Le sexe m'a permis de vivre. Le sexe a été ma bouée me permettant de ne pas couler même si j'ai connu les abysses dans ce domaine. Le sexe a été la lumière d'un phare à laquelle me référer quand, en pleine nuit, je sombrais dans la marée noire du désespoir. Le sexe a été un allié fidèle dont la présence indéfectible m'apportait systématiquement ce que j'attendais. Le sexe, lui, ne m'a jamais abandonnée ou trahie.
Je préfère pour échapper à la panique
Rester en ma tanière rassurante.
Les sorties devenues traumatiques
Ne sont plus vraiment rassurantes.
Et si vous avez du mal à comprendre
Ma terreur de perdre le contrôle,
Imaginez-vous ce que cela engendre
La main glacée de la mort qui vous frôle.
La crise - page 36
En toute conscience et malgré notre morale parfois écrasante, nous avions choisi de rester
Sais-tu ce que j'ai vu, un soir,
Dans la nuit de ma chambre d'enfant ?
Les ailes déployées d'un aigle noir,
Je t'assure, il faut me croire maman !
Papa n'est jamais revenu, enfin pas sous la forme que j'aurais souhaitée dans mon désir d'enfant. Pourtant je lui ai laissé maintes fois la possibilités de faire. J'ai creusé et planté dans les sillons de ma vie des graines de douleur, dans l'espoir de faire germer des signaux de détresse censés être perceptibles, même de loin.
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Tu me disais que tes mains détenaient le pouvoir de s'assurer que mon corps était en bonne santé. " Tu n'as pas l'air bien ma chérie, laisse-moi faire, je dois vérifier que tu n'es pas malade, c'est important". Le grand malade en vérité, celui qui avait besoin d'être soigné, c'était pourtant toi, papa.
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Pansez ces pensées peu nuancées
Censées ne pas m'influencer
Vous comprendrez désormais
Que notre corps est porteur d'histoire
Et même si certains sont moins armés
Toute cicatrice refermée est une victoire.
Le sexe était devenu ma drogue, mon héroïne ! Je pouvais même dire sans prétention que j'étais devenue " l'héroïne du sexe".
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À la lecture de mes mots, il se peut que l'image que vous vous fassiez de moi soit celle d'une putain. Sachez que deux aspects essentiels différenciaient mon mode de fonctionnement de celui d'une catin. Le premier était que le sexe n'avait jamais été pour moi qu'une quête effrénée d'un plaisir extatique et récréatif ; non un travail. De fait, je ne vivais pas du sexe mais pour le sexe ; la nuance est de taille puisqu'elle procède d'une antinomie capitale.