Soirée rencontre à l'espace Guerin à Chamonix
le 28 octobre 2021
autour du livre : Antoine de Saint Exupéry
de François Suchel
soirée filmé par
TVMOUNTAIN
#Livres
#beauxlivres
#antoinedesaintexupery
#paulsen
" On peut vouloir partir parce qu'on n'a jamais voyagé, moi j'ai décidé de voyager parce que je suis trop souvent parti"
France Inter
L'automne est vraiment la plus belle des saisons sur la Côte d'Azur. Alors qu'ailleurs les premières brumes matinales annoncent déjà l'hiver, on rejoue ici la partition estivale avec des senteurs plus fines, des températures plus douces, des lumières plus pures.
Je pensais être un homme libre. Dans ma conception des choses, cela voulait dire être capable de supporter aisément la solitude, vivre pleinement cette aventure, assumer l’indépendance que j’avais imposée à ma femme et que j’imaginais bien réelle, certains diront l’égoïsme. Comme ce voyage n’était pas une fuite, mais une parenthèse irrépressible, la même énergie qu’il m’a fallu pour partir, je la mobiliserai bientôt pour combler les besoins de mes enfants et ceux de Marianne. Je n’avais simplement pas mesuré que, bientôt, c’est toujours trop tard lorsqu’on souffre. Ma naïveté et ma dépendance, en réalité, grignotait ma volonté. J’étais forcément trop égoïste ou pas assez.
Oui, le voyage passe part la transition. Et la bicyclette permet de l'éprouver grâce à ses deux principes élémentaires : l’effort physique et la lenteur. Lorsque la fatigue pointe, on prend ce qui se présente, quelque soit l'endroit.
Non, non, ma chérie, si on s'en sort, je peux t'assurer d'un truc, c'est qu'on ira pas à Singapour la semaine prochaine. Tu vas voir ton gynécologue , tu fais enlever ton stérilet et on fait un enfant. Je t'en fais le serment.
La sagesse est peut-être le premier pas vers l'ennui.
« Mesdames et Messieurs, nous commençons notre descente,
veuillez regagner votre siège… » Tous les voyageurs aériens
n’ont-ils pas ressenti à cet instant un mélange de soulagement,
après des heures en espace confiné, et d’excitation, ces
quelques mots annonçant le retour sur terre, les retrouvailles
tant attendues, ou la découverte d’une destination inconnue ?
Le « point de descente » est le crépuscule du vol, mais aussi
l’aube de nouvelles aventures.
Volant à 12 000 mètres 1
d’altitude, un avion de ligne débute
généralement sa descente plus de 220 kilomètres 2
avant
l’aéroport d’arrivée. L’annonce de l’hôtesse de l’air accompagne
la réduction des moteurs vers la puissance minimale,
tandis que le pilote oriente la trajectoire vers le bas. L’avion
plane, transformant son énergie potentielle en vitesse. Le point
de descente se calcule.
Le soleil clignote alors, rythmant notre mélopée aérienne, tandis que des vapeurs un peu plus denses dessinent des ombres mouvantes sur nos ailes.
Comme une ombre lumineuse, attirante, dangereuse, qui se tenait derrière elle.
L'avion fonce en direction des falaises de grès ocre que j'aperçois du côté de Piana.
Les calanques de Piana se mettent à rosir. Dominant la marina de Porto, invisible au fond de la crique, je devine le Capu d'Orto et ses 1294 mètres d'altitude.
Joe observe la scène un instant et, pour la première fois, un sentiment de malaise le saisit. Jusqu'à présent, jamais sa profession ne lui avait semblé une telle horde sauvage.
Quelque soit l'outil emprunter pour s'envoler,
le pilote devra immanquablement revenir sur terre.
Dans cette mission sans échappatoire repose la noblesse du métier.
Si l'on y réfléchit bien, rares sont nos actions dont l'issue est obligatoire, quelles que soient les circonstances.
On peut toujours reporter une réunion ou bien annuler un projet, pas un atterrissage.
Le pilote en tire on orgueil, qui le rend incapable, parfois, d'exister sans son avion.
Qu'est-ce qu'un pilote au sol ? Un homme comme un autre, avec la gueule de bois.
Un marin au port qui a le mal de terre. L'albatros malhabile du poème de Baudelaire.
Je quittai la cité des navigants dépité. Quelques heures
auparavant, je croyais être un bon pilote, mais ce sentiment
était à présent ébranlé par la leçon de Bernard.