop ! – sanglant, c’est parce que l’auteure s’en sert afin de créer un contraste saisissant avec les rares scènes d’espoir, d’amour véritable et de générosité.



Quant à la fin, elle ne m’a pas marquée outre mesure. Non, de ce one-shot, je retiendrai en priorité l’évolution spectaculaire des personnages. Pour autant, je n’ai pas boudé mon plaisir en découvrant le dénouement !
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Tombé les voiles

Un très bon recueil ! Le sujet du concours est particulier et a su dérouter les auteurs pour mieux les encourager à des détours très appréciables en tant que lecteurs. Le principe d'allier nouvelles avec musique et illustration est une très bonne idée, je déplore seulement le fait que les musiques ne soient pas encore en ligne...

Puisqu'il s'agit là d'un recueil collectif, je pense que la meilleure façon de rendre hommage à chacun de ses auteurs est de parler de chaque nouvelle individuellement, ce que je vais faire dans l'ordre d'apparition dans le recueil :



Bison Blanc de Philippe Aurèle Leroux: Une bonne histoire policière. Il s'agit d'un genre que je ne lis pas particulièrement, mais qui a su m'intriguer et m'attirer, notamment grâce à son protagoniste.



Pandore Déconnectée d'Yvan Barbedette: En tant qu'afficionado des sociétés imaginaires, utopies, dystopies et autres, j'ai particulièrement apprécié le travail opéré dans la construction de ce monde tant intéressant que réaliste. Je recommande.



Noir de Xavier-Marc Fleury: Ce qui fait tout le sel de cette nouvelle qui reprend un scénario catastrophe, c'est la personnalité du personnage principal qui va tout changer à l'histoire. Rien que pour la chute je vous la recommande.



Edmotype d'Edward Noyce: J'ai eu plus de mal à entrer dans celle-ci. S'il y a eu une recherche originale dans le domaine des premiers pas de la photographie pour construire cette histoire, je ne me suis pas vraiment attaché aux personnages et l'histoire est somme toute relativement classique.



La machine à café de Johann Vigneron: Bon, d'accord, il faut l'avouer, le postulat de départ est drôle, ça c'est sûr. Ce n'est pourtant pas un coup de cœur, parce que peu crédible et un peu lourd parfois dans sa façon d'asséner ses scènes (à l'eau) chaude.



Indice de Récupération de Danü Danquigny: Encore une bonne société alternative, clairement dystopique contrairement à celle citée plus haut pour laquelle ce fait est plus discutable. Le fonctionnement de cette société est de prime abord réaliste, si ce n'est qu'elle va un peu loin dans ce qui est acceptée (mais au fond notre société ne fait parfois pas beaucoup mieux). Ce qui en fait une nouvelle très intéressante, que je ne saurais trop vous recommander, c'est le mystère derrière l'indice de récupération, très bien mené, et qui donne une dimension toute nouvelle à cette dystopie.



Enchanteur des Vents par Fabien Rey: une idée intéressante sur le fonctionnement de la magie qui intéressera les habitués de fantasy, et un personnage au caractère intéressant, malheureusement cela n'a pas suffi pour m'accrocher.



Macchabée Blues par Francis Jr Brenet: L'une des nouvelles noires du recueil, probablement l'une des mieux réussies. Toute la question de si la nouvelle vous plaira ou pas tient au personnage principal et à sa relation aux autres. L'univers est lui aussi plutôt intéressant avec les émissaires de la mort marchant dans la rue (une réponse intéressante à ceux qui trouvent que nous sommes trop nombreux sur cette Terre), et j'avoue avoir été assez intrigué par la chute de la nouvelle qui peut annoncer une suite intéressante en roman.



Choc d'Aaron Judas: Une nouvelle située dans un hôpital psychiatrique un peu spécial et, ma foi, vraiment bien menée! Le fait qu'il faille reconstruire la nouvelle comme un puzzle a été très bien travaillé et fonctionne de pair avec le cadre de la nouvelle. Je recommande chaudement!



Dame M. d'Audrey Salles: Une aventure sensuelle et particulièrement intrigante. L'auteure sait nous amener là où elle veut en terme de ressentis, et je vous assure que d'une façon ou d'une autre cette histoire ne saura vous laisser indifférent. J'apprécie également que tout comme le personnage éponyme, l'auteure parvient à nous donner assez pour nous intéresser sans répondre à toutes les questions que l'on pourrait se poser. Je recommande!



La déchirure Kostrowitzky de Gwenaël Bulteau: Il s'agit là de mes grands coups de cœur de ce recueil, une nouvelle qui a su élaborer des personnages particulièrement attachants et intéressants, un univers bien construit sans avoir besoin de nous asséner des pages et des pages d'exposition de l'univers. Je ne voudrais trop vous en donner, car je voudrais vraiment que vous découvriez par vous-même toute la richesse de cette nouvelle. Comme pour mes deux autres coups de cœur à suivre, j'ai très envie de voir une suite en roman pour en savoir plus sur cet univers fascinant!



Evolution de Philippe Deniel: Là en revanche la nouvelle elle-même ne sert presqu'uniquement qu'à de l'exposition. C'est le piège du recueil je pense: comme un vote majoritaire du public permet d'écrire une suite en roman, on veut préparer l'univers, l'introduire pour le présenter aux lecteurs. Mais je trouve ça mal mené dans cette nouvelle, était-ce un projet trop ambitieux pour une forme courte? Le tout donne une histoire déconstruite dans le mauvais sens du terme et qui continue d'exposer l'univers même dans les dernières pages.



L'œil du dragon par Rozenn Duchesne: De la tension, une question bien menée sur la différence et la xénophobie, des personnages complexes et attachants, un dragon... Cette nouvelle a tout pour plaire! Je recommande vivement la lecture, et même si je ne peux voter que pour trois nouvelles, j'aimerais beaucoup voir plus d'histoires dans cet univers qui se promet palpitant!



Le magasin d'Aaron Gooris: Là où certaines nouvelles m'ont déçu avec beaucoup trop d'exposition, je trouve que le seul vrai défaut de celle-ci est de ne pas être assez claire sur l'univers et ce qu'il s'y passe. Il m'est arrivé de relire plusieurs fois certaines phrases pour comprendre ce que cela voulait vraiment dire avec le lexique de l'univers. C'est dommage parce que l'ambiance de thriller installée une fois arrivé dans le magasin proprement dit est très bien menée, et que les personnages sont très intéressants, avec des retournements de situation intéressant et des dimensions inattendues. J'ai peut-être dit trop sur ce que je n'aimais pas de cette nouvelle mais je recommande tout de même.



L'esprit du péché par Barnett Chevin: Quelques bonnes idées, malheureusement elle ne fonctionne pas pour certaines raisons. Le narrateur-personnage arrive à suivre l'histoire par je ne sais quel miracle, le personnage principal s'horrifie bien vite pour quelqu'un qui a de la bouteille, et l'intrigue se résout presque d'elle-même. Toutefois, le cadre claustrophobique du couvent, le cadre historique de la famine en Irlande, sont bien réalisés.



Où se perdent les vents de Jana Rémond: Probablement ma nouvelle favorite de ce recueil. L'univers, décrit discrètement mais avec brio, la splendide poésie de l'écriture, et le message ô si positif, c'est exactement le genre d'histoires que je recherche! J'ai cru comprendre des interviews que l'auteure pensait écrire un recueil de nouvelles plus qu'un roman si elle gagne -ce que je lui souhaite- et ça me va très bien, je pense que ce serait la forme la plus adaptée à cet univers que je veux absolument voir plus à l'avenir.



Vague Mélodie par Thierry Soulard: Une très bonne chute, beaucoup d'humour et un univers ma foi plutôt intéressant! Les personnages sont uniques, tout particulièrement Requin, cela dit, le style épistolaire se justifie assez peu avec le contexte de la nouvelle. S'ils voulaient écrire sur le bateau, pourquoi se battent-ils autant pour du papier et de l'encre? et pour la plupart des personnages ce qui les pousse à écrire est assez obscur, presque forcé... Mais je pense que l'auteur le savait puisqu'il en rit à un moment de la nouvelle. Pas un coup de cœur, mais je recommande tout de même.



Sous un voile d'ombre d'Elie Darco: L'univers semble intéressant, malheureusement il ne rattrape pas le défaut majeur de la nouvelle: on s'arrête en plein milieu de l'intrigue! Je comprends l'importance de laisser le lecteur sur sa faim pour mieux le rappeler à soi, mais il n'y a juste pas assez dans cette nouvelle! On a l'impression qu'une moitié a été perdue en chemin, l'enquête n'est pas résolue, il n'y a pas de véritable chute... Quant au personnage principal je l'ai trouvé passablement inbuvable, et si cela donne un point de vue intéressant à certaines nouvelles, ici il m'a juste tapé sur le système.



Tartu et la Tombée de l'hiver par Nina Valin: Il y a de grandes chances pour que je voie dans cette nouvelle un message qui n'y est pas, mais comme il s'agit d'un point de vue personnel, je vais le donner: je n'ai pas pu lire cette nouvelle sans y voir ce que je déteste dans les discours écologistes extrémistes et défaitistes. On nous présente un monde loin d'être idéal, et celui qui est présenté comme celui qui veut y remédier le fait en créant un système autoritaire et dystopique??? Je n'ai pas compris ce qui pouvait justifier cela. Le personnage principal me sort par les trous de nez et l'évolution des personnages secondaires sort de nulle part et se justifie je trouve très mal. Bref non je n'ai pas aimé cette nouvelle.



Nul sauvetage / Futur Fermée: mon dernier coup de cœur! Une nouvelle fantasy très drôle dans l'esprit du Disque-monde de Terry Pratchett, un twist sur le langage qui peut sembler lourd pour certains mais qui m'a personnellement beaucoup plus. La narration elle-même est à se tordre de rire, et le mieux, c'est qu'au-delà (ou main dans la main) du caractère comique de l'histoire, l'auteur nous présente une réflexion sur la fiction avec un côté très métatextuel. J'aimerais beaucoup voir ce que l'auteur nous réserve d'autre avec un tel univers!



Un dernier point de vue de Frédéric Gobillot: Une réflexion très intéressante sur la foi et les croyances. La différence entre ce monde et le nôtre est assez floue pour m'intriguer sans me frustrer, et les personnages sont particulièrement intéressants. Je reconnais cependant que ma lecture de cette nouvelle a dû pâtir du fait que je la lisais en dernière, et j'ai eu beaucoup de mal à suivre la chronologie de l'histoire. Une bonne histoire de clôture, je recommande!



Je rappelle que tout cela n'était que mon point de vue, peut-être un peu abrupt parfois, et que je ne prétends pas détenir la vérité universelle sur ce qui est bon ou pas. J'espère vous avoir donné assez tant aux lecteurs qu'aux auteurs pour vous donner envie de lire ce recueil qui en vaut vraiment le coup!! Et surtout n'oubliez pas de voter pour vos préférées quand ce sera possible!
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Tombé les voiles

"Tombé les voiles" est une anthologie très stimulante pour tout lecteur amateur de fiction ; de plus, ce recueil peut aussi servir d'initiation aux autres lecteurs, car les nouvelles qui le composent nous plongent dans des univers très différents, mais tous également intéressants à découvrir.



"Bison blanc" (Philippe Aurèle Leroux) : cette histoire ravira particulièrement les fans du groupe Nirvana. L'intrigue, une enquête policière, est narrée de façon dynamique ; de plus, la nouvelle est teintée de mysticisme sioux, ce qui confère à l'histoire beaucoup de mystère. Ce texte contient également de vrais textes du groupe Nirvana (traduits en français).



"Pandore déconnectée" (Yvan Barbedette) : la nouvelle se déroule dans un futur lointain, dans une ambiance qui peut rappeler le film "Bienvenue à Gattaca" (pour l'atmosphère aseptisée dans laquelle semblent vivre les personnages) et "Matrix" (dans la présence d'un programme reliant les esprits de chacun, dirigeant leur mode de communication). Ce texte très efficace peut déranger certains lecteurs, principalement dans la description de la "famille" modèle. Le dénouement est assez surprenant.



"Noir" (Xavier-Marc Fleury) : une réflexion écrite sur la société humaine, esclave des cinq sens. Une démonstration de ce qu'il pourrait se passer si l'un d'entre eux venait à disparaître. Une nouvelle empreinte de précisions scientifiques, très dynamique, avec peu de personnages mais qui fait réfléchir...qu'aurions-nous fait, à la place du personnage principal ?



"Edmotype" (Edward Noyce) : cette nouvelle possède un style orné, précis et élégant ; un style qui correspond à la société décrite par l'auteur. On ressent la passion d'un inventeur génial tellement dévoué à son oeuvre que celle-ci précipite sa déchéance. Le mystérieux de cette nouvelle apparait assez tard, ce qui lui donne un puissant effet de surprise.



"La machine à café" (Johann Vigneron) : cette histoire peut déranger les possesseurs de percolateur à dosettes. Elle est néanmoins d'un cocasse rarement atteint, qui mène malgré tout au tragique, lors du dénouement. L'intrigue dispose d'un style très sensuel mais pétillant. C'est très agréable à lire une fois passée la surprise de la situation.



"Indice de récupération" (Danü Danquigny) : l'intrigue se déroule dans un futur lointain où la société contrôle la mémoire des individus (les similitudes avec "Pandore déconnectée" s'arrêtent là). L'atmosphère de surveillance incessante peut rappeler "1984". Le principe de trafic de mémoire peut faire penser au film "Total recall"...c'est également une réflexion profonde sur la nature fuyante des souvenirs. Ce texte se présente sous la forme d'un "journal de bord" dont les tenants et les aboutissants se mettent en place au fil de la lecture.



"Enchanteur des vents" (Fabien Rey) : une histoire de marins, de navires et de "sorciers". Le principe d'action de ces "sorciers" est, ce me semble, assez inédit et fort bien pensé. C'est aussi une réflexion sur le pouvoir des mots et leur utilisation. Un univers très agréable à visiter.



"Macchabée blues" (Francis Jr Brenet) : une atmosphère à la Raymond Chandler, une réécriture d'une figure de la mythologie antique, un monde gouverné par La Mort. A lire et à relire avec, en arrière-plan musical, Robert Johnson. Cette histoire est terriblement efficace.



"Choc" (Aaron Judas) : une tension continuelle durant toute la lecture, jusqu'à la "libération" finale. L'atmosphère psychiatrique et carcérale de cette nouvelle est pesante, glaçante. A ne surtout pas lire seul dans la pénombre, vous risqueriez d'entendre souffrir les patients torturés par la peur. L'efficacité de style a rarement été atteinte aussi pernicieusement que dans cette histoire. C'est réellement un "choc".



"Dame M" (Audrey Salles) : une incantation, un charme lancé pour que le lecteur s'y jette, à l'instar du personnage principal. A mon sens, la nouvelle la plus réussie au niveau de l'adéquation du texte avec le message qu'il véhicule. Le lecteur est subjugué, littéralement, par une mystérieuse femme et il se laisse happer petit à petit. Le malaise est là, mais la curiosité l'emporte. Chaque phrase mène indubitablement au coup de théâtre final, révélé tout en subtilité, alors que c'est trop tard pour le lecteur, sur qui le charme a opéré.



"La déchirure Kostrowitzky" (Gwenaël Bulteau) : Un début de XXe siècle industriel et steam-punk sert de décor à cette intrigante et poétique nouvelle. Les amoureux de poésie reconnaîtront dans ce nom aux consonances polonaises un célèbre auteur français mais ne se prendront pas moins au jeu de miroir que l'auteur instaure avec l'Histoire et la littérature.



"Evolution" (Philippe Deniel) : un environnement d'heroic-fantasy (avec elfes et nains) est ici proposé mais de façon surprenante et détournée. On rencontre dans cette nouvelle des fragments de mythologie nordique, mais surtout une réflexion sur la peur des puissants face au changement, face à l'étranger, face à l'inconnu. Comme dans "Macchabée blues", le personnage principal est porteur de mort, mais doit prendre, à la fin, une décision qui remettra tout en question.



"L'oeil du dragon" (Rozenn Duchesne) : cette nouvelle se déroule sur fond de guerre et de magie. Néanmoins, elle n'a rien à voir avec les oeuvres de fantasy "classiques", car elle mêle environnement assez contemporain et créatures mythiques. Le lecteur peut également se sentir mal à l'aise vis-à-vis de la xénophobie du personnage principal. La nouvelle raconte un moment d'urgence où la confiance envers la mauvaise personne peut mener à la mort. Ce récit est efficace et permet au lecteur de réfléchir sur sa propre appréhension.



"Le magasin" (Aaron Gooris) : un monde post-apocalyptique en reconstruction est décrit à travers la mission de l'héroïne. L'atmosphère est pesante dès le début, avec aucun moment de répit pour le personnage principal (ni pour le lecteur). Le seul espoir qui semble luire n'est qu'un autre piège, où règne un minuscule tyran. On se sent comme dans un film de David Lynch en lisant ce texte. Le style est vraiment prenant et rien ne peut présager du coup de théâtre final.



"L'esprit du péché" (Barnett Chevin) : Ce récit est intriguant et angoissant, un peu comme "Le nom de la Rose" d'Umberto Eco. La peste, des disparitions suspectes, un couvent, un enquêteur ; le lecteur se sent enfermé dans le mystère mais poussé en avant par une instance narrative très présente, mais d'une façon étrange. Le style est très agréable, la révélation de la vérité est efficace ; néanmoins, certains indices peuvent laisser présumer du coup de théâtre final...



"Où se perdent les vents" (Jana Rémond) : cette nouvelle pourrait être une suite probable de "Enchanteur des vents" (dans la même anthologie). C'est un récit court dans un univers entre "Mad Max" (environnement désertique total) et "John Carter from Mars" (autochtones de ce désert). Une réflexion sur l'espoir d'un homme qui n'a pourtant aucune raison logique d'espérer.



"Vague Mélodie" (Thierry Soulard) : une histoire de pirates, de sirènes, une véritable odyssée dont les méandres permettent au lecteur de croiser des références à "Peter Pan", "Moby Dick", "L'odyssée", "L'île au trésor" mais aussi au "Trône de fer". La mise en forme du récit, comme une bouteille à la mer remplie de messages à la recherche d'un interlocuteur est efficace et représente un bel hommage au style épistolaire. Le coup de théâtre est vraiment inattendu. C'est un voyage poétique et rude qui vaut la peine d'être entrepris.



"Sous un voile d'ombre" (Elie Darco) : Un monde post-apocalyptique "renversé", où l'homme sature chaque centimètre de terrain. Une société où tous les coups sont permis pour parvenir en haut de la pyramide. Un complot épais que le personnage principal comme le lecteur cherche à démêler. Une atmosphère lourde où l'ennemi peut surgir de n'importe où.



"Tartu et la tombée de l'hiver" (Nina Valin) : L'homme a défiguré le cycle naturel de la vie. Dans un futur assez éloigné, un immeuble plein de scientifiques offre un huis-clos efficace. Une réflexion sur la possibilité de réparer les erreurs des hommes envers la nature. Un récit très poétique et assez mystérieux.



"Nul sauvetage/Futur fermée" (Valentin Desloges) : une épopée qui ressemble à un jeu de rôle (Naheulbeuk), pleine d'humour, avec une instance narrative qui brise le quatrième mur sans restriction. Mais au delà de la farce brillante, ce récit représente également un jeu fin et constant sur le langage et sur la fonction d'auteur. C'est très agréable à lire, vraiment intelligent et la fin est surprenante.



"Un dernier point de vue" (Frédéric Gobillot) : Un récit aux influences verniennes, à l'atmosphère steam-punk, avec des accents scientifiques et métaphysiques. Le style est très agréable, l'histoire est très belle et poétique. On en sort émerveillé et surpris ; la fin est sublime et la proximité des réflexions de cette nouvelle avec la précédente ("Nul sauvetage/Futur fermée") offre un parallèle infiniment intéressant.



Bref, ruez-vous sur cette anthologie, la multiplicité des univers permet un grand dépaysement et stimule la curiosité de façon incessante. Un grand bravo à tous les auteurs. Je tiens à affirmer, néanmoins, que ces commentaires n'engagent que ma personne et ne reflètent que les sensations d'une lectrice lambda passionnée.

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Les Dames Baroques

Un recueil de nouvelles excessivement bien soigné et écrit, parce qu’à l’image de ces dames, les nouvelles sont élégantes, pleine de poésie, intemporelles, vicieuses, attractives et passionnées. Il est difficile de ne pas pleinement s’y plonger une fois la lecture commencée, ces dames, ces femmes baignant et œuvrant dans ces récits imaginaires savent jouer de leurs charmes et de leurs atouts pour appâter son lecteur et le condamner à errer au cœur de ces pages.



Des plumes, il y en a, puisque pas moins de vingts auteurs, pour les uns jeunes et prometteurs et, pour d’autres expérimentés et qui ne sont plus à présenter (Sire Cédric, Charlotte Bousquet, Sophie Dabat, Karim Berrouka entre autre), ont participé à cet ouvrage qui fait honneur aux femmes, enfin aux Dames, ces femmes charismatiques, imposantes dans leur style. Voguant au travers d’univers magique et fantastique et le plus souvent gothique : sombre, froid, funeste, elles se présentent sous diverses images, à la fois vengeresse, enchanteresse, amoureuse, innocente, diabolique mais aussi fantôme, sorcière, succube, humaine, princesse. Un joli panel de Dames décrites avec des styles littéraires variés qui pourtant se retrouve dans la poésie et la fluidité des écrits des auteurs. Des personnages divins présentés sous le nez d’un lectorat bien vite affamé et gourmand et qui en demandera encore et encore. Comment résister à l’appel d’un tel ouvrage de qualité ? On sent le travail, la passion et l’aura de chacun des auteurs. Il y a des nouvelles plus réussies que d’autres mais cela dépendra de la sensibilité de chacun, car tous trouveront leur compte. Sur une base essentiellement fantastique et fantasy, on frôle parfois le conte, l’horreur, le thriller, le contemporain et l’érotisme. S’il y a des fils conducteurs qui parfois se répètent, on pense notamment au bijou ensorcelé d’où découle vengeance, esprit et possession, d’autres sont plus originaux, le texte de Sophie Dabat « l’Essor » est superbe, celui de Lucie Chenu « Le bol d’argent » déroutant, celui d’Armand Cabasson « Le baiser de la sorcière » poétique, celui de Karim Berrouka « Lapidaire » présente une jolie morale ou encore celui de Cyril Carau « Jusqu’au bout de la vérité » est un hymne à l’amour.



En bref, un ouvrage à recommander tant les nouvelles sont d’une délicate élégance et font honneur au style littéraire fantastique et fantasy. Les hommes seront conquis par ces Dames vertueuses ou non, des fantasmes divers et variés au fil des pages, les femmes se reconnaîtront peut-être dans ces Dames à la fois perverses et amoureuses, passionnées et innocentes, tout lecteur se verra alpagué au cœur des bras ténébreux de ces Dames véritables enchanteresses. Vous l’avez compris, un recueil de nouvelles plus que réussi et qui ne demande qu’à être lu.
Lien : https://songesdunewalkyrie.w..
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La Cour des miracles

Je ne vais pas évaluer cet ouvrage, en étant l'un des auteurs. N'ayant par contre pas d'actions chez mon éditeur, je me permets de faire un peu de pub à sa collection "Mille Saisons", la première collection dirigée ... par ses lecteurs !

Chaque année l'éditeur lance un appel à texte sur un thème qu'il choisi. Les 20 meilleurs textes, choisis par un comité de lecture, sont publiés dans un recueil. Chaque nouvelle dépeint un univers susceptible de servir de cadre à un roman. Les lecteurs peuvent alors voter pour l'univers qui les a le plus convaincu.

L'année suivante le roman choisi par les lecteurs est publié et l'éditeur lance un nouvel appel à texte. Au fur et à mesure des années les lecteurs se constituent une collection qui leur ressemble.

Pour tous les auteurs qui cherchent à se faire connaître, c'est également un formidable tremplin. Cerise sur le gâteau, les collaborateurs de l'éditeur sont vraiment sympas et passionnés par la littérature de l'imaginaire.

Bien sûr je suis partie prenante, mais je trouve ce concept vraiment intéressant et novateur (dans le monde de l'édition tout du moins).

J'ai fait une évaluation des 20 nouvelles de l'ouvrage (enfin des 19, je ne me suis pas auto-évalué), à découvrir sur mon blog : http://www.philippe-aurele.fr/2015/08/20/ivre-de-livres/
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Les Dames Baroques

J'attendais beaucoup de cette anthologie. Trop, peut-être. Entre la couverture, belle à tomber, la thématique et l'anthologiste, dont j'avais déjà lu et aimé des oeuvres (romans, nouvelles ou direction d'autres anthologies), je m'attendais à une excellente lecture.

Mais, si ma lecture ne me fut en effet pas désagréable, elle ne m'a pas laissé de trace marquante. Quelque part, j'ai l'impression d'avoir manqué ma rencontre avec Les dames baroques. Car l'anthologie n'est pas médiocre, loin de là, mais je n'ai pas été aussi transportée que je l'attendais. Est-ce la faute à mes attentes, justement ? Je ne sais pas. Toujours est-il que je regrette que ce rendez-vous ait été manqué. Mais voici mon avis, texte par texte :



"Précieuse Icône" de Carole Grangier : on commence fort, pourtant, avec cette histoire précieuse, ensorcelante et mystérieuse ; puis l'on passe à Armand Cabasson et "Le baiser de la sorcière". Je suis une grande fan des nouvelles du monsieur et j'étais ravie d'en découvrir une inédite. Une histoire qui m'a moins émue que celles du même auteur mais qui reste poignante, rappelant le sort de toutes ces femmes durant l'Inquisition, tout en y mêlant le ressentiment d'une fille condamnée car née avec une particularité physique.



"Derrière les ombres" de Charlotte Bousquet : au temps des Précieuses, un jeune homme poursuite des monstres et une jeune femme dissimule sa véritable essence... un fort joli (et poignant) texte sur les apparences et les miroirs de l'âme. Je n'en attendais pas moins de la part de Charlotte Bousquet. Karim Berrouka, avec "Lapidaire", nous offre une histoire digne des Mille et une nuits. Un enchantement.



J'avais déjà lu "Le Jour de la Belladonne" de Justine Niogret dans son recueil "Et toujours le bruit de l'orage" et c'était l'un de mes préférés du recueil. J'ai été ravie de le retrouver ici !



"Reflet dans une opale" de Daniel Alhadeff : voilà un texte qui m'a laissée perplexe. Non seulement il ne m'a pas tiré la moindre émotion, mais de plus je n'a rien compris à son dénouement. Même problème, pour ce qui est de la compréhension, avec "Jusqu'au bout de la vérité" de Cyril Carau. L'histoire est pourtant très belle et très émouvante, mais les phrases finales m'ont mises mal à l'aise. Je n'ai pas saisi le propos de l'auteur.



"La Dame de Gwenninis" de Tepthida Hay est une histoire prévisible, sur le thème du bijou maudit. Et, durant ma lecture de "L'Essor" de Sophie Dabat, je n'ai pas pu me défaire d'une étrange sensation de déjà-lu. Est-ce une ré-publication ? je ne le sais. En tout cas, j'ai pressenti le déroulement des événements mais vu l'histoire, cela restait plaisant à lire. "Rosae Furiarum" de Morgane Guingouain procure des frissons.



Nous arrivons à "Succube" de Sire Cédric, texte que j'ai littéralement détesté. Autant je ne suis pas pudibonde (j'ai déjà lu des récits érotiques), autant le sexe crade et morbide, très peu pour moi. Surtout lorsque cela n'a aucun intérêt pour l'intrigue, au final assez creuse, pour ne pas dire inexistante.



Heureusement, Élie Darco nous offre une histoire vampirique intéressante avec "Les Crocs de la Basilicate". Puis, Léonor Lara nous conte, dans "Serments, Éternels serments d'amour...", une histoire qui n'aurait pas déparé dans le corpus arthurien. Lucie Chenu nous propose un récit onirique avec un petit message sur la différence dedans, dans "Le Bol d'Argent". Enfin, Sophie Goasguen nous propose "Isabella", un récit étrange, un peu prévisible, guère marquant.



Du côté des classiques, "La Princesse aux lys rouges" de Jean Lorrain que je connaissais déjà. Toujours un régal à lire ! Joris-Karl Huysmans est aussi présent avec "La Reine Margot" que je n'ai pas trop saisi, puis "Gottfried Wolfgang" de Pétrus Borel que j'ai déjà lu ailleurs sous une version légèrement différente et par un autre auteur, et que j'avais apprécié.

Suit un conte de Marie-Catherine d' Aulnoy, 'La Belle aux cheveux d'or', agréable à lire, et l'on termine avec "Le cachet d'onyx" de Barbey D'Aurevilly, texte cynique qui fait référence à Othello de Shakespeare et en rappelle la cruauté, ainsi que celle qui teinte certains rapports humains.



L'autre chose qui m'a gênée dans cette anthologie, c'est la récurrence de la thématique des pierres précieuses et autres bijoux maudits. L'anthologiste ayant déjà commis une excellente anthologie sur le sujet, ces récits-là en ont pâti, comme s'ils avaient été écartés de l'une pour atterrir dans l'autre.



Un avis mitigé, donc, pour ma part, mais je n'en recommande pas moins la lecture à qui serait intéressé par ces plumes et ce thème, car si elle ne m'a pas semblé excellente, l'anthologie Les dames baroques n'est pas non plus médiocre et offre de bons moments de lecture, même si celle-ci ne marque pas.
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Enquêtes à Morneville : Jeux dangereux au Monst..

: le laser game, vu par les ados.

C'est clairement ce qui nous éloigne des jeux de récré: on courre avec de faux pistolets laser et la loi ludique nous autorisera à nous tirer les uns sur les autres. C'est un vrai jeu d'ados.

L'auteure Elie Darco y ajoutera son soupçon d'ambiance qui transcendera l'expérience: c'est le Monstergame!

Comme dirait, les jeunes lecteurs: " Trop cool!"



Les héros Noa, Louis et Zora n'auront pas tous le droit de tester l'attraction pour l'anniversaire de Morgan, une pimbêche en 5ème. Ils ne sont qu'en 6ème après tout et Louis a redoublé.

Morgan réservera toutefois une invitation pour l'un d'entre eux.

Un seulement.

Les recalés ne se laisseront pas intimider, ils casseront la tirelire et fomenteront une opération vendetta au laser-game.

Sus à Morgan et sa bande!



L'auteure nous promettra une double intrigue, une autre pour l'aspect détective, tout l'intérêt de la collection " Heure noire".

Il y aura délit au Monstergame.

À qui profitera la vacherie?

Tous les cadeaux de Morgan seront volés et même son ordinateur portable.

Ça sera le jeu de piste au lasergame et on parlera aussi de Paintball et d'Escape Game. Cela devrait plaire.



Nous apprécions la crédibilité des dialogues, on s'y croirait, c'est très agréable pour intégrer facilement le court roman.

Les jeunes lecteurs s'y sentiront comme chez eux, une première sortie entre copains et copines sans les parents. C'est un sentiment particulier et incomparable.

L'intrigue " policière" est évidemment très accessible, rien de machiavélique, juste ce qu'il faut de ruse et de perfidie à hauteur de jeunes ados.

Un bon point donné à l'écriture de l'auteure qui devrait donner envie de lire les autres aventures de la bande.
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