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Citations de Eric Miles Williamson (33)


Je pourrais te raconter toutes sortes de conneries de ce genre, continuer pendant trois ou quatre pages, faire mon lyrique ou mon branleur de service pour te prouver que j'écris vraiment bien sur la musique, vu qu'avant d'écrire des bouquins j'étais musicien, et pas un mauvais, en plus, quand je m'y mettais ; d'ailleurs, parce que j'ai été musicien - je ne pouvais pas jouer avec les grands big bands syndiqués, ni avec les négros dans les clubs de jazz, mais c'est pas grave, parce que la musique, je la capte, je sais ce qu'elle veut dire et ce que donne la combinaison de mon expérience dans le domaine de ma détermination à écrire sur mon peuple d'Oakland et sur mon quartier -, bref, parce que j'ai été musicien, j'ai fini par tomber sur quelques astuces, quelques petits schémas bien pratiques quand j'écris, des schémas sonores et certaines façons de faire coïncider le rythme des mots avec la cadence du son. Je te raconte pas d'histoires, je pense vraiment à l'octave du mot au moment où tu l'entends, où tu l'as en tête quand t'es en train de lire, et si tu reviens un peu en arrière, ou si tu lis mon autre bouquin en prêtant l'oreille au ton de chaque mot, tu reconnaîtras des passages du Requiem de Mozart, de Kind of Blue de Miles Davis, ou de Suzie Q de Creedence.
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Personne ne savait que je lisais tous ces bouquins. C'est pas le genre de truc qui s'avoue, dans mon quartier. Si tu racontes qu'au lieu de mater le match des Raiders ou de picoler de la bière tu lis des bouquins, merde, tout le monde va penser que t'es une tarlouze, plus personne ne t'adressera plus jamais la parole et, ce qui est clair, c'est que plus personne ne te fera plus jamais confiance, pas avec cette tête remplie de gentilles petites conneries artistiques de coco, cette tête dans les nuages qui regarde tout le monde de haut. Si tu lis des bouquins, eh ben, tu le gardes pour toi.
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L' homme est venu sur Terre et l'homme la quittera, mais ses poubelles, elles, ses poubelles , elles perdureront.(p269)
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La mission d'un musicien consiste à supprimer le bruit des hommes. À faire oublier le bruit des hommes en le remplaçant par un autre plus éloquent.
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Ce qui m'a un peu détruit la tête, c'est que je vénérais Nietzsche et Marx à la fois ; or d'après le peu que j'en savais, leurs idées n'étaient pas trop compatibles. Marx était à fond pour le travailleur, le gars qui bosse sur un chantier de construction comme un malade pour l'enfoiré de riche ; Marx, il était pour tous les gars de chez Dick, il était pour moi. (…) Nietzsche pensait que les minables n'avaient que ce qu'ils méritaient, parce que les forts finissaient toujours par se relever, par conquérir et par se retrouver tout en haut de l'échelle, devenant ainsi les maîtres de la basse-cour. (…) le fait de lire ces deux Schleus m'a donc un peu détraqué. Je n'arrivais pas à décider si je voulais devenir le leader du plus grand syndicat international de l'histoire de l'humanité, ou bien le dictateur d'Oakland, Monsieur le Boss. Parce que, si je devenais un jour Monsieur le Boss, qu'est-ce que je penserais des travailleurs ? Et si je restais un simple travailleur, qu'est-ce que je penserais du Boss ? Lire des bouquins, bordel, c'était pas simple
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Et toi, qui es en plein crise existentielle, j’ai un petit conseil à te donner : trouve-toi un putain de boulot.
Les pauvres vont pas chez le psy.
Ils vont bosser.
Et c’est exactement ce que tu devrais faire, espère de nase. Va construire une putain de pyramide. T’auras pas besoin d’un psy pour t’aider à surmonter tes angoisses et tes appréhensions. Le seul truc dont t’auras besoin, ce sera un bon bain, de la bouffe et une putain de bière.
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Le père Camozzi était un expert en mariages. J'avais joué dans des mariages mexicains qui avaient tourné en guerre des gangs; une fois, je l'avais vu ouvrir le crâne de six gars avec une matraque qu'il cachait sous sa soutane. Au moment où il avait réglé leur compte à ces lascars, les gens avaient arrêté de se battre et s'étaient remis à picoler, pour bien souder les liens de la famille, cette famille qui venait de se former et qui ne pourrait plus se défaire.
Le père Camozzi a enfilé un bras dans sa soutane et il a sorti sa matraque - mon pote, je peux te dire qu'on a déblayé le passage, déblayé, déblayé, déblayé.
(P318)
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Ce dont on a besoin, c’est d’une littérature imparfaite, d’une littérature qui ne tente pas de donner de l’ordre au chaos de l’existence, mais qui, au lieu de cela, essaie de représenter ce chaos en se servant du chaos, une littérature qui hurle à l’anarchie, apporte de l’anarchie, qui encourage, nourrit et relève la folie qu’est véritablement l’existence quand nos parents ne nous ont pas légué de compte épargne, quand on n’a pas d’assurance retraite, quand les jugements de divorce rétament le pauvre couillon qui n’avait pas de quoi se payer une bonne équipe d’avocats, une littérature qui dévoile la vie de ceux qui se font écrabouiller et détruire, ceux qui sont vraiment désespérés et, par conséquent, vraiment vivants, en harmonie avec le monde, les nerfs à vif et à deux doigts de péter un câble, comme ces transformateurs électriques sur lesquels on pisse dans la nuit noire d’Oakland.
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Et toi, qui est en pleine crise existentielle, j'ai un petit conseil à te donner : trouve-toi un putain de boulot. Les pauvres vont pas chez le psy. Ils vont bosser.
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Y a rien de plus beau que la volonté de vivre lorsqu’on baigne dans le désespoir absolu. L’espoir c’est pour les connards. Il n’y a que les grandes âmes pour comprendre la beauté du désespoir.
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Autour de moi, tout n'est que misère, dénuement, rage et crasse. Tout, sauf mon âme. Bizarement, ça ne m'a pas touché, en tout cas pas assez pour remettre en question ma foi et mon optimisme inaltérables. Quelque part, je sais que l'humanité n'est pas aussi immonde que celle dont j'ai pu faire l'expérience. Je sais que le pus, la gangrène et les marécages ne sont pas la condition naturelle du cœur de l'homme, mais les fruits de la désillusion, que les déchirements cannibales sont la conséquence, non la cause, la réaction désespérée de cœurs dépouillés, dévorés, mais battant toujours.
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Personne ne savait que je lisais tous ces bouquins. C'est pas le genre de truc qui s'avoue, dans mon quartier. Si tu racontes qu'au lieu de mater le match des Raiders ou de picoler de la bière tu lis des bouquins, merde, tout le monde va penser que t'es une tarlouze, plus personne ne t'adressera plus jamais la parole et, ce qui est clair, c'est que plus personne ne te fera plus jamais confiance, pas avec cette tête remplie de gentilles petites conneries artistiques de coco, cette tête dans les nuages qui regarde tout le monde de haut. Si tu lis des bouquins, eh ben, tu le gardes pour toi.
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Rien ne me rend plus heureux que de vivre dans un trou, et je dois dire que j'ai vécu dans des sacrés trous de merde.
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Les gamins ne se rendent pas compte de la gravité de ce qu'ils vivent, parce qu'ils supposent que leur vie est normale, qu'il n'existe pas d'autre réalité.
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Dans les librairies, la section Développement personnel est plus importante que la section littérature. T'as déjà ouvert un ouvrage de ce genre? De la merde en barre, voilà ce que c'est. Je le sais, parce que la plupart des pétasses que j'ai tronchées se sont mis en tête de m'en filer un, d'un air extrêmement grave, avec un regard débile qui, d'après elles, devait ressembler à quelque chose de philosophique, elles le tenaient comme si c'était une Bible des Gidéons couverte de dorures. Ce fourre-tout de conneries se lit comme un horoscope, il s'applique à tous les gentils petits couillons qui tournent les pages.
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Je donnerais cher pour être né il y a deux cent ans, à une époque où on pouvait encore s'approprier un bout de terrain, je serais parti dans n'importe quelle direction et j'aurais avancé jusqu'à ce que je trouve un endroit qui me convenait, j'aurais posé mon cul et déclaré que c'était chez moi, pas d'impôt, pas de sécu, pas d'identité, pas d'histoire. Y a plus un centimètre cube sur cette terre où me poser et m'allonger pour regarder passer les volutes des nuages, sans qu'on me fasse payer le privilège d'exister ou que j'aie la trouille de me faire tirer dessus ou passer les bracelets.
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C'est mieux de détruire que de construire, qu'il disait. Les effets sont permanents et sublimes. Éternels.
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Ce livre parle de gens qui travaillent pour gagner leur vie, les gens qui se salissent et ne seront jamais propres, les gens qui se lavent les mains à la térébenthine, au solvant ou à l’eau de javel …quand ils pèlent comme un serpent qui mue, dessous il reste encore de la graisse, de l’huile et de la crasse, imprégnées jusqu’à l’os. Pour toi, ce sont des personnages, pour moi c’est la famille, ceux avec qui j’ai grandi.
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Ce son qui ressortait de la trompette de mon père, c’était le vent qui fait des pirouettes dans les tulles, le souffle brutal de l’orage dans les tuyaux d’une cage à poule sur un terrain de jeu, les gémissements de la cheminée dans l’ouragan.
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Si j'avais retenu la leçon des larmes, c'était à cause d'une des règles que ma mère suivait : pour chaque vêtement sale que je n'avais pas retourné avant de le mettre dans la machine à laver, un coup de spatule. Or, un jour, elle avait trouvé vingt-trois vêtements... Vingt-trois coups, en comptant bien séparément. Pendant qu'elle me frappait, j'avais pleuré comme si elle me sciait les jambes. Puis elle avait quitté la pièce. J'avais arrêté de pleurer.
Elle était revenue aussi sec.
« Eh ben quoi ? Ça n'a pas fait mal ?
― Ça a fait mal, ça a fait mal, ça a vraiment fait mal ! Vraiment fait mal. Vraiment fait très mal. » Et de me remettre à pleurer.
Mais elle ne m'avait pas cru, et je n'avais pu retourner à l'école pendant deux jours tellement j'avais de bleus.
C'est pour ça que, quand elle me gifla pour avoir dit qu'elle n'avait pas fini ses études, je lui servis son content de sanglots.
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