Citations de Frantz Fanon (154)
"Dans le monde où je m'achemine, je me crée interminablement".
Frantz Fanon
Je suis noir, je réalise une fusion totale avec le monde, une compréhension sympathique de la terre, une perte de mon moi au coeur du cosmos, et le Blanc, quelque intelligent qu’il soit, ne saurait comprendre Armstrong et les chants du Congo. Si je suis noir, ce n’est pas à la suite d’une malédiction, mais c’est parce que, ayant tendu ma peau, j’ai pu capter toutes les effluves cosmiques. Je suis véritablement une goutte de soleil sous la terre.
0 mon corps, fais de moi toujours un homme qui interroge!
Mais voilà, ce nègre, « qui par son intelligence et son travail assidu s'est élevé à la réflexion et à la culture de l'Europe » , est incapable de s'évader de sa race.
Après quelques mois passés en France, un paysan retourne près des siens. Apercevant un instrument aratoire, il interroge son père, vieux campagnard à-qui-on-ne-la-fait-pas : « Comment s'appelle cet engin ? » Pour toute réponse, son père le lui lâche sur les pieds, et l'amnésie disparaît
Pour nous, celui qui adore les nègres est aussi « malade » que celui qui les exècre.
Inversement, le Noir qui veut blanchir sa race est aussi
malheureux que celui qui prêche la haine du Blanc
Tout peuple colonisé – c’est-à-dire tout peuple au sein duquel a pris naissance un complexe d’infériorité, du fait de la mise au tombeau de l’originalité culturelle locale – se situe vis-à-vis du langage de la nation civilisatrice, c’est-à-dire de la culture métropolitaine.
Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir.
Parfois ce manichéisme va jusqu’au bout de sa logique et déshumanise le colonisé. A proprement parler il l’animalise. Et, de fait, le langage du colon, quand il parle du colonisé, est un langage zoologique. On fait allusion aux mouvements de reptation du jaune, aux émanations de la ville indigène, aux hordes, à la puanteur, au pullulement, au grouillement, aux gesticulations. Le colon, quand il veut bien décrire et trouver le mot juste, se réfère constamment au bestiaire. [...] Cette démographie galopante, ces masses hystériques, ces visages d’où toute humanité a fui, ces corps obèses qui ne ressemblent à rien, cette cohorte sans tête ni queue, ces enfants qui ont l’air de n’appartenir à personne, cette paresse étalée sous le soleil, ce rythme végétal, tout cela fait partie du vocabulaire colonial.
Le colonialisme n'est pas une machine à penser, n'est pas un corps doué de raison. Il est la violence à l'état de nature et ne peut s'incliner que devant une plus grande violence.
La bourgeoisie occidentale, quoique fondamentalement raciste, parvient le plus souvent à masquer ce racisme en multipliant les nuances, ce qui lui permet de conserver intacte sa proclamation de l'éminente dignité humaine.
Oui, il faut que je me surveille dans mon élocution,
car c'est un peu à travers elle qu'on me jugera... On dira
de moi, avec beaucoup de mépris : il ne sait même pas
parler le français.
p. 18.
La révolution en profondeur, la vraie, parce que précisément elle change l'homme et renouvelle la société, est très avancée. Cet oxygène qui invente et dispose une nouvelle humanité, c'est cela aussi la révolution algérienne.
Les negres en face d’un blanc constituent en quelque sorte l’assurance sur l’humanité
Entre le monde et moi s’établît un rapport de ci-existence. J’avais retrouver l’un primordial.
L’essence du monde était mon bien
J’épouse le monde, je suis le monde
Oui, en un sens le nègre aujourd’hui est plus riche de dons que d’œuvre.
Moi, l'homme de couleur, je ne veux qu'une chose :
Que jamais l'instrument ne domine l'homme. Que cesse à jamais l'asservissement de l'homme par l'homme. C'est-à-dire de moi par un autre. Qu'il me soit permis de découvrir et de vouloir l'homme, où qu'il se trouve.
Le nègre n'est pas. Pas plus que le Blanc. Tous deux ont à s'écarter des voix inhumaines qui furent celles de leurs ancêtres respectifs afin que naisse une authentique communication. Avant de s'engager dans la voix positive, il y a pour la liberté un effort de désaliénation. Un homme, au début de son existence, est toujours congestionné, est noyé dans la contingence. Le malheur de l'homme est d'avoir été enfant.
C'est par un effort de reprise sur soi et de dépouillement, c'est par un tension permanente de leur liberté que les hommes peuvent créer les conditions d'existence idéales d'un monde humain.
Supériorité ? Infériorité ?
Pourquoi tout simplement ne pas essayer de toucher l'autre, de sentir l'autre, de me révéler l'autre ?
Ma liberté ne m'est-elle donc pas donnée pour édifier le monde du Toi ?
A la fin de cet ouvrage, nous aimerions que l'on sente comme nous la dimension ouverte de toute conscience.
Mon ultime prière : Ô mon corps, fais de moi toujours un homme qui interroge !
Il n'y a pas de monde blanc, il n'y a pas d'éthique blanche, pas davantage d'intelligence blanche.
Il y a de part et d'autre du monde des hommes qui cherchent.