François Boulay

Les avons-nous créés sont-ils le produit de leurs gènes ,ou les deux , et dans quelles proportions ? D'Andrea H.Japp

Comme quoi la vie n'est jamais aussi terrible qu'on l'imagine .

- Anne ? Mais on est venu la chercher. Vous êtes le père ?

Une giclée intraveineuse glacée. L'hormone d'urgence. Les surrénales avaient lâché les vannes à fond pendant que défilaient dans sa tête à la vitesse d'un réembobinage tous les schémas possibles, les heures, les jours qui passent, l'attente... Anne introuvable...

Ce roi de Tirynthe se languissait fermement sur son trône. Ce gros désoeuvré avait une épouse... Ici, nous avons le choix. Il y a des variantes, mais elles sont limitées...Soit on installe à ses côtés une poissonnière mal dégrossie, mêmes vêtements, mêmes bijoux, mêmes couronne sur la tête. Ils sont plantés, côte à côte, contemplant leur royaume. Dans ce cas, le couple n'offre aucune dynamique. On ne peut qu'espérer une révolution, un gros soulèvement populaire armé de haches et de fourches pour se livrer au carnage. Soit on fait débarquer une nymphe, yeux pervenche et bouche sensuelle. L'affaire est jouable si l'on fait entrer en scène par exemple un jeune bûcheron intrépide qui soupire en silence pour la jeune souveraine.

Le destin sait se montrer cruel avec ceux qui cherchent à lui échapper.

Le Poke n’a rien à voir avec les caprices d’une boule se dandinant comme une pute au milieu de trente-six numéros avant de pointer son doigt sur l’élu de son cœur… qui d’ailleurs se fera lui-même plumer jusqu’au dernier cent les heures ou les jours suivants.
Le Poke, Boby, c’est pas une boule à la con qui décide de ton sort et de ton compte en banque ! Ce sont tes tripes, tes couilles, ta matière grise et, éventuellement, la complaisante participation des dieux de la flambe qui feront ou pas ta fortune…

- Madame Grubner on a tout fait. Les poumons, le coeur, le foie, les sept mètres d'intestins, en ce moment je suis sur le cervelet...
- Non mais je vous ai pas demandé un osso bucco...
- Nous on nous a dit bilan complet alors on fait un bilan complet mais ce qu'on peut vous dire, vous affirmer, c'est qu'il était déjà mort quand quelqu'un lui a enfoncé une pièce métallique dans le gosier.

Quelqu'un l'attendait également, tapi comme une murène. Le déviant mental, le spécimen raté de la chaîne de montage, le timbré du couteau-scie et du pic à glace. Le prototype de tout ce que la nature humaine peut produire de plus nuisible. L'esthète jouisseur doué d'un sens moral à peu près équivalent à celui du crabe. Un mégalomaniaque de la prédation. Un être parfait dans cette spécialité, disposant de l'arme commune à tous les détraqués d'envergure, un véritable pouvoir de séduction.

Les technologies de pointe, invisibles, étaient intraitables et enregistraient tout. Toute conversation, tout déplacement d’air était capté, classé, sécurisé. Mâchonner un chewing-gum, siffler un coup de gnôle sous le bureau ou se gratter l’entrejambe se traduisaient quelque part en kilomètres de sinusoïdes.

Tous les joueurs de poker, des plus anonymes aux plus grands, sont intimement habités par l’idée qu’il existe entre ces cartes de hasard et la pulpe de leurs doigts, une relation, presque un dialogue, qui relève plus ou moins de la magie. Une alchimie qui prévaut largement sur les lois de la statistique…

Cette douleur aurait pu amplement justifier des sortes de délires paranoïaques.......S'il n'était pas revenu !

La silhouette était là.
À vingt pas de moi. Se dandinant mollement.
Elle semblait onduler avec le vent, les bras le long du corps.
Dressée dans une intention précise. Me faire savoir que tout était en place, que la fête allait commencer.

Un ami à elle, un copain de passage, lui avait sorti ça un jour. Votre terre, à vous les Italiens, semble prédestinée à la tragédie. N'allez pas chercher plus loin l'intensité mélodramatique de vos auteurs d'opéra, ils se nourrissent du sol.

Une fois de plus Cynthia sentit monter la sale sensation. Un truc gluant et froid qui lui rongeait un coin de la tête. Une saloperie aux contours de poulpe qui cherche aveuglement l'angle d'attaque, le meilleur, celui qui blesse à mort. Qui ravage les âmes.

Dans la variété, la presse people, les journaux gratuits, le mécénat, le porno, les boîtes de nuit, les backrooms… Un vrai rusé, ce gnome qui se donnait des allures de ponte hollywoodien avec un véritable sens des affaires.

C’est le malheur quand on est trop attaché à quelqu’un : se laisser embarquer dans des aventures, des coups tordus qui peuvent coûter très cher. Sur ce coup-là, il allait vraiment tirer le bon numéro !

Il existe toujours une partie de nous-mêmes qui nous fait horreur. Une autre peau, d'autres entrailles, une autre forme plongeant ses racines dans l'enfance, ou plus loin encore. Un souvenir visqueux qui tapisse, imprège les parois de la tête, semble avec le ressac du temps se retirer, et réapparaît au moment stratégique pour balancer sa giclée de venin, nous alourdir la marche, nous taper sur l'épaule et nous glisser dans l'oreille que rien n'est jamais enterré. Pas même les morts.