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Erik Emptaz
Si #balancetonporc met mal à l'aise, ce n'est pas par ce qu'il dénonce, c'est par la façon dont il le fait. Traiter les hommes de 'porcs' quels qu'ils soient et quoi qu'ils aient fait, c'est régler des comptes en usant d'une violence contre une autre. Et, inviter à 'balancer', avec tous les risques de dérives et de dérapages que l'on sait, ce n'est pas dénoncer à la justice, c'est, dans une logique de vengeance justicière, livrer des hommes à la vindicte populacière. Les femmes victimes de ces actes insupportables, et pas seulement celles des milieux où s'exerce le pouvoir, méritent mieux que d'être des 'balances'. Et même si les réseaux sociaux ont un rôle à jouer dans la prise de parole et de conscience, ces femmes ont droit à une autre justice que celle, expéditive et arbitraire, des vengeurs de Twitter ou des Zorro anonymes de la Toile, qui ne s'embarrassent pas de preuves. La culpabilité d'un harceleur, d'un agresseur sexuel, d'un violeur ne se décrète pas sur Twitter. Elle relève d'une démarche judiciaire. Les lois en ce sens existent et ne manquent pas. Elles peuvent sans doute être améliorées, et la difficulté pour les victimes d'apporter des preuves, comme celle d'en parler, ne facilite pas, bien sûr, leur application. Mais, dans une démocratie, ce n'est en rien une raison de vouloir se venger des 'porcs' par une 'justice' de cochon. • Le Canard enchaîné, 20/10/2017 + Lire la suite |