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Critiques de Eugène Dieudonné (5)
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La vie des Forçats

Au début du 20eme siècle, Eugène Dieudonné est accusé à tort d’avoir pris part au braquage de la Société Générale à Paris. Il écopera pour cela d’une peine de prison au bagne dans les Îles et laissera derrière lui son épouse et son petit garçon. Ayant rencontré Albert Londres, le célèbre journaliste, et n’ayant jamais cessé de tenté de s’évader (car il n’était pas coupable), cet artisan ébéniste de grand talent non seulement se refera une vie mais narrera par le détail « le non-sens et la folie » du système carcéral en place dans ces îles lointaines qui coûtaient une fortune aux contribuables et n’avaient aucunement pour objectif la réinsertion des hommes dans la société.

Parlons-en d’ailleurs des hommes. Les plus vicieux d’entre eux se trouvaient être à des postes clés, comme glorifiés.

On mesurera l’intérêt de la prévention face à la prévention - toujours d’actualité.

Un livre qui se lit bien et vite mais qui laisse des traces néanmoins.

Ayant toujours eu des chiens à la maison qui ont été traités avec beaucoup d’égards et de respect, je ne peux m’empêcher de penser aux personnes incarcérées pour de menus larcins ou des pensées « inconvenantes » et qui ont vécu ces situations dignes de l’Enfer de Dante.
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La vie des Forçats

Réédités pour la première fois depuis 1935 par les Éditions Libertalia, les récits d'Eugène Dieudonné (ex-membre de la Bande à Bonnot) rappellent au cruel souvenir de cette administration pénitentiaire française qui se débarrassait de ses indésirables en les envoyant aux bagnes d'outre-mer. C'est à la demande d'Albert Londres, que l'ancien anarchiste, après avoir été gracié, met en mots ses souvenirs. Ses témoignages ainsi que ceux du journaliste et de Paul Roussenq concordent : cette expérience traumatisante transforme les hommes et ne laisse aucun indemne. L'égalité n'y est pas de mise. Seule domine la loi de la jungle. Car à l'école de la Tentiaire, seuls les plus forts, les solides, les plus intègres ou les plus malins peuvent caresser l'espoir de s'en sortir. Comme le montre Dieudonné avec pertinence, outre le facteur caractère, il y a aussi la chance. Il y a en effet autant de destins que de bagnards. Comme certains, Dieudonné a donné des années de sa vie (14 ans) pour des crimes qu'il n'a pas commis. C'est cher payé au nom de la Patrie. Pas de pathétisme pourtant dans le discours de l'auteur : la simplicité et la distance avec lesquelles il met en scène ses souvenirs accusent intelligemment les faits en même temps qu'elles donnent de la force au témoignage...



Avec la justesse qui marque ses propos, Dieudonné fait passer l'idée que le bagne ne s'arrête pas aux travaux forcés et à la vie dans les cases. Celui-ci s'inscrit géographiquement dans une contrée dont on ne peut ignorer le lien qu'elle a avec la France. La Guyane française dont la IIIe République avait décidé d'autorité qu'elle serait la terre de souffrance de ses éléments corrompus, cette même France qui voulait exploiter la main d'oeuvre de ses truands pour participer à la construction et l'expansion de ses colonies, Dieudonné en dénonce l'injustice en ces quelques phrases : "Mais une gangrène profonde, faite de tous les vices des hommes de toutes les races et de tous les pays, après s'être étendue sur tout le bagne, après avoir fait parfois contaminé des agents et leur enfants - je l'ai vu, j'ai des preuves - se faufile sournoisement au dehors, dans la population libre, surtout chez les plus pauvres d'entre les Noirs. Les meilleurs des Guyanais protestent contre le danger du bagne. Qu'avons-nous fait disent-ils, pour que la métropole nous envoie ses déchets ?" (p. 137). Voici un questionnement que je n'ai pas trouvé dans L'enfer du bagne de Paul Roussenq ou même dans le célèbre reportage Au bagne d'Albert Londres. Excepté Dieudonné, qui se soucie du sort des Guyanais ?



Et parce qu'il lève également le voile sur une partie occultée des conséquences subies par les populations colonisées, La vie des forçats est un témoignage perspicace qui apporte un point de vue critique intéressant. Au nom de la politique colonialiste, on oublie souvent les dommages colatéraux infligés aux autochtones. Dieudonné leur rend justice par ces quelques mots : "Et on voit un pays merveilleux, riche et presque vierge, mourir de la présence du bagne. Pour tout le monde, le nom de Cayenne est synonyme de bagne. Les Guyanais portent cette croix, semble t-il, pour racheter les péchés des Français. Ainsi, dit-on, le Christ portait la sienne pour racheter les péchés des hommes." (p.137). Déclaration gênante quand on y pense. Mais si pertinente. Rien ne se passe comme il faut en Guyane coloniale : on marche sur la tête. Il existe pourtant des moyens de réhabiliter les détenus (cf. les systèmes de détention américains de l'époque). Encore faut-il s'en donner la peine...



Synonyme d'iniquité que le bagne pour Dieudonné : "C'est l'envers de la vie. Les pas de chance, les gosses abandonnés, les mal-doués par la nature, les victimes de leur psychologie morbide, les détraqués y coudoient les crapules finies. Tous ces gens vivent pêle-mêle, enfermés dans les mêmes cases. A ce régime, un saint homme deviendrait un enragé. Qu'on ne s'étonne pas alors des assassinats, des viols, des priapées, des délations ou des révoltes des forçats. Qu'on s'étonne plutôt que de telles institutions existent encore à notre époque (...) Et que les hommes de bonne volonté, ceux qui sont favorisés par la nature ou par la chance, tendent une main secourable à leurs frères malheureux. Car les forçats, eux aussi, sont des hommes." (p.190-191). Heureusement, cette administration est aujourd'hui abolie. Mais se souvenir, c'est se rappeler de ne pas retomber dans l'erreur et c'est essayer de faire mieux à l'avenir (situation alarmante de nos prisons actuelles ?). La vie des forçats rapporte avec impartialité, les souvenirs lucides d'un ancien bagnard gracié et chose qui parait impossible... réhabilité... Une lueur d'espoir dans l'enfer du bagne. A lire absolument.
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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La vie des Forçats

Juste après avoir lu "Au bagne" d'Albert Londres, qui m'a littéralement passionné, je n'ai pas voulu en rester là et j'ai directement embrayé sur le témoignage d'Eugène Dieudonné, ancien de la bande à Bonnot, condamné à mort (a priori pour pas grand-chose), gracié par le fait du prince et envoyé aux travaux forcés à perpétuité. Dans son ouvrage, Londres évoque d'ailleurs longuement le cas Dieudonné, avec lequel il a sympathisé, au point que c'est lui qui est ensuite allé le récupérer au Brésil après une évasion pour lui annoncer qu'il était amnistié et qu'il pouvait rentrer en métropole. Dieudonné semble d'ailleurs avoir écrit ses mémoire sur le conseil du journaliste, qui signe la préface.

"La vie des forçats" est presque plus passionnant encore que "Au bagne", en cela qu'il rapporte des anecdotes de la vie des "fagots" dont seuls ceux qui les ont vécues directement en tant que condamnés pouvaient témoigner, et que même un journaliste aussi malin que Londres ne pouvait pas connaître.

C'est certes assez factuel : Dieudonné était un ébéniste, pas un écrivain. L'écriture est simple, mais d'une grande clarté, et l'auteur sait faire preuve malgré tout, à l'occasion, d'un excellent sens de l'analyse.

On découvre donc un microcosme d'une complexité incroyable, véritable monstruosité de vice, de corruption et d'injustice. L'humanité de certains personnels de la pénitentiaire, et notamment des médecins, aura beau faire, ils ne pouvaient que constater les dégâts d'une véritable machine à aggraver les problèmes plutôt qu'à les régler. "Les plus sains d'esprit étaient ceux qui tentaient de s'évader, et les surveillants le savaient bien", voilà une phrase qui, à mon sens, résume tout. 1 000 morts par an sur 5 000 forçats en moyenne, des chiffres qui rivalisent avec Dachau ou Buchenwald.

Au passage, je dois constater encore la condescendance avec laquelle Dieudonné parle souvent des "nègres", que l'on retrouve également dans l'ouvrage de Londres. Un moment, il cite en exemple le bagne américain de Porto Rico, dont les méthodes sont, selon lui, bien plus humaines et bien meilleures que les méthodes françaises pour amender les prisonniers. Et entre d'autres mesures qui en effet sont de bon sens (pas de cachot, pas de privation de nourriture, etc.), il cite celle-ci : "les prisonniers noirs et les prisonniers blancs étaient séparés."

Une preuve de plus du racisme systémique qui gangrénait la société occidentale au début du siècle dernier.
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La vie des Forçats

Terrifiant de bout en bout.

Déshumanisation, abus, La France telle qu'on ne l'aime pas.
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La vie des Forçats

Eugène Dieudonné dans son récit, et c'est là à mon sens tout l'intérêt du livre, ne centre pas sur sa personne, mais décrit les atrocités du bagne dans leur ensemble, telles qu'il les a vécu et ressenti, les vols entre détenus, les viols, les couples forcés, les meurtres, le décadence de l'administration pénitentiaire française qui était au yeux du monde une honte suprême. Il décrit et dénonce ce que des gens ne veulent pas admettre, un voleur de poules se retrouvait avec un assassin dans le même bloc, la France ne voulait que se débarrasser des voleurs, mendiants, vagabonds......en plus des assassins, dans le but mensonger de peupler la colonie en faisant miroiter une concession en fin de peine, mais la fin de peine c'était le doublage, rester en Guyane le même nombre d'années que sa peine de bagne une fois celle-ci effectuée, le doublage c'était la mort, la vie de clochard sans travail à Cayenne ou Saint Laurent du Maroni. Les libérés n'avaient même pas de concession. 70 000 Forçats ont été déportés en Guyane entre 1852 et 1946. Il est important de comprendre ce que la France a eu de plus cruel en matière de punition carcérale. Lire ce livre apporte un éclairage plutôt intéressant, je le recommande vivement. Et pour ceux qui veulent complémenter le sujet, je recommande à juste titre, les livres de Albert LONDRES "Au bagne", Paul ROUSSENQ "l'enfer du bagne", Léon COLIN "des hommes et des bagnes pour ne citer que ceux là, mais les ouvrages ne manquent pas pour les passionnés.
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