Il est vrai que le métier d’écrivain a bien changé. Aujourd’hui l’encre à peine sèche, nous portons le moindre texticule chez l’éditeur. Pourtant, il a fallu des siècles pour que les auteurs s’admirent dans la couverture de leur livre comme Narcisse dans son miroir.
Quand on sait à quel point les femmes sont bavardes et incapables de garder un secret, on peut trouver étonnant qu’il y ait eu autant de femmes pythagoriciennes, étant donné que les pythagoriciens devaient garder le silence pendant cinq ans.
La maternité est une aventure intellectuelle, la grossesse un mystère spirituel qui donne à penser. Être mère est un métier qualifié, ce métier donne une « consistance » à la femme...
Enseigner la philosophie, c’est poser des problèmes aussi universels et asexués que des problèmes de maths et de physique. C’est du moins ce que l’on m’a appris quand j’étais petit. Ce n’est plus mon avis aujourd’hui, mais j’avoue qu’est séduisante l’idée que la philosophie constituerait un territoire hors sexe, un no sex land, un lieu où le sexe de celui qui parle n’a aucune influence sur les questions qu’il pose
Certes, la philosophie n’est pas la seule activité à n’être guère féminisée : on trouve peu de femmes chefs d’orchestre ou jockeys ; à ma connaissance, aucune n’est sumo. Et, au début du siècle, combien de femmes forgerons, à frapper le fer sur une enclume ? Une femme tenta jadis d’occuper le siège de saint Pierre, mais le magistère papal reste une activité strictement virile.