Deuxième rencontre de cette rentrée GIRLS power avec Florence Rochefort et Bibia Pavard, autrices de Ne nous libérez pas, on s'en charge publié à La Découverte. Enfin un véritable panorama des féminismes modernes, du XVIIIe siècle à nos jours. Et en plus dans une perspective transnationale et intersectionnelle...
De quoi inspirer les mouvements féministes d'aujourd'hui !
Nous nous intéressons ici à des féminismes qui apparaissent à la suite des révolutions américaine et française au XVIIIe siècle, moment à partir duquel se pose la question de l'égalité politique, de la citoyenneté, des droits humains et des libertés fondamentales. Dès lors, la problématique féministe s'organise, au nom d'une idée d'égalité de principe et du droit naturel de chaque individu, autour de l'inscription concrète de droits revendiqués d'ordre juridique, mais aussi social, politique, culturel et symbolique : le droit à l'éducation, au travail, à la citoyenneté, à l'égalité dans tout les domaines, y compris la famille et l'intime ; le droit au respect de sa personne et à l'intégrité de son corps, au choix d'enfanter ou non et plus récemment à une sexualité qui ne soit pas contrainte à l'hétérosexualité ; le droit à la parole, à la créativité, à une visibilité et à une expression publique reconnue.
Plusieurs voyageurs de l’Asie et des pays arabes se déclarent favorables aux idéaux d’égalité des sexes qu’ils découvrent en Europe. L’action des missionnaires, notamment dans l’éducation des filles, amène certaines à prendre conscience de leurs droits au savoir et provoque des confrontations de regards sur les coutumes concernant les femmes.
Le mot féministe n'est apparu en français qu'en 1872 sous la plume acerbe d'Alexandre Dumas fils pour dénigrer les partisans de la lutte pour l'égalité par le recours à un terme médical décrivant des hommes anormalement efféminés. Il est adopté dans le sens militant qu'on lui connaît aujourd'hui par la suffragiste française Hubertine Auclert (1848-1914), puis par l'ensemble de l'hexagone avant de se diffuser dans nombre de langues, gardant souvent un sens subversif et dérangeant.
Quelques personnalités hostiles à l’absolutisme réclament au contraire l’inclusion des femmes, comme le philosophe Condorcet (1743-1794) et la dramaturge Olympe de Gouges (1748-1793) en France, le philosophe Theodor von Hippel en Prusse (1741-1796) et l’essayiste Mary Wollstonecraft (1759-1797) en Angleterre.
En 1405, Christine de Pisan, déjà découverte par les féminismes du XIXe siècle, réfute, dans son célèbre ouvrage La Cité des dames, les préjugés misogynes de son temps qui dénigrent le sexe faible et défend l’idée d’égalité de nature entre femmes et hommes et l’accès au savoir.
Les façons de penser les différences entre femmes et hommes et les sexualités sont aussi conditionnées par des contextes précis et des opportunités d’expression et de mobilisation.
L’émancipation des femmes au XXe siècle est un événement majeur qui a bouleversé toutes les sociétés, à plus ou moins grande échelle et sans continuité dans le temps et l’espace.
On peut définir les féminismes comme des combats en faveur des droits des femmes et de leurs libertés de penser et d’agir.
Vise-t-on de simples transformations législatives et culturelles ou les relie-t-on à un projet politique plus vaste ?