Friedrich Nietzsche

Il faut porter encore en soi un chaos, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante

Mes pensées, dit le marcheur dans son ombre, doivent m'indiquer où je suis, pas me révéler où je vais. J'aime ignorer l'avenir et je ne veux pas succomber à l'impatience ni savourer anticipément ce qui m'a été promis

Le philosophe éleva à nouveau la voix : « Faites-y bien attention, mes amis, dit-il, il y a deux choses qu'il ne faut pas confondre.L'homme doit beaucoup apprendre pour vivre, pour mener son combat pour l'existence : mais tout ce qu'en tant qu'individu il apprend et fait dans ce dessein n'a encore rien à voir avec la culture. Celle-ci au contraire ne commence que dans une atmosphère qui est bien au-dessus de ce monde de la misère,
du combat pour l'existence, de la nécessité. La question est maintenant de savoir combien un homme estime son sujet à côté d'autres sujets, combien il use de sa
force dans cette lutte pour la vie individuelle. Plus d'un, en limitant stoïquement ses besoins, s'élèvera vite et facilement jusqu'à ces sphères où il peut oublier et
pour ainsi dire rejeter son sujet pour jouir d'une éternelle jeunesse dans un système solaire de faits intemporels et impersonnels. Un autre étend largement l'action et les besoins de son sujet et construit à des dimensions étonnantes le mausolée de son sujet, comme s'il était en état de surmonter à la lutte l'immense adversaire, le temps. Dans cette aspiration aussi on voit un désir d'immortalité : richesse et puissance, habileté,
présence d'esprit, éloquence, un aspect épanoui, un nom de poids - tout cela n'est ici devenu que moyens, avec lesquels l'insatiable vouloir-vivre personnel cherche une nouvelle vie, avec lesquels il désire une éternité en fin de compte illusoire.

Nous qui sommes sans crainte, nous les hommes plus intellectuels de cette époque, nous connaissons bien notre avantage pour vivre dans l'insouciance à l'égard de ce temps.
Aphorisme 379.

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Des pensées sur les préjugés moraux suppose une position en dehors de la morale, quelque par-delà le bien et le mal vers quoi il faudrait monter, grimper, voler.
Aphorisme 380.

Moins la nature est humaine, plus nous l'aimons.

Le pessimisme romantique, comme la philosophie schopenhauerienne, est le dernier grand événement dans la destinée de notre civilisation.
Qu'il puisse y avoir un pessimisme classique, cette vision m'appartient. Cependant, mon oreille répugne au mot "classique", il est devenu beaucoup trop usé, trop arrondi, trop méconnaissable. J'appelle ce pessimisme de l'avenir, car il est en route, je le vois venir ! je l'appelle le pessimisme dionysien.

Nous autres, les ermites, nous avons des rapports avec les hommes ; nous revêtons humblement le vêtement que l'on sait être le nôtre, sous lequel on nous vénère et on nous cherche, et nous nous rendons en société, c'est-à-dire parmi les gens déguisés, qui ne veulent pas qu'on les dise déguisés.

La valeur de ce médicament le plus célèbre de tous, le "Tu dois" de la morale, n'a été examiné jusqu'à présent par personne. Il faudrait pour cela, avant toute chose, que la morale soit mise en question. Eh bien ! C'est précisément là notre oeuvre.

Fuis, mon ami, dans ta solitude ! Je te vois étourdi par le bruit des grands hommes et meurtri par les aiguillons des petit.

Avec dignité, la forêt et le rocher savent se taire en ta compagnie. Ressemble de nouveau à l’arbre que tu aimes, à l’arbre aux larges branches : il écoute silencieux, suspendu sur la mer.

Où cesse la solitude, commence la place publique ; et où commence la place publique, commence aussi le bruit des grands comédiens et le bourdonnement des mouches venimeuses.

Dans le monde les meilleures choses ne valent rien sans quelqu’un qui les représente : le peuple appelle ces représentants des grands hommes.

Le peuple comprend mal ce qui est grand, c’est-à-dire ce qui crée. Mais il a un sens pour tous les représentants, pour tous les comédiens des grandes choses.

Le monde tourne autour des inventeurs de valeurs nouvelles : — il tourne invisiblement. Mais autour des comédiens tourne le peuple et la gloire : ainsi « va le monde ».

Ce fut la Révolution française qui plaça définitivement et solennellement le sceptre dans la main de l'homme bon, de la brebis, de l'âne, de l'oie, et de tout ce qui est incurablement plat et braillard, mûr pour la maison de fous des idées modernes.
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Les philosophes se sont toujours tenus le plus éloignés de ce que le peuple entend par sagesse, de cette prudente tranquillité d'âme avachie, de cette piété et de cette douceur de pasteur de campagne qui s'étend dans un pré et qui assiste au spectacle de la vie en ruminant d'un air sérieux.

NDL :
J'ai éclaté de rire quand j'ai lu ces deux phrases, pas vous ?
Friedrich est le premier philosophe qui me fait rire !

Partout où les Juifs ont eu de l'influence, ils ont enseigné à distinguer avec plus de sensibilité, à conclure avec plus de sagacité, à écrire avec plus de clarté et de netteté.

Ceux qui veulent rendre l’humanité « meilleure ».
1. Le jugement moral a cela en commun avec le jugement religieux de croire à des réalités qui n’en sont pas.

Ceux qui veulent rendre l’humanité « meilleure ».
1.On sait ce que j’exige du philosophe : de se placer par-delà
le bien et le mal, — de placer au-dessous de lui
l’illusion du jugement moral.

Les quatre grandes erreurs.
8. Nous nions Dieu, nous nions la responsabilité en Dieu : par là seulement nous sauvons le monde.

Les quatre grandes erreurs.
8. L’idée de « Dieu » fut jusqu’à présent la plus grande objection contre l’existence…

Les quatre grandes erreurs.
8. l’innocence du devenir est rétablie…

Les quatre grandes erreurs.
8. on est un morceau de destinée

Les quatre grandes erreurs.
8. Nous avons inventé l’idée de « but » : dans la réalité le « but » manque…

Les quatre grandes erreurs.
8. L’homme n’est pas la conséquence d’une intention propre, d’une volonté, d’un But

Les quatre grandes erreurs.
8. La fatalité de son être n’est pas à séparer de la fatalité de tout
ce qui fut et de tout ce qui sera.