Après avoir passé les premières années de sa vie à lorphelinat en Nouvelle France, le jeune Jack devient mousse dans la marine marchande britannique. Il est embarqué sur le « Virginia » commandé par le vieux loup de mer Lucky Roberts, avec un équipage de vauriens, anciens bagnards, enrôlés de force et autant le dire, pas très recommandables. A bord un autre gosse, Andrew Socks, gallois, orphelin lui aussi, en fuite
Au programme, des traversées transatlantiques, la traite desclaves, une tentative de viol, une révolte contre « la tyrannie de la couronne », lenlèvement dune jeune fille et nos héros devenus des pirates
Une histoire complète en un seul Album.
104 Pages, dont 1 cahier graphique de 20 pages,
16,50 euros
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■ Matzneff sur liste rose.
Antoine Gallimard est-il l'archevêque de l'édition française ? Il en a les manières, tout en onctuosité et affliction profonde. Dans une interview au 'Journal du Dimanche' (12/01), l'éditeur de Gabriel Matzneff bat sa coulpe :
« J'ai été très touché par la lecture du livre de Vanessa Springora ('Le Consentement'). Elle m'a fait prendre la mesure des effets dévastateurs de la manipulation d'un adulte sur une toute jeune fille. »
Contrite, Son Eminence a donc décidé d'arrêter la vente du 'Journal' dans lequel Matzneff racontait ses exploits érotiques avec des mineurs. Quand la journaliste lui fait remarquer qu'il en a tout de même publié « neuf tomes depuis 1990 », Antoine Gallimard répond : « J'ai toujours été gêné que le 'Journal' fasse état de faits réels concernant des personnes vivantes. » Pas au point de renvoyer le manuscrit à son auteur...
Le commerce étant ce qu'il est, une note interne des éditions Gallimard, datée du 8 janvier et adressée aux plus importantes librairies de l'Hexagone, fait savoir que « les livres de G. Matzneff, hors journaux, restent disponibles à la vente ».
La maison Gallimard survivra...
• article dans 'Le Canard enchaîné', 15/01/2020
■ LES PAGES BLANCHES, ÇA SUFFIT !
Faut-il être juif pour traduire 'Le Journal d'Anne Frank', homosexuel pour traduire Proust, harponneur pour commenter 'Moby Dick' ? La question se pose à propos de l'Américaine Amanda Gorman, propulsée sur la scène mondiale pour sa prestation oratoire lors de l'investiture de Joe Biden.
Son poème 'The Hill We Climb' ('la colline que nous gravissons') ne sera pas traduit en néerlandais par l'écrivaine Marieke Lucas Rijneveld. L'éditeur Meulenhoff, très honorablement connu aux Pays-Bas, s'est rendu aux arguments d'une journaliste militante de la 'diversité' : pour traduite Amanda Gorman, il faut être femme, slameuse et noire.
Or Marieke Lucas Rijneveld est blanche. Elle a beau se proclamer 'non binaire', comme l'attestent ses deux prénoms, masculin et féminin, le compte n'y est pas. Meulenhoff l'a donc écartée pour confier la traduction à 'une équipe'.
La même mésaventure est arrivée à Victor Obiols, traducteur pressenti d'Amanda Gorman en catalan : 'On m'a dit que je ne convenais pas (...). Ils cherchaient le profil d'une femme, jeune, activiste et de préférence noire.' Ce n'est donc pas la compétence du traducteur qui est en cause mais sa couleur de peau. Pas besoin de menaces, de manif, de boycott, un seul article dans un seul journal a suffi.
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• article dans le Canard enchaîné du 17/03/2021
Étudiant raté en philosophie, Max de Kool attend le client, au volant de son taxi, une DS noire parfaitement entretenue. Les voilà partis en guerre contre cette France moisie qui perd le goût de l'éloquence et de la suspension hydropneumatique. Sur les routes d'Europe, en quête de vérité et d'une pompe à sept pistons, nos deux héros rencontrent l'amour, une bonne soeur à moto et, non loin de la tombe de Kant, le Sublime. Entre temps, ils auront percé le mystère de l'Immaculée Conception et résolu un des plus difficiles problèmes de la philosophie occidentale : la définition du concept de " con".
Pour Tobie, c'est clair : Descartes est un dealer, un trafiquant obligé de brouiller les pistes et de faire sans cesse "son trou dans la nuit", comme il l'écrit.
Les stoïciens pensaient que le temps est un cycle. Périodiquement, le monde meurt puis renaît. Chaque nouveau départ se fait après un grand nettoyage qu'ils appelaient la "Grande Année". Le monde prend feu puis tout repousse sur ses cendres. Ce n'est pas ainsi que Nietzsche conçoit l'éternel retour. Sa surprenante doctrine peut se résumer en un mot : "Chiche !" Sommes nous assez fort pour accepter de revivre notre vie, avec ses deuils, ses chagrins, ses échecs, une fois, deux fois, des millions de fois s'il le faut ? Chiche !
"si tu ne connais pas ton chemin, ne demande pas à quelqu'un, car tu ne pourrais plus te perdre" Proverbe amerindien
Pour les étudiants qui ne partageaient pas cette euphorie, ces jeunes gens étaient tout simplement arrogants. Mais l'arrogance est l'autre nom de la confiance en soi qui donne le culot d'aborder des œuvres difficiles et les livres épais.
Quelle erreur conceptuelle ! Cette fille est sexy, je veux bien le croire mais sublime, non ! La contemplation d'une bombe sexuelle ne peut pas ouvrir sur l'Infini, mais seulement sur la fornication. Or le sublime est contradictoire avec toute idée de consommation. (p.168)
Je comprends son départ, son bras d'honneur à la France, son adieu à cette mondanité parisienne qui happe l'intellectuel et le transforme en saltimbanque. La liberté de penser n'est pas seulement celle que vous octroie l'Etat, mais celle que vous prenez vous-même par rapport à vous-même, à vos maîtres et à vos maîtres et à vos semblables.
A partir d'un certain niveau de notoriété, on ne pense plus. Le succès fait du bien à l'ego mais du tort au cerveau. On fait du service après-vente. La pensée qui a besoin de mûrissement et de solitude est impossible dans votre cohue distinguée. Les intellectuels qui se laissent fasciner par Paris doivent laisser toute espérance.
Les philosophes modernes devraient louer plus souvent un salle et des chaises. Ils écriraient plus vrai si leurs mots affrontaient un vrai public.