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Citations de Elisabeth Herrmann (86)


Et parce que Judith était la seule chez Dombrowski Facility Management à comprendre les problèmes de réveille-matin. Elle-même en avait quatre, dispersés dans son appartement à des points stratégiques, autrement dit difficiles à atteindre, et programmés de telle sorte qu’ils sonnent l’un après l’autre à une minute d’intervalle. Le dernier se trouvait dans la salle de bains.
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Judith appliqua la crème menthol sous ses narines, tendit la boîte à Kevin, qui la renifla, perplexe, avant de la lui rendre. Il n’avait aucun diplôme, et l’Agence pour l’emploi lui avait dégoté ce job comme stage de la dernière chance. Au lieu de 7 heures comme prévu, il s’était pointé à 8 h 30 en marmonnant une vague excuse autour d’un réveil cassé et des quelques années passées où ce dernier n’avait jamais servi. Si malgré tout ils avaient pu partir ensemble, c’était parce que le médecin avait eu une urgence, ce qui avait retardé l’examen médico-légal et la restitution du corps.
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Judith fit un signe de tête comme on fait rentrer les chiens par temps de pluie. Kevin la suivit au petit trot.
Ils montèrent l’escalier. Le couloir était encombré de poussettes, de chaussures et d’autres bric-à-brac. Chaque étage les éloignait un peu plus du bruit de la rue pour les rapprocher de l’oubli. Tout en haut, il ne restait plus que deux portes, dont l’une était ouverte. Malgré le menthol, Judith sentit l’odeur douceâtre, annonciatrice du parfum lourd de la mort. Six semaines, avait dit l’homme. L’odeur pestilentielle avait fini par alerter les voisins.
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Et la solitude, pensa Judith en pénétrant dans la chambre. Un sobre crucifix en bois était accroché au-dessus du lit. Le deuxième croque-mort était en train de fermer le cercueil en zinc, tâche qu’il exécutait avec le plus grand soin. La cage d’escalier était étroite comme tout le reste. Il faudrait porter le corps à la verticale dans ses tournants. Son collègue revint de sa pause-cigarette. Tous deux se postèrent à côté du cercueil, joignirent les mains et marmonnèrent une petite prière.
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Un couloir étroit au long tapis usé, des papiers peints sans âge, des manteaux d’hiver sur le portemanteau, en plein été. Quatre portes, toutes ouvertes. À gauche, le salon. Première impression : l’exiguïté et la misère. Les deux piliers de l’existence de Gerlinde Wachsmuth.
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Ils avaient terminé leur prière. Judith acquiesça et jeta un œil à sa montre. Qu’il se dépêche de vomir, ils avaient déjà perdu assez de temps. Les bruits qui s’échappaient de la salle de bains ressemblaient davantage à une grosse quinte de toux. Stratégie d’évitement donc, plus que réel malaise. Elle aurait bien voulu renvoyer ce gamin chez lui. C’est aux toilettes que se fait le tri entre le bon grain et l’ivraie.
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Elle commença par inspecter le lit et l’état du matelas. La tête de lit était placée au centre du mur. Les oreillers et la couverture étaient posés sur sa gauche, le cercueil sur sa droite. La seule trace visible de Gerlinde Wachsmuth était l’empreinte de son corps sur le drap. Un petit bout de femme qui s’était couchée pour ne plus se relever. Une mort paisible. Le départ en douceur tant attendu, à pas de velours. Judith pouvait ressentir la sérénité, l’absence de toute peur. Parfois la mort est le seul ami à ne pas vous oublier.
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Judith n’avait pas besoin de regarder sous le lit pour savoir que le liquide qui empestait l’air s’était accumulé à cet endroit. Bien que les croque-morts aient ouvert la fenêtre, et malgré la crème menthol qui lui brûlait la lèvre supérieure, cette odeur lui rentrait par tous les pores.
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Au lieu de répondre, il chancela de nouveau vers la salle de bains et claqua la porte. Judith compta à rebours de dix à un et patienta. Ses étranglements avaient l’air de passer. Elle aurait pu descendre elle-même. Manquerait plus que ça.
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Et tout à coup, elle comprit. Une mâchoire , un crâne. Horrifiée elle retira sa main. Elle cria, jeta la chose loin d'elle. Elle buta sur des branches. Quand sa main s'agrippa au squelette qu'elle avait pris pour des ramilles en décomposition, elle tressauta. De terreur, elle se mit en boule dans le coin opposé et enroula ses bras autour de son corps. Elle resta ainsi, allongée et geignant. La pierre était un crâne, les branches, des os.
Elle n'était pas le première enfermée dans ce trou. Mais elle était la dernière encore vivante.
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« 400 euros par unité d’enseignement. Le mercredi après-midi. »

Je pensais d’abord avoir mal entendu. Je scrutai alors son visage souriant qui m’a apprit trois choses : elle voulait m’acheter. Elle parviendrait à ses fins. Et elle ne plaisantait pas.
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Elle n’avait pas lésiné sur les bijoux pour cette grande occasion. Aux oreilles, des perles noires luxueusement serties, large collier vénitien en or autour du cou, et aux poignets, plusieurs rangées de bracelets tintinnabulants qui auraient causé une tendinite à une femme moins entraînée.
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Autour d’eux, c’est la fin du monde. Les escadrilles de combat volent vers le Nord ; sans doute cette fois pour ravager Moabit et Wedding. Les bombes qui tombent ici ne sont que des signes avant-coureurs, un simple aperçu de ce qui les attend. Là-haut, dans le ciel, le mugissement reprend.
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Elle sait ce que les gens murmurent, elle a l’oreille fine. Ils cachent tous leur peur mais ils sont préoccupés, les Allemands. L’invasion doit être imminente.
Elle ne sait pas vraiment ce que c’est, cette invasion. Peut-être la libération, les représailles qu’on attend depuis si longtemps pour pouvoir punir l’ennemi. La terreur aérienne empire chaque jour. À force de vivre dans le noir, tout le monde devient nerveux. Le petit baisse la voix quand il parle de supériorité aérienne, comme s’il savait qu’il est déjà sacrilège d’y penser. Avec l’invasion, tout va changer. Ce sera comme un orage. Désagréable sur le coup, mais qui purifie l’air.
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— C’est interdit. Je vais te dénoncer.
Elle rit et lui passe la main dans les cheveux. Il y a deux ans, quand elle est arrivée dans cette maison, ces simples mots l’auraient terrifiée. À l’époque, il la regardait à peine ; les seules paroles qu’il lui adressait étaient des ordres. Son père lui manque. Sa mère n’a pas le temps de s’occuper de lui, n’est pas là souvent, ramène parfois des hommes alors, elle, forcément, elle essaie de détourner l’attention du petit.
Il l’a d’abord haïe pour cela, parce qu’elle savait ce que faisait sa mère. Il l’a haïe jusqu’à cette fièvre. Elle ne savait plus comment le soulager.
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Elle s’enroula une écharpe autour du visage. Peut-être pour se dissimuler et tromper son monde. Avec le chien ça ne prenait pas. Il se souvenait de son odeur, il courait souvent à sa rencontre en frétillant de la queue. Mais cette fois, il sentait quelque chose qui le retenait de faire de même. Quelque chose qui, d’un côté, le rendait fou de curiosité et, de l’autre, lui collait une peur bleue. Une odeur qui l’attirait comme un aimant – cette odeur qu’il flairait quand il passait à pas de loup devant les fenêtres du boucher, qu’il flairait quand il trouvait la carcasse déchiquetée d’un oiseau ou les restes écrasés d’un renard sur la départementale déserte. Mais cette silhouette devant lui n’avait pas été abattue, ni chassée ou renversée – elle vivait.
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■ Je repensai à ce qu’avait dit Marie-Luise sur le sourire, sur ce sourire bien particulier que nous finissions tous par désapprendre. On rencontre parfois quelqu’un qui nous réapprend à sourire, mais lorsqu’il s’en va, le sourire part avec lui. Et était-ce cela qui nous manquait alors le plus.
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La deuxième fois qu'elle se réveilla, elle put ouvrir les paupières, mais resta aveugle, l'obscurité était totale, impénétrable.
Elle inspira profondément. Erreur, ca empestait les excréments. Le sol était humide et putride. Peut-être de la terre battue, ou de la boue charriée. Quand elle tenta de se redresser, sa tête heurta le plafond. Un cercueil, pensa t-elle. Elle ouvrit les bras et fut étonnée d'y parvenir. Pas un cercueil donc.
Elle explora le sol du bout des doigts. La puanteur faillit la rendre dingue
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Le village semblait désert. Clôtures affaissées, haies non taillées, entrées embroussaillées. Il y avait eu avant des commerces, longtemps auparavant.
Sur les murs gris, dont le crépi se décollait par plaques entières, s'étalaient de grandes lettres délavées qui autrefois avait formé les mots "boulangerie" et "boucherie". Il y avait même eu une auberge. Sanela déchiffra "Les Tilleuls".
Quelque chose s'était passé à Wendisch Bruch.
Le silence qui recouvrait le village avait quelque chose d'inquiétant.
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C'était un gentil. Il avait besoin d'une femme aux petits soins tandis qu'avec elle, même les cactus mourraient de soif.
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