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Citations de Friedrich von Schiller (211)


Friedrich von Schiller
A l'œuvre que nous préparons avec gravité convient bien un langage grave;
quand de sages paroles l'accompagnent, la besogne s'accomplit avec plus d'entrain.
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J'extirperai autour de moi tout ce qui m'empêche d'agir en maître
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Friedrich von Schiller
La fantaisie est un perpétuel printemps.
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L’ATTENTE[1].

N’ai-je pas entendu la petite porte s’ouvrir ? Le verrou n’a-t-il pas gémi ?… Non, c’était le souffle du vent qui siffle à travers ces peupliers.

Oh ! pare-toi, abri vert et touffu, tu dois recevoir celle qui rayonne de grâce ! Vous, branches, formez un réduit ombragé, pour l’entourer mystérieusement d’une nuit charmante ! Et vous tous, zéphyrs caressants, éveillez-vous, et jouez, et folâtrez autour de ses joues de roses, quand, d’un pas léger, ses pieds délicats porteront leur aimable fardeau vers ce trône de l’amour.

Silence ! Qui glisse à travers la haie, la froissant dans son rapide élan ?… Non, ce n’est que l’oiseau, que la frayeur chasse du buisson.

Ô jour, éteins ton flambeau ! Et toi, nuit, temps où voient les yeux de l’esprit, viens avec ton aimable silence ! Enveloppe-nous de ton crêpe de pourpre ; tresse autour de nous, avec ces branches, un réseau plein de mystère ! La douce volupté de l’amour fuit l’oreille curieuse qui épie ; elle fuit la lumière, indiscret témoin. Elle ne souffre d’autre confident qu’Hespérus, le discret Hespérus, qui regarde en silence.

De loin, tout bas n’a-t-on pas appelé ? On dirait des voix qui chuchotent… Non, c’est le cygne qui décrit ses cercles sur l’étang argenté.

Autour de moi résonne un fleuve d’harmonies. La source jaillissante tombe avec un doux murmure ; la fleur s’incline au baiser du zéphyr, et je vois entre tous les êtres un échange de volupté. La grappe, la pêche, qui, richement gonflées, épient, ce semble, derrière le feuillage, invitent à les savourer. L’air, baigné dans une mer de parfums, aspire la chaleur de mes joues brûlantes.

N’ai-je pas entendu des pas retentir ? un murmure qui approche le long de l’allée touffue ?… Non, c’est un fruit qui est tombé là-bas, par te poids de sa riche sève.

L’œil ardent du jour s’éteint et meurt doucement, et ses couleurs pâlissent ; déjà les fleurs qui redoutent ses feux ouvrent hardiment leurs calices à la lueur du charmant crépuscule. La lune élève sans bruit son disque rayonnant ; le monde se fond en grandes masses paisibles ; la ceinture tombe et dégage tous les attraits de la Nature, et toute beauté s’offre nue à mes regards.

Ne vois-je pas là-bas une blanche lueur ? comme l’éclat d’un vêtement de soie ?… Non, c’est la statue[2] qui brille près du sombre rideau des ifs.

Ô cœur impatient, ne t’amuse plus ainsi à te jouer avec de douces apparences sans réalité ! Mon bras qui les veut saisir reste vide : une ombre de bonheur ne peut rafraîchir mon sein. Oh ! amène-la-moi vivante, ici ; que sa main, sa tendre main me touche ! Que je voie seulement l’ombre du bord de son manteau, et mon vain rêve vit et s’anime.

Et doucement, comme apparaît des hauteurs célestes l’instant du bonheur, elle s’était approchée sans être vue, et ses baisers éveillaient son ami.

Cette pièce parait être de 1796, mais elle ne fut publiée qu’en 1800 dans l’Almanach des Muses.
Le mot Säule, qu’on a traduit par « statue » dans cette strophe, signifie plus ordinairement « colonne, » et on pourrait, à la rigueur, lui laisser ici ce sens. Celui de « statue » (proprement Bildsäule) est cependant plus naturel en cet endroit, et Schiller a employé de même le simple pour le composé dans le poème intitulé : Die Ideale (strophe quatre, sous sa première forme) : die Säule der Natur.
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LE JEUNE HOMME PRÈS DU RUISSEAU.


Près du ruisseau est assis le jeune homme, il tresse des fleurs pour en faire une guirlande, et les voit emportées dans le mouvement des flots. Ô ruisseau ! mes jours s’écoulent sans cesse comme ton onde, ma jeunesse pâlit et se fane comme cette guirlande.

Ne demandez pas pourquoi je suis triste à l’époque fleurie de la vie. Tout se réjouit et tout espère, quand le printemps renaît ; mais les mille voix de la nature ravivée n’éveillent dans mon cœur qu’un lourd chagrin.

Que m’importe la joie ? que m’offre le printemps ? il n’y a qu’un être que je cherche, un être qui est près de moi et à tout jamais loin de moi. J’étends avec ardeur mes bras vers cette ombre chérie. Hélas ! je ne puis l’atteindre, et mon cœur reste vide.

Viens, ô belle image, descends de ta demeure suprême. Je répands sur ton sein les fleurs écloses au printemps. Écoute ! le bois retentit d’un chant harmonieux, et l’eau argentine murmure doucement. Il y a assez de place dans la plus petite retraite pour un heureux couple qui s’aime.
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LE FUGITIF.


La brise vivifiante du matin s’élève, à travers les sombres rameaux de sapin apparaît la riante lumière, et des rayons dorés étincellent sur les nuages qui couronnent les montagnes. L’alouette salue avec gaieté, par ses chants mélodieux, le soleil qui sourit et s’enflamme dans les bras de la jeune Aurore.

Salut à toi, lumière ! tes rayons répandent la chaleur sur les coteaux et dans les plaines : les prairies reluisent comme des tapis d’argent, des milliers de soleils étincellent dans les perles de rosée.

Dans une douce fraîcheur commencent les jeux de la nature : les zéphyrs voltigent avec amour autour de la rose, et les campagnes riantes sont inondées de suaves parfums.

Au-dessus des villes flottent des nuages de fumée : on entend hennir, piétiner les chevaux et courir les voitures dans la vallée retentissante : les bois sont animés ; l’aigle, le faucon, l’épervier planent dans l’air, élèvent leur vol jusqu’aux astres éblouissants.

Pour trouver la paix, où dois-je m’en aller, avec mon bâton de pèlerin ? La terre si riante, avec sa vie et sa jeunesse, n’est pour moi qu’un tombeau.

Lève-toi, lumière du matin, colore de tes baisers la bruyère et les champs. Reviens, crépuscule du soir ; brise de la nuit, assoupis dans tes doux murmures le monde fatigué. Aurore du matin, tu ne revêts de ta lumière qu’un champ de mort. Brise du soir, tu ne murmures que sur mon long sommeil.
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ADIEUX AU LECTEUR

Ma muse se tait, et sent la rougeur monter à ses joues virginales ; elle s’avance vers toi pour entendre ton jugement, qu’elle recevra avec respect, mais sans crainte. Elle désire obtenir les suffrages de l’homme vertueux, que la vérité touche, et non un vain éclat ; celui qui porte un cœur capable de comprendre les impressions d’une poésie élevée, celui-là seul est digne de la couronner.

Ces chants auront assez vécu, si leur harmonie peut réjouir une âme sensible, l’environner d’aimables illusions et lui inspirer de hautes pensées ; ils n’aspirent point aux âges futurs ; ils ne résonnent qu’une fois sans laisser d’échos dans le temps ; le plaisir du moment les fait naître, et les heures vont les emporter dans leur cercle léger.

Ainsi le printemps se réveille : dans tous les champs que le soleil échauffe, il répand une existence jeune et joyeuse ; l’aubépine livre aux vents ses parfums ; le brillant concert des oiseaux monte jusqu’au ciel ; tous les sens, tous les êtres partagent la commune ivresse… Mais dès que le printemps s’éloigne, les fleurs tombent à terre, fanées, et pas une ne demeure de toutes celles qu’il avait fait naître.
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LA GRANDEUR DU MONDE

Je veux parcourir avec l’aile des vents tout ce que l’Éternel a tiré du chaos ; jusqu’à ce que j’atteigne aux limites de cette mer immense et que je jette l’ancre là où l’on cesse de respirer, où Dieu a posé les bornes de la création !

Je vois déjà de près les étoiles dans tout l’éclat de leur jeunesse, je les vois poursuivre leur course millénaire à travers le firmament, pour atteindre au but qui leur est assigné ; je m’élance plus haut… Il n’y a plus d’étoiles !

Je me jette courageusement dans l’empire immense du vide, mon vol est rapide comme la lumière… Voici que m’apparaissent de nouveaux nuages, un nouvel univers et des terres et des fleuves…

Tout à coup, dans un chemin solitaire, un pèlerin vient à moi : « Arrête, voyageur, où vas-tu ? — Je marche aux limites du monde, là où l’on cesse de respirer, où Dieu a posé les bornes de la création !

— Arrête ! tu marcherais en vain : l’infini est devant toi. » Ô ma pensée ! replie donc tes ailes d’aigle ! Et toi, audacieuse imagination, c’est ici, hélas ! ici qu’il faut jeter l’ancre !
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COLOMB


Courage, brave navigateur ! La raillerie peut attaquer tes espérances, les bras de tes marins peuvent tomber de fatigue… Va toujours ! toujours au couchant ! Ce rivage que tu as deviné, il t’apparaîtra bientôt dans toute sa splendeur. Mets ta confiance dans le Dieu qui te guide, et avance sans crainte sur cette mer immense et silencieuse. — Si ce monde n’existe pas, il va jaillir des flots exprès pour toi, car il est un lien éternel entre la nature et le génie, qui fait que l’une tient toujours ce que l’autre promet.
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DÉSIR

Ah ! s’il était une issue pour m’élancer hors de ce vallon où pèse un brouillard glacé, quelle serait ma joie !… Là-bas, j’aperçois de riantes collines, décorées d’une jeunesse et d’une verdure éternelles : oh ! si j’étais oiseau, si j’avais des ailes, je m’en irais là-bas sur ces collines !

D’étranges harmonies viennent parfois retentir à mon oreille, échappées des concerts de ce monde enchanté : les vents légers m’en apportent souvent de suaves parfums ; j’y vois briller des fruits d’or au travers de l’épais feuillage, et des plantes fleuries qui ne craignent rien des rigueurs de l’hiver.

Ah ! que la vie doit s’écouler heureuse sur ces collines dorées d’un soleil éternel ! que l’air y doit être doux à respirer ! mais les vagues furieuses d’un torrent m’en défendent l’accès et leur vue pénètre mon âme d’effroi.

Une barque cependant se balance près du bord : mais, hélas ! point de pilote pour la conduire ! — N’importe, entrons-y sans crainte, ses voiles sont déployées… il faut espérer, il faut oser ; car les dieux ne garantissent le succès d’aucune entreprise, et un prodige seul peut me faire arriver dans ce beau pays des prodiges.
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L’IDÉAL

Tu veux donc, infidèle, te séparer de moi, avec tes douces illusions, tes peines et tes plaisirs ? Rien ne peut arrêter ta fuite, ô temps doré de ma jeunesse ! c’est en vain que je te rappelle… Tu cours précipiter tes ondes dans la mer de l’éternité !

Ils ont pâli, ces gais rayons qui jadis éclairaient mes pas ; ces brillantes chimères se sont évanouies, qui remplissaient le vide de mon âme : je ne crois plus aux songes que mon sommeil m’offrait si beaux et si divins, la froide réalité les a frappés de mort !

Comme Pygmalion, dans son ardeur brûlante, embrassait un marbre glacé, jusqu’à lui communiquer le sentiment et la vie, je pressais la nature avec tout le feu de la jeunesse, afin de l’animer de mon âme de poëte.

Et, partageant ma flamme, elle trouvait une voix pour me répondre, elle me rendait mes caresses, et comprenait les battements de mon cœur : l’arbre, la rose, tout pour moi naissait à la vie, le murmure des ruisseaux me flattait comme un chant, mon souffle avait donné l’existence aux êtres les plus insensibles.

Alors tout un monde se pressait dans ma poitrine, impatient de se produire au jour, par l’action, par la parole, par les images et les chants… Combien ce monde me parut grand tant qu’il resta caché comme la fleur dans son bouton. Mais que cette fleur s’est peu épanouie ! qu’elle m’a semblé depuis chétive et méprisable !

Comme il s’élançait, le jeune homme, insouciant et léger, dans la carrière de la vie ! Heureux de ses rêves superbes, libre encore d’inquiétudes, l’espérance l’emportait aux cieux ; il n’était pas de hauteur, pas de distance que ses ailes ne pussent franchir !

Rien n’apportait obstacle à cet heureux voyage, et quelle foule aimable se pressait autour de son char ! L’amour avec ses douces faveurs, le bonheur couronné d’or, la gloire le front ceint d’étoiles, et la vérité toute nue à l’éclat du jour.

Mais, hélas ! au milieu de la route, il perdit ces compagnons perfides ; et l’un après l’autre, ils s’étaient détournés de lui : le bonheur aux pieds légers avait disparu, la soif du savoir ne pouvait plus être apaisée, et les ténèbres du doute venaient ternir l’image de la vérité.

Je vis les palmes saintes de la gloire prodiguées à des fronts vulgaires ; l’amour s’envola avec le printemps ; le chemin que je suivais devint de jour en jour plus silencieux et plus désert ; à peine si l’espérance y jetait encore quelques vagues clartés.

De toute cette suite bruyante, quelles sont les deux divinités qui me demeurèrent fidèles, qui me prodiguent encore leurs consolations, et m’accompagneront jusqu’à ma dernière demeure ?… C’est toi, tendre amitié, dont la main guérit toutes les blessures, toi qui partages avec moi le fardeau de la vie, toi que j’ai cherchée de si bonne heure, et qu’enfin j’ai trouvée.

C’est toi aussi, bienfaisante étude, toi qui dissipes les orages de l’âme, qui crées difficilement, mais ne détruis jamais ; toi qui n’ajoutes à l’édifice éternel qu’un grain de sable sur un grain de sable, mais qui sais dérober au temps avare des minutes, des jours et des années !
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LE COMMENCEMENT DU XIXe SIÈCLE

À ***
Ô mon noble ami ! où se réfugieront désormais la paix et la liberté ? Un siècle vient de s’éteindre au sein d’une tempête, un siècle nouveau s’annonce par la guerre.

Tous liens sont rompus entre les nations, et toutes les vieilles institutions s’écroulent… Le vaste Océan n’arrête point les fureurs de la guerre ; le dieu du Nil et le vieux Rhin ne peuvent rien contre elles.

Deux puissantes nations combattent pour l’empire du monde ; et, pour anéantir les libertés des peuples, le trident et la foudre s’agitent dans leurs mains.

Chaque contrée leur doit de l’or : et comme Brennus, aux temps barbares, le Français jette son glaive d’airain dans la balance de la justice.

L’Anglais, tel que le polype aux cent bras, couvre la mer de ses flottes avides, et veut fermer, comme sa propre demeure, le royaume libre d’Amphitrite.

Les étoiles du sud, encore inaperçues, s’offrent à sa course infatigable ; il découvre les îles, les côtes les plus lointaines… mais le bonheur, jamais !

Hélas ! en vain chercherais-tu sur toute la surface de la terre un pays où la liberté fleurisse éternelle, où l’espèce humaine brille encore de tout l’éclat de la jeunesse.

Un monde sans fin s’ouvre à toi ; ton vaisseau peut à peine en mesurer l’espace ; et, dans toute cette étendue il n’y a point de place pour dix hommes heureux !

Il faut fuir le tumulte de la vie, et te recueillir dans ton cœur… La liberté n’habite plus que le pays des chimères ; le beau n’existe plus que dans la poésie.
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Les hommes qui viennent de te sauver sont des brigands et des assassins. Ton Karl est leur capitaine.
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Par Dieu, je l'ai fait, et le diable sait que ce n'est pas la pire action de ma vie.
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Et cette très étrange course au bonheur : celui-ci se confie à l'élan de son cheval, cet autre au flair de son âne, un troisième à ses propres jambes - le jeu varié de la vie, où tant d'hommes misent leur innocence et leur éternité pour attraper le gros lot - et, en fin de compte, le résultat est nul, il n'y avait pas de gros lot.
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Tu m'as dérobé une heure précieuse. Qu'elle soit retranchée de ta vie !
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J'aurais beaucoup à gagner, si je voulais gagner ce que je ne peux perdre
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La Puissance du Chant


Un torrent s’élance à travers les fentes des rochers et vient avec le fracas du tonnerre. Des montagnes en débris suivent son cours, et la violence de ses eaux déracine des chênes : le voyageur étonné entend ce bruit avec un frémissement qui n’est pas sans plaisir ; il écoute les flots mugir en tombant du rocher, mais il ignore d’où ils viennent. Ainsi l’harmonie se précipite à grands flots, sans qu’on puisse reconnaître les sources d’où elle découle.

Le poète est l’allié des êtres terribles qui tiennent en main les fils de notre vie : qui donc pourrait rompre ses nœuds magiques et résister à ses accents ? Il possède le sceptre de Mercure, et s’en sert pour guider les âmes : tantôt il les conduit dans le royaume des morts ; tantôt il les élève, étonnées, vers le ciel, et les suspend, entre la joie et la tristesse, sur l’échelle fragile des sensations.

Lorsqu’au milieu d’un cercle où règne la gaieté, s’avance tout à coup, et tel qu’un fantôme, l’impitoyable destin : alors tous les grands de la terre s’inclinent devant cet inconnu qui vient d’un autre monde ; tout le vain tumulte de la fête s’abat, les masques tombent, et les œuvres du mensonge s’évanouissent devant le triomphe de la vérité.

De même, quand le poëte prélude, chacun jette soudain le fardeau qu’il s’est imposé, l’homme s’élève au rang des esprits et se sent transporté jusqu’aux voûtes du ciel : alors il appartient tout à Dieu, rien de terrestre n’ose l’approcher, et toute autre puissance est contrainte à se taire. Le malheur n’a plus d’empire sur lui ; tant que dure la magique harmonie, son front cesse de porter les rides que la douleur y a creusées.

Et comme après de longs désirs inaccomplis, après une séparation longtemps mouillée de larmes, un fils se jette enfin dans le sein de sa mère, en le baignant des pleurs du repentir ; ainsi l’harmonie ramène toujours au toit de ses premiers jours, au bonheur pur de l’innocence, le fugitif qu’avaient égaré des illusions étrangères, elle le rend à la nature, qui lui tend les bras pour réchauffer son génie glacé par la contrainte des règles.
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L’ÉLYSÉE.


Loin d’ici les plaintes douloureuses, toutes les plaintes expirent dans les joies de l’Élysée. Vie de l’Élysée, éternel essor, éternelles délices ! ruisseau harmonieux dans des campagnes fleuries.
Un printemps perpétuel égaye sans cesse ces champs paisibles. Les heures s’écoulent dans des rêves d’or. L’âme plane dans les espaces infinis, la vérité déchire son voile.

Une joie inaltérable remplit le cœur entier. Ici on ignore le nom de la souffrance ! ce qu’on appelle douleur est un doux transport.

Ici, le pèlerin, quittant à tout jamais son fardeau, repose ses membres fatigués à l’ombre des arbres où le vent mélodieux soupire. Ici, le laboureur laisse tomber sa faucille, et, assoupi par les accords des harpes, il rêve qu’il voit des épis coupés.

Celui dont les drapeaux flottaient comme un orage, celui dont les oreilles n’entendaient que le bruit des combats, celui qui dans sa marche audacieuse faisait trembler les montagnes, dort ici près d’un ruisseau limpide qui coule avec un doux murmure, et n’entend plus le cliquetis de l’épée.

Ici, les époux fidèles s’embrassent sur une herbe fraîche, où passe un vent embaumé. Ici, l’amour reçoit sa couronne. À l’abri désormais des coups de la mort, il célèbre son éternelle fête nuptiale.
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GROUPE DU TARTARE.


Écoutez : comme le murmure d’une mer courroucée, comme le gémissement d’une onde qui tombe des rocs caverneux, écoutez résonner une plainte lourde, profonde, comprimée.

La douleur ronge leur visage. Le désespoir ouvre leurs lèvres à la malédiction. Leurs yeux sont creux, leurs regards cherchent avec anxiété le pont du Cocyte dont les flots surchargés de larmes poursuivent leur triste cours.

À voix basse, ils se demandent avec angoisse, s’ils ne touchent pas encore au terme de leurs souffrances. L’éternité ferme son cercle sur leur tête, et brise la faux de Saturne.
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