En des temps reculés mais finalement pas tant que ça, on a jugé des animaux. du XIIe au XVIIIe en gros, ont pu défiler à la barre, veaux, vaches, cochons... jugés pour avoir au détour d'un chemin croqué la joue d'un bébé ou renversé le roi de son cheval. C'est de cette curiosité judiciaire effarante que s'empare le jeune auteur Oscar Coop-Phane dans le Procès du cochon (Grasset), une fable aussi nerveuse dans sa forme que profonde dans les questionnements qu'elle pose à l'heure actuelle (absurdité de la justice, spécisme...).
En savoir plus sur "Le Procès du cochon" : https://www.hachette.fr/livre/le-proces-du-cochon-9782246812371
+ Lire la suite
Il y a des femmes que le naturel rend plus impressionnantes que les talons hauts et les rouges à lèvres.
Regardez encore mon client. Regardez ses dents, ses oreilles. Oui, il pue. Non, il ne parle pas. Enfin bon, vous le voyez comme moi. Je vous mets au défi de trouver en lui de la responsabilité. Je vous mets au défi de le juger comme un homme.
Je n’ai jamais senti de paume abîmée sur mes joues d’enfant. Alors, les vieux qui passent me brisent le cœur et si par malheur j’en croise un, assis seul sur un banc, le regard troublé, à attendre que la journée s’envole, je peux en pleurer longuement, sans joie et sans peine, simplement parce que les tweeds râpés, les casquettes froissées et les grosses baskets qui ménagent les pieds douloureux me bouleversent et font monter en moi une plainte attendrie, idiote et interdite.
- Nous pourrions dîner ensemble, qu'en pensez-vous ?
- Hélas, j'ai déjà dîné plus tôt dans l'après-midi. Les gens sont toujours surpris lorsque j'évoque cette habitude qui est chez moi un rituel. Voyez, pour éviter de perdre du temps, toutes ces scènes où l'on passe à table, je me fais servir mes repas les uns à la suite des autres. Petit-déjeuner, déjeuner, goûter, puis souper, tout cela dans l'ordre et sans interruption, de treize heures à seize heures, si bien qu'ensuite je suis libre de vaquer à des occupations supérieures.
Il avait compris depuis longtemps que le monde du travail ne vaut rien, que l'essentiel était de chiper ce que l'on pouvait et de s'enfuir avec grâce.
Il y a toujours quelque chose d’infiniment poétique dans les ruines. Quand un homme est vieux, on ne le remplace pas, on ne le détruit pas pour en construire un plus confortable, avec de nouvelles normes. On le laisse s’écrouler en paix. Pourquoi en serait-il autrement pour les bâtisses ? Paris aurait tout de même une autre allure. Les pierres sont sacrées, laissons les mourir comme elles l’entendent.
Je n’étais pas en paix avec moi-même, mais j’étais en paix avec celui que je voulais être, c’était déjà pas mal. Je voulais écrire, rien d’autre.
Ce n’était pas un crime, c’était un accident. Les accidents sont terribles mais la justice ne doit pas s’en mêler.
Les veines de l'amour sont fragiles.
Son esprit tourne à vide. Questions stériles et angoisses creuses. On est si vite dévoré quand on est inoccupé. Les désœuvrés vivent leurs amours d’une tout autre manière puisqu’il n’y a que ça pour les maintenir. Toutes les pensées convergent en un seul point et les fantasmes ne sont jamais assez forts pour supporter autant d’assauts. Les amants à qui la vie n’offre rien d’autre que la possibilité d’une passion se font trop exigeants. Ils voudraient qu’une femme les sauve quand l’amour n’a jamais pu guérir les natures malheureuses. Leurs esprits s’embrument ; les sentiments s’entortillent et se mélangent – jamais ils n’attraperont cette simplicité qui pourtant devrait les mouvoir. Tout de suite ce sont les grands mots – la mort, le sang, le regret éternel.