On lit parfois qu’une taxe carbone permettrait de financer en partie les dépenses de santé ou la politique familiale, mais c’est une erreur. Il est, bien entendu, nécessaire de taxer le carbone pour lutter contre le changement climatique. La taxe carbone n’a cependant pas vocation à faire rentrer de l’argent à moyen terme, mais à éradiquer les émissions de gaz à effet de serre. Au final, une taxe carbone efficace ne devrait rien rapporter du tout.
Prenons encore le cas du financement de la santé. Aux Etats-Unis, les deux tentatives les plus poussées pour créer un système d'assurance maladie universelle (la proposition de loi portée par Bill et Hillary Clinton en 1993 et le projet de l'Etat du Vermont en 2014) se sont soldées par des échecs, non pas faute de bénéficier d'un large soutien, mais essentiellement en raison de l'absence de solutions de financement acceptables et équitables. Voici ce qui arrive quand l'on se convainc que seule compte la dépense et non la manière dont les fonds seront prélevés: bien souvent, de dépense il n'y a point.
Les avocats fiscalistes américains ont coutume de dire que les pauvres fraudent, alors que les riches optimisent.
Toute démocratie se doit de débattre, en permanence, du poids souhaitable de la dépense publique et du degré idéal de progressivité de l’impôt.