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Citations de Florence Quentin (16)


1. La géographie a-t-elle façonné la pensée des Égyptiens ?
Une puissante artère vitale et ses canaux d’irrigation comme autant de veines battantes d’un grand corps, une mince bande de terres cultivables cernée par deux déserts, libyque à l’ouest et arabique à l’est : la géographie singulière de l’Égypte a-t-elle façonné le tempérament de ses habitants tout autant que leur conception du monde ?
D’évidence, cette civilisation n’aurait pu fleurir au cœur de déserts inhospitaliers sans la crue qui fécondait alors ses rives du limon noir venu des plateaux volcaniques de l’Éthiopie. Mais nuançons la fameuse formule d’Hérodote, « L’Égypte est un don du Nil » : sur son parcours égyptien, ce flot généreux pouvait aussi tout dévaster sur son passage, en raison du très faible dénivelé qui court d’Assouan à la Méditerranée. L’agriculture antique était donc totalement tributaire des caprices du Nil. Nombre de documents s’en inquiètent, car les crues ne sont constantes ni dans leur volume, ni dans leur durée, ni dans leur date d’apparition. Elles peuvent faire de l’Égypte le pays de l’abondance, comme le réduire à la famine.
Ce n’est donc pas un hasard si les Égyptiens calqueront les trois saisons de leur calendrier sur ce phénomène naturel, indispensable à leur survie : akhet (l’inondation), de juin à octobre ; peret (le temps des semailles), de novembre à février ; chemou (la récolte), de mars à juin. Pour dompter et amadouer ce fleuve, il leur faudra toujours travailler, serrer les rangs et se soumettre à un pouvoir tout-puissant, sans manifester un quelconque esprit de révolte…
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Les origines de celle que les Egyptiens nommaient Asèt, "le trône", et que les Grecs transcrivirent en Isis. cette région où l'on trouve tant de marécages profonds et de forêts de papyrus symbolisait les eaux maternelles aux yeux des Anciens. (...)
De fait, on sait aujourd'hui qu'Asèt a fait son apparition en Egypte au IIe millénaire avant Jésus-Christ : on en trouve mention dès cette époque dans un Texte des Pyramides. Coiffée d'une perruque tripartite couleur "aile de corbeau" -les textes la décrivent comme "celle à la chevelure noire et à la peau cuivrée" (...) : il est vrai qu'elle est d'abord une reine, la figure d'abord emblématique de la souveraine bienveillante et civilisatrice à laquelle s'identifieront toutes les femmes des rois d'Egypte.
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Le dernier texte hiéroglyphe fut inscrit à Philae le 24 août 394 de notre ère, mais le message de l’Égypte ancienne ne s’éteignit pas à cette date. Qu’il s’agisse des Évangiles de l’enfance du Christ dont les épisodes se situent sur les bords du Nil, des règles monacales comme celle de Benoît, qui doit tant aux Pères et Mères du désert, des disciplines comme l’astrologie, l’hermétisme et l’alchimie, l’esprit de l’Égypte s’est transmis de manière prodigieusement variée et riche jusqu’à nous. Cette civilisation a contribué à établir les fondements de la quête spirituelle de l’humanité, en professant une tolérance envers les diverses manifestations du divin – parfaitement transposables de Grèce en Égypte par exemple, où le dévot d’Athéna retrouvait sa déesse de prédilection sous les traits de Netih de Saïs – que le tournant monothéiste et abrahamique (« Il n’y a qu’un seul Dieu et tous les autres sont de “faux dieux” ») battit en brèche.
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Dormir dans la campagne égyptienne, loin des hôtels de tourisme, c'est aussi prendre le pouls de ce pays rural qui n'existe que grâce aux largesses d'un fleuve majestueux et lent. Ce Nil qui nourrit ses enfants depuis plus de cinq mille ans mais qui a aussi permis à l'une des civilisations les plus accomplies de l'humanité de se développer sur ses rives.
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D'une légende-creuset née au bord du Nil, et où s'affrontent avec une belle cruauté des divinités qui nous semblent parfois nébuleuses, est sorti un grand mythe. celui-ci s'est révélé à la source d'une certaine conception du monde, mais aussi du féminin; il s'est imposé comme un inépuisable sujet de réflexion pour les théologiens, les artistes, les philosophes et les poètes, de l'Antiquité à nos jours.
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Les Textes des pyramides ont été gravés sur les parois des appartements funéraires de plusieurs rois et reines durant l’Ancien Empire (vers 2700-2200 av. J.-C.) et seront utilisés pendant plus de deux cent cinquante ans avant d’être repris dans les Textes des sarcophages, qui leur succèdent chronologiquement. Les formules et prières qui les composent, destinées à faciliter aux défunts la voie vers la renaissance et l’immortalité, permettaient à Pharaon de rejoindre Osiris.
À travers ces écrits, qui ne sont pas exclusivement funéraires, mais plus généralement religieux et politiques, se dessinent les fondements culturels et les structures institutionnelles de l’État pharaonique. Ancêtres du fameux Livre des morts, ils incarnent « la première trace écrite d’une pensée religieuse et d’une expression poétique dans l’histoire de l’humanité », selon l’égyptologue Serge Feneuille.
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Bien que l’homme ait en lui une lumière divine provenant de l’inconnaissable, il est dans le monde comme un prisonnier dans un cachot obscur, l’étincelle s’est éteinte
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" Isis, créatrice de l'univers, souveraine du ciel et des étoiles, maîtresse de la vie, magicienne aux excellents conseils, soleil féminin, qui scelle toute chose de son sceau; les hommes vivent sur ton ordre, rien n'est réalisé sans ton accord."
Hymne à Isis dans son temple de Philae.
Chap I. Asèt l'Egyptienne
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De fait, quelle figure, fût-elle syncrétique par excellence, peut se vanter d'avoir hanté (consciemment ou non) des imaginaires aussi différents que celui de Cléopâtre, la dernière reine d'Egypte, de l'empereur romain Hadrien, du philosophe Plutarque, du très chrétien Bernard de Clairvaux, du Florentin Boccace, d'Elisabeth I ere d'Angleterre, de Mozart, du franc-maçon Cagliostro et du conventionnel Robespierre, des romantiques allemands Goethe et Novalis, de Gérard de Nerval et de Victor Hugo (...) ?
C'est ainsi qu'on retrouve la déesse préférée des pharaons sous les traits de Demeter ou d'Aphrodite à Alexandrie, puis à Rome et dans les provinces les plus éloignées de l'Empire romain, et sous ceux, à peine masqués, de nombre de Vierges noires romanes de l'Occident chrétien. Immuable et multiple à la fois, on la voit réapparaître dans l'image de la femme qui détient le "grand feu de la Vie" cher aux alchimistes et aux hermétistes du XVIIe siècle, (...), dans les multiples évocations de l' "Isis voilée" du Romantisme, dans l'une des Filles du feu de Nerval (...).
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Identifiée, aux origines, à la souveraineté et à la maternité, épouse des dieux les plus puissants d'Egypte (Osiris principalement, mais aussi Rê, Amon ou Min), la fluidité de ses contours, sa labilité et sa facilité à habiter les différentes figures du féminin ont fait qu'on la prie et qu'on la révère sous de multiples noms et sous de multiples cieux. C'est ainsi que la désigne le Romain Apulée dans les Métamorphoses : "La mère de la création, la souveraine des éléments, l'enfant primordial du siècle, la plus haute des divinités, la reine des esprits, la première parmi les êtres célestes, la manifestation des dieux et des déesses en un seul corps (...)" Pendant des siècles, Isis incarnera pour l'Occident la Génératrice, la Source de toute vie, la Matière et la Nature. Et l'un des visages les plus radieux de l'Eternel féminin.
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Parce que notre "Reine du Ciel" -dont les Egyptiens de l'Antiquité disaient déjà qu'elle était "la divine dans tous ses noms, Celle dont il n'y a pas la pareille"- tient le rôle phare de l'un des mythes les plus célèbres, d'une des gestes les plus pérennes de l'Antiquité. Mais aussi parce qu'elle incarne l'une des figures archétypiques les plus éminentes de la femme initiatrice du masculin, de la créatrice tout autant que (et c'est plus rare) de la Rédemptrice, s'inscrivant ainsi dans la longue tradition des sauveurs et autres figures de la délivrance du Proche-Orient. Grâce à la "résurrection" de son frère-époux Osiris, dont elle est l'artisane, Isis recueillera ainsi pour longtemps les aspirations populaires à une religion du salut...
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A toutes les femmes, à toutes les filles et à tous les hommes qui ont assumé leur anima et qui, partout dans ce monde, en ce moment même, se dressent pour leur dignité et s'opposent à ce qui les dénigre dans leur essence la plus profonde, la déesse rappelle que le féminin (comme genre et non comme sexe) peut être un rempart contre les pires dérives. Et que même ordinaires, nous sommes tous - toutes - souverain(e)s.
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Nous n'avons pas inventé le "care", cette réflexion politique, sociologique et philosophique sur le "prendre soin" des besoins de l'autre. Les valeurs qu'il véhicule (compassion, responsabilité, attention éducative, reconnaissance et acceptation de l'altérité), Isis en est l'une des incarnations les plus anciennes et les épisodes successifs de son mythe ne disent rien d'autre que "Je me soucie de ...". "Me voici émue par tes souffrances, me voici, empreinte de pitié envers tes malheurs", répond-elle.
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Asèt, la "Grande de magie", qui maîtrise la science divine et rend les paroles efficientes, (...) celle qui, à l'instar du soleil, "dissipe l'obscurité par sa lumière" va devenir la seule femme de la longue cohorte des figures de sauveur du Proche-Orient.
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"Isis était une femme intelligente; son coeur était plus habile que celui de millions d'hommes; elle avait plus de discernement qu'un million de dieux; elle était plus judicieuse qu'un million d'esprits."
Mythe d'Isis et d'Osiris
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(...), Isis aux dix mille noms, Isis aux cent visages, Isis l'intemporelle (...), Isis qui donne sa figure à toutes les femmes, aux soeurs, aux amantes, aux mères, épouses ou veuves, et avec laquelle toutes peuvent s'identifier.
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