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Critiques de Fofana Halimata (18)
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À l'ombre de la cité Rimbaud

Un coup de cœur pour ce livre d’Halimata Fofana, À l’ombre de la cité Rimbaud. L’autrice a quelque chose à dire, à défendre et elle le fait parfaitement, écriture fluide, narratrice attachante et pas de haine. Lisez ce livre indispensable.



Maya vit avec sa famille dans un HLM. Son père et sa mère, qui viennent du Mali, entendent respecter les traditions. Une femme est faite pour servir les hommes et il n’y a pas à discuter. Le cas échéant, les coups pleuvent.



Lorsqu’une enseignante explique à la mère de Maya qu’on ne bat pas ses enfants, la narratrice voit du désarroi sur le visage de sa mère : comment se faire obéir ?



Malgré les coups et les mauvais traitements, Maya a appris à aimer ses parents, elle est consciente de leur impuissance à sortir de la tradition ; la pression venant du reste de la famille n’arrange rien. La tradition, c’est leur identité. Ils ne seraient plus rien sans elle.



À l’ombre de la cité Rimbaud démontre que l’on peut dénoncer des situations insoutenables sans haine et sans rendre le lecteur voyeur malgré lui. J’ai beaucoup apprécié ce livre, aussi pour ça.



L’auteur veut que sa voix porte un message et il respecte les critères d’un bon livre : l’écriture est fluide, le livre se lit facilement et je me suis prise d’affection pour Maya.



Merci aux éditions du Rocher pour cette lecture.


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À l'ombre de la cité Rimbaud

Maya est l’ainée de sept enfants, nous la suivons de ses six ans à l’âge adulte. Elle vit dans la banlieue parisienne dans un petit appartement toujours animé et bruyant. Ses parents sont d’origine malienne, analphabètes et très attaché à leurs racines. Le père est plongeur et la mère femme au foyer. Les enfants se succèdent, la mère est épuisée et peu disponible. Mais surtout les parents sont très attachés au modèle éducatif du Mali et pour eux il est essentiel de faire des filles de bonnes épouses et de bonnes mères, qui serviront leur mari. Les coups pleuvent, les interdictions sont très nombreuses, même à l’âge de la maternelle, il n’est pas question que les petites filles jouent avec les garçons. Si Maya est très attachée à Machèle, sa cadette de deux ans, elle a peu de lien avec ses autres frères et soeurs. Les filles et les garçons sont élevés de manière différente, les filles n’ont que des devoirs et doivent participer très activement aux soins du ménage et des plus petits, alors que les garçons ont déjà dès leur plus jeune âge beaucoup de droits. Les filles sont quantité négligeable et doivent intégrer au plus vite la soumission obligatoire à la loi des hommes. Si ce modèle d’un autre temps lui est imposé à la maison, Maya découvre grâce à l’école une autre vision, les parents ne peuvent pas empêcher leurs enfants d’aller à l’école vu que c’est obligatoire, mais ils craignent que cela ne les pervertisse et en fasse des petites Françaises. Maya aime l’école, elle est bonne élève et découvrira la littérature grâce à une professeur du lycée, avant de céder pour un temps aux pressions familiales.



Maya est prise en étau entre ces deux modèles, elle devra apprendre à ruser et à mentir pour avoir un peu de répit. Elle ne rejette pas ses parents et comprend rapidement qu’ils ne peuvent faire autrement, ils ne connaissent pas d’autres modèles et n’ont pas profité des apprentissages des enfants pour évoluer. La cité est peuplée de nombreux immigrés africains qui perpétuent leurs traditions alors que leurs enfants essaient de conjuguer leurs racines avec la culture occidentale.



A l’âge de six ans, Maya vit son plus grand traumatisme, lors de vacances au Mali, elle est excisée. Elle comprend vite que c’est la volonté de ses parents et qu’elle doit taire sa douleur. D’ailleurs la meilleure amie de sa mère, qui habite dans la même cité pratiquera cette mutilation sur ses deux petites soeurs. Pour les parents, il ne s’agit pas de maltraitance, mais dans la croyance populaire, une femme non excisée est impure et ne saurait trouver un mari convenable. Près de vingt ans plus tard, elle subira une opération pour restaurer ce qui peut l’être comme de nombreuses victimes de ces pratiques.



L’histoire de Maya est tirée de la vie de l’auteure devenue un militante très active contre l’excision. L’abandon de ces pratiques passe par l’éducation des femmes, en particulier des mères, qui même si elles en souffrent beaucoup perpétuent la tradition, car il est difficile pour elles d’y voir une mutilation et non une nécessité pour le bonheur futur de leurs filles, même si en tant qu’Occidentale cette notion du bonheur me paraît relever du cauchemar, qui a envie d’être soumise à un mari violent qui a tous les droits ?



Maya m’a beaucoup touchée, en particulier sa façon de conjuguer sa culture d’origine et la nôtre, on imagine sans peine ses difficultés et aussi son bonheur avec la découverte de la littérature française. Les instituteurs ferment les yeux sur les maltraitances dont sont victimes les enfants, non par indifférence mais plutôt par culpabilité. Ils n’osent pas imposer nos normes et se mêler de la culture des parents, pensant que la colonisation a déjà fait assez de dégâts. Une institutrice dit à la mère de Maya qu’il ne faut pas battre les enfants, mais celle-ci ne comprend pas comment se faire obéir sans les frapper. La culture est totalement patriarcale et les femmes sont à peine plus que des animaux domestiques, j’ai évidemment trouvé cela très choquant, on peine à croire que tant de gens dans nos sociétés puissent connaître un tel décalage culturel. Je trouve indispensable de lire ce témoignage, un très grand merci à Netgalley et aux Editions du Rocher pour cette magnifique découverte.



#AlombredelacitéRimbaud #NetGalleyFrance !
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À l'ombre de la cité Rimbaud

Halimata Fofana milite dans l'association "Excision, parlons-en !" qui mène une campagne de sensibilisation dans les quartiers. En effet, on estime que 125 000 jeunes femmes sont encore excisees chaque année en France. Les chiffres sont même à la hausse, avec des estimations qui ont doublé en dix ans, notamment en raison de la féminisation de la population migrante.



Ce roman est donc un acte militant qui lui permet d'évoquer sa propre expérience.

"La manière abrupte dont les choses sont faites, c'est quelque chose que j'ai vécu et que je voulais montrer pour que les gens comprennent ce qu'est l'excision, sans pour autant être dans le trash".

Cet acte barbare, qu'elle considère à la fois comme un viol et comme une amputation, doit absolument être dénoncé et combattu.



Dans son roman, elle raconte la vie de ces fillettes et adolescentes vivant dans des HLM de banlieue et qui sont tiraillées entre deux cultures.

Maya, aînée d'une famille de 7 enfants sera elle aussi victime de cette torture lors de vacances au Mali. Les souffrances endurées et la violence de l'acte sont décrites avec réalisme et sidérent le lecteur. Mais Maya vit en France, elle aime l'école et elle réfléchit. Comme tous ces enfants qui vivent en France, ceux que les familles appellent les enfants difficiles, elle tente de se révolter contre les traditions.

Ce n'est pas chose facile et il y a parfois de l'anorexie, de l'auto-mutilation, de la dépression et de la résignation.

Mais le parcours de Maya, accompagnée de professeurs bienveillants, permet de garder espoir.

Dans la catégorie roman-témoignage, ce récit au style parlé très contemporain, a des choses importantes à dire.
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À l'ombre de la cité Rimbaud

Maya vit dans la cité Rimbaud en région parisienne. Aînée d'une grande fratrie d'origine africaine, elle se doit d'obéir à ses parents et de respecter les traditions de leur culture. Maya est aime lire, écrire, s'instruire, c'est une petite fille pleine d'espoir et d'envie de vivre. Jusqu'au jour où ses parents la ramènent pour des vacances au pays et lui font subir l'excision. Et Maya ne sera plus jamais la même.

C'est une lecture bouleversante et effarante.

Le style est franc, incisif, certains passages sont crus et durs à lire. Je ne savais pas que de telles pratiques étaient encore possibles en France.

Maya nous décrit sans concession et ton critique le milieu dans lequel elle vit, que ça soit le milieu familial remplit de violence envers les enfants et sa mère, et sa culture en total décalage avec la culture française, mais aussi la banlieue et ses codes particuliers. Les mots sont sans détour. Le lecteur ne peut qu'avoir de l'empathie envers Maya et ses soeurs, qui se débattent entre leur culture, les règles de leur famille et l'indépendance qui pourrait être à leur portée en France. Maya souffre de voir comment les femmes sont traitées. Pourquoi sa mère veut qu'elle ait la même vie qu'elle, alors qu'elle a souffert et souffre encore autant ? Pourquoi les filles de sa banlieue suivent le même chemin que leurs mères alors qu'elles pourraient avoir une meilleure vie. Le seul espoir de Maya ? L'éducation.

C'est un livre qui marque, un récit qui prend aux tripes. Impossible de rester de marbre en lisant ces lignes.

Un livre nécessaire.

J
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À l'ombre de la cité Rimbaud

Ce récit a été bouleversant. Nous suivons cette petite Maya, issue d’une famille Malienne nombreuse, pauvre et vivant dans une hlm en banlieue parisienne.

Lors de ses premières vacances à Bamako, Maya subit une excision, à 6 ans, c’est la fin de son innocence.

Elle écoute Céline Dion et danse en cachette, car c’est interdit autrement.

Maya grandit, elle brave le danger en s’habillant comme toutes les autres filles avec une jupe, ou en parlant avec un garçon. Si par malheur son père ou sa mère la découvre, ils la frappe.

Malgré l’ immense tristesse et injustice qu’elle ressent, elle aime ses parents. Elle leur pardonne, car ils ont vécu dans la tradition et ne connaissent rien d’autre. Ils pensent bien faire.

Nous sommes révoltés car les filles et femmes n’ont pas le droit d’être traitées ainsi, elles ne sont pas nées pour servir. Mais Maya tient une part de vérité, comment changer alors que les coutumes sont ainsi depuis toujours et qu’ils ne connaissent rien d’autre?

La vie dépeint dans les cités est très rude. Il y a peu d’espoir. Les garçons arrêtent l’école tôt pour dealer, les filles pour se marier et être femmes au foyer. C’est un roman tellement saisissant, tellement réel.. une couleur de peau, un sexe, ne devrait pas définir notre identité.

Un roman qui doit être lu, des femmes qui doivent être entendues !


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À l'ombre de la cité Rimbaud

N’ayez pas peur, si ce livre parle d’excision et de mal être en banlieue, il reste très soutenable, « une chose à cacher » d’Elizabeth George que j’ai lu il y a peu, est beaucoup plus dur sur le sujet.

Pourtant, c’est presque autobiographique. Maya a six frères et sœurs et peu dont elle soit proche, parce que, comme elle le dira, le nouveau bébé prend l’amour de ses parents à chaque fois. Alors, la tradition malienne est là, à 6 ans, lors de ses premières vacances à Bamako, elle est excisée. Douleur intense mais elle continue à jouer, avec les filles, car avec les garçons c’est interdit. Mais nous sommes dans les années 90 et Maya se cache pour mettre des jupes et se maquiller dès qu’elle va arriver à l’adolescence, ses parents n’y pourront pas grand-chose. Elle veut faire des études et les fera malgré des parents quasi illettrés et le bruit incessant dans l’appartement.

Maya est tiraillée entre la tradition et ce qu’elle voit autour d’elle. Comment sa mère a pu accepter son excision ? mais elle l’aime sa mère ! Alors Maya vomit, se mutile, déchirée entre les deux cultures qu’on lui inculque en permanence. Révoltée puis brisée, elle va accepter de se marier parce que c’est trop difficile de parler aux autres qui ne peuvent comprendre ce qu’elle vit, que c’est trop dur de résister à la pression familiale. Violence encore au sein du couple, jusqu’à ce qu’elle trouve le salut grâce à une ancienne professeure.

Raconté comme cela, vous vous dites, trop dur pour moi. Mais non, le tour de force ici est de raconter l’archaïsme de ces traditions qui se heurtent à notre monde, barbarie acceptée, le problème de l’insertion sans soutien scolaire. Phrase choc : « chez nous, les lois de la République n’entre pas dans le foyer ».

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À l'ombre de la cité Rimbaud

C'est le récit d'une jeune fille issue d'immigration, d'un couple malien, installé dans la région parisienne « la cité Rimbaud » Maya est tiraillée entre deux cultures. Maya est comme de nombreuses jeunes filles et jeunes femmes dont les parents alourdissent leurs épaules de poids des traditions ancestrales avec cette idée que les filles à l'encontre des garçons sont les garantes de la pérennité des us et pratiques parfois handicapantes à la réalisation de leurs rêves, de leurs objectifs et des espérances.

L'auteure avec une écriture simple et fluide, une présence agréable de dialogue, nous parle de ce mal-être, de cette schizophrénie qui pousse ces jeunes gens à abdiquer et à se soumettre aux volontés des parents et être condamnés à vivre en marge de la société du pays accueillant, ou au contraire de s'affranchir de ces étaux et de braver l'impensable et de s'en sortir. Maya, elle, trouvera inspiration et courage dans les chansons de Céline Dion, et les encouragements de sa prof,bâtira son avenir au prix fort (excision, mariage forcé, interruption et privassions de scolarité, l'ingérence de l'entourage dans sa vie privée) une lecture vraiment inspirante ; ne jamais baisser les bras.
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À l'ombre de la cité Rimbaud

Un récit à la fois émouvant et révoltant, très bien écrit, parfaitement raconté. De nombreuses réflexions font mouche, même si je ne suis pas tout à fait d'accord avec certaines. Le ton est juste sur le fond et c'est ce qui compte. Une histoire qui reste soft tout de même par rapport au thème. On ressent la surprise, la trahison, l'incompréhension, la résignation puis la révolte et enfin l'espoir de l'autrice. Elle parvient à nous faire comprendre le dilemme de ces femmes déchirées entre coutumes familiales ancestrales et libération de la femme. Tout ceci reste d'autant plus terrible qu'elles sont nées en Franc... Un "beau" roman.
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À l'ombre de la cité Rimbaud

Tout d'abord, merci à Babelio et aux éditions du Rochers pour ce livre reçu dans le cadre de l’opération Masse Critique Littératures de septembre 2022.

C'est une histoire qui touche quand on est une femme. Encore plus quand on est issue d'une famille de culture étrangère et que l'on a grandit en banlieue, à l'ombre d'une de ces cités. Cependant, même si le sujet m'interpelle, je n'ai jamais réussi à me mettre à la place de l'héroïne. Je trouve que pour un récit à la première personne, il manque de détails sur le ressentis de la jeune fille puis femme excisée, ce que cette excision implique vraiment sur le plan physique et psychologique tout au long de sa vie de fille, d'adolescente, de femme, de mère etc. Il me semble que l'on passe vite sur ces questions. Pourtant l'auteure étant elle-même victime d'une excision devrait pouvoir insuffler à son personnage cette pertinence et surtout cette profondeur qui lui manque un peu je trouve. A la limite, je trouve que la situation de la double culture en France était plus présent que celui de l'excision alors qu'ils ne sont pas forcement liés ou du moins être issue d'une culture arabe/africaine et/ou musulmane n'entraine pas forcement le problème de l'excision, même dans des familles relativement traditionnelles.

Cependant, la lecture fut "plaisante"(avec un tel sujet il est difficile de parler de plaisir) car le personnage est attachant et l'écriture presque poétique par moment.
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À l'ombre de la cité Rimbaud

Victime d'une excision dans son enfance, Halimata Fofana publie, mercredi 24 août, son deuxième livre sur le sujet pour briser le silence et faire bouger les lignes, à l'heure où la lutte contre cette pratique a été mise à mal par la pandémie.
Lien : https://www.francetvinfo.fr/..
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À l'ombre de la cité Rimbaud

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À l'ombre de la cité Rimbaud

J’ai beaucoup aimer lire ce livre, on se plonge et on se met vraiment à la place du personnage principal. Je suis déçu de la fin mais à part ça chapeau pour m’avoir fait tant voyager à travers les différents émotions que traverser Maya.





J’aurais aimer connaître la suite de son parcours, savoir que s’est il passer au Canada.
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À l'ombre de la cité Rimbaud

Halimata Fofana nous parle du quotidien dans une banlieue parisienne oubliée par le pouvoir et livrée entre les mains de ses habitants. Des personnes issues des quatre coins de la planète et amenées à cohabiter. Maya grandit dans ce milieu, coincée dans une famille venue du Mali et pétrie de traditions. Un microcosme qui pèse sur son éducation et endigue ses libertés. Pas question pour une fille de faire n’importe quoi, de sortir ou de déroger aux ordres paternels ! A six ans, elle retourne dans son pays d’origine pour les vacances. En vérité, on a décidé de l’exciser. Une mutilation atroce dont elle ne comprendra l’horreur que plus tard. L’école parvient néanmoins à l’ouvrir à d’autres cultures, à regarder autour d’elle et à se poser des questions. De plus en plus, elle étouffe auprès des siens, se sent attirée vers un ailleurs qu’elle ne définit pas encore avec précision. Elle aspire néanmoins à prendre son essor et à devenir une femme exemplaire.
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À l'ombre de la cité Rimbaud

COUP DE COEUR

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Un témoignage qui m’a énormément bouleversé !

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Une écriture tellement fluide, l’autrice nous plonge dans sa vie, dans la vie de toutes les femmes qui ont vécu et vivent encore la même chose. Des traditions qui personnellement me révoltent, je trouve ça tellement cruelle et horrible !

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Durant tout son récit, j’ai eu tellement mal pour elle, certains passages ne m'ont vraiment pas laissé indemnes, notamment le passage de l’excision, ce passage est terrible. J’ai dû faire une pause dans ma lecture tellement ce passage m’a retourné.

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Un livre essentiel pour parler de ce tabou qui existe plus qu’on ne le pense !

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À l'ombre de la cité Rimbaud

Maya est une petite fille qui vit en banlieue parisienne, dans la Cité Rimbaud. Originaire du Mali, son père et sa mère préservent les traditions, tout en laissant tout de même leurs enfants aller à l'école. Une fratrie de 7 enfants et Maya va nous raconter son enfance, adolescence et sa vie de jeune femme. Maya va essayer de concilier ses racines africaines et l'ouverture à d'autres idées, sentiments qu'elle découvre à l'école et à l'extérieur de la maison. "Et moi, j'ai appris à mentir très jeune. C'était une question de survie. Mentir pour s'octroyer des moments de liberté. Au fils des années, je suis devenue experte en mensonge pour échapper à la vigilance de mes parents" (p32).

L'auteure est très proche de son personnage et nous raconte, à travers les mots, les sentiments de Maya, la difficulté d'être ainsi ballottée entre deux cultures. Au fils des ans et des rencontres que fait Maya et sa sœur, elle va prendre conscience de la difficulté de trouver son chemin et sa liberté de choix. "Je sens que la liberté a un prix. Je ne pourrai l'acquérir que dans l'opposition, qu'en enfreignant les règles, qu'en me battant, qu'en acceptant finalement de me mettre en danger." (p 85).

L'auteure parle très bien de cette difficile situation d'être obligé de choisir entre des traditions et des espoirs d'émancipation. Elle dénonce certaines pratiques qui perdurent car traditionnelles, et en particulier, l'excision des petites filles. Maya va subir l'excision lors de vacances d'été au Mali. Halimata Fofana est membre de l'association "excision, parlons en", qui mène des campagnes de sensibilisation dans les quartiers. "Seules les femmes peuvent mettre fin à cette coutume mais pour cela il faudrait qu'elles prennent conscience de la barbarie de l'acte." (p129). "Je ne comprends toujours pas pourquoi nos mères, qui ont été victimes à un moment donnée répètent ce supplice, et en ce sens s'en prennent à leur propre progéniture. Nos mères savent ce qu'elles font. Elles nous envoient à l'échafaud pour couper l'organe consacré au plaisir. Le plaisir pour une femme est banni. Il 'y a pas d'un côté les victimes et de l'autre les bourreaux. Ils sont interchangeables. (p207)

Elle fait aussi l'éloge méritée du rôle de l'école et le portrait d'une vaillante professeure de français. "- Alors, maintenant on va choisir les textes non pas sur la qualité des textes mais sur la couleur de peau de l'écrivain. On touche le fond. Vous avez raison, Construisez les barreaux de votre propre prison. " (p 196).

Elle décrit très bien la difficulté de ses enfants qui sont déchirés entre leur milieu familial et les choix que la société "extérieure" leur offre. "D'un côté, je me déploie, je m'instruis, de l'autre, je me sens redevable vis à vis de mes parents et cette loyauté est une prison. Il faudrait choisir entre ces deux vies, mais la rupture serait totale et le retour en arrière impossible. En suis je capable ?" (p179)

Ce roman est un bel hommage au courage des filles, des femmes africaines qui essaient de trouver leur voie mais sans pour autant rompre avec leur origine.

"Je crois qu'être femme est une grande injustice. Il n'y a rien de pire dans ce monde que d'être une femme . Hors d'Occident, la femme est utilisée comme appât, comme bouclier ou comme arme de guerre. (p185)

Comment être soi et non celle qui joue le rôle que d'autres ont écrit pour elle ? C'est un combat sans fin. Je suis une femme et de couleur noire. Pour l'homme blanc, elle est une curiosité exotique tandis que l'homme noir l'étouffe avec son protectionnisme exacerbé. Je dois sans cesse prouver que je suis plus qu'une enveloppe corporelle. Les regards des autres m'enferment. Est ce ma couleur de peau qui définit mon identité. Est ce mon sexe qui définit mon identité ? (p183)

#AlombredelacitéRimbaud #NetGalleyFrance
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À l'ombre de la cité Rimbaud

«À l’ombre de la cité Rimbaud» dépeint le destin d’une fillette qui refuse de plier sous le poids des traditions.
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À l'ombre de la cité Rimbaud

Un texte à la fois beau et difficile: l'histoire de Maya, dont les parents, originaires du Mali, reproduisent à la maison toutes les traditions qui pourtant les enferment... Nous la suivons de la petite enfance à l'âge adulte, dans un parcours initiatique écartelé entre les possibilités et ouvertures offertes par l'école et l'extérieur et le poids des contraintes, corvées de la maison. Pas de colère mais plutôt une réflexion sur la manière de sortir de ce cercle vicieux, l'importance de la parole et de l'éducation.

J'ai beaucoup aimé les personnages des deux soeurs aînées qui donnent une lueur d'espoir à ce tableau très sombre!
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À l'ombre de la cité Rimbaud

C'est un roman très touchant et percutant à plusieurs niveaux. Il est très touchant pour Maya elle-même, ce qu'elle a subi enfant, tout ce qu'elle a vécu en grandissant, toutes les fois où elle s'est relevée. C'est extrêmement bien raconté, très clair sur ce qu'elle vit, ce qu'elle ressent, mais aussi sur pourquoi elle le vit, pourquoi l'excision est pratiquée, comment les femmes reproduisent les souffrances qu'elles ont vécues. Et on rejoint ainsi un autre niveau : ce roman est très fort car il parle au nom de toutes les filles qui vivent cela, les filles des cités entre deux cultures, leur dignité, leur avenir, leur possible reconstruction. C'est un récit qui à la fois révèle, explique et donne de la force. Et tout ce qui est autour de la musique, la force que Maya et sa soeur y trouvent, le refuge que ça représente, ça aussi c'est très percutant.
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