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Citations de François Cochet (4)


Certains historiens tendent aujourd'hui à se livrer à l'exercice, périlleux au plan méthodologique, de l'uchronie ou du What if anglo-saxon. Chacun lance ses hypothèses sur le registre : "Que ce serait-il passé, si les éléphants d'Hannibal avaient pris froid dans la traversée des Alpes ?". Plus sérieusement, afin de montrer les limites du caractère inéluctable de la Grande Guerre, que se serait-il passé si l'Autriche-Hongrie, au lieu de chercher à s'assurer durant de longues semaines du soutien de l'Allemagne, avait frappé "à chaud" la Serbie ? Les États européens se seraient-ils sentis obligés d'intervenir dans une énième crise balkanique ?
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Au total, combien sont les soldats des tranchées, les vrais combattants par rapport aux simples militaires ? L'armée française a mobilisé environ huit millions de personnes sur quatre années de guerre. Plus de quatre millions appartiennent aux unités non-combattantes. C'est-à-dire concrètement, que le débat entre consentement et contrainte porte sur une minorité des soldats de la Grande Guerre, ceux qui combattent vraiment, que l'on peut estimer à un peu plus de trois millions d'individus sur l'ensemble de la guerre. Le "monde du feu", c'est d'abord une topographie bien particulière, celle de la tranchée.
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[...] jusqu'à présent, il est peu d'historiens qui ont envisagé une autre césure, qui s'impose pourtant comme beaucoup plus réelle que celle entre « front » et « arrière ». La véritable coupure ne se fait pas entre ces deux termes, car la notion de « front » est trop floue. J'ai montré dans d'autres travaux que la notion de « front » doit être singulièrement précisée. En fait, il faut distinguer entre le « monde du feu », constitué par les premières et deuxièmes lignes de combat, occupées par les unités d'infanterie et d'artillerie de tranchées, le « front arrière », où l'on trouve les troisièmes lignes et l'artillerie légère, et l'« arrière-front » où se trouvent l'artillerie lourde, mais aussi la masse des unités non combattantes, ainsi que tous les services. Cet « arrière-front » concentre de plus en plus de troupes au fur et à mesure que la guerre se technicise et qu'elle s'administre, mais dans le même temps les soldats qui la peuplent ne connaissent la guerre qu'en mode dégradé, loin de la violence extrême des premières lignes. Du prévôt au planton, du bourrelier au coiffeur, du vétérinaire au conducteur d'automobile, tous ces militaires sont certes dans la zone des armées, mais ils ne sont jamais exposés aux mêmes risques physiques. Ils ne prennent jamais leur « tour de tranchées ». Les réalités du terrain — le « bled » dans le langage des combattants — leur sont tout à fait inconnues.
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L'intérêt du personnage du poilu [de la Grande Guerre] tient dans deux dimensions essentielles. D'une part, le poilu devient la représentation même de la France en guerre. S'y retrouvent, bien entendu, les dimensions révolutionnaires du peuple en armes, aussi bien que les traditions militaires propres aux soldats de carrière. Se sentant agressée en 1914, la France se défend par la ténacité de tous ses enfants, quelles que soient leurs convictions idéologiques. [...] La seconde dimension mythique du poilu tient au fait qu'il incarne le tout de l'armée française, alors même qu'il en constitue une minorité, de plus en plus au fur et à mesure que la guerre avance dans le temps. Si en 1914 l'infanterie représente plus de 60 % des effectifs de l'armée française, en 1918, elle n'en constitue plus qu'un peu plus de 40 %. L'artillerie notamment a monté terriblement en puissance. Cela signifie clairement que sur les 7,9 millions de jeunes Français qui ont été mobilisés entre 1914 et 1918, environ une moitié seulement a été réellement combattante. Mais en termes d'héroïsation nationale, il est plus facile de glorifier la partie que le tout. Difficile en effet de voir dans un secrétaire-planton un héroïque combattant. Dans certains processus mémoriels bien ultérieurs à la Grande Guerre, de braves gratte-papiers de l'arrière-front allaient évoquer fréquemment l'incontournable « charge à la baïonnette », véritable élément structurant.
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