Emine Sevgi Özdamar

Emprunter de l'argent aux riches, c'est comme essayer de vendre un miroir à un aveugle.

Quand on crache à la figure d'un homme sans vergogne, il dit : "Oh, encore la pluie."

L'argent des riches fatigue la langue des pauvres.

Qu'est-ce que l'homme possède ?
Sa chair, on ne peut pas la manger
Sa peau, on ne peut pas s'en vêtir
Il n'a rien qu'une bonne langue.

Ce monde ne restera à personne, regarde mes dents, avec ce qu'elles ont mangé et broyé dans cette vie aveugle, elles ne sont devenues ni d'or ni d'argent.

La pudeur m'empêche de vous dire ma situation.
Ne m'attriste pas, assez assez, aie pitié.
Ne suis-je pas déjà une ruine dans ta main.

(…) le loup entre quand il trouve la porte ouverte, (…).

(…) elles ne s'étaient jamais mariées et étaient encore vierges. Quand elles étaient debout l'une à côté de l'autre sur le sol de marbre, on voyait d'abord leurs visages, ils étaient comme du cuir vieilli, non par la neige, la pluie et le soleil, mais par l'attente.

Quand on dormait, on fermait le cahier de sa vie en disant bismillâhirrahmanirrahim et le matin les cahiers s'ouvraient avec bismillâhirrahmanirrahim, d'un bismillâhirrahmanirrahim à l'autre, nous faisions du soleil la lune, et de la lune le soleil.

Les poètes sont des gens que le feu de ce monde menteur consume plus que les autres.

Un Américain, c'est quelqu'un qui n'a pas besoin de manger, chez eux, la nourriture, ce sont des comprimés, les Américains avalent un comprimé pour le déjeuner, le soir ils avalent un autre, et c'est le dîner.

Un gosier a quarante étages. Quand on veut dire quelque chose, il faut d'abord avaler quarante fois sa salive, ensuite on parle, mais bien des gens parlent sans avaler leur salive, alors au milieu il y a une poignée de merde.

Eine Sprache ist ein Mensch, zwei Sprachen sind zwei Menschen. (p.173 - Kiwi)

In meiner Sprache heißt Zunge : Sprache. (p.7 - Rotbuch)