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Critiques de Fabrice Le Henanff (37)
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Monet : Un arc-en-ciel sur Giverny

Une bd-biographie que j'ai dévorée avec plaisir .



En plus les dessins représentant Giverny sont juste magnifiques



Si vous aimez comme moi Monet et que vous voulez en apprendre un peu plus sur son histoire tout en prenant plaisir à lire une bd alors foncez.
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Ostfront : Stalingrad

J'aborde cette BD sans parti pris et sans comparaison avec tel ou tel film ou livre, c'est une BD. Son but n'est pas didactique, elle ne nous explique pas la stratégie ni l'Histoire, elle montre simplement ... du vécu; c'est comme si on y était; à la place des soldat dont le seul souci est de survivre et non de comprendre et juger; ici on est dedans, on est avec eux et du coup, on les comprend bien mieux. On souffre énormément à Stalingrad, on y est malade, blessé et sans grand soin, on y a faim et surtout froid. L'un des points forts de cette BD est de nous restituer cette ambiance glaciale d'un bout à l'autre; ce côté est merveilleusement bien réussi. Le dessin est très bon, l'ambiance plus que réelle et, comme les soldats, on est un peu abandonné à notre sort; on vit Stalingrad de l'intérieur. J'ai personnellement passé un excellent moment avec cette BD. Elle mérite mieux que ce qu'on lit sur elle. Même si ces choses sont vraies, ça ne lui retire absolument rien.
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Capitaine Bligh, tome 1

Cet officier de la Royale Navy a la particularité d'être célèbre grâce à la mutinerie du Bounty en 1789. On se souvient encore de l'acteur encore jeune Mel Gibson en Christian Fletcher préférant se reposer au bras de vahinés à Tahiti. Il incarne encore pour moi le héros romantique qui a combattu la tyrannie.



Cependant, le Capitaine Bligh semble être un habitué des mutineries car il est intervenu pour mâter la plus importante d'entre elle survenue en 1797: la révolte de la Nore. Un salaud jusqu'au bout qui n'a pas hésité à faire dans la répression alors que ces matelots ne faisaient que réclamer une hausse de salaire sans remettre en cause le système.



Bref, l'image nuancé de Bligh ne sera pas de rigueur en l'espèce. Après tout, il n'y a pas eu mutinerie pour rien. Cependant, il est toujours intéressant d'avoir son point de vue sur la mutinerie du Bounty qui l'a beaucoup marqué. Cet homme n'a malheureusement pas appris de ses erreurs.



Je n'ai pas trop aimé au premier abord le graphisme composé de photoshop. On croirait lire un magazine de photo avec des bulles parlantes ce qui paraît déconcertant. Pour autant, cela donne un effet plutôt original que l'on pourrait apprécier. En effet, ce réalisme est plutôt impressionnant.



Pour le reste, c'est une bd historique qui pourra trouver son public parmi ceux qui sont fans de beaux navires.
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Wannsee

Cette BD peut ouvrir la discussion et l'intérêt de certaines personnes non familiarisées avec le protocole de Wannsee (solution finale) et les arcanes de cette décision (et ses ramifications).



Un descriptif simple des protagonistes, un rappel rapide du contexte, des Lois de 1935, des enjeux du Reich et des ambitions personnelles (qui ont pesé plus que lourdement sur certaines décisions) sont les atouts de cette BD.



Il est difficile de faire plus pédagogique sur cette réunion et l'auteur y arrive fort bien.



Pour ma part, je n'ai rien appris (ayant lu de nombreux ouvrages d'Histoire sur le sujet) mais j'ai trouvé cette BD sobre, didactique et facile à appréhender même pour des novices.

Pour les personnes comme moi, cela ne peut pas faire de mal d'avoir une piqûre de rappel historique de temps en temps (surtout en ces temps troublés).



A lire absolument !
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Ostfront : Stalingrad

Cette bataille vue par trois soldats allemands de confession, croyance et avis différents est une bonne idée (déjà vue, soit, mais bonne)... pourtant, ayant déjà eu en mains d'autres graphiques sur ce sujet, je n'ai pas trouvé ce que j'attendais, contrairement à ma lecture de Westfront.



Les dessins semblent moins travaillés et cela survole un peu les conditions de Stalingrad. Rien de percutant, ni de dramatique ... dieu n'est pas le seul à savoir les horreurs de cette guerre des rats !

Pourtant, on aurait pu s'attacher aux personnages, malgré nous (et eux, d'ailleurs).



La notice de fin a, un peu, relevé mon intérêt.



Je lui préfère (sur le thème du front russe) les magnifiques 4 tomes de "L'armée de l'ombre" de Olivier Spieltens qui, côté graphique, est réellement un petit bijou.
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Ostfront : Stalingrad

Une bande-dessinée consacrée à la bataille de Stalingrad, vue exclusivement du côté allemand et par le biais de 3 soldats.

Une BD pour le moins illisible, d'une part par un récit brouillon et d'autre part, desservie par des dessins figés, sombres et pas très nets.

On voit très peu de batailles et lorsque l'on tombe sur une scène d'action, on n'arrive pas à reconnaître les protagonistes.

J'aurai souhaité voir dans cette BD toute l'horreur de cette bataille, la difficulté des hommes et surtout ce qui a fait basculer dans un camp la conquête de cette ville... mais rien de tout cela dans cet album mal réalisé. C'est bien dommage.
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H.H.Holmes, tome 1 : Englewood

La lecture est peu plaisante, très confuse, on comprend que jack l'éventreur a immigré aux US, mais c'est vraiment laborieux. D'une page sur l'autre on se perd dans le récit. Je laisse une chance à cette BD pour la dernière scène, mais si le deuxième volume n'est pas mieux... au-revoir
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Wannsee

L'idée de retracer une conférence secrète menée par des dignitaires du régime nazi en ce début de l'année 1942 est intéressante d'un point de vue historique.



En effet, il s'agit d'expliquer comment une simple réunion de travail suivi d'un buffet a entériné et organisé le génocide de millions de juifs à travers l'Europe.



Après, le traitement est celui d'une réunion pas comme les autres dans ses moindres détails. Mis à part des prises de paroles qui apparaissent audacieuses, il n'y aura point d'action. Par ailleurs, les dialogues sont assez explicatifs et ne sonnent pas vraiment réalistes. Bref, la mise en scène n'est pas parvenue à sortir de cet exercice de départ assez délicat.



Cependant, cette oeuvre a le mérite d'exister et elle est extrêmement bien documentée pour qu'on oublie jamais ce qui s'est passé. Les monstres existent toujours bien malheureusement.
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Wannsee

Comment traiter d’un tel sujet – la façon dont quinze hommes ont, un jour, entre le buffet et le dessert, décidé du sort, et de la mort, de millions d’autres hommes – ? C’est l’interrogation première que pose cette bande dessinée, dès la préface de Didier Pasamonik : comment éviter la fascination, morbide, voyeuriste ou sidérée, à la fois pour ces morts, ces cadavres, et pour la mise en scène nazie, entre célébrations aux flambeaux et esthétique aryenne ?



Quoi qu’il en soit, le résultat est, de mon point de vue, extrêmement réussi. En ce centrant sur ces 90 minutes qui ont marqué à jamais l’humanité, l’auteur parvient à la fois à nous en montrer le côté monstrueux, mais également risible. Ces hommes, au-delà du pouvoir immense qu’ils ont alors, et qu’ils vont exercer en despotes, que sont-ils ? Rien, en fait, ou si peu que c’en est négligeable. Et, d’ailleurs, ce qui pourrait être le principal reproche que j’aurais à faire à cette bande dessinée – je ne reconnais pas les différents personnages, je ne les distingue pas vraiment les uns des autres – prend en fait pour moi un autre sens : il n’y a aucun intérêt à les distinguer, parce qu’ils sont en réalité des rouages, parfaitement interchangeables. À part Eichmann et Heydrich, dont on connait les « exploits », les autres ont été d’abord de ces hauts fonctionnaires qui « ont appliqué les ordres »… Et cette façon de les fondre dans une espèce de « communauté » indivisible me semble être une bonne façon de les représenter. Les dessins, pour en terminer avec cette dimension de la bande dessinée, sont dans des teintes passées, dans des nuances de gris, qui vont bien avec le sujet traité. Tout reste un petit peu flou, comme le cauchemar que événement incarne.



Les dialogues montrent, par petites touches, les lignes de faille. Les échanges, avant le début de la conférence, dans les petits groupes qui se forment, montrent les dissensions, les luttes de pouvoir. On perçoit également le montage de la manipulation – il est prévu, avant même la conférence, que les notes soient détruites, pour que seul un communiqué officiel subsiste. Et puis arrivent – les derniers – Eichmann et Heydrich. Et, quoi que l’on ait pu dire d’eux en leur absence, on ne leur dit pas non.



C’est sinistre, c’est glaçant, naturellement. Mais c’est tellement salutaire, également, de pouvoir accéder à un tel témoignage de la façon dont un système peut emmener avec lui des hommes « normaux », et non pas des « monstres » qui auraient été prédestinés à cela. Cela n’est pas sans me faire penser à ce qu’Éric-Emmanuel Schmitt indique dans sa postface à La part de l’autre, rappelant qu’il serait trop facile, pour l’humanité, de se dédouaner en considérant Hitler comme un monstre, alors qu’il faut prendre à bras le corps la question inverse, qui est de savoir comment un homme lambda peut, au travers de circonstances, devenir un bourreau… Cela me fait d’ailleurs songer que je devrais consacrer une chronique à ce livre… à suivre !



Enfin, à signaler, à la fin de l’histoire, l’auteur nous indique, en quelques pages et en quelques dessins, le destin de chacun de ces hommes. Et c’est presque là où l’on est le plus choqué, en découvrant que deux d’entre eux ont vécu encore plusieurs dizaines d’années…
Lien : https://ogrimoire.com/2020/0..
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Elvis

Un album graphique pour évoquer la vie du King, qui attendait dans ma PAL depuis un bon moment... les illustrations sont magnifiques, de même que les couleurs. Le texte en revanche, peu présent, m'a paru plutôt faible, purement factuel, ne parvenant pas à donner de chair ou d'émotion au récit.



Au final, cela donne un album visuellement très réussi, retraçant fidèlement a priori (je ne suis pas un immense connaisseur du King...) les principaux moments de la vie d'Elvis (en occultant un peu les aspects plus "sulfureux"). Mais un album très appliqué, se contentant de narrer les faits, sans parvenir à donner à mon sens de la vie au récit...
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Wannsee

Ce tome contient un récit complet indépendant de tout autre. La première édition date de 2019. Il a entièrement réalisé (scénario, dessin, couleur) par Fabrice le Hénanff. Il comprend 70 pages de bande dessinée en couleurs couvrant la conférence de Wannsee, ainsi que 11 pages dessinées supplémentaires présentant le premier propriétaire de la villa au bord du lac de Wannsee, ainsi que les différents participants à la conférence. Le tome s'ouvre avec un court avertissement de l'auteur explicitant qu'il s'agit 'une fiction, une introduction d'une page rédigée par Didier Pasamonik (éditeur, directeur de collection, journaliste et commissaire d'exposition dans le domaine de la bande dessinée), évoquant les questions de ressenti, de séduction esthétique et de transmission par le biais d'une bande dessinée historique.



Dans la villa Marlier en banlieue de Berlin, le 19 janvier 1942, le personnel s'affaire pour préparer les chambres des invités, et pour les questions logistiques de la conférence qui doit se dérouler sous la responsabilité de Reinhard Heydrich (1904-1942). Sur place, Adolf Eichmann (1906-1962) fait enlever les fanions SS, et exige qu'à la place soient hissés des fanions aux couleurs du drapeau. Il a fait amener avec lui de bonnes bouteilles pour le buffet du lendemain. Le 20 janvier 1942, Eichmann accueille lui-même certains arrivants : Rudolf Lange (1910-1945), Karl Eberhard Schöngarth (1903-1946). Il les accompagne à l'intérieur et fait le point avec l'adjudant : il ne manque plus que Reinhard Heydrich et Wilhelm Kritzinger (1890-1947). Il indique à Lange et Schöngarth qu'ils peuvent aller se restaurer au buffet en attendant que la conférence commence. Kritzinger arrive dans sa voiture avec chauffeur, au moment où Heydrich survole le domaine dans son avion. En attendant le début, les conversations s'engagent sur plusieurs thèmes : la solution finale à la question juive, les combats à Moscou, la mort du général Walter von Reichenau(1884-1942), Herman Göring et le pillage des musées d'Europe, les lois de Nuremberg de 1935 (dont celle sur loi sur la protection du sang allemand et de l'honneur allemand).



Chacun ayant fait un peu connaissance avec les autres, et Reinhard Heydrich étant arrivé, tout le monde pénètre dans la salle de réunion et prend place autour de la table. Heydrich a la ferme intention de boucler la réunion en une heure et demie, deux heures maximum. Il pénètre dans la salle, et propose que tout le monde se dispense du salut nazi. Il organise un tour de table pour que chacun se présente. Chacun à tour de rôle annonce son nom, son titre, et sa position dans le gouvernement : Adolf Eichmann, Roland Freisler, Josef Bühler, Garhard Klopfer, Wilhelm Kritzinger, Alfred Meyer, Martin Luther, Georg Leibbrandt, Wilhelm Stuckart, Heinrich Müller, Otto Hofmann, Karl Schöngarth, Rudolf Lange, Erich Neumann, et donc Reinhard Heyrich. Ce dernier rappelle qu'il est l'organisateur de la réunion et qu'il la préside, que tous les participants sont tenus au secret, qu'ils ont droit de prendre des notes mais pas de les conserver, ni de les emmener avec eux, et qu'il s'agit de régler les détails techniques de la question juive.



Il y a des bandes dessinées au thème tellement fort qu'elles intimident le lecteur : la solution finale ! Il est vraisemblable qu'elles doivent également intimider leur auteur : c'est sûr qu'il est attendu au tournant par tous les historiens professionnels, et aussi amateur, par tous les férus de cette période de l'histoire, fourbissant leurs critiques avant même d'avoir lu une seule page. Il n'est pas possible de faire dans la demi-mesure avec un tel sujet : exemplarité, rigueur et exactitude. En outre, il s'agit de raconter dans un média visuel, le déroulement d'une réunion, c’est-à-dire majoritairement des gens statiques sur une chaise en train de parler : un défi à la limite de l'inconscience. De fait, cette bande dessinée est bien telle que le lecteur peut se l'imaginer : présentation un par un des 15 participants à la réunion, avec leur fonction au sein du gouvernement ou de l'armée, explication du déroulement de la réunion, passage en revue des objectifs et suggestions sur les méthodes et les moyens à mettre en œuvre, et beaucoup de cases avec uniquement une tête en train de parler. D'un autre côté, comme le lecteur s'y attendait, il est déjà préparé à fournir l'effort nécessaire pour se plonger dans une bande dessinée sans action, sans scène spectaculaire, et un peu alourdie par les informations historiques, parfois trop précises, parfois pas assez.



Dès la première page, le lecteur est frappé par les choix de mise en couleurs : entre naturalisme et approche conceptuelle. À la fois, les couleurs jouent leur rôle habituel : accentuer la distinction entre les formes détourées, ajouter un peu de relief à chaque forme, rendre compte de des couleurs réelles en fonction de l'éclairage. À la fois, l'artiste a retenu une palette limitée, à base de marron clair, d'ocre et de vert de gris. En fonction des séquences, l'impression du lecteur passe d'une sensation d'uniformité un peu glauque, à une immersion dans un état d'esprit grisâtre dominé par un processus technocratique sans âme ni émotion. Tout du long de ces pages, le lecteur constate également que l'artiste a appliqué des traits verticaux, sur la plupart des cases, mais pas sur toutes les surfaces. Il s'agit le plus souvent de segments, parfois un peu courbes, parfois discontinus. Cela produit un effet de voile comme si les images étaient rayées, portent la marque du temps qui a passé. Étrangement, cela ne surcharge pas les dessins, ne les rend pas plus compliqués ou plus longs à lire. Par contre les sens du lecteur se retrouvent comme engourdis, à la fois par les couleurs ternes, à la fois par ces striures qui forment comme une sorte de voile affadissant la réalité.



Le lecteur se rend également vite compte de la difficulté de rendre visuellement intéressante une réunion de personnes assises autour d'une table. Fabrice le Hénanff fait de son mieux pour inclure un peu de variété : vues de la façade de la villa Marlier, l'avion de Heydrich dans le ciel, phase d'attente dans les salons, 5 pages consacrées à la prise de Kiev… Il n'en reste pas moins qu'il y a beaucoup de cases ne comprenant qu'une tête en train de parler, ou des gros plans, à la rigueur des plans poitrine sur les participants. Malgré les présentations lors du tour de table initial, il est possible que le lecteur décroche en cours de route et n'identifie pas tel ou tel intervenant. De ce point de vue, les 11 pages en fin permettent de revoir chacun des participants et de se les remettre en mémoire. Malgré ces caractéristiques visuelles et narratives, le lecteur ressent bien une impression d'immersion et de narration graphique. Au fil des pages, il voit bien qu'il y a de nombreux détails qui nourrissent la reconstitution historique : modèle de voiture, modèle d'avion, uniformes, portrait d'Adolf Hitler, décorations militaires, déportation de population, exécution sommaire et fosse commune, facsimilé de document administratif, etc. Il a conscience que l'utilisation d'une palette de couleurs réduite et un peu terne et que les hachures discrètes évitent tout effet voyeuriste, tout regard complaisant ou malsain, en produisant un effet de prise de recul.



Alors que la réunion progresse, le lecteur s'immerge complètement dans les échanges, comme s'il était lui aussi assis à la table de réunion, ou sur une chaise un peu en retrait. Les choix graphiques lui rappellent qu'il s'agit bien d'une reconstitution, d'une fiction, grâce à cette distanciation visuelle d'une représentation de type photographique. Il remarque facilement les éléments chiffrés ou les rappels de faits qui fournissent des points d'ancrage dans la réalité historique et qui sont facilement vérifiables. Fabrice le Hénanff se montre transparent dans ce qui relève de faits avérés (la quantification de la population juive en page 26, la prise de Kiev) et de mise en scène fictionnelle. Il n'y a pas de tricherie, pas d'imposture. Visiblement, les différents officiels ne se connaissent pas plus que ça, et la plupart restent sur leur quant-à-soi, évitant de trop s'engager, de prononcer une parole qui pourrait les compromettre. Certains se montrent habiles dans l'art de la manipulation pour influencer, évoquant le nom du Führer en passant, rappelant une prise de position publique de l'un ou l'autre des participants. Petit à petit, le lecteur observe également qu'il se produit un glissement sémantique : les participants ne parlent plus d'êtres humains mais de processus de traitement, la rationalisation bureautique s'applique ainsi à des processus. Chacun propose une idée, émet une suggestion : la responsabilité se dilue dans le groupe, chacun pouvant estimer qu'il n'est en rien responsable du processus global.



Au fur et à mesure que les fonctionnaires et les militaires analysent les possibilités d'action, le scénariste intègre des éléments historiques plus pointus : la Babi Yar (un lieu-dit de la ville de Kiev où les soldats allemands fusillaient les juifs de Kiev et de ses environs), le traumatisme des soldats allemands chargés des exécutions, la consommation en munition, le traitement des Mischlinge et des mariages mixtes, ainsi que l'origine de la politique de traitement des juifs (la Limpieza de Sangre, appliquée en Espagne et au Portugal à la fin du quinzième siècle). Même lorsque l'auteur a recours à un portrait d'un interlocuteur dessiné en pleine page et artificiellement découpé en 9 cases (3 rangées de 3 cases en page 49), le lecteur conserve l'impression d'une bande dessinée, du fait de la progression de la rhétorique dans les phylactères successifs. Il prend pleinement conscience de la démarche organisatrice et planificatrice à l'œuvre, maintenant totalement déconnectée des individus, de la notion d'être humain. Pendant 4 pages (51 à 54), les participants examinent la question des mariages mixtes et des personnes d’ascendance partiellement non-allemande. C'est d'une efficacité redoutable, à la fois pour catégoriser les individus, leur situation et leur sort, à la fois pour que le lecteur fasse l'expérience de cette logique de traitement. Il est tellement absorbé par la normalité du discours et son décalage avec la réalité de ce qu'il recouvre, qu'il est possible qu'il ne prête plus attention aux informations visuelles qui l'accompagnent : les allées et venues des rats, la composition de la page 41 silencieuse et des bordures de case dessinant l'étoile juive. Même dans un moment aussi technocratique, l'auteur réussit à mettre à profit la narration visuelle.



Avec cette bande dessinée, Fabrice le Hénanff relève un pari risqué : évoquer un moment de l'Histoire dans une période très visitée, raconter une réunion statique autour d'une table dans un lieu clos dans un média visuel. Sans surprise, le lecteur découvre que la bande dessinée prend vite en charge de nombreuses informations historiques et que la réunion est dépourvue d'action. Progressivement, il se rend compte qu'il écoute les participants, comme un réel observateur à cette réunion, et que la partie visuelle est pleine de personnalité et ne se limite pas à une soixantaine de pages montrant des têtes en train de parler. Une fois les participants partis, il reste sous le choc de l'extermination qui a été organisée avec professionnalisme, ayant vu comment un tel massacre est devenu un défi administratif relevé avec compétence. L'addenda se révèle tout aussi cruel : le lecteur découvre ce qu'il est advenu des participants à la conférence de Wannsee, et il établit une comparaison avec ce qu'ils ont participé à organiser, et le sort des êtres humains exterminés dans ces opérations.
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H.H.Holmes, tome 2 : White City

BD gest me dit que la série est finie.... Ah bon... Finie ou abandonnée en cours ? Parce qu'en tournant la dernière page, il me semble au contraire que rien n'est fini.

Je commence seulement à comprendre ce qui est raconté. L'esprit assez tordu du "méchant" commence à se révéler petit à petit.

J'aime bien les dessins, malheureusement, je les trouves souvent trop petits...et je m'arrache les yeux pour voir.... ou parfois l'ordre de lecture est incertain.... et donc j'ai du reprendre plusieurs fois mon parcours de la planche pour tout remettre dans le bon ordre.

J'aurais aimé connaitre la suite tout de même....
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H.H.Holmes, tome 1 : Englewood

Pourquoi n'ai-je emprunté que le tome 1 ? C'est un peu bête, c'est au moment où je commence à comprendre quelque chose dans l'histoire que je dois patienter pour découvrir la suite.

Parce que j'ai mis pas mal de temps à m'y retrouver.... Il se passe beaucoup de chose en très peu de pages, mais toute l'introduction n'est qu'une succession d’événements qui ne semblent pas liés entre eux.... donc c'est un peu rude.

Certains, trouvent facilement leur place, d'autres restent pour mois assez flous. J'imagine donc que le tome 2 va éclaircir tout ça...

Pour ce qui est du dessin, il est très beau... mais très sombre et sous très petit. J'ai du un peu m'arracher les yeux pour bien en profiter. Cela aurait été impossible pour moi de lire cette BD en fin de journée.

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H.H.Holmes, tome 1 : Englewood

Sabrez le champagne, voici venu ma chronique la plus courte de l’histoire de toutes mes chroniques !



Les dessins sont touffus, sombres, mal faits, les personnages se ressemblent tous, le scénario est confus, on ne sait pas trop où l’on va se diriger et les tons sépias ne rendent pas justice à l’album.



Bref, pas vraiment un plaisir pour les yeux ni pour la compréhension, toute cette anarchie.



Pourtant, le pitch de départ était bon : qu’est devenu Jack The Ripper après le meurtre de Mary Jane Kelly ? Il serait parti en Amérique…



Oui, d’après le scénario, mais on se retrouve avec celui qui serait le véritable Jack (et pourvu d’un cocher nommé Netley, comme dans « From Hell » d’Allan Moore) et le tristement célèbre H.H. Holmes à tel point qu’on ne sait plus qui est quoi, ni comment ils se connaissent.



C’est touffu, on ne s’y retrouve pas, on s’y perd, pire, on n’est même pas tenté de lire la suite pour savoir comment cela va tourner.



Je l’ai lu parce que j’avais la bédé sous la main, mais à mon avis, elle va servir de cale à la prochaine escabelle qui sera rendue bancale par un sol inégal.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Wannsee

Une BD qui m'a donné envie de vomir... L'histoire de la planification de la "solution finale" est tout simplement à gerber... Le "tour de table" qui rappelle à la fin ce que sont devenus chacun des participants m'a bien plombée également. Un contenu difficile, mais essentiel.
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Wannsee

BD glaçante, servie par un dessin qui ne l'est pas moins, Wannsee donne à voir la réunion de 2h qui a acté l'organisation de la solution finale. Les faits sont connus, les historiens ont déjà produit des études sur le sujet. Pourtant la force de cette BD est de donner à voir l'évènement, les dialogues emplis d'une logique comptable, horrible, froide, déshumanisée. Glaçant mais toujours nécessaire pour rappeler ce qui ne doit pas être oublié.
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H.H.Holmes, tome 2 : White City

Suite de cette série BD sur le passage en Amérique dans les années 1870 – 1880 d’un Jack l’éventreur : le docteur Holmes. Ses affaires sont au mieux : il a pu récupérer un terrain prés de sa pharmacie pour y construire un hôtel. La propriétaire a mystérieusement disparu (voir le tome 1...). L’hôtel va certainement être une bonne affaire avec l’arrivée de l’exposition universelle.

En plus, de nombreuses jeunes femmes continuent d’être mutilées sur les bords du fleuve et les cadavres sont revendus à l’université. Tout va bien pour Holmes.

Sauf que mademoiselle Martinelli, la secrétaire de Pinkerton, tourne trop autour de lui. Il va falloir employer les grands moyens. Heureusement, le détective Siringo, expérimenté et bon tireur, suit cette cette jeune femme qui ne le laisse pas indifférent.



Plus rythmé que le premier tome, plus resserré autour des personnages principaux, plus clair dans son approche, ce deuxième tome ouvre mieux l’histoire, qui devient intéressante. Le dessins sont toujours stylés, mais un peu gâchés par une colorisation marron noire.

En progrès, mais peut mieux faire, comme on dirait à l’école.
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H.H.Holmes, tome 1 : Englewood

Cette BD s’intéresse surtout au passage en Amérique dans les années 1870 – 1880 d’un Jack l’éventreur. Un bon docteur, toujours prêt à ouvrir son coeur… et à capter des héritages et des fortunes. Son nom : h.h.Holmes.

Là, ça tient de l’escroquerie : un tel nom en couverture, ça fait forcément saliver… Pourtant, on parle là juste d'une série policière, bien sanglante, style gothique, dans l’univers du Chicago des années 80 attendant l’exposition universelle.



Passé ce crime contre l’œuvre de Doyle, le reste de la BD tourne autour des agissements de deux agents de l’agence Pinkerton, un cow-boy un peu rustre et une secrétaire, qui vont d’intéresser à une série de meurtres violents, tout à fait dans le style de Jack the ripper.



Le dessin est brillant, mais vraiment gâché par une colorisation sombre, sans relief, qui en affadit la portée.

Reste que ce premier tome ronronne : peu d’action. On comprend vite que le docteur Holmes pose problème (aux femmes surtout…), mais il ne se passe pas grand-chose que la répétitivité de crimes.

Une déception.

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Wannsee

Fabrice Le Hénanff en imagine l’atmosphère, les paroles, les réactions et réussit à faire ressentir le poids de l’Histoire pendant plus de 80 pages, en faisant le récit d’une réunion à huis clos, sans pathos ou ficelles grossières. Outre la volonté absolue du secret, les acteurs ont recours à des expressions euphémisées et ambiguës, ne nommant jamais la réalité du projet.
Lien : http://www.bodoi.info/wannsee/
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Wannsee

Un récit âpre et nerveux.

Fabrice le Hénanff a choisi de focaliser ce récit " historique" sur la conférence de Wannsee durant laquelle un groupe de représentants du gouvernement allemand a ordonné l’exécution de la solution finale. Menée par Reinhard Heydrich, cette réunion prouve que les plus cruelles des décisions peuvent se dérouler dans un cadre feutré et confortable autour d'un bon buffet. Ce sinistre cynisme de situation est très raconté par l'auteur. Ce dernier privilégie une atmosphère graphique principalement grisâtre, pratiquement " sèche" ; Le trait est crayonné, hachuré donnant un air des plus macabres aux visages de ces partisans du génocide.

Sans être un document historique, comme cela est précisée dans la préface, Wannsee demeure une fiction essentielle pour dénoncer, transmettre et enseigner.
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