AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Frédéric Verger (81)


Les papillons frissonnèrent, la vieille se redressa. Assise sur le lit, sa chevelure grise balançant, elle ouvrit les yeux. Ils fixaient dans le vide quelqu'un qu'elle était la seule à voir. Sa voix grinça, roulant les "r".
"Jeune homme, puisque je montre que je ne suis pas morte, dites-nous qui vous êtes." (P55)
Commenter  J’apprécie          430
Le vaudeville est un plat délicat dont les ingrédients grossiers appellent une main légère.
Page 438
Commenter  J’apprécie          270
Lorsque le ciel couvert de nuages noirs assombrissait la forêt, tout paraissait pris dans la gelée onctueuse et cendrée du temps. Un baume gris semblait faire sourdre du cendrier, de la chaise en rotin, d’un bol mal lavé, le halo d’une vie passée ; assis dans un voltaire, on avait l’impression de voyager dans le temps, embaumé dans le cocon de nuages noirs, de pluie ou de neige, qui grésillait aux fenêtres. P 97
Commenter  J’apprécie          250
Une fois ces frissons calmés, comme un homme chevauchant un cheval qui se cabre et, tout à coup apaisé, file sans qu’on sente ses sabots frapper le sol il jouissait de la puissance de cette vague énorme et calme de la fièvre qui semble nous entraîner à toute allure au bord du néant pour qu’on sente la jouissance de vivre. Cette torpeur était traversée de rêves tournoyants, visions égarées dans l’esprit pour quelques secondes et qu’on ne peut goûter qu’en s’y précipitant. P 209
Commenter  J’apprécie          230
Lorsqu'elle est arrivée ici, j'ai cru que son comportement étrange, ses absences, ses crises, étaient une comédie, qu'elle avait quelque chose derrière la tête. Alors je l'ai prise avec moi pour m'aider à taper à la machine tous les vieux grimoires des rêveuses d'Ourthières (..)
Enfin, je me suis rendu compte qu'elle avait un don étrange, étonnant...Quand elle lisait un rêve, sa voix lui donnait un charme particulier...Et moi qui aimais le côté sauvage de ces récits bizarres, sans queue ni tête, je me suis prise à aimer le côté un peu...comment dire...charmant, qu'elle leur donnait...Et puis elle avait une façon d'organiser la suite de ces petits rêves qui donnait envie d'en lire davantage...Cette fille sent les choses qui se correspondent...
Commenter  J’apprécie          230
D'énormes flocons tournoyaient dans tous les sens sans qu'on en voit jamais un tomber ou s'évanouir. Il semblait miraculeux qu'ils ne se touchent pas. On aurait dit que ce tourbillon dévoilait pour un moment aux hommes le délire gracieux qui gouverne le monde. Peter ne pouvait en détacher les yeux. Il s'enivrait de la paix que faisait naître en lui ce déchaînement.
Commenter  J’apprécie          190
Il avait déjà constaté que les changements de physionomie de certains visages sont plus instantanés et merveilleux qu'un voyage dans le temps. Quand la veuve Schneider-Marfault était émue ou souriait, il voyait la jeune fille qu'elle avait été. Mais peut-être n'était-ce qu'une illusion. Peut-être voyait-il une créature monstrueuse, une prisonnière qui voyait rarement le jour, la jeune fille qu'elle aurait pu être si les malheurs de la vie l'avaient rendue plus sage, plus douce du temps de sa jeunesse.
Page 175
Commenter  J’apprécie          160
Roulaient sur la table des saucissons énormes dont la peau à la lumière des bougies miroitait de reflets café au lait ou grenat ; de larges pièces de lard semblables à des tranches d'écorce noire saupoudrées de neige ; des jambonneaux recouvertes de chapelure pareils à des petits messieurs si dodus si gourmands qu'ils s'étaient métamorphosés en nourriture ; coupés en deux, ils exhibaient leur intérieur charnu et rose, leurs veines de gelée couleur de miel, semblant attendre une dernière volupté de la dévoration ; de longues saucisses noirâtres, tourmentées et bosselées comme des racines de pin.
Page 146
Commenter  J’apprécie          152
Il était incapable de situer ces endroits, de se rappeler l’époque de sa vie à laquelle ils renvoyaient. Et cette impuissance lui donnait l’impression de n’avoir pas commencé à vivre, de naître chaque matin comme le premier des hommes. P 111 (à propos des images qui lui viennent du passé mais qu’il ne peut identifier).
Commenter  J’apprécie          130
Pleurer un homme qui n'a jamais pleuré sur personne n'est pas précisément une faute de goût, c'est soit une comédie inutile, et donc ridicule, soit une marque de laisser-aller, une émotion qu'on lâche parce que le décor s'y prête, comme au concert on lâche les vents quand l'orchestre fait un « forte ».
Page 124
Commenter  J’apprécie          130
Le soleil monta, les ombres rapetissèrent, comme si c'était leur façon de survivre.
Page 380
Commenter  J’apprécie          130
C'est un cimetière qui n'a pas l'air de croire à la mort. On se dit qu'elle est une invention d'escroc pour vendre de la pierre.
Commenter  J’apprécie          130
Nous venons du fin fond de la Perse
Nous faisons un très joli commerce !
Nous vendons des objets de toilette,
Nous tenons parfums et cassolettes...

Page 131, et ailleurs
Ronde des colporteurs, acte 3 de l'opéra-comique Le roi Carotte de Jacques Offenbach, livret de Victorien Sardou
Commenter  J’apprécie          130
Car tel un Charles Quint mineur mon oncle consacrait diverses langues à divers usages mais le cercle de ses préoccupations étant moins étendu que celui de l’illustre monarque, il se contentait d’utiliser le russe pour inviter à la baignade les ouvrières agricoles de Bukovine, le français pour faire la cour aux femmes de ses amis, l’anglais pour flirter avec les touristes sur le court de tennis de l’hôtel et l’allemand pour adresser des missives aux bien-aimées lointaines.
Quant à sa maîtresse de cœur en titre, il se servait pour lui parler d’amour d’une mixture romanesque et mondaine des quatre, le russe lors des promenades nocturnes sur les bords de la Vlina, le français pour prendre un café avant ou après les baisades, l’anglais pour les reproches cinglants ou les questions angoissées sur des menstrues à éclipses, l’allemand afin d’évoquer son image lorsque la maîtresse s’était transformée à son tour en bien-aimée lointaine.

Commenter  J’apprécie          130
Il avait une voix de basse ; chacun de ses mots faisait penser à une pièce d’échec sortie d’un sac de velours et posée à un endroit précis.
Commenter  J’apprécie          122
Il s'y engagea à plat ventre. Son visage était caressé par de petits sacs suspendus qu'il prit pour des sachets oubliés peut-être depuis des siècles, avant, en sentant leur douceur duveteuse, de se rendre compte qu'il s'agissait de chauves-souris accrochées aux poutres la tête en bas.
Page 270
Commenter  J’apprécie          110
Hélène et Joséphine entrèrent dans la chambre. Elles manifestèrent une joie bruyante en le voyant réveillé pour de bon et délivré de la fièvre. Mais cette joie avait quelque chose de moqueur, comme si elles voyaient toujours le fond ridicule de ce qui rend heureux.
Page 209
Commenter  J’apprécie          110
Il lui confia aussi avoir trop aimé dans sa vie la compagnie des prostituées, à cause surtout de leur conversation. Les choses les plus bêtes prennent dans leur bouche un charme étrange, ajouta-t-il, avec une sorte de surprise rêveuse, semblant attendre que son interlocuteur propose une explication de cette bizarrerie.
Page 166
Commenter  J’apprécie          100
On ne savait jamais s'il était ridicule ou s'il faisait semblant de l'être afin de pouvoir mépriser ceux qui s'y trompaient.
Page 85
Commenter  J’apprécie          100
Souvent il avait l'intuition que le danger, la folie étaient les seules façons de survivre, que la vie condamnait à mort ceux qui refusaient de la risquer. Voilà pourquoi il y avait de la superstition dans son audace et de l'effroi dans sa bravoure.
Commenter  J’apprécie          90



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Frédéric Verger (217)Voir plus

Quiz Voir plus

De qui est cet extrait d’une œuvre littéraire ?

Sur un plat d’argent à l’achat duquel trois générations ont contribué, le saumon arrive, glacé dans sa forme native. Habillé de noir, ganté de blanc, un homme le porte, tel un enfant de roi, et le présente à chacun dans le silence du dîner commençant. Il est bien séant de ne pas en parler.

Marguerite Yourcenar
Marcel Proust
Marguerite Duras
Éric Chevillard

8 questions
1 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}