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Citations de Emile Pouget (28)


Il faut que les capitalistes le sachent : le travailleur ne respectera la machine que le jour où elle sera devenue pour lui une amie qui abrège le travail, au lieu d'être, comme aujourd'hui, l'ennemie, la voleuse de pain, la tueuse de travailleurs.
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Tout se passe comme si la pureté de l'idéal défendait que l'on parle des moyens d'agir contre des infrastructures qui maintiennent bien, quant à elles, une guerre perpétuelle.
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La morale naturelle ou zoologique, écrit Max Nordau, déclarerait que le repos est le mérite suprême, et ne donnerait à l'homme le travail comme désirable et glorieux qu’autant que ce travail est indispensable à son existence matérielle. Mais les exploiteurs n'y trouvent pas leur compte. Leur intérêt, en effet, réclame que la masse travaille plus qu'il n'est nécessaire pour elle, et produise plus que son propre usage ne l'exige. C'est qu’ils veulent précisément s'emparer du surplus de production ; à cet effet, ils ont supprimé la morale naturelle et en ont inventé une autre, qu'ils ont fait établir par leurs philosophes, vanter par leurs prédicateurs, chanter par leurs poètes : morale d'après laquelle l'oisiveté serait la source de tous les vices, et le travail une vertu, la plus belle de toutes les vertus...

Il est inutile d'observer que cette morale est à l'usage exclusif des prolétaires, les riches qui la prônent n'ayant garde de s’y soumettre : l'oisiveté n'est vice que chez les pauvres.
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En 1889, une grève avait éclaté à Glasgow. Les dockers unionistes avaient demandé une augmentation de salaire de 10 centimes par heure. Les employeurs avaient refusé et fait venir à grand frais, pour les remplacer, un nombre considérable de travailleurs agricoles. Les dockers durent s’avouer vaincus, et ils consentirent à travailler aux mêmes prix qu’auparavant, à condition qu’on renverrait les ouvriers agricoles.

Au moment où ils allaient reprendre le travail, leur secrétaire général les rassembla et leur dit : "Vous allez revenir travailler aujourd’hui aux anciens prix. Les employeurs ont dit et répété qu’ils étaient enchantés des services des ouvriers agricoles qui nous ont remplacés pendant quelques semaines. Nous, nous les avons vus ; nous avons vu qu’ils ne savaient même pas marcher sur un navire, qu’ils laissaient choir la moitié des marchandises qu’ils portaient, bref que deux d'entre eux ne parvenaient pas à faire l'ouvrage d'un de nous. Cependant, les employeurs se déclarent enchantés du travail de ces gens-là ; il n’y a donc qu’à leur en fournir du pareil et à pratiquer le "Ca’Canny". Travaillez comme travaillaient les ouvriers agricoles. Seulement, il leur arrivait quelquefois de se laisser tomber à l'eau ; il est inutile que vous en fassiez autant."

Cette consigne fut exécutée et pendant deux ou trois jours les dockers appliquèrent la politique du "Ca’Canny". Au bout de ce temps les employeurs firent venir le secrétaire général et lui dirent de demander aux hommes de travailler comme auparavant, moyennant quoi ils accordaient les 10 centimes d'augmentation....
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Il n'y aura, en effet, intégralité d'émancipation que si disparaissent les exploiteurs et les dirigeants et si table rase est faite de toutes les institutions capitalistes et étatistes. Une telle besogne ne peut être menée à bien pacifiquement, et encore moins légalement ! L'histoire nous apprend que jamais les privilégiés n’ont sacrifié leurs privilèges sans y être contraints et forcés par leurs victimes révoltées. Il est improbable que la bourgeoisie ait une exceptionnelle grandeur d’âme et abdique de bon gré… Il sera nécessaire de recourir à la force, qui, comme l'a dit Karl Marx, est “l’accoucheuse des sociétés“. 
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L'obstructionnisme est un procédé de sabotage à rebours qui consiste à appliquer avec un soin méticuleux les règlements, à faire la besogne dont chacun a charge avec une sage lenteur et un soin exagéré. Cette méthode est surtout usitée dans les pays germaniques et une des premières et importantes applications en a été faite en 1905, en Italie, par les travailleurs des chemins de fer. Il est inutile d'insister pour démontrer qu'en ce qui concerne spécialement l'exploitation des voies ferrées, les circulaires et les règlements chevauchent les uns sur les autres ; il n'est pas difficile non plus de concevoir combien leur scrupuleuse et stricte application peut apporter de désarroi dans le service.
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CRITIQUE PARUE LE 4 10 2010 DANS Alternative Libertaire :

Voici une réédition qui souffle comme un vent frais sur l'actualité . Le recueil " L'action directe " d'Emile Pouget réunit divers textes de ce syndicaliste numéro deux de la CGT à ses premiers pas . Et la préface de Miguel Chueca rappelle que syndicalisme et révolution sont indissociablement liés .
E . Pouget créateur du " Père Peinard " n'aurait sans doute pas de mots assez durs pour qualifier le paysage syndical actuel .

Le texte , dans un beau style XIX ° siècle , combatif et profondément pédagogique , n'a pas pris une ride . En termes simples mais vifs et souvent drôles , c'est aux militants qu'il s'adresse . Réexpliquant au passage les grandes notions marxistes ( lutte des classes et formes du capitalisme ) , il en parvient d'autant mieux à la justesse de la révolte , et à la nécessité de son organisation par le syndicalisme . Il développe avec limpidité l'autonomie de la lutte syndicale par rapport aux logiques de partis .
Le recueil et sa préface , étayés par un solide appareil critique , sont toujours passionnants , nous faisant partager l'intimité de toute une époque , de ses militants , de ses traîtres et de ses héros .
A lire en contre-point de nos pages d'histoire .
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Le mot " sabotage " n'était , il y a encore une quinzaine d'années ( avant 1900 ) , qu'un terme argotique , signifiant non l'acte de fabriquer des sabots , mais celui , imagé et expressif , de travail exécuté " comme à coups de sabots " .

Depuis , il s'est métamorphosé en une formule de combat social et c'est au congrès confédéral de Toulouse , en 1897 , qu'il a reçu le baptême syndical .

Le nouveau venu ne fut pas , dès l'abord , accueilli par tous , dans les milieux ouvriers , avec un chaleureux enthousiasme . Certains le virent d'assez mauvais œil , lui reprochant ses origines roturières , anarchiques et aussi son .....immoralité .

Malgré cette suspicion , qui ressemblait presque à de l'hostilité , le sabotage a fait son chemin ...... dans tous les mondes .

Il a désormais les sympathies ouvrières . Et ce n'est pas tout . Il a conquis droit de cité au Larousse , et nul doute que l'Académie ( à moins qu'elle n'ait été sabotée elle-même avant d'être parvenue à la lettre S de son dictionnaire ) ne se résolve à tirer au mot " sabotage " sa plus cérémonieuse révérence et à lui ouvrir les pages de son officiel recueil .
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"… à cet effet, ils [Les exploiteurs] ont supprimé la morale naturelle et en ont inventé une autre, qu'ils ont fait établir par leurs philosophes, vanter par leurs prédicateurs, chanter par leurs poètes : morale d'après laquelle l'oisiveté serait source de tous les vices, et le travail une vertu, la plus belle de toutes les vertus."
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Emile Pouget
La minorité consciente agira sans tenir compte de la masse des inconscients que l'esprit de révolte n'a pas encore vivifiés, que l'on peut considérer comme des zéros humains, n'ayant que la valeur numérique d'un zéro ajouté à un nombre, s'il est placé à sa droite.
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Cet asservissement capitaliste du prolétaire qui, en échange de sa force de travail, reçoit un salaire notablement inférieur à la valeur du travail produit par lui, salarié, la bourgeoisie le proclame comme phénomène naturel. Elle va même jusqu'à affirmer le salariat immuable, sans être autrement troublée dans ses affirmations par la successive disparition de l'esclavage et du servage qui devrait la mettre en garde contre l'absurdité de prétendre que la propriété (dans la forme qu'elle le détient) fasse seule exception aux lois de la vie, qui sont mouvement et transformation. Cependant, tout en affirmant que les salariés, en tant que classe, sont voués à l'exploitation éternelle, elle trouve habille de les leurrer de la chimère d'une émancipation individuelle en faisant luire aux yeux de ses victimes la possibilité de s’évader du salariat et de prendre rang dans la classe capitaliste. 
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Sous les déclamations démocratiques, sous le verbe menteur de l’égalité, le plus superficiel examen décèle les divergences profondes qui séparent bourgeois et prolétaires : les conditions sociales, les modes de vivre, les habitudes de penser, les aspirations, l'idéal… tout ! Tout diffère !
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Barbarie française
[Le Père peinard, n°45, 12 janvier 1890]


Y a des types qui sont fiers d’être français. C’est pas moi, nom de Dieu ! Quand je vois les crimes que nous, le populo de France, nous laissons commettre par la sale bande de capitalistes et de gouvernants qui nous grugent — eh bien, là franchement, ça me coupe tout orgueil !

Au Tonkin par exemple, dans ce bondieu de pays qu’on fume avec les carcasses de nos pauvres troubades, il se passe des atrocités.

Chacun sait que les Français sont allés là-bas pour civiliser les Tonkinois : les pauvres types se seraient bougrement bien passés de notre visite ! En réalité, on y est allé histoire de permettre à quelques gros bandits de la finance de barboter des millions, et à Constans de chiper la ceinture du roi Norodom.

Ah nom de dieu, il est chouette le système qu’emploient les Français pour civiliser des peuples qui ne nous ont jamais cherché des poux dans la tête !

Primo, on pille et chaparde le plus possible ; deuxiémo, on fout le feu un peu partout ; troisiémo, on se paie de force, pas mal de gonzesses tonkinoises — toujours histoire de civiliser ce populo barbare, qui en bien des points pourrait nous en remontrer.

Ca c’était dans les premiers temps, quand on venait d’envahir le pays ; c’est changé maintenant, mille bombes, tout est pacifié et les Français se montrent doux comme des chiens enragés.

Pour preuve, que je vous raconte l’exécution du Doi Van, un chef de pirates, qui avait fait sa soumission à la France, puis avait repris les armes contre sa patrie, à la tête de troupes rebelles.

Pas besoin de vous expliquer ce baragouin, vous avez compris, pas les aminches ? Les pirates, les rebelles, c’est des bons bougres qui ne veulent pas que les Français viennent dans leur pays s’installer comme des crapules ; c’est pas eux qui ont commencé les méchancetés, ils ne font que rendre les coups qu’on leur a foutus.

Donc, Doi Van a été repincé et on a décidé illico de lui couper le cou. Seulement au lieu de faire ça d’un coup, les rosses de chefs ont fait traîner les choses en longueur. Nom de dieu, c’était horrible ! Ils ont joué avec Doi Van comme une chat avec une souris.

Une fois condamné à mort, on lui fout le carcan au cou, puis on l’enferme dans une grande cage en bois, où il ne pouvait se remuer. Sur la cage on colle comme inscription : Vuon-Vang-Yan, traître et parjure. Après quoi, huit soldats prennent la cage et la baladent dans les rues d’Hanoï. A l’endroit le plus en vue on avait construit une plate-forme ; c’est là qu’on a coupé le cou à Doi Van avec un sabre — après avoir fait toutes sortes de simagrées dégoûtantes.

L’aide du bourreau tire Doi Van par les cheveux, le sabre tombe comme un éclair, la tête lui reste entre les mains, il la montre à la foule et la fait rouler par terre. On la ramasse car elle doit être exposée au bout d’un piquet, afin de servir d’exemple aux rebelles.

Ah, nom de dieu, c’est du propre ! Sales républicains de pacotille, infâmes richards, journaleux putassiers, vous tous qui rongez le populo plus que la vermine et l’abrutissez avec vos mensonges, venez donc encore nous débiter vos ritournelles sur votre esprit d’humanité ?

Vous avez organisé bougrement de fêtes pour le centenaire de 89 — la plus chouette, celle qui caractérise le mieux votre crapulerie, c’est l’exécution du Doi Van. C’est pas sur un piquet, au fin fond de l’Asie, dans un village tonkinois, qu’elle aurait dû être plantée, cette tête.

Foutre non ! Mais c’est bien au bout de la tour Eiffel, afin que dominant vos crimes de 300 mètres, elle dise, cette caboche, au monde entier, que sous votre républicanisme, il n’y a que de la barbarie salement badigeonnée.

Qui êtes-vous, d’où venez-vous, sales bonhommes, vous n’êtes pas nés d’hier ? Je vous ai vus, il y a dix-huit ans, votre gueule n’a pas changé : vous êtes restés Versaillais ! La férocité de chats tigres que vous avez foutue à martyriser les Communeux, vous l’employez maintenant à faire des mistoufles aux Tonkinois.

Que venez-vous nous seriner sur les Prussiens, les pendules chapardées, les villages brûlés ? (...) Ils n’ont pas commis, nom de dieu, la centième partie de vos atrocités, Versaillais de malheur !

Ah, vous n’avez pas changé ? Nous non plus : Versaillais vous êtes, Communeux nous restons !
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Seulement, la plus dangereuse des illusions serait de limiter l'action syndicale à l'obtention de ces améliorations parcellaires ; ce serait s'enliser dans un réformisme morbide.
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Par conséquent, ce qui spécifie le caractère révolutionnaire du Parti du travail, c'est que, sans jamais négliger de batailler pour l'obtention d'une amélioration de détail, il poursuit la transformation de la société capitaliste en une société harmonique.
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Il ne faut pas oublier, en effet, que, dans la plupart des circonstances, l'acte en soi n'a aucun caractère défini ; celui-ci ne lui est donné que par l'analyse des mobiles qui l'ont incité.
C'est pourquoi les mêmes actes peuvent, selon les cas, être déclarés bons ou mauvais, justes ou injustes, révolutionnaires ou réformistes.
Exemple : tuer un homme au coin d'un boulevard est un crime ; en tuer par l'opération de la guillotine est, au point de vue bourgeois, un acte de justice ; tuer un despote est un acte glorifié par certains, honni par d'autres… Et cependant, en fait, ces divers actes sont identiques : suppression d'une vie humaine !
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Pourquoi les flagrantes et révoltantes inégalités ? Pourquoi des miséreux manquent-ils de la pitance quotidienne, alors que certains ne savent comment gaspiller leur superflu ? Pourquoi des hommes, pour un travail infernal, ne reçoivent-ils qu'un salaire insuffisant alors que des parasites regorgent de bien être et de luxe ? Pourquoi cela ?
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Il s'avère combien est illusoire le leurre d'émancipation individuelle que préconise la bourgeoisie ; des divers modes d'évasion personnelle du salariat qui s'offrent en hypothèses, aucun n'est susceptible de généralisation et, par conséquent, ne peut être accepté par l'ensemble des travailleurs comme un remède à leur triste sort, puisque aucun n'est apte à assurer, pour tous, une vie libre et aisée.
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Certes, il arrive que des prolétaires émergent de leur classe ; grâce à des circonstances exceptionnellement favorables, des individualités puissantes, sans scrupules sur le choix des procédés, parviennent à se faufiler dans la bourgeoisie. Il en est même qui, d'ouvriers à leur origine, sont devenus des rois de l'or.
Ces parvenus, la bourgeoisie les a faits siens. Elle les accueille avec d'autant plus de plaisir que, en lui infusant un sang nouveau, ils consolident ses privilèges ; d'autre part, elle les exhibe, en guise d'arguments péremptoires pour démontrer qu'il est facile aux ouvriers "économes" de s'embourgeoiser.
Il serait naïf, aux travailleurs, de se laisser affrioler par cette amorce et de satisfaire à l'espoir de pareilles chances. Ce serait se bercer de la même chanson que les bergères de la légende rêvant qu'un prince charmant allait venir les demander en mariage.
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Or, lorsqu'un ouvrier offre ses bras à un patron les deux "contractants" sont loin d'être sur le pied d'égalité. L'ouvrier obsédé par l'urgence d'assurer son lendemain -- si même il n'est pas tenaillé par la faim -- n'a pas la sereine liberté d'action dont jouit son embaucheur.
En outre, le bénéfice qu'il retire de son louage de travail n'est que momentané, car s'il y trouve la vie immédiate, il n'est pas rare que le risque de la besogne à laquelle il est astreint ne mette sa santé, son avenir en péril.
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