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Citations de Eric Reinhardt (782)


«  Rien ne s’était émoussé .jusqu’à leur invisible et silencieuse rupture, elle et lui continuaient de faire l’amour avec passion.
Ça avait toujours été fabuleux entre eux de ce point de vue- là .
Comme son mari ne parlait pas, et qu’elle s’était un peu lassée , à table, de monologuer , ils dialoguaient de cette façon.
Leurs corps étaient faits l’un pour l’autre. »
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Quand elle dînait au restaurant, elle se faisait parfois la remarque qu'elle seule serait capable, si soudain on éteignait la lumière, de décrire l'intégralité des personnes présentes dans la salle.
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Il y avait bien d'un côté, les femmes qui se plaignaient d'être constamment sollicitées, et de l’autre, bien plus nombreuses, toutes celles qui n’éveillaient jamais la plus petite sympathie rétinienne, groupe auquel Suzanne découvrait à quarante-quatre ans ans qu'elle appartenait.
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— Dix mille, je ne peux pas. Vraiment. Huit mille, en revanche… peut-être que je… oui, pourquoi pas, je suis d’accord. Va pour huit mille. Huit mille c’est déjà énorme pour un tableau qui en vaut deux mille. Faisons vite fait cette transaction et n’en parlons plus.

— Dix mille euros. C’est mon dernier prix. Je n’en bougerai pas, soyez-en assurée.

— Vous êtes cruel.

— Je ne crois pas, non. Je mets un juste prix à l’attachement qui est le mien pour cette peinture, voilà tout. Je ne vous force pas à l’acheter. La décision vous appartient, ne m’en faites pas porter le poids – sur le plan moral je veux dire. Ce serait un comble.

— …

— …

— OK. Comment fait-on ? Un chèque ?

— Et puis quoi encore ? En bons du Trésor tant que vous y êtes ! Il ne va pas falloir essayer de m’arnaquer ma petite dame.

— Un virement via mon appli bancaire ?

— Pour qu’il me soit signifié dans deux jours que le virement a été rejeté pour cause de fonds insuffisants ?

— Je vous montre mon solde si vous voulez, il est positif, j’ai largement de quoi payer. Donnez-moi vos coordonnées bancaires, je les rentre, je vous montre mon solde et je fais le virement sous vos yeux, ça vous va ? — Ça me va. Je vais vous chercher mon RIB. Je vous emballe votre tableau ? Je crois que j’ai gardé le papier kraft et la ficelle de l’antiquaire de Dijon, je dois avoir mis ça quelque part, attendez ici quelques instants.

Susanne va acheter ce tableau dix mille euros ?

Oui.

Vous êtes cruel comme écrivain.
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|Personne n'en parle jamais, c'est une sorte de tabou, mais souvent les accidents n'adviennent que parce qu'ils sont secrètement souhaités. Comme une échappatoire. Comme un interrupteur que le destin actionne II lui fallait un désastre corporel, elle avait besoin de se modifier par la douleur, par une épreuve initiatique qui l'oblige à se déplacer, à revenir à l'essentiel.
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C’est à l’opinion publique que je m’adresse quand je m’adresse à vous, c’est à votre écriture que je m’en remets, parce que j’en apprécie la sensibilité et la finesse, que votre univers me plaît et que vos livres sont beaux. Quand je vous ai écrit, en août dernier, j’en étais arrivée à un tel point de déréliction, il m’a semblé qu’il fallait en faire un récit, parce que mon cas était si extrême, absurde et désespéré qu’il en devenait édifiant, presque drôle par moments
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Elle n’existe plus. Elle leur est complètement sortie de l’esprit.
Comment peut-on disparaître aussi vite de la vie de ceux que l’on aime ?
C’est comme si elle était morte de son cancer et qu’elle avait eu la faculté de revenir les voir vivre une fois décédée. Ils ont fait disparaître Sarah de leur vie aussi sûrement que l’eût fait la maladie si elle s’était révélée fatale.
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Écoutez, qu’est-ce que c’est, un besoin ? Qu’est-ce que c’est réellement ? Tout dépend de la conception que l’on s’en fait. En dehors des besoins naturels évidemment. Un week-end à Venise qui vous coûte deux mille euros, est-ce que c’est plus approprié, en termes de dépense, qu’un tableau en compagnie duquel vous vivrez durant des décennies, que vous pourrez transmettre à vos enfants ? Avec lequel vous dialoguerez à l’infini, qui vous apportera du réconfort toutes les fois que vous le lui réclamerez ? Je dirais non personnellement. On se fait souvent une idée fausse de ce que l’on doit considérer comme un besoin.
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Sarah n’avait pas tort. Susanne Sonneur aurait pu concevoir des doutes au sujet des qualités morales de son mari. De sa loyauté finalement. Mais a-t-on jamais envie, dans la vie, de se constituer des doutes ? Les doutes, à la première occasion, on préfère les dissiper, voir le bon côté des choses, se persuader d’avoir été trompé par des impressions fallacieuses. On aime se dire que tout va bien, que son mari est formidable. Qu’il vous protège de vos démons morbides.
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Cela ne voulait pas dire qu’il ne l’aimait pas, ni qu’il était dénué d’empathie. Mais il flottait. Lorsqu’il se tenait devant elle dans la chambre d’hôpital, il était comme un nuage aperçu par une fenêtre un jour d’été. Ainsi que des avions, les phrases de Sarah le traversaient sans modifier le moins du monde son indolente physionomie de cumulus.
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Le soir même, au lieu de se réjouir de ses résultats rassurants, le mari de Sarah lui dit, sur un ton de reproche, qu'elle l'a empêché de dormir pendant quinze jours avec cette histoire, qu'elle exagère, qu'il s'est inquiété pour rien.

- On ne m'y reprendra plus, lui avait dit le mari de Suzanne, sans qu'il soit possible d'élucider si c'était une façon pudique, puérile ou pince-sans-rire de témoigner son soulagement, ou déjà une bassesse.
- Qu'est-ce que tu veux dire par là ? lui avait demandé Suzanne étonnée.
- Tu vois très bien ce que je veux dire, ne fais pas l'innocente. Soit tu es malade, soit tu n'es pas malade. Se faire passer pour malade, juste pour, je ne sais pas, je trouve ça...
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Rien de ce que je vivrais ne serait à déplorer puisque au moins mes infortunes serviraient à nourrir une oeuvre.

Peu de personnes ont le cran de se réveiller quand elles constatent, parfois sans oser se l'avouer vraiment, que quelque chose ne va plus dans leur vie, sous de doux dehors.
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Elle était, d'une certaine façon, m'étais-je dit, entrée en résistance, et peut-être parviendrait-elle, animée par cet esprit d'insurrection, à élaborer un plan d'évasion réaliste/ avec un téléphone confidentiel, elle aurait la possibilité d'émettre des signaux à l'extérieur des murailles de sa vie ...
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L’arrière-saison. La beauté déchirante du concept d’arrière-saison. J’ai adoré survenir à Paris un mois après la rentrée, quand la machine tournait déjà à plein régime, et me glisser à pas de loup dans le spectacle déjà commencé, me trouvant un siège libre d’où tout observer, à l’écart, affranchi des injonctions raisonnables, des contraintes du devoir. Cet écart-là, la perception de ce décalage entre soi et les autres, entre soi et la ville, entre soi et la réalité sociale et sa temporalité conventionnelle, ce n’est rien d’autre que l’espace qui rend possible la vie poétique.
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Eh, toi, le Polonais derrière qui je lambine depuis au moins cinq minutes ! qu’est-ce que t’en dis du fait que j’ai mis six mois de ton misérable salaire dans un tableau ancien avec dessus deux religieuses ? hein ?… tu peux me le dire au lieu d’essayer de doubler ton collègue tchécoslovaque, cet abruti, alors que t’en as même pas la puissance ?… S’il y a bien un truc que je ne comprends pas c’est les camions qui se doublent entre eux alors qu’ils roulent exactement à la même vitesse… ça fait bien cinq minutes que le Polonais est en train de doubler le Tchécoslovaque, à quoi ils jouent ces cons, c’est à croire que le Tchécoslovaque se sent attaqué dans sa virilité et qu’il va tout faire pour empêcher le Polonais de lui passer devant… putain, l’être humain, c’est quand même un drôle de truc… tu vas voir que dans trois minutes le Polonais va renoncer à son exploit et se remettre derrière le Tchécoslovaque… Non, ce qu’il faut, tu vois ma Susanne, ce qu’il faut c’est s’efforcer de ne surtout pas laisser flotter à la surface de ta conscience cette somme effarante de dix mille euros… voilà… c’est ça qu’on va faire… écoute-moi bien Susanne… cette somme effarante de dix mille euros doit être oblitérée, cette somme effarante de dix mille euros doit être torpillée comme un navire ennemi et maintenue engloutie dans les profondeurs de cette journée à oublier, pour n’en garder que le précieux butin… oui… voilà… pour n’en garder que le précieux butin, comme s’il était tombé du ciel… genre génération spontanée, genre Immaculée Conception… le tableau qui pousse à même le cuir de l’Audi, le tableau qui fleurit sur la banquette arrière de l’Audi comme une poire sur sa branche… il faut impérativement empêcher cette notion polonaise des dix mille euros de doubler ma détermination tchécoslovaque à rester obstinément devant, quitte à accélérer sournoisement toutes les fois que je sentirai que le Polonais essaie de me repasser devant avec sa pensée humiliante des dix mille euros… Le principal c’est le butin…
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Elle avait toujours beaucoup regardé, elle ne pouvait s’en empêcher, c’était inscrit dans sa nature profonde. Il n’y avait aucun autre moyen pour elle de se sentir exister. En voyage, avant de quitter un paysage qu’elle appréciait, et dont elle se disait qu’elle y resterait attachée, il fallait qu’elle le regarde longtemps, intensément, longtemps, intensément, comme si elle tentait de s’y faire entrer tout entière, comme si le paysage devait l’absorber. Ce paysage se souviendra de moi, comme moi je me souviendrai de lui.
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Susanne avait aménagé en atelier la chambre d’amis donnant sur cour, c’est dans cette pièce qu’elle s’enfermait chaque matin et qu’elle se mit à dessiner, non pas, comme Sarah, des abris-coquillages, des cavités oculaires posées devant des paysages, mais des scènes inspirées des Métamorphoses d’Ovide, nerveuses, au stylo bille, sur des formats de plus en plus impressionnants.
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Cela ne voulait pas dire qu’il ne l’aimait pas, ni qu’il était dénué d’empathie. Mais il flottait. Lorsqu’il se tenait devant elle dans la chambre d’hôpital, il était comme un nuage aperçu par une fenêtre un jour d’été. Ainsi que des avions, les phrases de Sarah le traversaient sans modifier le moins du monde son indolente physionomie de cumulus.
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Oui, c'était bien ça qui était en train de se produire dans son existence: en même temps qu'elle retrouvait la valeur essentielle d'une simple feuille de papier, la rayonnante valeur de sa personne se laissait de nouveau percevoir, sa saveur, ce par quoi elle se définissait comme un être distinct des autres, unique, indicible, estimable, au fond d'elle-même. elle réapprit à s'aimer: d'abord timidement, comme en tâtons, sans trop y croire, puis d'une manière de plus en plus affirmée à mesure que les jours s'écoulaient, et que les pages qu'elle écrivait s'accumulaient.
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C'était un peu comme une forêt profonde et angoissante, inextricable, constituée par les phrases que son mari lui adressait continuellement, qui toutes semblaient se reproduire à l'infini comme des centaines de troncs, jour après jour, serrées les unes contre les autres, sans issue perceptible, absolument jamais, en aucun point de ces ténèbres où Bénédicte Ombredanne se trouvait prisonnière, soumise à la fureur inquisitrice de son mari.
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