Frédéric Andréi

Ces enfoirés de snipers tuent sans regarder.
Ils ne font aucune différence entre les militaires et les civils, les hommes, les femmes, les vieillards et même les enfants.
J’ai vu une mère assassinée avec son bébé dans les bras et une gosse d’environ sept ans frappée par une de leurs balles qu’ils balancent à plus d’un mile de distance !
Ces types sont des porcs, des bouchers.
Papa, est-ce que la guerre c’est ça ?
Papa, dis-moi !
Papa, réponds-moi !

Ainsi, au Zimbabwe, le choléra avait causé plus de 4500 décès lors de la dernière épidémie en 2008-2009. La recommandation faite aux touristes était de ne boire que de l'eau en bouteille capsulée ou de l'eau filtrée et bouillie, voire décontaminée par pastille. Malheureusement, il n'y avait aucune recommandation faite aux populations qui, elles, devaient se recommander au dieu local, à défaut d'autre chose.

De toute façon, il fallait bien en vouloir à ses parents d'une manière ou d'une autre. Sans reproches, on n'est l'enfant de personne. Une nouvelle mode de ce côté de l'Occident, une fantaisie qu'aucun orphelin ne peut se payer.

- (...) Obligez tous ceux qui ont de l'argent à partager avec ceux qui n'en ont pas ! Vous débouchez ainsi le tuyau où le fric est bloqué depuis des siècles et des siècles ! C'est basique, concret, mais l'argent est là ! Et avec 732 morts vous réussirez parfaitement à effrayer les douze millions d'humains qui en ont plein les poches et qui, comme vous et moi, ont peur de la mort ! Alors quand vous avez terrorisé ces douze millions de riches, soudain ils relâchent tous ensemble leur sphincters pour déverser toute leur montagne de fric ! Vous voyez, Dennac, nous avons juste inventé le laxatif qui débouche le transit des nantis !
- Vous avez la métaphore délicate.

Deuxièmement, et c’est le problème du doute, une fois qu’il est là, on a beau s’évertuer à le repousser, il revient, s’insinue et finit par s’imposer. C’est con le doute.

Vous vous croyez tous plus forts que la montagne mais ici c'est la montagne qui a raison.

Les milliards étaient là et il fallait songer bientôt à en redistribuer une partie avant que la plaisanterie n’explose à la tête des gouvernements. Car, à l’instar du shérif de Nottingham, la plèbe planétaire commença à rire jaune des exploits de ce Robin des Bois version XXI è siècle qui semblait voler les riches pour redonner aux riches, une idée à la con.

« Nous, si on le remet dans le contexte, nous les jeunes hommes noirs, ou nous les jeunes femmes noires, ou bien encore par extension nous les Noirs en général. Nous qui avons soif de justice. Et le journalisme, s’il est bien fait, peut être une source de justice, un moyen, un levier. »

La porte s’ouvrit de guingois et la trogne de Toni émergea à travers l’enchevêtrement des fils de l’ADSL, de l’électricité et du téléphone qui barraient l’accès au visiteur. Toni était dans le même état que son bateau : en ruine.

Une fois le vieux s'était un peu laissé aller et s'était épanché sur ses difficultés conjugales liées à leur trop grande différence d'âge. Lui soixante-seize ans, elle trente et un, tout était dit. Elle apparaissait pourtant régulièrement à son bras calleux dans les pages people locales qui relataient platement les mondanités du gotha de la Baie. Il n'empêche que Tina Wards ne faisait rien d'autre qu'attendre tranquillement, défoncée au fond d'un canapé, que le vieux vomisse son dernier soupir, son dernier rot, son dernier pet, pour se tirer avec le jackpot en poche. La routine de ce côté -ci de la planète.

Durant son existence il avait appris qu’une mère pouvait jeter son gosse dans un container à ordures sans état d’âme, que des grands-parents pouvaient utiliser les membres de leur propre famille pour en faire des esclaves, que son pays décorait des soldats pour massacrer des civils, femmes et enfants de préférence, que la terre elle-même lorsqu’elle tremblait pouvait briser les humains comme des allumettes. Rien dans tout ce qui l’avait constitué n’indiquait que le mal n’était pas la norme. Et dans ce monde-là Lennie-Ray Parnell s’était appliqué à être aussi normal que tout le monde, aussi mauvais, sans pitié et sans morale.

Revenir sur ses pas ? Il hésitait. Il pesait le pas très pour et le plutôt contre. Revenir sur ses pas, c’était la voie de la raison. Mais c’était aussi la certitude de filer direct dans une prison d’État. En revanche, la fuite en avant, c’était l’illusion de repousser à plus tard des tonnes de complications

La beauté pure, l’instant parfait, l’instant de sa vie. Les larmes qui coulaient et le cœur qui battait. C’était ça qu’il fallait faire, prendre son destin en main. Quitter la bouillasse grise de Piltzville pour ce ciel hollywoodien.

Dennac salua le jeune homme et repartit en silence. Il faisait chaud, très chaud, mais il avait froid, très froid dans le dos. Justin Allison venait de faire passer l’idée d’une apocalypse du domaine du possible à celui du probable. Et tout ça par la faute de ces putains d’actionnaires qui dirigeaient ces compagnies pétrolières sans se soucier des risques écologiques.
C’étaient des dingues.
Capitalistes de merde, se dit Nicholas.

Il faisait moins quinze sur ce parking glacial, et la neige était partout. Mais pas de cette jolie neige blanche qui repeint les villes et les campagnes comme dans les contes de Noël. Non, c’était le genre de merdasse grise et trempée qui lui avait gelé le corps et le cerveau pendant des années et des années.

Il exhuma son vélo de route, un engin magnifique d’une valeur inestimable, acquis sur le coup d’un désordre mental qui lui avait commandé de mener une vie saine. L’état du vélo –flambant neuf sous une fine couche de poussière – témoignait que ce moment d’égarement avait été bref. (Nicholas)

Faut mettre plusieurs lignes à l'eau avant de pêcher le bon poisson . Et en ce moment j'ai trop de bouchons à la flotte pour te dire lequel je surveille le plus ;

Les rideaux étaient ouverts et le soleil qui envahissait la pièce à contre-jour révélait les myriades de particules de poussières qui flottaient là depuis plus d'un mois .

Encore sonné par la douleur, Nicholas réfléchit à ce qui l'avait amené là, à supporter cette souffrance tout en haut de cette échelle, tout en haut de cette montagne, tout au fond du Montana. Qu'est-ce qui l'avait amené à accepter tout ça?
Une femme avec un enfant dedans.
Sa femme avec son enfant dedans.

Quelle conscience avait-il de cette succession d’événements ? Aucune. Il y avait trop longtemps que Lennie-Ray Parnell était passé du côté obscur de lui-même pour avoir une quelconque notion d’une frontière morale à ne pas franchir. Durant son existence il avait appris qu’une mère pouvait jeter son gosse dans un container à ordures sans état d’âme, que des grands-parents pouvaient utiliser les membres de leur propre famille pour en faire des esclaves, que son pays décorait des soldats pour massacrer des civils, femmes et enfants de préférence, que la terre elle-même lorsqu’elle tremblait pouvait briser les humains comme des allumettes. Rien dans tout ce qui l’avait constitué n’indiquait que le mal n’était pas la norme. Et dans ce monde-là Lennie-Ray Parnell s’était appliqué à être aussi normal que tout le monde, aussi mauvais, sans pitié et sans morale.