Citations de Esmé Planchon (60)
Je pensais que je serais une bonne actrice parce que je passe mon temps à faire semblant mais en fait il s'avère que je ne sais que faire semblant et rien d'autre alors voilà : qui je suis moi à part quelqu'un qui fait toujours semblant et jamais rien pour de vrai ?
C'était moi c'était qui
Je me reconnais pas
Cette fille qui sourit
Cette petite fille-là
Je me prenais pour une autre et je me prenais au jeu
Je m'en fichais des devoirs je sautais dans le feu
Je posais mon cartable j'enfilais mes deux ailes
Pour danser dans le ciel entre les deux tourelles.
Hôtel des Voyageurs
Pour un voyage sans ascenseur
Sans train sans gare
et sans valise
Duo-duelle en bord de mer
Le café
se renverse
Et toi, tu
me bouleverses
Une autre vie qui se dessine
Dans nos duos dans nos duelles
Pour toi ma belle
Lise avait dit : on n’a pas qu’une seule vie, on en a autant qu’on veut.
Je voulais ça aussi. Milles vies en une seule.
On n'a pas qu'une seule vie, on en a autant qu'on veut.
On est tous un peu plusieurs à la fois.
Faut trouver ta manière à toi d'être toi.
Il a plongé ses yeux-rochers dans mes yeux-lacs, provoquant des vagues qui irrémédiablement finiraient par venir se briser sur ses rochers.
J'ai regardé autour de moi : il y avait un pull tout doux tout blanc.
- Celui-là, c'est quoi son histoire ?
alors, elle a raconté l'histoire de ce pull qui réconfortait par les longues soirées d'hiver, un pull habitué aux infusions et aux chocolats chauds.
J'ai essayé un t-shirt rouge. La vendeuse a crié que c'était génial et qu'il m'allait hyper bien avec un grand sourire trop grand. J'ai grimacé.
De toute façon, moi, je préférais mon vieux pull, avec sa toute petite tache de confiture de myrtille qui me rappelait mon goûter avec ma meilleure amie.
Je voulais être le moins possible lié à qui que ce soit.
Car vous savez, c'est très dangereux de connaître des gens. Plus on en connaît, plus on risque d'en perdre. Les gens meurent, et après on se sent mal et c'est horrible.
Je ne voulais pas revivre ça.
Il y a des gens qui disent : "Quand quelqu'un meurt, la vie continue."
Mais il y a des moments où il faut la mettre sur pause. Pas d'autre choix. Parce que les morts sont plus présents que les vivants. Parce que c'est avec eux qu'on veut passer du temps. Parce qu'on ne veut pas que la vie continue sans eux.
Il y a des soirs comme ça. Je suis habitué.
Et ce soir-là, c'était un soir comme ça.
Écrire des fanfictions, je voyais ça comme écrire dans les marges des livres qu'on aime. Ou comme inventer des notes de bas de page bizarres et inutiles.
En fait, j'écrivais pour répondre au livre. [...]
D'ailleurs, écrire ou peindre, c'était peut-être toujours répondre à quelqu'un ou à quelque chose.
Parfois je répondais au lac.
A un arbre.
A la forme d'un nuage.
Je laissais des messages en forme de poème sur le répondeur du lac.
On n'écrit pas tout seul dans le vide.
Bref, je comprenais peu à peu qu’être un garçon ou une fille ce n’était pas forcément adhérer à tous les clichés, qu’on avait le droit de s’amuser, que les règles étaient plus souples que prévu, et que je m’en sortais pas trop mal.
Sur les réseaux sociaux, il faut encore être soi-même, en ajoutant des filtres pour avoir l’air plus cool. Bref, exactement comme au lycée, où tout le monde a l’air de porter des filtres de coolitude sous forme d’habits et d’expressions à la mode. Déjà que j’avais du mal à avoir des likes en vrai, fallait aussi en avoir sur Internet ? Au secours.
Ah oui. Encore une erreur que j’avais faite. Est-ce que c’était ma myopie qui me faisait voir Léo et ses amis comme une masse floue intitulée « Les Gens Normaux » ? Maintenant je le savais : les gens normaux n’existent pas. Ce sont des conneries qu’on s’invente quand on a la flemme de faire attention aux détails.
On a autant de vies qu’on décide d’en avoir. Tout est à inventer, tous vos tours et vos détours. Parfois, on apprend à devenir libraire en criant des poèmes assise sur un trapèze. Parfois, on apprend à être une bonne actrice en sortant toute la nuit.
Ecrit-on pour soi-même ou sur qui l'on voudrait être ? Qui devient-on en écrivant ?
Il a plongé ses yeux-rochers dans mes yeux-lacs, provoquant des vagues qui irrémédiablement finiraient par venir se briser sur ses rochers.
Je voulais ça aussi. Mille vies en une seule.