La poésie dans tous ses états d’âme. Sublime, délicat et tourmenté voyage au cœur de la psyché grâce aux poèmes de l’épatante Emmanuelle Drouet psychologue clinicienne qui nous livre un touchant et audacieux recueil alliant habilement psychologie et poésie. Cette fine observatrice, bienveillante et manifestement très à l’écoute de ses patients se fait ici dépositaire de leur mal-être mais aussi de leurs désirs et espoirs. Avec ses jolis vers, jamais lourds ni creux, elle se met dans leur peau explore leurs travers et livre leurs états d’âme sens dessus dessous en même temps qu’elle confie ses propres fragilités qui font écho aux nôtres. Dans ces carnets de l’Intime, avec pertinence, empathie et parfois humour beaucoup de désordres passent au filtre poétique et livre autant de poèmes que de troubles : anxiété, dépression, dérégulation de l’humeur, phobies, addictions, burn-out, jalousie, mais aussi complexité des liens familiaux, du couple, hypersensibilité, maladie d’un proche, bipolarité, mère destructrice malgré elle...nombre de dysfonctionnements amenant réflexion. Dans ces poèmes exutoires elle aborde la souffrance psychique et ses conséquences affectives, sociales et physiques avec lyrisme mettant au passage un peu d’harmonie dans la dysharmonie, de lumière sur la noirceur. Son esprit vif et percutant ses mots justes et sa grande connaissance du comportement humain donne sens à chaque dérive sans juger. La plume qui porte ces différentes voix est parfois douce et mélancolique avec un rythme ralenti parfois enflammée et tout s’accélère alors. La détresse est transcendée par le jeu des rimes, les métaphores et les sensations qui en découlent. Mieux identifier et ressentir pour mieux comprendre l’autre dans ses bizarreries et se reconnaître, peut-être. Une captivante fugue vers les tréfonds de l’âme, du Eux à Soi, du Je au Nous. Un très beau et intéressant moment de lecture, vraiment.
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La poésie a ce charme particulier qu’elle peut toucher l’une ou l’autre personne non pas pour ce qu’elle dit, mais pour ce qu’elle évoque en nous. Certains écrits des plus grands auteurs peuvent nous paraitre fades, et d’autres éveiller en nous une envie d’aller plus loin. A chaque recueil de poésie que je partage, je reste ouverte sur les possibles : un recueil se savoure, se pose, se découvre, on plonge ou on refait surface, on stagne ou on avance. La mouvance particulière de la poésie, qu'elle soit moderne ou ancienne.
Dans ce recueil, Emmanuelle DROUET, psychologue de formation, évoque des éléments de vie, des événements, des pathologies et les met en mots. Mettre des mots sur des maux est parfois difficile, et pouvoir se reconnaitre dans les mots des autres nous permet aussi de nous détacher, de nous approprier, voire de comprendre une émotion qui nous étrille. Elle écrit avec simplicité, et j’ai apprécié ce côté très terre-à-terre : il est inutile de trop édulcorer les choses, certaines douleurs n’en ont pas besoin.
Un côté ludique ? Oui, et l'auteur arrive à nous emmener avec elle dans ce recueil. Loin du jeu, c'est bien plus une immersion pour le lecteur. A la fin de chaque poème, il est inscrit ce à quoi il fait référence : la dépression, le burn-out, et d’autres maux. En m’appropriant les poèmes, je ne leur donnais pas la signification première que l’auteure leur a donné. Ils m’ont parlé et ont fait écho à des événements de ma vie. Certains m’ont bouleversés, car en deux ou trois vers, Emmanuelle DROUET pointe avec justesse la difficulté de dire, la difficulté de voir, la difficulté même d’entendre. Notre vie, LA vie en générale, est un chemin sinueux, avec des obstacles. Ces derniers nous sont tous personnels, parfois certains obstacles sont plus nombreux chez certains, moindre pour d’autres. Mais c’est cela la vie.
J’ai eu besoin de poser le recueil, d’y revenir, de relier encore et encore des strophes qui résonnaient en moi. C’est une lecture aussi émotive dans tous les sens, car certains sujets ne me concernant pas, je les ai simplement survolés : ils n’ont rien éveillés en moi. Mais pour un autre lecteur, l’émotion sera peut être au rendez-vous. C’est ce que j’aime dans la poésie : elle permet une diversité émotionnelle qui est propre à chacun.
En bref : Upsylon est un aller-retour émotionnel, traitant des souffrances psychologiques et humaines. Un pied dans la compréhension de ce qu’elles sont, mais un miroir à nos émotions.
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De ses couleurs et de ses mots, Emmanuelle Drouet peint ici un très joli recueil psycho-poétique.
Psychologue, l’auteure nous invite chaleureusement à découvrir ce qui se passe derrière sa porte. En huit parties très judicieuses, c’est en poésie que l’on découvre les confessions de ses patients.
Alors en toute intimité, on s’assoit à ses côtés et on écoute d’une oreille attentive.
Les mots, trop souvent enfouis, se libèrent enfin ! La poésie accompagne en douceur cette délivrance des maux.
La plume, très contemporaine, dévoile subtilement, peurs, angoisses, traumatismes et troubles psychiatriques. Le lecteur, de simple spectateur devient acteur : en véritable enquêteur des émotions, il est amené à percevoir, à découvrir, à nommer les souffrances cachée du poème. En bas de page à l’envers, la réponse apparaît.
J’ai beaucoup aimé cette immersion poétique dans le monde de la psychologie.
La construction du recueil, en plusieurs parties bien distinctes, donne un fil conducteur pour distinguer clairement les différentes souffrances.
Je me suis également prêtée avec plaisir au jeu, revêtant moi-même le costume de la psychologue. Découvrant par la même occasion mes propres failles ! Éh oui à coup sûr je les devinais aisément dès les premiers vers.
Quant à la plume, elle m’a charmée. J’ai perçu derrière ces bien jolis vers, toute la bienveillance de l’auteure. Touchée aussi par ses confessions en première partie. Confessions des peurs et angoisses liés au métier de psychologue.
Résolument moderne et original, ce recueil psycho-poétique est à découvrir sans attendre !
Alors ami(e)s lecteurs(trices), l’expérience vous tente ?!
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Je ne pensais pas en ouvrant ce livre, qu’il allait avoir autant de résonance en moi et que j’allais vivre cette histoire.
Pourtant, quelques autrices avaient déjà traité ce sujet encore très tabou aujourd’hui, sur l‘inceste, sur la déstructuration des êtres et sur leur difficile reconstruction.
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« Désabîmez-moi » n’est pas un roman comme les autres. Il est à la fois un chuchotis, un murmure, une confidence, une prière et un énorme cri libérateur de femme. Il est un témoignage profond, il est une fiction ou bien les deux. Il est ce que la vie a de plus ignoble à offrir à un enfant.
Et c’est avec ce tout, si puissant, que je me suis laissé complètement envahir par mes émotions, par cette histoire terrible, secrète, inavouable, cruelle, déstabilisante parfois.
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Et c’est « à fleur de peau » que j’ai suivi frissonnant, l’histoire d’Emmanuelle, cette petite fille que son papa a plongée très vite et beaucoup trop tôt dans la souffrance, dans la douleur de la solitude, dans ce qu’elle croit être une punition, dans l’incompréhension et surtout dans sa culpabilité de petite fille.
Comme j’aurais voulu l’éloigner des infamies, des souillures, des vomissures. Comme j’aurais voulu la protéger de ce genre dans lequel je ne me reconnais pas et refuse de me reconnaître.
Comment se reconstruire ? Comment se restructurer ? Comment se « désabîmer » après avoir vécu l’immonde, le deuil, l’absence, le manque d’amour paternel, le silence et la perte de son innocence ?
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J’ai aussi accompagné le cœur serré ou plutôt j’ai assisté impuissant, à la descente en enfer d’Emmanuelle. Celle qui deviendra cette jeune fille confrontée à sa douloureuse addiction sexuelle.
Et là chapeau bas ! Car l’auteure a su expliquer, avec grand talent, avec beaucoup de justesse et sans pathos, tous les traumas et toutes les angoisses qui conduisent inéluctablement à ce sérieux trouble de la sexualité et à cette dépendance destructrice.
Emmanuelle Drouet nous a aussi éclairé avec des mots simples, pudiques et d’une grande efficacité, sur ce que fut « le sexe en surdose » pour une jeune fille de dix-neuf ans, dans une totale soumission, cherchant à combler le vide abyssal qui était creusé en elle.
Il faut tout de même, être dans une totale et immense détresse que d’accepter de se faire traiter de « salope » par la société entière, de peur qu’elle vous confine à une « Rien du tout ».
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Patrick Louis Richard écrivait : « Personne ne sait rebondir entre deux eaux, il faut toucher le fond pour cela. ».
Cette phrase résume bien la fin de ce roman. Qu’il existe toujours quelque part quelqu’un, auréolé de lumière, qui vous attend pour vous tendre la main. Il suffit parfois écouter son coeur.
La lettre d’amour écrite pour Elvira est magnifique. Avec ces mots : « Je n’étais plus là pour toi, car je n’étais déjà plus là pour moi. »
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Malgré ses thèmes sensibles, ce récit n’est pas aussi sombre et aussi morbide que je vous le laisse peut-être croire, amis.es lectrices et lecteurs.
Le roman d’Emmanuelle Drouet est écrit avec une grande maîtrise de son sujet et de sa narration. Le portrait psychologique, par touches très fines et précises du personnage central, est renversant.
L’auteure a su par sa belle plume, trouver des mots délicats, presque poétiques. Pas de descriptions crues ou gore, car beaucoup de choses sont suggérées.
Emmanuelle Drouet se paie même le luxe de glisser des jeux de mots et de mettre un petit ton sarcastique.
Le roman en devient encore plus vibrant et lumineux. Et c’est vrai comme l’ont écrit certaines lectrices, qu’il s’en dégage de la sensualité.
Un livre dont je ne m’en sors pas indemne. Il m’a interrogé aussi sur le monde des adultes, sur son immaturité. Sur les désirs parfois malsains des hommes, sur les actes irresponsables d’un père et sur l’inconscience de certains de ses gestes et de leurs fulgurants impacts.
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Un grand merci à l'auteure Delphine Muse et son éditeur, qui ont aiguisé ma curiosité de découvrir Emmanuelle Drouet.
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Évoquer des thèmes aussi délicats que l'inceste, la perte et l'addiction sexuelle n'est en aucun cas une tâche aisée. Trouver les mots pour aborder ces sujets est une tâche extrêmement délicate. Emmanuelle Drouet a réussi à les aborder avec une profondeur et une sensibilité dans son livre "Désabîmez-moi". Ce livre m'a touché, suscitant un autre regard sur les conséquences des traumas, la façon dont on a tous la possibilité de les surmonter. Une écriture dénuée de préjugés, et une lecture qui en est tout aussi absente. On lit avec compréhension sur ces sujets sensibles.
La narratrice, Emmanuelle, nous parle de son expérience de petite fille, exposée à des circonstances très difficiles et douloureuses, impliquant une relation inappropriée avec son père. Elle a été confrontée à des sentiments de solitude, d'incompréhension et de culpabilité, ce qui a eu un impact profond sur sa vie. En lisant, on découvre également les conséquences négatives auxquelles elle a été confrontée. Le texte met également en avant l'habileté de l'auteure à expliquer de manière sensible et précise les traumatismes et les défis qui ont conduit cette jeune fille à traverser des moments difficiles, plongeant dans une addiction sexuelle où les hommes n’étaient en soi que des relations pansements sur une plaie totalement hémorragique… Et cette relation à soi, au corps, au plaisir, à l’homme, se chercher, se perdre, se trouver… Il n’y a pas de mode d’emploi pour survivre à l’innommable.
En ouvrant les pages de "Désabîmez-moi", je ne m'attendais pas à être autant bouleversée. C'est un cri silencieux qui parvient à faire taire les préjugés qui entourent souvent ces sujets. Dans une société où la parole des victimes est déjà fortement mise à rude épreuve, ici, on accueille, on sort du jugement facile et on regarde comment le personnage essaye de trouver des solutions à son vécu, ses ressentis, ses difficultés, la vision qu’elle a d’elle-même et son rapport à la fois à son corps, aux autres et à ses propres « démons ». La sincérité avec laquelle Emmanuelle Drouet raconte cette histoire m'a profondément interpellé, m'incitant à une réflexion profonde sur moi-même, réveillant des souvenirs sombres que j'avais enfouis. C’est cela aussi, un livre qui laisse sa trace : en le refermant, on se projette en nous-même, on se questionne, on regarde quel est notre comportement face à soi, et face aux autres.
L'écriture d'Emmanuelle Drouet est dépourvue de fausses notes. Elle parvient à décrire avec une grande précision les émotions les plus profondes, et cela m'a profondément touché. "Désabîmez-moi" est bien plus qu'un simple récit, c'est un témoignage criant de vérité et d'importance sociétale. À travers ces pages, l’auteure s'efforce de briser le silence qui entoure ces sujets tabous, tout en invitant le lecteur à considérer une réalité souvent méconnue. Mais je me pose cette question : qui, le premier, est dans cette position de jugement ? Les victimes sont déjà dans un mode parfois autodestructeur, dans une forte culpabilité. La société qui se veut bienpensante, aujourd’hui propose qu’on appelle les pédophiles des personnes étant attirés par des enfants pour ne pas les « heurter » (véridique, voir les propos tenus par certaines personnes sur les réseaux anglo-saxons).
Ce roman évoque une transformation émotionnelle et psychologique profonde. Il explore le voyage complexe et douloureux de la résilience, et nous guide à travers les difficultés de se reconstruire après des traumatismes profonds. Les thèmes de l'addiction sexuelle sont abordés avec une sensibilité étonnante, oui, je crois que cette chronique gardera ce mot en exergue : sensibilité. Il nous offre aussi une compréhension plus profonde des mécanismes de la psyché humaine, des mécanismes de défenses, cette notion de culpabilité, j’ai trouvé également sur la question de se faire du mal.
Emmanuelle Drouet nous confronte à la réalité brute de ces sujets, nous forçant à remettre en question nos propres convictions et à élargir notre compréhension. L'écriture subtile, évitant les descriptions crues au profit d'une narration nuancée et émotionnelle. Elle a une capacité à susciter une réflexion profonde et une prise de conscience. Je me suis sentie malgré tout sur ma faim/fin, tant j’ai encore de questions, de réflexions, de besoins peut être de confronter ma pensée et de lire ce qui a été tu, non-dit. Aller plus loin, mais c’est un ressenti personnel, le livre nous propose déjà beaucoup.
En bref : "Désabîmez-moi" est un appel à la compréhension et à la compassion. Emmanuelle Drouet parvient à donner une voix aux silences et aux souffrances, tout en encourageant ses lecteurs à dépasser leurs propres limites mentales et à s'engager dans des réflexions importantes. Ce livre est un exemple puissant de la capacité de la littérature à briser les tabous, les silences et à ouvrir la voie à la guérison/résilience, à la compréhension et à l'empathie. Une lecture qui laisse une empreinte durable et qui nous rappelle que même dans les moments les plus sombres, la vérité peut briller.
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Faire une chronique ou un avis traitant sur les thèmes de l'inceste, du suicide et de l'addiction sexuelle n'est pas une chose facile, alors je vais essayée de le faire simplement.
Déjà Emmanuelle merci pour ce livre qui m'a transpercée, bouleversée et m'a faire prendre conscience et à surtout fait taire mes préjugés.
Ce livre m'a fait replonger dans des sombres souvenirs que j'avais enfouies.
C'est un livre sans fausses notes, ce livre est un cri pour tenter de faire taire les préjugés.
Ce récit est bouleversant, il es saisissant, à couper le souffle.
Ce livre est criant de vérité et d'utilité publique.
Ce livre est comme un accouchement douloureux, mais qui au final se termine en douceur.
C'est un livre à lire et à comprendre et surtout en lisant ce livre vous prendrez surement conscience de beaucoup de choses.
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Sur le thème de l’addiction sexuelle féminine j’ai lu et beaucoup aimé Dans le jardin de l’ogre, de Leïla Slimani.
Emmanuelle Drouet aborde le sujet sous un angle tout à fait différent, et extrêmement personnel.
Mis à part son thème, assez peu abordé en littérature (peut-être car considéré comme tabou), ce qui fait l’originalité de ce roman (témoignage?) est son écriture, aussi douce et sensuelle que l’histoire est terrible et prosaïque. Et aussi terriblement précise, dans son analyse des ressorts psychologiques qui guident le personnage central dans ses choix, et dans le parcours sinueux (et si peu conventionnel) que lui font emprunter ses désirs.
Emmanuelle ne raconte pas, elle dissèque.
Elle ausculte le corps, l’esprit et l’âme de cette petite fille abusée par son papa.
De cette adolescente qui se prend en pleine face la vérité sur le décès de ce dernier.
De cette jeune femme toujours en manque et jamais rassasiée de sexes masculins. Car ses (multiples) partenaires n’ont pas de prénoms, pas de visages : ils sont des pansements posés sur un petit corps violé, une innocence ravie, une intégrité brutalisée.
Ce texte est déchirant comme un cri de douleur, bouleversant comme une confession, précieux comme un secret dévoilé, lumineux comme une renaissance.
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Je vais avoir du mal à parler de ce roman tellement il m’a boulversé. En fait c’est au delà de ça parce que je pense qu’on est loin du roman sombre mais c’est plutôt nécessaire et impératif de le lire.
En fait, au delà du caractère sexuel et de l’approche psychologique qu’il pourrait en ressortir c’est avant tout le parcours d’une femme. D’un être humain blessé et dévasté par sa vie, son parcours et sa mauvaise expérience de l’amour paternel.
L’auteure, Emmanuelle, développe différents sujets avec une finesse et une rigueur poétique . À aucun moment elle n’écorche le lecteur avec de l’horreur. C’est la douceur et la douleur qui parlent comme tant de maux..
En fait ce roman est à son image, doux, sensuel et tellement intéressant.
Il est selon moi impossible de ne pas être touché par ce récit, par ce message et par toutes les émotions qui sont véhiculés.
Tout augmente crescendo comme dans un grand coup d’adrénaline. C’est structuré, maîtrisé et si beau, je me répète encore mais j’ai tellement rien à redire ou à reprocher que je cherche obstinément comment dire à quel point ce roman pourrait toucher un large public, comme chaque personne pourrait trouver son compte. Parce que tout le monde a un père, mais tout le monde n’imagine pas l’impact que cela peut avoir.. quand tout bascule, quand l’amour est trop intense pour être bienveillant.
J’ai vraiment du mal à m’exprimer..
C’est pas les milles et une nuit mais c’est tellement d’émotions que je ne peux les définir. J’ai tellement envie de tout vous dire, vous crier que c’est génial. Vous dire de l’acheter, de vous le procurer.
Parce qu’au fond cette femme pourrait être une amie, un proche et même vous. C’est peut être parce qu’il résonne en moi que j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps à la fin ou peut-être juste parce que ce roman est magnifique.. un peu des deux qui sait.. aussi précieux qu’un secret dévoilé..
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Au berceau des dominations, les prédations sexuelles subies dès la prime enfance, structurent les données immédiates de l’existence et ses dépendances :
Ça commence souvent par un cri,
une détonation au bout de l’intonation de la sidération qui s’incarne lorsque le fort s’acharne sur le faible qu’il désarme.
Ce cri, c’est le vacarme de l’enfance sans défense, condamnée à l’innocence muette qui prend sa revanche sur l’indicible souffrance groggy dans sa cachette.
Ce cri, c’est ce bris de verre pour tenter d’apaiser cette colère étouffée et réconcilier l’esprit avec ce corps pétri de l’aphonie des non-dits;
c’est ce mot qui passe en force et crée l’amorce d’un dire qui ne s’épargne aucun souvenir pour retrouver la force d’en guérir;
« Désâbimez-moi », c’est la clameur d’une petite fille incestée de douleur
que l’auteure choisit de mettre à l’honneur en convoquant à l’audience de la conspiration du silence, les mots de la délivrance pour transfigurer les blessures et souillures par-delà l’écriture et mettre fin à la symphonie de l’agonie en mettant les points sur les cris et les trémas sur les traumas.
Quand c’est la plume qui inhume un crime de lèse-paternité et fait renaître de ses cendres, la vérité crue claquemurée, la puissance du frisson chef-d’oeuvre à l’unisson du cri d’une renaissance…
Maîtrisant parfaitement les ressorts narratifs d’un récit bouleversant , ce roman saisissant à bout portant votre palpitant, est à se procurer de toute urgence…
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Les livres et romans d'Emmanuelle Drouet, psychologue de profession, ne sont pas une lecture ouverte à toutes et tous. Ou tout du moins il faut savoir se sentir prêt pour lire les livres de cette auteure.
Car ils portent sur des sujets très sensibles, ceux qui touchent à la psychologie et à la psychiatrie.
La lourde confusion mentale, la déstructuration psychique, les psychoses, les névroses n'ont pas toutes trouvé aujourd'hui leurs remèdes efficaces. C'est pour moi une des raisons que ces maladies terribles, parfois tragiques sont pour certaines personnes encore taboues de nos jours, comme si elles pouvaient en être contaminées.
*
Le roman percutant, sensible, puissant et très fouillé dans l'âme torturée de Léria, raconte l'histoire de cette jeune femme qui est atteinte de troubles bipolaires. C'est une grande souffrance pour elle mais aussi pour tout son entourage.
Et ce déséquilibre psychique, ses sauts d'humeur plongent tous les hommes qu'elle rencontre dans une incompréhension totale.
Comment construire une solide histoire d'amour ?
Comment aimer cette femme face à ses comportements irrationnels et imprévisibles ?
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Lire « L'écho des souffrances silencieuses » ne laissera personne indifférent. Car il peut être un miroir angoissant pour certaines lectrices et certains lecteurs. le livre nous entraîne à regarder parfois des morceaux de notre propre passé, où des souvenirs refont surface, où des bribes d'un certain vécu reviennent au grand jour.
Ce roman interpelle, il nous interroge aussi sur la fragilité des êtres, sur nos peurs, sur nos angoisses, nos psychoses, sur toutes nos souffrances intimes.
Tous ces troubles de perception qui freinent sérieusement l'épanouissement de nos propres vies.
*
Mais Emmanuelle Drouet ne nous a pas confiné dans le côté obscure des choses, ne nous a pas imposé un long récit d'âmes tourmentées, de pensées noires et confuses.
Son livre contient un grand et lumineux message d'espoir.
L'auteure parle aussi de cette résilience qu'il y a en chacun de nous. Que l'être humain est plein de ressources. Que nous avons, avec le temps, toutes et tous le pouvoir de nous reconstruire, en nous libérant de nos entraves du passé, pour entrevoir le pan du ciel bleu de l'avenir.
*
La fin du roman est d'une grande habilité et d'une bienveillance de la part d'Emmanuelle Drouet. L'auteure l'a laissée ouverte. C'est comme si elle ne voulait pas s'imposer, qu'elle ne voulait pas enfermer la lectrice et le lecteur dans un dénouement qui le ou la mettrait mal à l'aise.
Emmanuelle Drouet a offert à chacune et chacun le choix d'imaginer une fin qui lui convient le mieux, comme une porte grande ouverte vers une lumière libératrice et salvatrice.
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Upsylon, miroir, mon beau miroir !
Montre-moi mes propres blessures.
Il reste encore de vilaines morsures
Que je n'ai jamais pu voir.
Upsylon, avec toi je n'ai plus d'âge.
En arrière, je fais un long voyage
Vers des années désincarnées
Où les âmes semblaient damnées.
Upsylon, ta poésie recolore les mots.
Elle panse et adoucit les maux
Ceux qui furent trop vite enfouis
Dans le grand brasier de l'oubli.
Upsylon, tes phrases résonnent.
Les pensées d'hier bourdonnent.
Les émotions jaillissent torrides
Du volcan des souvenirs chaoïdes.
Upsylon, je tourne les pages, je t'effeuille.
Je t'aime, un peu, beaucoup,
A la folie, pas du tout.
En moi, l'écho m'accueille.
Upsylon, tu es l'écrin de la mémoire
Pour toutes celles et tous ceux
Qui n'ont plus vu la lumière des cieux
Et se sont retrouvés un jour dans le noir.
*
Merci à vous, Emmanuelle,
Pour votre parole et votre poésie.
Elles vous rendent l'âme belle
Et vous peignent de douceur infinie.
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Un sujet peu facile à aborder, comme une confidence que nous fait l'auteur dans ce livre.
D'abord un traumatisme durant l'enfance, un père incestueux qui choisit de se suicider plutôt que d'assumer son acte. Ce qui inverse déjà les rôles, plaçant le père en victime alors que c'est lui le responsable.
Cet acte odieux et cet abandon va amplifier le malaise de la fillette qui trainera une mort intérieure pendant de longues années.
Bien malgré elle, c'est un regard qui va la tirer de cet abîme, pour la plonger malheureusement dans une seconde abîme : celle du désir jamais assouvi, le besoin d'exister aux yeux des autres à travers un corps seulement qu'elle donne sans compter.
Entre émotions, sincérité et confessions, l'auteure livre une addiction peu connue que celle du sexe. Sujet souvent tabou, addiction qui demande du temps, de la résilience et surtout de l'aide. Les blessures passées et les non dits sont souvent la cause première de mal être adulte.
Lentement mais surement la baise, laisse place à l'amour, aux sentiments, à un cocon bienveillant. Et à un renouveau plein de lumière.
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Chère Emmanuelle,
À chaque fois que je lis un de tes romans, j'en ressors totalement émue, bouleversée par tes mots, par le talent que tu as et que tu possèdes.
Un roman particulier, un roman particulier qui nous touche au plus profond de nous.
Tu nous parles de Léria cette jeune étudiante un peu perdue, qui souffre de trouble borderline, et a une peur féroce de l'abandon, finalement, je suis comme elle, une peur qui me hante également.
Je n'aime pas particulièrement parler de moi dans la chronique, mais là, je n'ai pas le choix, tant ce roman est beau.
Un roman où tu mêles une double temporalité, ce qui nous permet de mieux comprendre le destin de Léria et comment elle va faire pour se sortir de tout cela.
À la fin, sache-le, j'avais envie de prendre le premier train et de te rejoindre pour te remercier d'avoir écrit ce roman qui m'a fait du bien et partir à la rencontre de Léria et a mon tour la prendre dans mes bras.
Merci pour tes écrits présent et tes écrits à venir, merci d'être comme tu es.
Emmanuelle, tu as une écriture percutante et sensible
Je t'embrasse
Au plaisir de te lire encore .
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J'ai le plaisir d'avoir lu Désabîmez-moi, d'Emmanuelle Drouet.
Un livre qui parle d'addiction sexuelle féminine ? Pas seulement...
A ce sujet, je me suis souvenu de "La vie sexuelle de Catherine M." (de C. Millet), qui relate crûment, sans les expliquer, les frasques charnelles de l'auteure. Le roman d'E. Drouet, lui, investit subtilement la psychologie de l'héroïne et connecte ses agissements à ses traumatismes. On est moins dans le sexe "mode de vie" (comme chez Millet), que dans le sexe "symptomatique" (comme chez tout le monde, dans une certaine mesure, mais sans la démesure de Désabîmez-moi !).
Le parcours de l'héroïne est, en lui-même, bouleversant.
Boys don’t cry, mais j’ai pleuré quand même (de l’intérieur, on a le droit ?). De reconnaissance, aussi : on a tant d’occasions de ressentir la violence du monde et si peu d’assister à un sauvetage.
On aborde le roman avec sa carapace, on tient bon sous les coups, les outrages, la dureté du parcours… et on craque au dénouement, à la beauté de la (re)naissance de la femme, de sa maternité, de sa capacité à enfin prendre la main tendue (oui, la main !) d’un homme (un vrai, pas un prédateur).
Ce récit est riche en émotions, au travers de l’histoire intime de la petite fille, puis de l'adolescente, de ses ébats psychologiques (dont les autres ne sont que la réponse somatique) sur son chemin de résilience.
L’écriture est aussi douce et poétique que l’histoire est rugueuse et prosaïque. C’est un réel plaisir, qui emporte et incite à tourner les pages.
Si l'héroïne a quelque réalité, alors je remercie ceux qui lui ont offert leur confiance pour l’aider à grandir. Il est bon de savoir qu’il existe aussi de patients sauveteurs en ce monde, pas uniquement de persévérants saboteurs.
"Par tous ceux dont la chair se déchire ou succombe… Je vous salue", Manue.
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Si Léria se réveille un jour en psychiatrie sans aucun souvenir c'est parce qu'elle a craqué.
Névrosée, angoissée, si elle semble hyper sensible c'est surtout du domaine traumatique que relèvent ses troubles.
C'est donc à quelques mois de sa difficile vie que nous assistons, celle où les émotions n'émanent qu'avec la violence d'une éruption volcanique, celle où l'instabilité est un quotidien envahissant.
Le style de l'auteure est fin, mature, posé. Le talent n'est pas de décrire les émotions, mais de les faire ressentir au lecteur et dans ce domaine, Emmanuelle Drouet brille!
Le rythme est dynamique, fluide et Léria est touchante dans son désespoir.
Ce roman raconte les névroses, les répercussions des traumatismes d'enfance sur la vie d'adulte, l'incapacité à être stable et toute la souffrance qui en découle. C'est un ouvrage psychologique à l'intensité éprouvante qui démontre à quel point la vulnérabilité peut être destructrice.
Au coeur de ce livre se trouvent la dépendance affective, la blessure d'abandon, le manque de confiance en soi, l'autodestruction et toutes leurs conséquences.
C'est bouleversant de douleur, un roman à lire dans un bon moment de vie afin de mieux comprendre l'autre sans se laisser envahir par ses troubles.
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Deuxième livre que je lis d'Emmanuelle et je retrouve cette justesse et cette finesse dans la psychologie de ses personnages que j'avais tant aimé la première fois. Ici, elle déculpabilise avec brio les personnes atteintes de maladies mentales. Quelle est la frontière entre la normalité et la folie ? Quel peut être l'élément déclencheur nous faisant basculer de l'autre côté ? J'ai aimé apprendre à connaître Léria et à la suivre dans son cheminement personnel pour se reconstruire. En se remémorant petit à petit le cours des évènements, elle pourra les comprendre et les accepter pour enfin se relever et avancer. C'est un magnifique roman sur l'acceptation de sa maladie et sur le chemin à parcourir vers l'apaisement. L'autrice exploite les failles de son héroïne dans les moindre détails, ses travers et ses excès. J'ai ressenti toute sa douleur à ne pas réussir à vaincre ses démons et son impuissance à maîtriser ses émotions. Malgré les contradictions qui la rongent, elle accepte les mains tendues pour ne plus se sentir piégée par ses pensées. Au fil des pages, j'ai souffert avec elle et j'ai pris plaisir à suivre pas à pas son évolution.
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De ce merveilleux recueil Emmanuelle a su me touchée en plein cœur.
Ce livre est constitué de huit parties bien distinct les unes des autres, c'est en poésie que l'on découvre les confessions de ses patients;
La plume est magnifique, sublime contemporaine dévoile les peurs, les angoisses, la reconstruction, nous passons dans ce livre de lecteur à spectateur dans les mots, les maux des souffrances, des émotions.
Quelques uns des poèmes m'ont parlé, ceux du deuil bien évidement, j'en ai eu des frissons et ceux également de la confiance en soi moi qui en manque totalement.
En cas de coups de mou je pense relire ceux qui m'ont fait du bien.
Bref, ce livre m'a chamboulée, transportée dans ce monde poétique et il es profondément vrai et émouvant.
C'est un coup de coeur pour moi
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👠« L’Autre n’a de pouvoir que celui qu’on lui laisse. »
👠Emmanuelle a connu l’innommable à 5 ans : son père s’est transformé en médecin et avec sa baguette magique il l’a ausculté. Le lendemain : il s’est suicidé. Laissant ainsi derrière lui une empreinte émotionnelle si forte dans le coeur de sa fille, plantant alors les prémices d’une addiction au sexe, laissant son cerveau avec ce souvenir indélébile.
👠Le sujet est désarmant de cruauté : entre le suicide, la béance paternelle, l’addiction au sexe, la douleur physique et psychologique, Emmanuelle Drouot insuffle une sensualité folle dans son roman!
👠Chaque ligne est une poésie métaphorique douce parsemée d’une approche psychologique très forte et passionnante.
👠La psychologique est clairement marquée dans ce livre, l’auteure nous parle de mécanisme du cerveau, de la manière dont l’enfant qui va devenir adulte se construit avec les mots / gestes de ses parents. Avoir conscience de cela, peut-il permettre d’enrayer certains schémas familiaux emprisonnants pour une réalisation de soi suprême ?
👠Je rejoins les chroniques Instagram et les mots du Pr Laurent Karila : ce roman est d’utilité publique. J’espère vous avoir donné envie de le lire. Les mots me manque pour encore appuyer la nécessité et l’utilité forte de ce livre.
👠« L’oxygénation par la parole »
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