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Citations de Eric Bulliard (23)


Et lui, ce MacKay de malheur, à quoi pensait-il ? Un esprit simple, dit-on, qui se moquait bien que ses fidèles meurent de faim, tant qu'ils assistaient aux offices. Une sorte de gourou, trop heureux d'assouvir sa volonté de puissance, mais malheureusement sincère, probablement, dans sa folle dévotion.
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Les déserts peuvent rendre fou, mais, ici, la folie n'existe pas, la normalité non plus. Ici, vous existez et c'est déjà beaucoup.
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Sur la porte, un écriteau plastifié et incongru : "Museum". Une porte à pousser et le miracle d'une douce chaleur sèche. Ce luxe que l'on n'espérait plus et qui vient rappeler le but premier des musées : abriter les touristes quand la pluie n'encourage guère aux activités de plein air.
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Nous ne verrons pas les sommets de l'île, à peine Dùn, la proche voisine. Pour tout dire, nous ne voyons pas grand-chose, ce qui n'empêche pas de ressentir une curieuse vibration, un souffle intense dans les poumons. Bien sûr, il y a le vent, mais autre chose aussi. Le vent seul ne peut vous émouvoir ainsi. Peut-être, dans un mélange d'isolement total et de plénitude, ce sentiment de se trouver au bon endroit, au bon moment. Une paix absolue, malgré le tambourin de la pluie sur nos dérisoires Northface, malgré les rires des oiseaux, la rumeur de la mer, les bêlements. Impossible de décrire cette impression autrement que par cette banalité : nous sommes loin de tout, mais nous sommes là.
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Cette cloche récupérée d'un naufrage, je crois l'entendre battre le rappel. Tous descendaient alors de Main Street, je les vois dans leurs habits du dimanche, pressés de rejoindre le pasteur qui allait, des heures durant, les haranguer. A mes yeux d'indécrottable mécréant, c'est l'un des mystères les plus incompréhensibles dans l'histoire de cette île : pourquoi en ce lieu singulier, alors qu'ils menaient une vie simple, difficile, mais finalement en harmonie avec les éléments, pourquoi ce besoin de religion ? Croire en quelque chose, à la limite, pourquoi pas. Je pourrais comprendre que, face aux duretés de la nature et à ses surprises, ils se soient réfugiés dans une pensée plus ou moins panthéiste, qu'ils aient vu des forces qui les dépassent dans ces manifestations si violentes, du style la peur que le ciel leur tombe sur la tête. Mais la religion... Surtout cette religion, avec son rigorisme médiéval ? A quoi pouvait-elle leur servir ? Comment ont-ils pu accepter que l'on interdise à leurs enfants de jouer, eux qui avaient la plus belle cour de récréation du monde ? Comment admettre qu'on oblige ces gamins qui ne savaient pas lire à toujours porter une Bible sur eux ? Qu'on les forces à prier trois fois par jour, à ne rien faire le dimanche, même si le temps était idéal pour partir à la chasse ?
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Après des millénaires où tous vivaient à la même enseigne, où tout se partageait, où personne ne dominait personne, où les anciens n'auraient pas imaginé se prévaloir d'un quelconque droit d'aînesse, Neil Ferguson avait fini par se croire le plus important, parce que plus riche. Plus puissant, parce que mieux habillé, de des étoffes qu'il achetait aux visiteurs d'un jour. Plus intelligent parce qu'il utilisait des mots que personne ne comprenait à Herta. Il avait fini par renoncer à la chasse, proposant plutôt d'acheter des vivres à ceux qui avaient risqué leurs os sur les falaises (...) Le vieux MacGillis a secoué la tête. Ce jour-là sans doute a-t-il compris que son monde commençait à disparaître. Le postier Ferguson s'était mué , le premier, en homme du XXe siècle.
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Je commence à gamberger : qu'est-ce qu'on fait ici ? Qu'est-ce que deux Suisses dans aucun lien avec l'histoire de cette île peuvent bien venir chercher dans le froid, e brouillard, la pluie qui ne cessera jamais ? Dans la boue, dans les crottes de chèvres et de moutons... Pourquoi cette fascination pour ce peuple si éloigné de toute notre éducation, de toute notre civilisation ? Simplement parce que ces photos, au sous-sol du château de Dunvegan, t'ont frappé ? Parce que leurs regards, parce que leurs pieds nus, parce que leurs visages à la fois effarés et si sûrs d'eux-mêmes ?
Dis-moi : qu'es-tu venu chercher, ici, au bout du monde ? Qu'est-ce que tu espérais te prouver ?
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Ils sortaient de cette maison et de toutes les autres et se suivaient en procession, dès que la cloche lugubre les appelait. A quoi pensaient-ils, tête baissée sur leurs pieds nus, leurs pas lourds de boue les conduisant vers la petite église sans vitraux où, deux à trois heures durant, ils allaient écouter MacKay, la tête toujours basse, les lèvres fermées sauf pour répéter de machinales incantations et boire ses mises en garde contre des péchés qu'ils n'auraient même jamais commencé à songer à commettre ?
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Ce n'est plus possible.

Cette phrase dans sa tête, comme une antienne, qui tourne, virevolte, revient encore. Même quand elle croit penser à autre chose, à la pluie qui approche, là-bas, derrière Dùn, au mouton qui boite vilainement depuis ce matin et qu'on va laisser ici, aux chiens qu'il faudra noyer. Au pasteur Munro, sa pâleur, hier, à l'heure de l'homélie. Comme si, déjà, était venue sa dernière homélie.
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Neil Ferguson finit par s'assurer que chaque porte est bien fermée. Il fait le tour des onze maisons encore habitées il y a quelques minutes, encore parfumées de présences séculaires, mais qui lui apparaissent déjà comme des tombeaux vides, racontera-t-il plus tard.
Dans chacune d'elles, ils ont laissé une Bible, ouverte aux pages de l'Exode, et une poignée d'avoine. Ils ont ranimé les foyers de tourbe. Ils brûleront quelques heures encore. Après, pour la première fois depuis des milliers d'années, le feu s'éteindra sur Saint-Kilda.
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Et puis, une dernière prière, un dernier souffle pour éteindre la lampe à huile. Tu entends ? Quoi donc ? La mer... On ne l'entend jamais quand elle murmure aussi doucement... D'habitude, c'est seulement ses hurlements. Pas de vent, ça doit être pour ça. Non, il y a autre chose... Plus un chien pour aboyer : les deux qu'ils ont accepté de sauver n'ont pas le cœur à ça.
Comment ont-ils pu dormir, ce dernier soir ? A quoi ont-ils bien pu rêver ?
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Les poètes et les fous engendrés par ces mégapoles n'ont que peu de route à faire pour trouver ici un terrain de jeu et de liberté. Cette terre de silence, suffisamment vaste et éloignée de l'agitation pour permettre tous les délires, ils l'ont choisie depuis longtemps, pour leurs trips échevelés et leurs cavalcades mystiques.
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Parfois, le soir, le vent vous enveloppe tel un duvet tiède, une couche moelleuse qui vous isole, pour un temps encore, de la fraîcheur de la nuit. Il vous caresse. Une plume sur la joue. Quelques minutes seulement, alors que le dernier souffle du soleil s'éloigne, très loin, là-bas, derrière cet horizon si familier.
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C'est un bout de désert pas tout à fait comme les autres, dans un coin de pays sans fin. Ici, pas de vent qui assèche les poumons et enflamme les yeux : il est resté dans la vallée, quelques miles plus bas, là où l'air vous brûle instantanément la gorge. Ce désert-là, en bas, ne ressemble en rien aux clichés : en guise de sable doré, il se contente de terre grise. A la place des dunes, il montre crânement ses rochers sales. Des buissons poussiéreux le parsèment, comme les taches d'une vieille peau de léopard. La désolation, sous un soleil cognant assez fort pour vous signifier que vous n'avez rien à faire dans la région. Là-bas, dans la vallée, vous n'êtes pas les bienvenus et, si vous ne l'avez pas compris, un crotale pourrait vous le rappeler de son crissement de western.
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la cabine un point dans une constellation de rêves poétiques.
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(Les Saint-Kildiens) n'affrontent pas les hivers, ils vivent avec. Ils font corps, se ferment et les laissant glisser, attendant que passent ces nuits où hurlent les tempêtes, en se réchauffant à la lourde fumée de tourbe. A peine quelques prières pour demander une protection qu'Il va de toute façon nous accorder ; Il a décidé que nous devions vivre ici, Il ne va pas nous laisser tomber maintenant, alors acceptons cette épreuve, nous l'avons méritée.
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Ça ne pouvait être qu'ici, où le soleil cogne sans pitié sur les esprits les plus faibles, où la terre n'a même plus la force de crier sa soif et a fini par se résigner à ne plus espérer la pluie. Ici où la poussière accepte son sort de poussière et attend le prochain souffle pour avancer de quelques mètres et recouvrir les créosotes d'un voile brunâtre.
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il suffit de ne pas lutter contre cette terre hostile seulement si vous cherchez a l'affronter. il faut se fondre en elle, accepter de n'être que vent et sable
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Ils restent là parce qu'ils n'ont rien d'autre à faire, par instinct, plus animaux qu'humains. Des bêtes hagardes que même le retour du printemps ne parvient à sortir de la torpeur. Ce rayon de soleil si longtemps espéré, le voici qui caresse leurs joues terreuses. Seul Donald le sent. Il n'ouvre même pas les yeux. C'est peut-être ça la mort : un baiser sur la joue, tiède comme une plume.
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Le voyage d'une vie, qu'ils disent. Peut-être pas dans le sens du voyage le plus aventureux, mais dans cette quasi-certitude qu'on ne le fera qu'une fois. Tout le monde en revient émerveillé, vous assure-t-on. En Ecosse et dans toute la Grande-Bretagne, prononcez le nom de Saint-Kilda, de ce saint qui n'existe pas ou, du moins, qui n'existe nulle part ailleurs, et les regards s'illuminent, sur l'air de "j'aimerais tant y aller un jour". Mais c'est tellement loin, tellement compliqué. Des risques ? Pas vraiment, sauf celui de voir son voyage annulé au dernier moment. L'océan et le ciel décident, ici comme partout.
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