Gabriel Anctil

Il vociféra : 

— Ostie de saint-ciboire de sacrament de saint-câlisse d’épais de tabarnak d’imbécile de junior de câlisse!

Il entra dans la cuisine telle une tornade, crachant ses sacres de rage, l’écume au bord des lèvres, les yeux injectés de sang, la moustache ruisselante, le front plissé et en sueur, le manteau entrouvert, le corps surchauffant dans un nuage de vapeur.
(p. 161)

Je m’assois dans le Parque Centra lau pied de la statue de José Martí poète et révolutionnaire héros des héros. Hèle un vendeur ambulant qui me tend une bière. Une Cristal pour moi un peso cinquante pour l’amigo.

Quand on est jeune, on se croit invincible. Y a rien de plus faux… C’est pas fin, fin de s’attaquer à une tempête; vaut mieux la contourner, la fuir, la déjouer, mais pas l’affronter de plain-pied…

La beauté d’Ève était fulgurante: elle était grande et mince, elle avait des cheveux brun café et des yeux d’un vert presque turquoise, océaniques, uniques. Elle était si belle que les gens se retournaient sur les trottoirs pour pouvoir l’observer quelques secondes de plus.

La vie est trop courte pour s’en faire avec des niaiseries de même.

La vie, ça s’apprend pas dans livres, ça s’apprend en forçant pis en suant.

Il avait ce don d’ajouter des détails drôles et croustillants à ses anecdotes qui, sinon, étaient plutôt anodines

C’est les détails qui font les bonnes histoires.

Trente ans et la vive impression d'avoir figé dans le temps depuis une éternité. Immobile.

A mon époque, quand on se mariait, c’était pour la vie. Y avait pas de deuxième chance. Alors qu’aujourd’hui, les gens divorcent dès la première difficulté. C’est rendu banal.

L’amour, le vrai, c’est plus fort que tout.

Les familles nombreuses, ça avait beaucoup de désagréments: fallait tout partager, se serrer la ceinture, l’intimité existait pas… Mais maudit, on avait du fun pareil! On possédait rien, mais me semble qu’on avait tout le temps le goût de faire la fête.

Il y avait peut-être là quelque chose de profond, une fierté d’avoir travaillé aussi intensément toutes ces années, d’avoir suffisamment amassé, comme la fourmi, pour pouvoir se bercer en toute tranquillité au soir de sa vie.
Enfant, Jean était fasciné par ces animaux qui parlaient si bien, alors que l’important pour Irène résidait dans la leçon de vie, la morale qu’elle tentait patiemment de lui expliquer.

Passionnée de la langue française, elle récitait de longs passages des monologues de Sol et connaissait les Fables de La Fontaine par cœur. Les premières histoires qu’elle avait racontées à son unique petit-fils avaient été Le corbeau et le renard, Le rat de ville et le rat des champs ainsi que La cigale et la fourmi. Jean se souvenait de son éclat de rire qui suivait immanquablement les derniers vers de cette fable: «Vous chantiez? J’en suis fort aise: Eh bien! dansez maintenant.»