La peur de la mort est pire que la mort.
(Todesangst ist ärger als Sterben.)

SPIEGELBERG : Qu'appelles-tu honnête ? Enlever à des richards un tiers des soucis dont ils ont par-dessus la tête et qui leur ôtent le bien précieux du sommeil, remettre en circulation l'or qui croupit, rétablir l'équilibre des fortunes, en un mot, ramener l'âge d'or, débarrasser le bon Dieu de plus d'un pensionnaire encombrant, lui épargner la guerre, la peste, la vie chère et les docteurs, c'est cela, vois-tu, ce que j'appelle être honnête, et je dis que c'est mettre un digne instrument dans les mains de la Providence.
( Was heissest du ehrlich ? Reichen Filzen ein Dritteil ihrer Sorgen vom Hals schaffen, die ihnen nur den golden Schlaf verscheuchen, das stockende Geld in Umlauf bringen, das Gleichgewicht der Güter wiederherstellen, mit einem Wort, das goldne Alter wieder zurückrufen, dem lieben Gott von manchem lästigen Kostgänger helfen, ihm Krieg, Pestilenz, teure Zeit und Doktors ersparen – siehst du, das heiss' ich ehrlich sein, das heiss' ich ein würdiges Werkzeug in der Hand der Vorsehung abgeben.)
Acte I, Scène 2.
LE PARRICIDE : J'espérais trouver chez vous miséricorde, vous aussi vous êtes vengé de votre ennemi.
TELL : Malheureux ! Oses-tu confondre le méfait sanglant de l'ambition avec la légitime défense d'un père ? As-tu défendu la tête chérie de ton enfant ? Protégé le sanctuaire du foyer ? Détourné des tiens le plus horrible, le plus extrême des châtiments ? ... Je lève au ciel mes mains pures, je te maudis, toi et ton crime... J'ai vengé la sainte nature que toi tu as souillée... Je n'ai rien à voir avec toi... Tu as assassiné, j'ai défendu mon bien le plus cher.
La fille venue d’ailleurs
Jadis dans une vallée, chez de pauvres bergers,
Paraissait, dès l’année nouvelle
Et les premiers babils des alouettes,
Une fille, merveilleuse et belle.
Elle n’était point de la vallée,
On ne savait d’où elle venait,
Et, dès qu’elle avait pris congé,
Bien vite on reperdait sa trace.
L’approcher rendait bienheureux
Et tous les cœurs se dilataient,
Mais une dignité, une sorte de grandeur
Empêchaient qu’on fût familier.
Elle apportait des fleurs, des fruits
Mûris dans une autre campagne,
Sous le soleil d’un autre ciel,
Dans une nature plus heureuse.
Et faisait un don à chacun,
À l’un des fruits, des fleurs à l’autre,
Jeune homme ou vieillard marchant mal,
Chacun rentrait chez lui comblé.
Tout hôte était le bienvenu,
Mais quand venaient des amoureux,
Ils avaient la meilleure offrande,
La plus belle fleur était pour eux.
C'est au silence saint des espaces du cœur
Qu'il faut que tu t'enfuies de la vie oppressante,
Il n'est de liberté qu'au royaume des rêves,
Et la beauté ne fleurit que dans le poème.
(L'arrivée du siècle nouveau 1801)
Si vous avez un souci, expulsez-le de votre cœur ! Prenez ce qui vient, les temps sont durs de nos jours. Il faut saisir les joies qui passent d'un cœur léger.
GESSLER : Tu es un maître à l'arbalète, Tell, on dit que tu défierais n'importe quel tireur ?
WALTER TELL : Et c'est la vérité, seigneur... Mon père pourra te tirer une pomme de l'arbre à cent pas.
GESSLER : C'est ton fils, Tell ?
TELL : Oui, cher seigneur.
GESSLER : Tu as d'autres enfants ?
TELL : Deux garçons, seigneur.
GESSLER : Et lequel préfères-tu ?
TELL : Seigneur, j'aime mes deux enfants tout autant.
GESSLER : Eh bien, Tell ! Puisque tu touches la pomme de l'arbre à cent pas, il va te falloir me donner une preuve de ton art... Prends ton arbalète... Puisque tu l'as avec toi... et prépare-là à tirer une pomme sur la tête de ton fils... Mais, je te le conseille, vise bien, et touche la pomme du premier coup, car si tu la manques, tu le paieras de ta vie.
La fantaisie est un perpétuel printemps.
SPIEGELBERG : Je ne sais pas si j'ai en moi quelque vertu magnétique qui attire toutes les fripouilles de la terre comme l'aimant attire le fer et l'acier.
RAZMANN : Une jolie boussole. Mais, par le bourreau, je voudrais connaître tes artifices.
SPIEGELBERG : Des artifices ? Pas besoin d'artifices. C'est de la tête qu'il faut avoir ! Un certain sens pratique que certes on n'acquiert pas en mangeant de l'orge. Car, vois-tu, je dis toujours : on peut faire un honnête homme avec n'importe quelle souche, mais, pour une canaille, il faut une matière plus fine.
Acte II, Scène 3.
L'homme naît d'un peu de fange, il patauge un moment dans la fange, il produit de la fange et retourne fermenter dans la fange jusqu'à ce qu'il ne soit plus finalement qu'un peu de boue qui colle à la semelle de son arrière petit-fils.
(Der Mensch entstet aus Morast, und watet eine Weile im Morast, und macht Morast, und gärt wieder zusammen in Morast, bis er zuletzt an den Schuhsohlen seines Urenkels unflätig anklebt.)