Eric Vigne:
Le livre et l'éditeurDans un salon de la Cité internationale universitaire de Paris dans le 14ème arrondissement,
Olivier BARROT reçoit
Eric VIGNE pour son livre "
Le livre et l'éditeur", ouvrage de questions-réponse sur le monde de l'édition.
On aura reconnu dans la littérature communicationnelle tous les ressorts éculés d'une littérature sentimentale dont on pourrait presque terme à terme, n'était la méchanceté, transposer à nos jours la définition qu'en donnait, Jules Lemaître, feuilletoniste à la Revue Bleue : "On y trouve [...] l'élégance des chromolithographies, la noblesse des sujets de pendule, les effets de cuisse des cabotins, l'optimisme des nigauds, le sentimentalisme des romances, la distinction comme la conçoivent les filles de concierge, la haute vie comme la rêve Emma Bovary, le beau style comme le comprend monsieur Homais".
Ne nous racontons pas de fausses histoires. Le spectre de la marchandisation prend vie et chair chaque jour davantage. Il ne hante plus la scène éditoriale, il s'y est durablement installé et rêve d'être tout à la fois le régisseur, le trésorier, le dramaturge, le metteur en scène, le script et l'ouvreuse. Il sait déjà que l'éditeur se prêtera bon an mal an à la récitation du texte qu'il lui soufflera, de peur d'avoir à quitter la scène.
La doxa forme les phrases d'une grammaire générative propre à l'univers des médias : un sujet ne peut advenir à la réalité spéculative que s'il peut être illustré par des images ; sans images, le syntagme est vide de sens, donc d'existence.
Le numérique est le royaume du paradigme, du mot ouvrant sur un autre, de la consultation en abyme, de la verticalité vertigineuse, toujours ouverte, où la réalité ne se donne plus à saisir dans une phrase, mais, comme en géologie, dans une carotte creusée à la verticale d'un mot et qui vous remonte des profondeurs des minéraux extraits des couches antérieures.