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Critiques de Fernando Trías de Bes (6)
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Le vendeur de temps : Une satire du système éco..

Le roman est sous-titré « Une satire du système économique » et l'auteur est présenté avant tout comme un professeur d'économie, auteur d'essais en science économiques. Cette présentation ne fleure pas bon l'originalité et la fantaisie. Et pourtant, si je vous dis que le premier auteur qui me vient comme référence pour caractériser le style est Georges Perec, vous commencez à penser qu'on va plus s'amuser qu'on ne le croyait…



Il y a en effet du Perec dans ce projet de roman qui s'annonce tout de suite comme ne voulant pas faire perdre son temps au lecteur, en abrégeant les concepts importants et même les personnages du livre. le temps sera indiqué T, l'argent $, le héros TC (Type Commun) sa femme FTC, ses enfants TC-1 et TC-2, son pays PA (Pays Aléatoire). On sent l'économiste, mais l'économiste qui ne manque pas d'humour. Le personnage principal, même ainsi théorisé, garde une certaine épaisseur, caractérisé qu'il est par son envie d'un avenir différent que celui qui leur est tracé. En explorant les projets de TC, l'auteur nous dresse le portrait de la société auquel il appartient, la société capitaliste à laquelle nous appartenons tous.



Les propositions sont volontairement loufoques et on sourit, d'abord incrédules, puis on comprend le message caché. Les métaphores outrées nous parlent pourtant de nous, nous qui cédons le droit sur notre temps à la société en échange d'un bien matériel hypothétique… ou hypothéqué. Mais si nous reprenions le droit sur ce temps, comment ce système parviendrait-il à survivre ? La réflexion va beaucoup plus loin qu'on ne le penserait de prime abord. On assiste à un cours de philo-économie avec un professeur qui pousse les contradictions jusqu'au bout pour que l'échafaudage économique nous montre toute sa construction.



L'exercice est réussi, même si sa forme même annonce ses limites. La démonstration est brillante mais finit quand même par manquer de chair, comme beaucoup d'exercices stylistiques. On passe malgré tout un très bon moment et on en ressort avec un questionnement qui nous pousse à remettre en cause nos propres pratiques, plus conscients que le système tout entier repose sur nous et que le renverser est bien évidemment possible… mais pour mettre quoi à la place.

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Encre

Sous l’écrin d’une couverture mauve cartonnée, les éditions Actes Sud ont caché un petit bijou de texte, délicat, sensible, précieux, raffiné, ciselé avec une superbe habileté , chainon après chainon, maillon après maillon, boucle après boucle, par un très talentueux orfèvre-écrivain, l’espagnol barcelonais Fernando Trias de Bes.



L’histoire prend forme dans la Mayence du début du XXème siècle, la ville de Gutenberg et des imprimeurs baptisés à l’eau du Rhin.

Femme de libraire, Alice retrouve son amant à l’hôtel comme tous les mardis, un homme dont elle ne sait rien hormis ce terrible pouvoir d’attraction qu’il exerce sur elle comme un envoutement maudit depuis leur première rencontre.

Elle se rend à son rendez-vous la mort dans l’âme, accablée mais irrésistiblement aimantée, ne se doutant pas que de minuscules particules d’encre imprègnent la peau de l’homme et que cette encre en quantité infime, invisible, incolore, immatérielle, est la cause de la passion fatale dont elle est habitée.

Son mari, le libraire Johann Walbach, après plusieurs années de recherche acharnées à compulser un à un tous les livres de sa librairie pour découvrir la raison de leur infortune, s’adjoint l’aide de Sébastian Von der Becke, un mathématicien anéanti par la mort brutale de son enfant, et qui a tout autant tenté de découvrir l’origine de son malheur mais à travers les chiffres à défaut des lettres.

Les deux hommes décident de joindre leurs efforts en réunissant lettres et science.

Par un système de probabilités, de résolution d’impossibilités numériques et littéraires et d’indentification de phrases identiques dans des livres distincts, Sébastian élabore alors ce qu’il se persuade être le « Nouveau Testament des lettres », un livre qui résout le mystère de son infortune, celui de Johan, mais aussi celui de n’importe quel individu !

Le grand livre de l’origine des injustices, de la raison originelle ! Un livre qui, par les réponses aux mystères de l’existence qu’il contient, ne doit pas tomber entre toutes les mains, ne doit pas être conservé après sa lecture et doit donc être imprimé avec une encre éphémère ! Un livre dont les pages s’effacent dès que l’œil s’y pose ! Un livre aux pages vierges...

Un imprimeur, un correcteur et un éditeur vont se rallier à ce projet aussi délirant que chimérique, les trois hommes aspirant profondément à découvrir les réponses à leurs propres angoisses, peurs, troubles ou malheurs existentiels.

C’est ainsi que naît « Encre » un beau matin de juin 1910 à Mayence, un livre conçu avec les 25078 mots sélectionnés par le mathématicien Sébastian Von der Becke parmi les livres fournis par le libraire Johan Walbach, imprimé « de lettres d’eau, transparentes et blanches comme la pluie, comme l’eau de mer, comme l’eau de la glace fondue », corrigé au hasard par le correcteur et chasseur de nuages Bressler, et édité par l’éditeur au flair littéraire imparable Eusebius Hofman…



Quelle belle histoire que celle-ci, inspirée à l’auteur par la lecture d’« Océan mer » d’Alessandro Baricco et citée en exergue en début d’ouvrage !

Fernando Trias de Bes, en imaginant le cheminement du livre, de sa création mentale à son édition et jusqu’à son arrivée entre les mains du lecteur, élabore une construction circulaire dans laquelle chaque personnage - libraire, mathématicien, imprimeur… - délivre sa propre histoire et révèle la raison traumatisante qui l’a poussé à mettre tant d’espoir entre les lignes d’un livre.

« Encre » s’enchaîne ainsi au rythme d’histoires plurielles serties entre elles par le seul pouvoir du livre, récits rivetés tels de minuscules anneaux s’ancrant les uns aux autres et s’amarrant en collier délicat dans un final étincelant.



Eloge, célébration, cette ode allégorique dédiée au livre l’est toute entière, tant est vraie l’adoration que nous autres lecteurs vouons à cet objet si précieux.

Mais « Encre » n’est pas seulement un hommage ; c’est aussi la métaphore de tout ce que nous apportent les livres en matière de rêves, de désirs, de besoins de réponses à nos questions existentielles, de recherche du savoir, même si ce savoir à quelque chose d’éphémère, d’aléatoire et de paradoxal.

Car qu’est-ce qu’un livre sinon la matière même de nos aspirations profondes à appréhender le monde et comprendre ce qui nous entoure, le matériau capable d’alimenter nos réflexions, nos croyances, nos convictions ou nos divagations, la substance par laquelle nous forgeons nos envies d’évasion, de rêves ou d’oubli ?

« Toutes les passions, toutes les réponses, toutes les raisons sont ici ». En lisant, chacun peut trouver ce qu’il est venu chercher, même ce qui n’existe pas, il s’agit simplement d’avoir la foi, de croire…Croire en la magie du livre, croire en sa poésie, en sa puissance, en son enchantement.



Alors raison ou déraison ? A vous de choisir ami lecteur, de ce que vous verrez dans les pages du livre…mais souvenez-vous, comme le dit la phrase de Paul Auster citée également en exergue de ce beau roman parabolique au charme poétique : « on ne devrait jamais sous-estimer le pouvoir des livres »…

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Encre

Conte philosophique



Pourquoi est-ce que je rentre si bien dans les œuvres de ces auteurs espagnols : Pérez-Reverte, Ruiz Zafon, Somoza, Trias de Bes … ? Je ne connais pas la réponse tout comme Johann Wa-bach, librairie en prêt, et Sebastian von der Becker, mathématicien, qui cherchent tous deux la « raison de leur infortune » et qui tentent de découvrir la réponse et retrouver ainsi un sens à leur vie. Avec « Encre » - quel titre judicieux ! – on revisite les « artisans » du livre : libraire-bibliothécaire, auteur, imprimeur, encreur, correcteur, éditeur, lecteur… à travers l’histoire d’un livre à l’encre éphémère. Grâce à leur opiniâtreté, chacun va aller au bout de sa quête en ayant accompli son « grand œuvre ». Tout est empreint de fantastique, d’émotion et de sentiment : un monde où l’atmosphère littéraire vous enveloppe d’une aura de sérénité, loin des futilités de ce monde. Quelle conséquence peut avoir une seule goutte d’encre sur la vie d’un homme ? Si vous êtes lecteur, vous comprendrez !


Lien : http://leoalu2.blogspot.com
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Encre

Encre est LE livre. A lire, acheter, offrir, se passer de mains en mains, faire découvrir, avaler, caresser. C'est un livre au fort pouvoir magnétique, déjà parce que c'est un bel objet, d'une couleur intense et d'une finition impeccable, ensuite parce qu'il est très énigmatique.



Encre est un livre dans ce livre, dont la raison se veut noble, universelle, intrigante, inexplicable, intrinsèque. Il prétend à résoudre les injustices non avec des calculs, des équations, des analyses mathématiques, mais avec des mots. Des mots pris au hasard dans des livres, qui n'ont rien à voir entre eux si ce n'est qu'ils ont en commun des phrases identiques en sens différent, et qui formeront un livre magique qui peut consoler sans connaître le mal, libérer ce qui ne peut l'être, faire revenir les personnes qui sont parties.



Vous avez là un très beau conte philosophique, intemporel, qui fait l'apologie du mot tout en le décortiquant jusqu'à ce qu'il en perde son sens. Il est tout et rien à la fois, voguant de théories en théories, n'ayant presque rien à envier à José Carlos Somoza et rappelant doucement Les Arpenteurs du Monde de Daniel Kehlman, avec une belle imagination qui appelle à chasser le nuages dans des cubes en verre, à se frotter la peau avec de l'encre, à penser que l'homme descend de la pluie...



(voir la critique intégrale sur le blog)
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
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Le vendeur de temps : Une satire du système éco..

Le héros de ce roman, TC (Type Commun) vit dans un Pays Aléatoire avec sa femme et ses deux enfants. Comptable dans une grande entreprise il s'est endetté pour 35 ans en achetant un petit appartement et une place de parking, mais rêve d'étudier les fourmis à tête rouge.

Une nuit il fait un bilan de sa vie et réalise qu'il ne pourra pas réaliser son rêve avant 75 ans. Le psychologue chez qui sa femme l'emmène lui prescrit de s'inscrire aux cours à distance de marketing pour entrepreneurs, espérant ainsi lui faire oublier ses fourmis.

Mais TC lit les 278 fascicules, crée sa propre société, dépose un brevet pour vendre du T (temps) en bouteille : 5 minutes de liberté

Les acheteurs se précipitent, son entreprise a du succès. Il emploie d'abord sa famille, puis ses voisins et amis, pour embouteiller le T.

Fier de son succès, il remplace les bouteilles de 5 minutes par des boites de 2 heures, mais la pagaille s'installe dans les entreprises, chacun occupant ses 2 heures de liberté à sa guise. Il passe ensuite aux cubes d'une semaine puis au container de 35 ans... Mais le gouvernement légifère pour l'arrêter...

J'ai aimé cette satire de notre société de consommation, des entreprises et du marketing. TC est encensé au début, hué et condamné à mort ensuite..
Lien : http://www.unebonnenouvellep..
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Le vendeur de temps : Une satire du système éco..

Excellente idée que cette idée de vendre du temps. Dans une société où un type commun (T.C.) travaille essentiellement pour payer les intérêts de ses emprunts, un homme a, un jour, l'idée de vendre du temps. Les acheteurs se précipitent et son entreprise devient très vite florissante. Mais si les gens achètent du temps c'est forcément pour ne rien faire... et si plus personne ne fait rien, l'économie ne tourne plus. Dés lors, le gouvernement prend les choses en main et comme tout bon gouvernement, légifère...



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