Citations de Frantz Fanon (154)
En aucune façon ma couleur ne doit être ressentie comme une autre. A partir du moment où le nègre accepte le clivage imposé par l'Européen, il n'a plus de répit et, "dès lors, n'est-il pas compréhensible qu'il essaie de s'élever jusqu'au Blanc ? S'élève dans la gamme des couleurs auxquelles il assigne une sorte de hiérarchie ?"
Nous verrons qu'une autre solution est possible. Elle implique une restructuration du monde.
... notre but est de rendre possible pour le Noir et le Blanc une saine rencontre.
Il s'agit de savoir s'il est possible au Noir de dépasse son sentiment de diminution, d'expulser de sa vie le caractère compulsionnel qui l'apparente tant au comportement du phobique. Chez le nègre, il y a une exacerbation affective, une rage de se sentir petit, une incapacité à toute communion humaine qui le confinent dans une insularité intolérable.
L'enthousiasme est par excellence l'arme des impuissants.Ceux qui chauffent le fer pour le battre immédiatement. Nous voudrions chauffer la carcasse de l'homme et partir. Peut-être arriverions-nous à ce résultat ; l'Homme entretenant ce feu par autocombustion.
Pourquoi écrire cet ouvrage ? Personne ne m'en a prié. Surtout pas ceux à qui il s'adresse.
Alors ? Alors, calmement, je réponds qu'il y a trop d'imbéciles sur cette terre. Et puisque je le dis, il s'agit de le prouver.
Le Martiniquais est un Français, il veut rester au sein de l'union française, il ne demande qu'une chose, le Martiniquais, c'est que les imbéciles et les exploitants lui laissent la possibilité de vivre humainement.
À 12, 13 ans les petits villageois connaissent le nom des vieillards qui ont assisté à la dernière insurrection et les rêves dans les douars, dans les villages ne sont pas les rêves de luxe ou de succès aux examens que font les enfants des villes, mais des rêves d’identification à tel ou tel combattant dont le récit de la mort héroïque provoque encore aujourd’hui d’abondantes larmes.
Aussi pénible que puisse être pour nous cette constatation, nous sommes obligé de la faire : pour le Noir, il n’y a qu’un destin. Et il est blanc.
Par cette conclusion, nous rejoignons Sartre : « Le Juif est un homme que les autres hommes tiennent pour Juif : voilà la vérité simple d’où il faut partir… C’est l’antisémite qui fait le Juif16. »
Jean-Paul Sartre, dans Réflexions sur la question juive, écrit : « Ils [les Juifs] se sont laissé empoisonner par une certaine représentation que les autres ont d’eux et ils vivent dans la crainte que leurs actes ne s’y conforment, ainsi pourrions-nous dire que leurs conduites sont perpétuellement sur-déterminées de l’intérieur »
Ces concessions, qui ne sont rien d'autres que des concessions, ne portent pas sur l'essentiel et, dans la perspective du colonisé, on peut affirmer qu'une concession ne porte pas sur l'essentiel quand elle ne touche pas le régime colonial dans ce qu'il a d'essentiel.
Le monde colonisé est un monde coupé en deux. La ligne de partage, la frontière en est indiquée par les casernes et les postes de police. Aux colonies, l'interlocuteur valable et institutionnel du colonisé, le porte-parole du colon et du régime d'oppression est le gendarme ou le soldat.