Dans ce roman, c’est le Syrien du septième qui nous raconte sa vie, et la vie des habitants de son HLM en général. Quasiment aucun n’a de nom. Il y a les français du quatrième, la russe du premier et sa fille… Car quand on croise ses voisins, tout juste leur dit-on bonjour. Souvent, c’est juste un regard, un silence échangé. Par l’apparence et les habitudes, on sait d’où les gens viennent, et c’est comme ça qu’on se connait, dans le HLM du Syrien. Parfois, au hasard d’un trop plein de solitude, un des habitants peut se confier à un autre, comme la Tamoule, qui, un jour, s’est épanchée auprès du Syrien sur sa fille…
Tout au long du livre, on découvre les voisins, des confettis de leur vie, celle dans les couloirs ou le hall de l’immeuble. On passe rarement le seuil des appartements. Mis à part celui du Syrien, où l’on partage son quotidien, sa solitude. La nostalgie de son pays natal, qu’il n’a pas revu depuis des années, à cause de la guerre. Il n’a pas revu sa mère non plus, et ça lui pèse de la savoir vieillir loin de lui…
Le mot clé de ce roman est je pense échange. Echange de regards, de tranches de vies, de silences. Le Syrien nous livre sa vie sans fard, brute, et nous emmène au cœur de son HLM, microcosme de la société française et de sa tradition d’accueil. Ou du moins d’une partie de cette société. Comme le dit si justement l’auteur, « On ne peut pas parler de la tour de Babel des nations puisque les riches étrangers choisissent les quartiers chics, de l’autre côté ou au centre de la capitale, comme l’île Saint-Louis. »
Fawaz Hussain dresse ici le portrait d’une tour de Babel des pauvres, des oubliés, de la majorité silencieuse. J’ai apprécié cette lecture, toute en tendresse vis à vis des habitants, même si j’ai parfois décroché au quotidien du Syrien, notamment quand il part un peu trop loin dans ses rêveries… Le quotidien de l’immeuble, ce patchwork de vies entrecroisées, m’a par contre vraiment passionnée...
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