Serge Berstein - Berstein et Milza
Parce que deux jours seulement séparent le suicide du Fûhrer de l'élimination de son homologue fasciste, ce dernier événement apparaît comme symbolique du tournant majeur de l'histoire du XXe siècle que représente la fin de cet « axe Rome-Berlin » qui fît trembler l'Europe et le monde pendant plus d'un lustre.
On ne saura jamais si, au cours des longues heures de traque, puis de captivité, qui ont précédé son exécution, Mussolini a tourné ou non ses pensées en direction de l’Allemagne hitlérienne et de son « guide », ni comment il a jugé ses propres actes à la lumière de l'issue d'une guerre qu'il avait voulue - parce qu'il croyait qu'elle serait courte et pour tout dire qu'elle était déjà pratiquement gagnée — et qui s'achevait en catastrophe : pour l'Italie, pour le fascisme dont il se disait à juste titre l'inventeur, et pour lui-même.

La symétrie entre les parcours des deux principaux acteurs de la coalition hidérienne aura donc fini, au moins symboliquement, par s'inverser.
Le 29 avril en milieu de soirée, un aide de camp vient annoncer au Fürher et à ses compagnons, après avoir écouté une émission sur ondes courtes, que Mussolini et Clara Petacci ont été exécutés la veille dans une localité proche du lac de Come et que leurs dépouilles, exposées depuis le matin sur une place de Milan, ont subi les pires sévices. Pour Hitler, qui a manifesté à plusieurs reprises sa crainte d'être exhibé devant les Moscovites dans une « cage à singes », la nouvelle fait l'effet d'une bombe éclatant au milieu du bunker. N'a-t-il pas ordonné peu de temps auparavant à son maître-chien d'empoisonner sa chienne Blondi afin qu'elle « ne tombe pas aux mains des Russes » ?
Il n'est pas exclu que l'annonce de la mort du Duce, son « meilleur ami », ait fortement contribué à sa volonté d'en finir. L'émotion générale est en effet à peine retombée lorsqu'il invite ses plus proches collaborateurs à passer dans la salle de conférences pour leur faire part de sa décision de mettre fin à ses jours.
Avant de quitter son compère, il lui serra longuement les mains et dit: "Je sais que je puis compter sur vous. Je vous prie de me croire quand je vous dis que je vous considère comme mon meilleur, et peut-être comme le sel ami que j'aie à ce jour."
«Par souci de la mode, par désir de faire neuf, par affection de savoir, on renie notre art, notre instinct, notre façon de faire ; c’est absurde et stupide.»
"Je suis un migrant, inconfortablement posté entre deux cultures cousines et pourtant dissemblables: la française que j'ai bue avec le lait maternel et qui m'a façonné tel que je suis - cartésien et de fibre passablement jacobine - et l'italienne qui était celle de mon père et que j'ai découverte à seize ans, demi-orphelin parti pour une première exploration de ses origines."
(de Jacques Rougerie, spécialiste de la commune de 1870) On en revient aux sources, à la démocratie "directe", qu'avaient revendiquée et pratiquée non seulement les sans-culottes, mais aussi bien les bourgeois des districts parisiens de 1790. Autonomie et participation politique, identification maximale entre gouvernants et gouvernés.
(de Pierre Milza, l'auteur du présent ouvrage) Pour les tenants de l'idéologie libertaire, la Commune de Paris aura été la première à tenter de réaliser le rêve d'un socialisme antiautoritaire.
Dieu puissant, je crois ! Quant à Monsieur le Fils, et à Madame sa Mère, c'est une autre affaire.
Les consignes adressées à Rahn ne laissent planer aucun doute sur ce point : "Le Führer estime que [...] il a été surabondamment prouvé que les troupes italiennes ne sont pas utilisables. Elles ne sont capables que de démonstrations bruyantes qui intoxiquent la population. Une force armée italienne digne de confiance et combative ne peut être envisagée, ni par nous, ni par nos alliés." À quoi fait écho ce propos prêté au maréchal Keitel : "La seule armée italienne qui ne trahisse pas est celle qui n'existe pas. "
(de Karl Marx) La grande mesure sociale de la Commune, ce fut sa propre existence.