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Critiques de Elisabetta Bucciarelli (17)
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Corps à l'écart

Une décharge au cœur de la Lombardie. C'est ici qu'ont élu domicile Lira, Iac, Saddam le Boiteux, Argos et Le Vieux. Des rejetés de la société. Des ados en perdition ou en perte de repère et qui ont trouvé pour seul refuge cette décharge. Des adultes accidentés de la vie. Non loin de leur chez eux, leur "zone de vie", les fumées de l'usine d'incinération jettent d'âpres odeurs. D'où ils sont, ils voient chaque jour les allers et venues des camions venus vomir les déchets de la ville. Devenus inutiles ou obsolètes, ils auront une deuxième vie ici. Loin des leurs, ces hommes se sont fabriqués une vie faite d'habitudes mais ô combien précaire. Condamnés au silence sur leur mode et leur lieu de vie. Eux-mêmes évitent de parler de La Chose qui règne en maître sur cette décharge.



Elisabetta Bucciarelli nous livre un roman touchant et amer. Basé sur des faits réels, l'auteur rappelle combien la Lombardie est une région toxique où les déchets de tout genre, même les plus dangereux, sont source de trafic. Dans cette décharge évoluent, dans un climat d'entraide et de sérénité, ces individus marginaux. Autour d'eux gravitent Sylvia, amie de Iac, fille d'un grand chirurgien-plasticien et le pompier qui veut à tout prix leur venir en aide. L'originalité de l'auteur est d'avoir mis en parallèle la décharge et le quotidien du père de la jeune fille, chirurgien peu regardant envers les déchets dont il se débarrasse. La décharge, personnage à part entière qui engloutit et vomit tout, dégage une force incroyable. Dans une ambiance désenchantée, ce roman sombre à l'écriture froide et crue est saisissant de réalisme.



Corps à l'écart... âme à l'écart...
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Corps à l'écart

Une petite communauté de personnages éclectiques vivant dans une gigantesque décharge semble avoir trouvé son équilibre. Même si la vie est loin d’être simple, tout s’organise. Iac, Lira, Saddam, Argos et le Vieux trouvent leur place sur ce monticule de déchets qui devient un personnage à part entière.

Cet équilibre risque de basculer quand sont retrouvés des déchets toxiques. Sans savoir de quoi demain sera fait, les préoccupations quotidiennes des personnages démontrent à chaque instant leur humanité. Gravitent autour de ce petit monde, une jeune adolescente, un pompier bienveillant, mais aussi un chirurgien dont on découvre les magouilles petit à petit. Dans cet univers hostile une vie simple mais essentielle lutte jour après jour. L’écriture d’Elisabetta Bucciarelli, entraînante, incite à s’attacher à ses personnages. Un livre sur un sujet angoissant, certes, mais plein d’espoir cependant.



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Corps à l'écart

Au cœur d’une ville italienne de Lombardie, une immense décharge, un continent d'ordures encerclé de palissades est le cadre de "Corps à l'écart".

Quelques individus habitent ce territoire où sont quotidiennement rejetés les rebuts trop prolifiques d’une société de consommation aux appétits sans limites ; fuyant l’aliénation d’un monde ou d’un entourage devenu insupportable, ils forment «une espèce de micro-communauté adossée à un tas d’ordures d’une taille exceptionnelle». Dans ce qui constitue, paradoxalement, un espace protecteur et libre, une maison, un refuge, ils vivent de la "chasse" aux ordures, ramassant, utilisant ou revendant les déchets et appareils réhabilités sur le marché aux puces.



«La Ville allait pêcher ce qui lui manquait dans sa propre fange, elle prenait conscience de ses besoins en regardant ses déchets et, surtout, cherchait dans ses propres rebuts une nouvelle façon de survivre. Un mélange inattendu de personnes, des vieux, des jeunes, des individus à l’apparence tout à fait normale, se transformaient en fourmis laborieuses, en sourciers à la recherche d’un Eldorado perdu. Et ce lieu d’élimination et de perte semblait l’endroit idéal pour trouver de nouvelles richesses.»



Iac, l’adolescent en rupture avec sa mère, Saddam le refugié turc et guetteur de la décharge du haut d’une ziggourat d’ordures, un géant zimbabwéen que l’on surnomme Argos, et Nero, le chien squelettique, sont les témoins aux premières loges, dangereuses, de l’élimination illégale et très profitable des déchets toxiques, enfouis durant la nuit au cœur de la décharge, la dénonciation d’un trafic qui rappelle le Gomorra de Roberto Saviano.



En 90 courts chapitres, âpres et saisissants, la décharge, ce lieu d’enfouissement, forme une métaphore de la société contemporaine sous l’emprise d’une consommation toujours insatisfaite, monstre à la gueule béante qui abîme le monde, où les individus, risquant s'ils ne s'en défendent de devenir des narcisses creux, enfouissent et rejettent toutes les imperfections.



«C’était le samedi matin sur le marché aux puces, le royaume des remises, réductions et prix cassés depuis des temps immémoriaux […]

C’était des allées et venues permanentes, la population de la Ville déclinée sous toutes ses formes, de la fourrure au manteau usé, du blouson d’hypermarché à la veste Prada. La plus grande variété de mesquinerie et d’avarice urbaines, mêlées à l’impossibilité et à la pauvreté naturelle que l’excès de biens pouvait créer.»
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Corps à l'écart

A l'heure où l'on ne nous parle que de tri et de recyclage, avons-nous vraiment conscience de la masse de déchets que nous produisons ? Avons-nous conscience que ce que nous jetons sans chercher à comprendre pourrait avoir une deuxième, une troisième, voire plus encore d'autres vies ? Réalisons-nous que ce que nous jetons est parfois dangereux et que nous ne nous en débarrasserons pas en déposant un mouchoir dessus et en pensant à autre chose ?

Ce livre ne cherche pas à faire la morale à son lecteur, juste à lui mettre sous le nez ce qu'il n'a pas envie de regarder, à lui de faire avec ensuite. le propos ici sert surtout à nous faire réaliser que notre société marque notre sens moral plus qu'on ne peut le penser. Elle tente de définir la valeur que nous accordons aux choses et surtout aux gens.

On croise dans cette histoire des personnes issues de milieux différents, les choix qu'elles ont fait, la façon dont elles se perçoivent, les ont menées là. Elles sont responsables de leur vie et des décisions qu'elles ont prises. Parfois, elles ont encore le choix.

Au centre du récit il y a Iac, adolescent révolté, parfois exaspérant quand il semble ne pas savoir où il a mal, quand il se montre aussi désabusé à un âge si jeune alors qu'au fond il a juste une certaine difficulté à devenir adulte. Et il y a les autres, ceux que la vie a malmenés ou pas, qui vivent ou gravitent près de la décharge. Tous ont une histoire qui se dévoile petit à petit, de façon pudique.

La décharge aussi est un personnage qui semble parfois terriblement vivant, une chose, une bête non domestiquée qui peut partir en vrilles sans qu'on s'en aperçoive. C'est un monde en perpétuel changement, redessiné par les mouvements des ordures, fréquenté par des gens divers, mais ignorée de la masse populaire. Elle s'étend pourtant à ses pieds, une enclave dans la ville que les habitants font semblant de ne pas voir, n'imaginant pas tout ce qui peut se passer dans cette zone de non-droit. Ils ne savent même pas qu'elle grouille de vie.

En parallèle de ce microcosme, il y a la famille de Silvia, riches et complètement déconnectés… Ces cinglés du bistouri (le père est chirurgien) m'ont semblés extrêmement caricaturaux, mais ont une place dans le récit. Ils apportent une certaine dose de cynisme, même s'il n'en manquait pas, et surtout des corrélations avec la décharge auxquelles on n'aurait pu ne pas s'attendre, ou pas voulu, c'est selon.

Les chapitres sont courts, comme cisaillés dans la masse, il y en a 90 sur environ 200 pages, imaginez… Il n'y avait pourtant pas toujours lieu de faire des coupures alors que l'action continue exactement depuis le même point dans le fragment suivant, mais je ne vais pas me plaindre de ce découpage. Il permet en fait de mieux supporter la lecture qui peut se révéler éprouvante tant elle est désenchantée. Il se dégage de cette façon froide, presque chirurgicale, de dépecer les morceaux de l'histoire, une étrange poésie. C'est indubitablement bien adapté à la fois au contexte et aux événements, en somme le style parfait pour ce roman.

Cette lecture peut se révéler perturbante, choquante, dure à encaisser, mais elle est réaliste et ne tombe jamais dans le misérabilisme. Elle m'a donné à réfléchir et malgré son côté détaché, elle est forte en émotions.

A la fin de l'ouvrage, on trouve une bibliographie assez fournie et des notes de l'auteur sur les faits qui ont inspiré le roman. C'était très intéressant. J'avais entendu parler de ce trafic de déchets dangereux, mais du coup cela devient bien plus clair, mis dans le contexte.

Pour terminer sur une note un peu plus gaie, il y a, comme toujours pour les ouvrages de chez Asphalte, une playlist composée par l'auteur. C'est une attention que j'apprécie toujours autant.

Corps à l'écart est un roman passionnant et je vous le conseille vivement.
Lien : http://livropathe.blogspot.f..
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Corps à l'écart

Très belle fable de la décharge publique comme creuset mythique contemporain.



Publié en 2011, traduit en français en janvier 2014 par Sarah Guilmault chez Asphalte, le sixième roman de la Milanaise Elisabetta Bucciarelli réussit l’un de ces rares miracles d’équilibre entre deux pôles thématiques, grâce à une écriture inventée en profondeur pour l’occasion.



Dans un coin de Lombardie, sans doute dans le triangle industriel Bergamo-Brescia-Piacenza, gît à ciel ouvert une gigantesque décharge, rassemblant en un seul lieu intense, nouvelle terra incognita potentielle d’une société en crise de nerfs permanente, trois réalités contemporaines cherchant toujours et encore l’enfouissement. La décharge y est d’abord le lieu de l’écume épaisse de la consommation tous azimuts et de l’obsolescence programmée. Elle y incarne ensuite le si profitable business de la déchetterie, sous sa forme légale déjà fort rémunératrice comme sous sa forme illégale de l’élimination à bon compte de déchets qui demanderaient « normalement » un onéreux traitement spécifique (et l’on songe au portrait implacable de l’investissement consenti par le grand banditisme dans le domaine, si bien rendu par Roberto Saviano et son étonnant narrateur de « Gomorra » en 2006). Elle y est enfin le refuge de la communauté désemparée et hasardeuse de quelques laissés pour compte, d’origines bien diverses, qui s’y inventent une vie précaire et néanmoins libre, faite de récupération, de bricolage et de revente – les spectres atroces de la vie sans issue du « Rafael, derniers jours » de Gregory McDonald (1991) ne sont pas loin, heureusement ajustés et tempérés par une solidarité quotidienne qui évoque aussi les bidonvilles d’Eric Miles Williamson, et particulièrement de son « Bienvenue à Oakland » (2009).



Sur cette scène qui a tout pour s’affirmer définitivement sinistre et blafarde, mais que pourtant illuminent les ferveurs d’un gamin en rupture de ban, d’un fuyard irakien ou d’un inventif réparateur africain, un incendie criminel servira de révélateur ponctuel à la noirceur qui rôde partout, traquée en l’espèce par un jeune pompier subtil, bienveillant et pudique. Une histoire simple, en 200 pages et 90 brefs fragments jetés à la face de ces « cités mortes » et « paradis infernaux » dépeints et analysés par Mike Davis, mais une histoire transfigurée et rendue puissante par l’invention d’un langage rare, celui de ces humbles jetés ou réfugiés là, à la parole souvent économe et sibylline, à la capacité hors du commun, justement, à « serrer les dents » sur la peine, la douleur et le malheur, à exprimer leur vie en de curieuses paraboles agrégeant légendes urbaines, bribes poétiques spontanées et création de leurs propres mythes quotidiennement salvateurs.



Une magnifique fable, terriblement contemporaine, qui extrait de la bienveillance, de la solidarité et de la poésie du plus improbable et mortifère des matériaux glacés de la modernité.
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Corps à l'écart

Quelque part dans le nord de l’Italie, dans la Ville, se trouve une immense décharge. C’est là que vit une petite communauté. Adolescents en rupture, comme Iac et Lira, immigrés comme Saddam et Argos, vagabonds… tous, dans ce monde à l’intérieur du monde, récupèrent, réparent et revendent ce qu’ils peuvent parmi les déchets qui s’accumulent. L’incendie de déchets toxiques, un jour, remet en cause l’existence et la cohésion du groupe. Parce que les trafiquants ont vu Iac et Lira et n’aiment pas les témoins éventuels, parce que Lorenzo le pompier voudrait sauver Iac, parce que Iac est irrésistiblement attiré par Silvia, la fille d’un chirurgien esthétique, qui passe souvent, de plus en plus souvent, par là.



Sans doute sommes-nous nombreux à avoir encore en tête le chapitre de Gomorra, de Roberto Saviano, consacré aux trafics de déchets toxiques, ou bien la scène tirée de son adaptation cinématographique. Elisabetta Bucciarelli nous y fait entrer de plain-pied, nous immerge littéralement dans cette décharge géante, ce lieu où la société rejette ses déchets, ceux dont elle n’a plus l’utilité, ceux qu’elle ne veut plus voir. Déchets ménagers, déchets toxiques, déchets humains comme cette communauté invisible du monde composée d’exclus qui se disent volontaires mais qui ne le sont sans doute pas autant qu’ils le voudraient ainsi que le montre cette scène poignante où Iac, cherchant refuge chez sa mère, s’aperçoit que sa clé ne fonctionne plus car la serrure a été changée.

Si Elisabetta Bucciarelli a d’évidence voulu mettre sur la table la question du trafic de déchets, comme le confirment sa postface et sa bibliographie finale, elle utilise toutefois surtout la décharge comme une métaphore de la société et du délitement de cette dernière ; l’alternance des chapitres mettant en scène ceux de la décharge d’un côté, présentant le père de Silvia et sa clientèle de l’autre, exprimant clairement la façon dont le fossé entre les plus riches et les plus pauvres est devenu infranchissable.

Lieu de rencontre de ces deux mondes par le biais des ordures qui y arrivent, la décharge est ici le vrai personnage central, doué d’une vie propre, capable de tout digérer mais aussi d’exercer sa vengeance.



Roman dont la profonde âpreté est renforcée par une écriture organique laissant place autant aux sentiments qu’aux sens, Corps à l’écart, comme un conte fétide, jette à la face de son lecteur l’image d’un monde dont la beauté superficielle cache bien mal la putréfaction qui le ronge tout en laissant cependant entrevoir la possibilité, aussi ténue soit-elle, d’un éventuel salut grâce peut-être à l’exceptionnelle capacité de résilience des hommes et de la terre qui les porte.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Corps à l'écart

La vie dans une décharge en Lombardie.

Les gens qui vivent là l'on fait par choix ou plutôt par refus de ce qu'on leur propose ailleurs.

Saddam le Turc répare tout ce que les jeunes trouvent et ensuite revendent sur le marché hebdomadaire de l'occasion (et des objets volés).

Iac fuit l'appartement familial dans lequel il ne fait plus que quelques brèves apparitions pour voir son petit frère.

Argos, Lira, le Vieux, .. le chien Nero vont, viennent sur "la zone de vie" évitent autant que possible "la Putride", cloaque sans nom où un homme peut-être absorbé par les boues mouvantes de nos déchets.

Et Silvia, si différente, si bizarre qui plait tant à Iac, se laisse séduire par les produits de son père, le chirurgien esthétique, oups pardon, "le designer de corps" qui traite les gens, les femmes en l'occurence comme des objets.

Ce roman, découvert par hasard, évoque avec pudeur la vie de ces marginaux que l'on serait tenté de plaindre mais qui ne veulent pas de la vie que la société de consommation propose.

Ils voient tout ce qui arrive à la décharge, voit tous les disfonctionnements, comprennent les petits arrangements et la plupart du temps se taisent.

Un roman au style incisif, efficace...

Challenge MULTI-DEFIS 2021

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Corps à l'écart

Mais quelle drôle d'idée de faire évoluer des personnages au sein même d'une décharge, le monstrueux symbole de notre société de consommation à outrance ! Je devrais dire, quelle chouette idée, car cette décharge est un environnement formidable pour y construire une histoire, comme souvent les lieux étonnants, les époques violentes et chargées. Elisabetta Bucciarelli s'appuie sur des faits avérés, des dépôts sauvages de matières toxiques dans des décharges en Lombardie pour construire le socle de son roman : un intéressant dossier de sept pages en fin de volume relate ces informations. C'est sur cet immense monticule d'immondices que l'auteure place ses personnages, ce point de vue leur donne une dimension totalement unique : ils sont des ramasseurs de déchets, des gens tellement pauvres ou à l'abandon que leur seul moyen de subsistance est de se nourrir, de se vêtir avec les rebuts des gens riches, ceux qui peuvent consommer sans regarder à la dépense et jeter pareillement. La décharge, c'est le symbole de la pourriture, de la lie de la société et l'amoncellement de détritus de tout genre amène à un environnement très glauque. On dit souvent d'un contexte qu'il est un véritable personnage d'un livre ou d'un film, c'est souvent la réalité, c'est parfois un chouïa exagéré, dans ce texte, l'expression n'est pas usurpée la décharge bouillonnant tellement, changeant d'aspect tellement rapidement qu'elle vit réellement, ses habitants craignent d'ailleurs l'un des endroits qui est en mouvement perpétuel et qu'ils pensent habité par "La Chose", une sorte de monstre

Dans la décharge et aux alentours d'icelle vivent des personnages en rupture de liens avec la société : l'adolescent en révolte, Iac ; celui qui peine à trouver sa place, Lira ; Saddam le réfugié ; ... L'auteure s'intéresse peu à leur vie d'avant, elle les décrit sur une période donnée ; on n'en sait pas beaucoup sur eux, mais ce parti pris n'est pas du tout dérangeant, au contraire, il permet d'insister sur les relations entre eux, entre hiérarchie, amitié, idylle naissante (ou tout au moins souhaitée), rivalité amoureuse, liens familiaux distendus, difficiles et néanmoins présents, entraide. Beaucoup d'humanité parmi et entre eux, en opposition avec le monde bourgeois et absolument pas naturel des parents de Silvia, dont le papa est chirurgien esthétique et qui ne parle aux femmes (et aux hommes) que pour leur proposer une intervention bénigne mais inévitable pour rester jeune et désirable. L'opposition entre l'être et l'avoir ou le paraître. D'aucuns reprocheront une certaine facilité à l'auteure dans l'opposition de ces deux mondes, c'est sans doute un peu vrai, mais c'est aussi plus fin que cela : elle n'idéalise pas les rapports entre Iac et ses amis, ils sont difficiles, tendus, de même qu'elle ne dit pas que tout est superficiel dans le monde de Silvia. Et en regardant un peu attentivement le monde qui nous entoure, on peut remarquer aisément que le paraître, les signes de la réussite sociale (ce que l'on nommait jadis les signes extérieurs de richesse) comptent énormément au détriment de la sincérité dans les rapports humains. Pas pour tous, fort heureusement, mais pour certains, c'est ce que montre exactement E. Bucciarelli. En outre, ces stéréotypes servent le discours de l'auteure sur le besoin d'humanité, l'absolue nécessité de nous occuper de notre mode de consommation, de notre mode de vie, de la société que l'on veut pour nous et pour nos enfants. Un livre qui nous oblige à nous poser des questions sur tous ces points oh combien importants voire vitaux. Un roman éminemment écologiste et politique, qui en plus d'être formidable est très facile à lire, construit en petits chapitres de une à deux voire trois pages (89 chapitres pour 200 pages) qui nous permettent de nous balader entre la décharge et les rues adjacentes, entre Iac et Silvia et les autres protagonistes sans jamais perdre le fil.

Un roman découvrir assurément, de même que les éditions Asphalte qui le publient.
Lien : http://lyvres.over-blog.com
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Corps à l'écart

Magnifique roman rythmé par des chapitres très courts, très percutants.



Le personnage principal de cette histoire est sans conteste la décharge, lieu où l'on jette, lieu où l'on est rejetés. Pourtant dans cet endroit, et dans cette Ville, où la violence domine, l'auteur réussit à créer une faille d'humanité à travers la vie de la communauté qui y habite. On est bouleversés par ces personnages alors que tout est absolument glauque dans ce récit. La société leur renvoie à la figure une superficialité, une corruption et une violence incroyables. Entre la mafia qui empoisonne une ville car elle a mis la main sur la gestion des déchets toxiques, la mère de Iac qui n'hésite pas à faire changer les serrures pour que son fils adolescent SDF ne revienne plus à la maison et la haute société qui ne songe qu'à sa propre perfection, il faut au moins ça, pour ne pas sombrer dans le désespoir.
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Corps à l'écart

Quelque part dans le nord de l’Italie, une immense décharge à ciel ouvert et une usine d’incinération sont aux portes d’une ville. Un lieu où des personnes vivent. Quelques adultes mais aussi deux adolescents Iac et Lira Funesta en rupture avec leur famille. Cette poignée d’humains en marge de la société survit grâce à ce qu’ils trouvent dans les sacs poubelles déversés chaque jour. Organisés, ils ont leurs propres règles comme ne pas aller vers le cœur de la décharge la Putride qui ressemble à du magma de couleur opaque. Aussi dangereux et aussi imprévisible.



A côté des camions-poubelles et des pelleteuses, ils récupèrent et trient ce qu’ils ont besoin sans se faire voir. Saddam le Turc aux mains agiles répare ce qui peut l’être encore, Ian et Argos le revendent au marché aux puces le samedi matin. Le Vieux un clochard alcoolisé ne quitte pas son tas de couvertures tandis qu'Argos par sa taille est surnommé le géant. Ian est déscolarisé, il préfère vivre à la décharge qu’avec sa mère et son petit frère Tommi qui lui voue une admiration. Iac parle peu au contraire de Lira Funesta. Et si tous ont un parcours et un passé différent, ils forment une sorte de communauté. Certains savent qu’ils vivent là et leur présence dérange car eux voient ce qui s’y passe réellement. Car outre les déchets ménagers, la décharge accueille illégalement des déchets toxiques, elle est le dernier maillon d’une chaîne de trafic. Et il y a Silvia qui n’appartient pas à leur monde, une adolescente que Iac a remarquée car elle emprunte une rue située pas loin de la décharge. Fille de chirurgien esthétique, son monde à elle est aseptisé et est construit sur l’argent. Quand un incendie se déclare, seul Lorenzo un pompier s’inquiète pour eux.



la suite sur :

http://fibromaman.blogspot.fr/2014/01/elisabetta-bucciarelli-corps-lecart.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
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La resistenza del maschio

La lecture de ce roman est un vrai plaisir car on est tenu en haleine. Déjà le titre nous met l'eau à la bouche ! Après nous entraine à une réflexion sur un nouveau modèle d'Homme ...

Le male du roman (qui seulement une fois est appelé avec son vrai nom M-arco) a une vie de succès : une femme, un travail à l'Université, une maison. Il ne veut pas d'enfants et il ne cherche pas seulement du sexe.

Il cherche dans chaque circostance la mésure et les proportions.

Une nuit il assiste à un accident de voiture: une femme s'écrase contre un poteau. Son image devient une obsession.

En meme temps pendant l'attente prolongée d'une visite chez une salle d'un médecin (qui n'arrive pas) trois femmes parlent des hommes et elles sont sures d'etre aux prises avec un nuoveau male: un homme qui résiste, qui refuse de devenir père (il ne céde pas au désir de sa femme qui par contre veut une maternité).

Au delà de la volonté de chaque personnage quelque chose est en train d'arriver...

E. Bucciarelli agrémente son récit de citations philosophiques, de musique (titres de chansons), des références très intéressants sur l'art. Il vaut le coup de le lire :-)
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Corps à l'écart

Le roman est divisé en 90 courts chapitres qui se déroulent autour d’une décharge où vivent les personnages, à l’exception de ceux dont le lieu de l’action est une clinique de chirurgie esthétique où on ne se débarrasse pas comme il faudrait des déchets humains, la fille du chirurgien étant par ailleurs amie d’un habitant de la décharge.
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Corps à l'écart

En Italie, dans une immense décharge en plein air, une petite communauté vit à l’écart. Le groupe trie et récupère toutes sortes d’objets sans savoir que des produits gravement toxiques sont déversés illégalement. Trafics et corruptions font bon ménage grâce à l’irresponsabilité et à la cupidité de la mafia qui n’hésite pas à utiliser la violence face aux intrus. Ce roman, tiré de faits véridiques, laisse un goût amer. MB
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Corps à l'écart

La guerre est déclarée.



Dans cette immense montagne de détritus de tous ordres, récupérables ou non, survit une petite communauté constituée de gens rejetés de partout, détritus vivants qui luttent encore. Qualifiée de ziggurat cette montagne n'a qu'une vague ressemblance avec les lieux de culte mésopotamiens. Elle évoque aussi, paraît-il, les pyramides à degrés aztèques du Yucatan. Cette comparaison - là lui va mieux : c'est à des sacrifices humains en effet que s'exposent les habitants de la déchetterie. Car la violence règne, agressions de la part des pollueurs à la dioxyde de carbone, ceux qui entassent en douce des bidons de dioxine, ceux qui cachent derrière de sains tourteaux compactés d'autres cubes de déchets toxiques. C'est la guerre inégale, car les habitants de ce lieu de mort et de misère sont attachés à leur lieu de vie. D'ailleurs, où pourraient-ils aller ?



Les visages se croisent sans jamais vraiment se regarder encore moins s'aimer : Iac, ado parti d'un foyer inhospitalier, Lira Funesta le trop bavard, Saddam le Turc qui joue au muezzin du haut de sa ziggurat, le Vieux, clodo crasseux enroulé dans sa couverture. Et Nero, le chien mal en point réchappé par miracle des coups des pollueurs et de l'incendie de la déchetterie.



Et puis ceux qui vivent « ailleurs », Lorenzo le pompier dévoué et responsable, Sylvia, la délicate fille d'un chirurgien plasticien.



Une autre guerre est déclarée : celle du paraître, sus aux bourrelets, au gras, à la graisse saturée, résultante des excès en tous genres d'un monde repu qui élimine ses toxines en une gigantesque montagne organique où viennent se mêler restes de liposuccion et canules, aux immondices rejetés par la Ville. Là on crève d'opulence, ici on crève de manque mais tout se retrouve rassemblé dans le magma bouillonnant, vivant, malfaisant et criminel de la Chose, celle qui avale en un clin d’œil le pollueur clandestin, l'absorbe, l'engloutit, le digère et pousse un ultime hoquet de satisfaction à la fin.



Un livre terrifiant, écrit avec drôlerie, avec cruauté, un livre caustique qui donne à réfléchir et ne concerne pas que la Lombardie. Nous sommes tous des victimes potentielles de « la Chose ».

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Corps à l'écart

Ce roman se déroule en Italie. Il retrace le quotidien de personnes vivant dans une décharge publique, dont deux adolescents. Ils vivent des déchets qu'ils récupèrent, rafistolent et revendent sur les marchés. Cependant, ce lieu n'est pas sans danger. Sans compter que des déchets toxiques vont mettre la vie au sein de la décharge en grand danger.

Ce roman est captivant, puisqu'il décrit l'existence d'une micro société et de son rapport difficile avec le reste du monde. Cependant, j'ai trouvé que le trafic des déchets est décrit trop sommairement, sans aucune précision. Ce passage aurait mérité d'être plus développé étant donné qu'il s'inspire d'une situation réelle : le trafic de déchets en Italie qui a vraiment lieu. On ne l'apprend que par une note explicative à la fin de l'ouvrage. L'auteur insiste trop sur les rapports sociaux, et reste trop vague sur cet élément essentiel. Ou bien il évoque la vie dans la décharge sur un mode essentiellement imaginaire. Dommage, car le sujet ne manquait pas d'originalité. Cependant, l'analyse descriptive et psychologique d'une micro société reste intéressante. Je remercie les Éditions Asphalte pour la découverte de ce roman qui reste original.
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Corps à l'écart

Quelques personnages vivent dans une décharge italienne, à la périphérie d’une ville. On trouve là les déchets de la ville, des déchets domestiques, industriels, médicaux et des produits dangereux.

Une vie s’est organisée dans ce monde des déchets. Un vieil arabe Sadam le Turc, y a installé sa maison faite de bric et de broc, un clochard dort auprès de sa porte, emmitouflé dans des cartons et de vieilles couvertures, un grand noir vient trier et recycle certains objets qu’il vend ensuite sur les marchés des puces de la ville.

Il y a aussi Iac, jeune garçon qui a quitté le domicile familial, il a laissé son jeune frère et sa mère divorcée dans l’immeuble dont les fenêtres donnent sur la décharge. Il ne va plus à l’école mais Lira, un ami d’école aime le rejoindre dans ce monde « fantastique ». Il y a aussi la Belle Silvia, qui est la fille d’un célèbre chirurgien esthétique de la ville.

Un soir, un incendie se déclenche dans la décharge et ce petit monde hétéroclite va devoir s’organiser pour maintenir leur vie précaire mais organisé. Leur vie va être perturbée, pour ces êtres à la marge de la société et qui vivent ou survivent de ces déchets et de leur recyclage.

On s’attache à ces personnages, on sent l’atmosphère de ce lieu où malgré des conditions de vie terrible, il y a beaucoup d’humanité, d’amitié et d’amour entre les gens. On aurait pu se croire dans un pays du tiers monde, eh bien non ce texte décrit un lieu situé en Italie, mais pas la belle Italie historique. Elisabetta Bucciarelli nous parle de nos rapports aux déchets et de la vie à la marge.

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Corps à l'écart

Ce livre n'est pas le type de lecture dont j'ai l'habitude, et c'est donc par curiosité que je l'ai ouvert. Puis je me suis attachée rapidement aux personnages, simples mais dont l'histoire est complexe. On apprend peu à peu comment ils sont arrivés là, dans cette décharge, symbole d'une société et d'un mode de vie qu'ils rejettent. Leurs destins s'entremêlent, la ville et la vie viennent fréquemment s'immiscer dans le cocon qu'ils se sont créés.

Un roman original, révélateur des dérives de notre société de consommation, et qui conduit à se questionner sur nos propres déchets.

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