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Critiques de Fawaz Hussain (50)
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Le Syrien du septième étage

Paris, 20° arrondissement, entre deux boulevards dont celui des Maréchaux, se dresse un immeuble HLM, facilement qualifiable en tour de Babel tant les origines des habitants sont diverses. Des Français, des Maliens, des Maghrébins, un Serbe ou Bosniaque voire Croate, une Tamoule, un Sénégalais, une Russe, celle du premier à laquelle le Syrien du septième étage n'est pas insensible. Mais chaque fois, elle trouve une parade pour ne pas l'inviter.



C'est la vie dans cet immeuble vétuste que le Syrien raconte, mais aussi ses peurs et angoisses face à la situation dans son pays, d'autant plus que sa famille y réside encore.



On n'est pas dans La vie mode d'emploi de Georges Perec, inévitable lorsqu'on parle des habitants d'un immeuble, mais le Syrien fait le tour de tous ses voisins. Les liens qu'il entretient avec eux, ou pas, leurs particularités ethniques mais aussi physiques, leurs traits de caractère. Il raconte aussi les habitués du square pas loin, les commerçants qu'il visite régulièrement de façon tragi-comique.



Tragique parce que le Syrien ne peut s'empêcher de suivre sur les chaînes infos la guerre dans son pays, de constater que le pouvoir ne fléchira pas malgré les nombreux morts et les encore plus nombreux exilés, il est horrifié de voir que Daech détruit des sites remarquables, tue des gens qui n'ont rien demandé que de vivre paisiblement.



Comique parce que ses gentilles tentatives pour séduire sa voisine russe se heurtent à une femme décidée. Parce que certains voisins sont drôles dans leurs habitudes, que leurs dialogues sont parfois surréalistes par manque de compréhension des langages. Mais aussi tragique parce que l'immeuble abrite des gens pauvres, souvent seuls éloignés de leurs pays, de leurs familles qu'ils ne sont pas sûrs de revoir un jour. Tragique parce que leurs vies auraient pu être tout autres dans leurs pays s'ils n'étaient en guerre ou de régimes dictatoriaux ou encore pauvres qui ne peuvent plus nourrir leurs habitants obligés donc d'émigrer sous des cieux a priori plus cléments. La question du déracinement, de la solitude, de la vie loin des siens et de son pays est posée tout au long du roman, elle est centrale.



Fawaz Hussain parle assez peu de racisme tant les origines sont mélangées et la cohabitation marche bien. La solidarité même entre les résidents de l'immeuble, notamment face au bailleur qui traîne à faire les travaux. Un roman des petits moments de tous les jours, du quotidien d'un grand immeuble parisien pas vraiment de haut standing. Belle écriture qui joue avec les mots, les phrases toutes faites, les expressions. Et belle couverture signée le serpent à plumes.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Le rêveur des bords du Tigre

Farzand, la cinquantaine, est un kurde de Syrie. Il est arrivé à Paris il y a 25 ans et rêve de retourner dans son village natal Amoudé. Cependant, cette région est en pleine guerre depuis 2011 et s’y rendre est quasi impossible. Farzand décide de s’en approcher par la Turquie et se rend à Diyarbakir, capitale du Kurdistan de Turquie, au bord du Tigre. Il y fait la connaissance de Mirza, un gamin d’une dizaine d’années, vendeur pauvre de pépins de pastèque bouillis.

Par ce livre, on découvre la situation du peuple kurde, un peuple de 50 millions d’habitants qui n’a jamais eu la chance d’avoir un territoire indépendant. Il est actuellement séparé et une partie du Kurdistan se situe en Turquie, en Syrie, en Iran et en Irak. La lecture de ce livre était d’autant plus émouvante que, ces dernières semaines, les Kurdes de Syrie ont été fortement réprimés par les Turcs du dictateur Erdogan.

Farzand insiste beaucoup sur la culture et plus particulièrement sur la langue kurde qui disparait au profit de la langue de l’occupant turc.

Ce livre m’a beaucoup touché. Le personnage de Farzand est pessimiste sur l’avenir du peuple kurde ; heureusement, la jeunesse de Mirza apparait comme un signe d’espoir.

Le style est assez oriental ; c’est un conte où les oiseaux parlent… C’est une Odyssée kurde. Farzand rentre chez lui après un long exil, tel Ulysse retournant à Ithaque.

Si vous aimez découvrir des peuples meurtris par l’histoire, n’hésitez pas…

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Le rêveur des bords du Tigre

Farzand, kurde d’origine, est porteur d’une filiation silencieuse et rassemble les chaînons de son histoire familiale. Le déraciné quitte Paris pour revoir Amoudé, une ville syrienne à la frontière turque, sous le joug de la guerre civile. C’est à Diyarbakir, capitale du Kurdistan en Turquie qu’on lui souhaite, tel un étranger, la bienvenue. C’est l’ enfant d’une histoire douloureuse, celle d’un peuple éclaté entre plusieurs pays.

Le Kurdistan c’est l’histoire des morts, celle de l’opération Anfal et d’incessants massacres , c’est l’histoire d’ une géographie absente et morcelée . Le narrateur fait résonner la mémoire des lieux et donne corps et décor à des voix silencieuses, comme celles de Stèr et du mystérieux oiseau. À chaque famille, ses fantômes.

La carte postale de Farzand est un chromo bien fatigué « [...] je vis le Tigre charriant ses eaux boueuses et sa résignation face à tant d’injustice. »

Du déracinement au déchirement, notre identité change-t-elle quand nous passons d’un pays à l’autre, d’un monde à l’autre? La déchirure fait de Farzand un oiseau migrateur avec la littérature comme boussole. La littérature est puissante et les petites histoires humanisent cette grande Histoire du Kurdistan, entre poussière et vent. Sa rencontre avec Mirza, jeune vendeur de pépins de pastèque bouillis lui offre l’errance où s’agrègent les réminiscences du Petit Prince de Saint Exupery. Même s’il pressent le cataclysme pour son peuple, l’auteur crie dans ce texte sa confiance en l’imaginaire comme éternel socle commun.

Lire Fawaz Hussain c’est écouter ce que les exilés ont à nous dire avec cette conscience aigüe de la contingence du monde. On ne naît pas seulement d’un père et d’une mère mais d’une histoire. Quand la religion du journaliste est celle de l’individu quelconque, celle de l’auteur fait ressurgir la sève de l’âme kurde. L’exilé attrape des langues en passant. Il dissocie la chose et le mot qui la définit. Ainsi la langue n’est pas fiable, seuls comptent la parole et le récit. Au cœur du déchirement se soulève la question capitale du rapport à langue. Elle devient langue de soumission et du camouflage comme celle du faux sage du caravansérail de Hasan.

Une plume virevoltante entre réminiscences et mystérieux permet une éclatante exploration de la question kurde et celles sous-jacentes de l’exil et de la langue. Le livre se déploie autour des rencontres dans les ruelles d’un pays perdu, le long des eaux tumultueuses du Tigre. Mêlant l’individuel et le collectif, Fawaz Hussain élève la tragédie de son peuple au rang d’un conte universel. De vent et de sable sont les pas de Farzand, il est le voyageur et le chemin, plein de son présent au-dessus de la terre qui le porte, royaume de poussière et de vent.

Le Rêveur des bords du tigre de Fawaz Hussain , Les Escales, Octobre 2017.
Lien : http://lemondedemirontaine.h..
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Orages pèlerins

Dans ce roman, et cela de manière rigoureusement construite (deux parties, une par monde, et quatre chapitres par partie, un par voyageur), nous assistons à la confrontation entre deux mondes bien différents : l’Orient, terre de conflit, de manque d’avenir, à laquelle veulent échapper nos quatre voyageurs, alors que pourtant cette terre est aussi celle du merveilleux, de la magie, et donc du rêve, de l’imaginaire ; l’Occident, la destination rêvée pour nos quatre épris de liberté et d’une vie meilleure, alors qu’au contraire c’est là que se trouvent la véritable violence, le manque d’avenir et le cynisme d’une société de plus en plus autarcique.



Ou comment, par ce roman magnifiquement écrit, qui mime les contrastes entre ces deux univers par le choix même, très différent entre les deux parties, des mots, des couleurs, des phrases, Fawaz Hussain décrit avec beaucoup de justesse l’illusion première, et la réalité tragique finale, pour beaucoup, de l’exil en terre européenne. J’ai adoré, autant dans le fond que sur la forme : une nouvelle belle découverte que cet auteur en somme, que je vais désormais suivre de près.
Lien : https://lartetletreblog.word..
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Orages pèlerins

Orages pèlerins Fawaz Hussain / Le serpent à plumes Décembre 2016



Ces « orages pèlerins » sont quatre, quatre kurdes emblèmes de la diaspora kurde, de la résistance d’un peuple épars, pillé, ils viennent des quatre plus importantes communautés kurdes : celles de Syrie, d’Iran, de Turquie et d’Irak. Tous les quatre ont décidé de tenter l’aventure de l’exil, tels des Rastignac de la mondialisation, ils rejouent en mode demandeurs d’asile le fameux « à nous deux, Paris ! ».

Le récit de leurs picaresques périples vers la France constitue la première partie du roman. On les suit chacun à leur tour jusqu’au lieu commun de rendez-vous avec leur passeur : Sino a « pris la décision de quitter la misère kurde, la violence de la Turquie » pour rejoindre une « Europe qui souriait aux entrepreneurs »; Dara, lui, abandonne ses montagnes d’Irak pour « réussir ce grand saut vers l’inconnu…réclamer sa part à la vie», pour lui, Paris est un portrait de femme, une photo/appât du passeur ; Shérko Shikaki, l’iranien, aspire lui « à vivre heureux non comme un poisson dans l’eau mais plutôt comme un toutou choyé dans un appartement somptueux » ; enfin Rustemé Zal, kurde de Syrie c’est à dire « étranger sur le sol où lui et ses ancêtres avaient vu le jour » poursuit son rêve d’un « monde juste ».

Ce qui est retenu, vécu ou rêvé, du parcours de chacun d’eux, illustre un imaginaire collectif des migrants où se mêlent espoirs et peurs, persécutions et projets, un espace mental où l’on choit, où l’on se noie et où, malgré tout, on poursuit le chemin.

L’arrivée à Paris, la vie qu’on tente de se bâtir en France, forment une deuxième partie dans laquelle les illusions viennent se cogner aux réalités triviales du quotidien, une poursuite de l’histoire où le réel agrippe sans ménagement les quatre héros et fait main basse sur leurs rêves. Eux aussi ont donc participé à ce « scénario séculaire », se déplaçant « dans la vie comme des pions sur l’échiquier noir et blanc de l’absurde » selon la formule finale de Fawaz Hussain.

Un personnage secondaire du livre, Ali Réza, tente de maîtriser la place de l’adjectif épithète dans la langue française, comme son ami Shérko tente de maîtriser sa place dans la société française mais voilà il n’y a pas de règle absolue et dans cette grammaire de la géopolitique, les Kurdes depuis si longtemps survivent, tenaces et admirables exceptions. N’est-ce pas là ce que nous disent ces pages alertes d’un auteur pèlerin en voyage permanent entre deux langues ?





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Orages pèlerins

Un récit magistral sur l'épopée du peuple kurde à travers ses quatres personnages venu de différente parties d'Orient et qui a l'occasion de leur périple vers l'Europe recompose ce peuple morcelé et apatride qu'est le peuple Kurde .c'est à la fois un récit passionnant et envoûtant .l'auteur a su ménager nos émotions en prenant soins de nous faire survoler la misère et la détresse de ce peuple .Fawaz Hussein nous dépeint un environnement sombre ,lugubre et désolant avec doigté ce qui contraste avec l'optimisme de nos quatres personnages en quête d'un avenir radieux.Il y a aussi une allusion au côté mercantile et para normal de la chose religieuse un monde ou les âmes simples et crédule ne peuvent qui adhérer malheureusement .tout ceci est savamment distillé par l'auteur que je qualifierai d'habile et percutant .Je recommande chaudement cet ouvrage qui vous fera entrer dans un monde envoûtant et Ô combien captivant..
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Les sables de Mésopotamie



Tout l'intérêt de ce livre est d'abord dans le regard de l'enfant sur le monde : un regard qui découvre avec étonnement les bienfaits familiaux, le charme des traditions et les instants volés aux préoccupations étranges des adultes qui, eux, vivent dans un monde tragique et pourtant, parfois, drôle, mais d'un humour intime, à peine marqué dans une image, une rupture de ton, une situation, grâce à ce talent propre à l'écrivain Fawaz Hussain qui est de sourire avec modestie des ratages, des rendez-vous manqués de la vie.

On sent une jubilation à écrire, un goût pour la langue, son véritable pays d'adoption. J'ai lu presque tous ses livres, et celui-ci, enfin en poche, est un des plus réussis, car il incarne la capacité de découverte d'un enfant, et l'acquisition de la sensibilité qui fera sa vocation, ce qui l'appellera : raconter.

L'autre intérêt, et non des moindres, pour nous qui ne savons souvent rien ou presque de ces contrées, hormis le bruit et la fureur qui apparaissent dans nos médias, c'est de voir sous nos yeux se dérouler la vie des kurdes de Syrie, ses rythmes, ses cérémonies intimes ou collectives, ses espoirs. Ce peuple courageux trouve là un émissaire qui, avec élégance, sans esbroufe, partage sa culture avec nous.
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La prophétie d'Abouna

Quand l'ennui s'invite, aucune chance pour le roman. Et là, il était présent. Il se promenait sur les mots et les pages comme accroché à la plume et au stylo. Je n'ai pas aimé ce roman. Je ne lui ai trouvé aucun charme, aucune élégance. Il est plat, sans rythme, cru. Il est sans grand intérêt. Fawaz Hussein raconte, sans énergie, la petite histoire de Mohamed, kurde de Syrie qui arrive en 1978 à Paris. L'homme, âgé de 25 ans, veut intégrer la Sorbonne et devenir le Balzac de son temps mais, loin de la littérature, il se découvre un talent pour mater et reluquer les culs des passantes. Oui, c'est le sexe et uniquement le sexe qui l'attire. Il parle donc de seins, de nichons, de fesses, de cul, de sucions, de femmes qu'il séduit et met directement dans son lit. Aucune lui résiste, en effet. Sitôt vue, sitôt embrassée et baisée, Mohamed étant apparemment un kurde très beau et bien fourni. Son expérience de la France s'arrête donc aux frontières de Paris, ville qu'il chérie inlassablement, et aux femmes qui lui offrent des plaisirs qui ne sauraient lui être offerts, chez lui au Kurdistan. Quelle tristesse, quelle pauvreté. Il n'y a rien dans ce roman pour éveiller la curiosité, pour intéresser. Alors on pourrait dire, pour défendre l'auteur, pour se faire l'avocat du diable, qu'il veut, peut-être, nous parler de ces jeunes kurdes immigrés qui n'ont d'autres intérêts que le cul et ses plaisirs; qu'il veut peut-être nous les décrire comme des pauvres hommes affamés de sexe et de liberté qui, une fois le pays quitté, cherchent leur bonheur dans les bras et entre les jambes des femmes "étrangères". On pourrait encore continuer à défendre le travail de l'écrivain en se disant qu'il veut peut-être dénoncer les représentations de la femme chez "le" Kurde immigré: elle est un cul, un sein, un sexe et, quand elle s'affirme, une féministe autoritaire mangeuse de couilles. Mais après? Est-ce bien la véritable intention de l'auteur? Quand bien même, elle le serait, elle ne suffit pas à faire le génie de ce roman qui, à mon sens, manque cruellement d'intérêt. A oublier.
Lien : http://mezelamin.blogspot.fr..
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La prophétie d'Abouna

Un roman aux accents autobiographiques qui démonte les clichés de l'étranger automatiquement catalogué dans les extrêmes. Ce récit et son message pourraient être puissants si l'auteur ne cessait tout au long de l'ouvrage, de nous décrire ses nombreuses tentatives de conquêtes, qui le rendent au final un brin pitoyable, pour ne pas dire légèrement obsédé par la chose.
Lien : http://unjourunlivre.blogspo..
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La prophétie d'Abouna

L’auteur : écrivain kurde de langue française, né dans le nord-est de la Syrie, vivant à Paris, également traducteur d'auteurs français.



Encouragé par Abouna, le prêtre catholique de l'école où il a appris le français, Mohamed débarque à Paris en 1978, décidé à devenir Balzac ou rien. Il s'inscrit à la Sorbonne, pour de longues années plus tard venir à bout de sa thèse intitulée "La prophétie mésopotamienne et les rives de la Seine".



Aidé par des connaissances de même origine kurde et quelques français, il va loger dans des chambres de bonne, exercer des petits boulots alimentaires et selon ses dires plaire à pas mal de femmes. Jusqu'à une suédoise qui le convaincra de la suivre dans son pays. Cela ne se passera pas tellement bien, le malheureux passant en prime des années en Laponie.



Ce quart de siècle sans doute bien autobiographique est conté avec vivacité et humour, dans une langue fort imagée. Les moments noirs existent, mais pas question de s'appesantir et se faire plaindre. J'ai aimé découvrir la France des années 80 par les yeux d'un étudiant amoureux de Balzac, un regard faussement naïf souvent, et en prime un voyage dans une Suède féministe et réfrigérante.
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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