Citations de Emmanuel Pernoud (17)
Lorsque vous vous trouvez au bord de la Loire, le même paysage se trouve coloré sur les heures de la journée de manière totalement différente. Si vous venez le matin, tout est dans les bleus foncés, et quand le soleil se couche tout devient rose. Au fond, mes lithographies possèdent de la même manière : les formes y sont des possibilités de paysages. On peut très bien imaginer la douceur rose ou, au contraire, la violence des ombres alors que rien n'a bougé. Cela parait bizarre mais ce sont des choses de la nature
Ce n'est pas en se contentant de regarder la nature que le peintre trouve le signe de l'arbre, du jardin ou du fleuve, c'est en s'imprégnant d'eux puis, imprégné de cette extériorité, en rentrant en soi, que le signe peut surgir
On ne part pas de la réalité pour aller à l'abstraction mais c'est l'abstraction qui devient la réalité.
Olivier Debré n'est pas venu à l'abstraction par l'abstraction. Alors même qu'il réalise ses toutes premières toiles abstraites (hiver 1942-43) ses références picturales vont à la figuration :
j'étudiais les œuvres classiques au Louvre. Je savais que Mondrian existait, Kandisnky aussi (...) Je pensais à ce moment là qu'ils étaient dans la bonne direction, celle de la recherche abstraite, mais qu'ils n'étaient pas suffisamment "peintres". Je trouvais que par rapport aux impressionnistes, ou à Courbet, Rembrandt ou Vélasquez, la façon dont Mondrian peignait n'était pas suffisamment sensuelle, émotive était trop théorique
Il n'en revint pas de la puissance de la peinture à enfermer ce qu'elle fait jaillir, à immobiliser ce qu'elle rend vivant.
le prête sermonnait, l'assemblée récitait et lui ne quittait pas de ses yeux le tableau. Il ne s'en détachait pas, il finissait par habiter en lui.
L'importance c'était que la peinture, que pour une raison qu'il ne cherchait pas à s'expliquer, il ressentait comme un corps vivant et qui n'avait pas besoin de s'animer pour l'être, qui vivait dans l'absolue immobilité et dans le confinement, comme lui dans son fauteuil.
De Vuillard il avait appris l'art de déjouer le quotidien sans quitter sa chaise ou son fauteuil, de s'en rendre libre en le libérant de sa pesante et routinière identité.
Comme d'habitude la lecture de son journal l'avait déprimé, mais le déprimait surtout son besoin de le lire ce qu'il savait déprimant.
le sanglier de Corot, lui, ne s'exhibait pas: son apparence était brouillée, confuse, incertaine, elle déroutait, et ce que l'on trouvait, en fouillant dans cette masse ébouriffée, c'étaient deux billes noires qui vous regardaient derrière les poils.
le rouge était viril. Dans son ardeur transparaissait une sorte de maturité mâle.
les artistes et les critiques d'art s'étaient progressivement convaincus que les couleurs parlaient directement aux émotions: du romantisme à l'art abstrait, le thème avait prospéré dans les écrits sur l'art pour finir en axiomes au temps des avants gardes.
La seule vision de sa rougeur, déjà commençait découpla son empourprement. se voir rouge le faisait rougir, mais le voir de ses yeux portait ce rougissement à son comble.
Il attendait; attendre allongeait le temps, transformait les secondes en minutes.
le jardin public est une école de collectivité sans promiscuité.
L'attente est une posture mentale et perceptive qui se tient à la croisée d'un dedans et d'un dehors, avec la figure type du personnage à la fenêtre. Elle interroge le rapport entre deux espaces de la représentation qui constituent des catégories éminentes et apparemment bien distinctes dans l'œuvre de Hopper, le paysage urbain et la scène d'intérieur.
On ne peut pas vivre dans un ménage trop bien fait, un ménage de tantes de province, alors on part dans la brousse.
Matisse à propos du fauvisme