Citations de François Barcelo (67)
Un homme qui vous saute tous les matins et tous les soirs (plus le midi la fin de semaine) n’est pas du genre à batifoler ailleurs comme un président de fonds monétaire.
Qu’est-ce que vous voulez qu’une mère fasse quand son petit pleure sans raison, que ce soit dans un Boeing ou dans une cabane au Canada ? Qu’elle l’étrangle, évidemment, mais elle ne peut pas si des gens risquent de savoir que c’est elle qui l’a fait. Vous pouvez assassiner n’importe qui, et tout le monde vous cherchera des circonstances atténuantes. Sauf s’il s’agit d’un bébé. Surtout si c’est le vôtre. Et à plus forte raison si vous avez le malheur d’être la mère, pas le père.
J’ai rongé mon os toute la journée, en tondant la pelouse pour une des dernières fois de l’année. La mienne est immense. Comme je trouve qu’un être humain qui ne souffre pas de nanisme aigu a l’air ridicule lorsqu’il chevauche un tracteur de jardin miniaturisé, je n’utilise qu’une tondeuse ordinaire. À moteur, bien entendu, et avec des roues motrices qui réduisent considérablement l’effort nécessaire pour pousser cet engin. Mais sans selle où poser mes fesses.
J’en ai pour deux heures environ, une fois par semaine. Et c’est un excellent moment pour réfléchir. Alors, je pense à tout ça. Travailler en faisant plus de sous, ou rester chez moi sans argent mais tellement libre de mon temps que je ne sais plus quoi en faire? Un sacré dilemme.
Au moment d’aller me coucher, ma décision est prise: je n’irai pas voir Jean-Marc demain. Au diable l’argent. Vive la liberté!
Vieillir, ça atténue la beauté, la laideur aussi.
Les mois ont passé et, à l'été, l'église s'est convertie en bibliothèque tel un curé qui défroquerait pour rejoindre le rang des libraires. P.232
L’avion décolle et les pleurs se transforment en hurlements. Il est inconcevable que ça dure longtemps. Des cordes vocales humaines, surtout à peine rodées comme celles-là, ça n’a pas la résistance de celles d’une meute de hyènes résolues à hurler toute la nuit.
L’histoire a fait les manchettes du monde entier, difficile de l’oublier. Philippe Létourneau, un Québécois dans la quarantaine qui occupait le poste de contrôleur aérien à New York, a commis une bévue dramatique en permettant à un avion d’atterrir sur une piste sur laquelle se trouvait déjà un autre appareil, vide. La collision a été terrible et a causé une centaine de morts.
Il sort de la maison, tourne à droite et part faire le tour du monde.
Le nom de la bibliothèque a d'ailleurs été l'occasion d'une querelle acrimonieuse. Une autre pétition a circulé, réclamant le nom de Marie Laberge parce qu'on ne voulait pas de Gaétan Soucy, mis de l'avant par le comité de Toponymie. L'arrondissement a refusé, prétextant le danger de rendre hommage à une personne vivante, parce qu'on ne sait jamais si elle ne fera pas quelque chose de déshonorant avant de mourir, par exemple écrire un roman bourré de fautes d'orthographe.
(François Barcelo, "J'haïs les livres")
" Le danger avec les gens expressifs, c'est qu'on croit qu'ils ne peuvent rien dissimuler, songea Surprenant. "
Je vais juste m'assurer que le bas du panneau arrière est bien fixé avec la goupille. Ce serait con d'échapper un cadavre en route.
Les gens oublient tout le temps qu’un chapelet complet c’est vachement plus long qu’ils pensaient, alors plus ça va, plus ils se dépêchent. Après ça, rien d’intéressant. Il n’arrivait plus personne et les gens parlaient de n’importe quoi : leur dernier voyage, la voiture qu’ils viennent d’acheter, leurs enfants qui vont très bien, le nombre de leurs petits-enfants et arrière-petits-enfants.
On pourrait l’appeler pour l’ambulance. Je lui répète souvent, si jamais il voit un barrage de police, de donner un coup de sirène et faire clignoter les lumières halogènes et les stroboscopiques (c’est comme ça que s’appellent les clignotants des ambulances). Aucun policier n’oserait arrêter un ambulancier pour lui passer l’alcootest s’il est sur une urgence.
Je n’aime pas trop la compagnie des femmes. Elles parlent beaucoup, se plaignent tout le temps. C’est inutile. Puisqu’elles restent impuissantes à changer quoi que ce soit. Et, il est impossible de fuir. Le garçon qui a essayé, ils l’ont enterré vivant. C’est ainsi que l’on punit les lâches. Je fais ce que l’on m’ordonne, sans rien dire. Les autres pensent que je suis lente, retardée. On me donne les rogatons, les mauvais morceaux de viande. Lorsqu’il y en a. Les approvisionnements sont difficiles. La bonne nourriture est réservée aux combattants, les hommes et les garçons. Même les jeunes qui sont à peine assez forts pour soutenir le poids d’une arme sont mis à l’entraînement.
Les livres, même sagement alignés et classifiés, sont des témoins du temps qui s’écoule ; ils racontent le passé, le présent et l’avenir
Lire, c’est dialoguer avec un auteur, suivre le chemin qu’il vous trace jusqu’à ce que les mots vous envahissent et vagabondent ailleurs et partout. Lire, c’est un voyage de l’esprit.
Un innocent, ça n’a pas besoin de se cacher.
Ce sont les adolescents qui fuguent, d’habitude,mais rien n’empêche les adultes de faire pareil.
Un aveugle pourrait-il conduire un camion dans un chemin comme celui-là ? Ce n’est sûrement pas permis,mais ça a dû arriver au moins une fois dans l’histoire de l’humanité. Tout ce qu’on peut imaginer est arrivé au moins une fois. Pas seulement dans les romans : dans la vraie vie, aussi.
Tout le monde déteste la neige. Pas moi, même si je ne fais jamais de ski. Je trouve seulement qu’il n’y a rien de plus parfait, surtout quand elle tombe à gros flocons. Et unchamp tout blanc, c’est bien mieux que le même champ
après les labours du printemps ou quand il est couvert de maïs qui pousse.